Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 7/1437

Louis Conard (Volume 7p. 119-120).

1437. À SA NIÈCE CAROLINE.
[Paris], lundi [février 1874].

Oui, ma chérie, j’irai dîner demain chez toi : ce sera ma première sortie depuis vendredi soir.

Ma grippe a été abominable samedi et hier. Aujourd’hui je vais mieux.

Le Candidat est arrêté par la grippe de Delannoy ! Il a dit à Émile (qui vient d’aller chez lui) qu’il espérait reprendre les répétitions mercredi ou jeudi ; je n’en sais pas plus ! La pièce se désapprend. C’est déplorable.

Autre histoire. La Censure de S. M. l’Empereur de toutes les Russies a arrêté la traduction de Saint Antoine comme attentatoire à la religion, et interdit même la vente de l’édition française, ce qui me fait perdre 2 000 francs que m’aurait donnés la Revue de Saint-Pétersbourg et peut-être encore 2 ou 3 000 que j’aurais eus tant de la traduction en volume que de l’édition française.

Enfin il faut être philosophe.

Est-ce le rhume ou l’oisiveté ? mais depuis samedi je suis triste à crever.

Demain je passerai quelques bons moments avec ma pauvre fille.

Sa Nounou.