Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1483
Commencez, je vous prie, par remercier votre mari de m’avoir enfin répondu. Cet effort a dû lui coûter ! N’importe ! Assurez-lui, de ma part, qu’il est beau !
Quant à vous, je ne sais comment vous dire le plaisir que m’a fait votre charmante lettre. Vous sévignez comme un ange. Mais quelles longues vacances vous prenez ! Vous avez bien raison. Amusez-vous, humez le bon air de la plage. Je me suis promené sur celle-là bien souvent, autrefois ! et je n’aime pas à y retourner parce que j’y rencontre trop de souvenirs.
Pendant que Georges fainéantise à l’ombre de son vaste chapeau de planteur, son auteur travaille comme un nègre. Samedi dernier j’ai enfin commencé mon roman. Les premières pages sont dures à décrocher ! et avant que j’aie fini la dernière, bien des révolutions auront peut-être passé sur le macadam. L’important pour moi, c’est que le susdit bouquin va m’occuper pendant longtemps. Tant qu’on travaille, on ne songe pas à ses misères.
Le directeur de Cluny a l’air enchanté du Sexe faible. Aurais-je une revanche, comme on dit en style de feuilleton ? Ce serait drôle.
Quand nous reverrons-nous ? Vous savez que je compte sur votre visite, cet automne ; et je profite de mon grand âge pour vous baiser sur les deux joues, chère Madame, ainsi que mon filleul, et celle qui m’appelle