Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1438
Je viens de relire encore une fois le Candidat pour vous, et franchement c’est une preuve de tendresse ! soit dit sans me vanter. On m’a remis enfin le manuscrit tantôt ; il est corrigé, ficelé et étiqueté. Donc vous le recevrez presque en même temps ou en même temps que ceci. Dès que vous l’aurez lu, renvoyez-le-moi, je vous prie.
La Censure russe a formellement interdit Saint Antoine. Ni la traduction ni l’édition française ne pourront paraître sur les terres des Scythes, pour cause de religion. J’ai beau ne faire toujours que de l’Art, je gêne tous les gouvernements. Le Candidat n’aurait pas passé sans la protection de mon ami Chennevières. On exècre le style, voilà le vrai. « On » veut dire tout Pouvoir, quel qu’il soit.
Néanmoins, le bon Saint Antoine paraîtra dans la semaine de Pâques. Vous aurez bien entendu, chère Madame, un des premiers exemplaires.