Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/1003

Louis Conard (Volume 5p. 420-421).

1003. À ERNEST FEYDEAU.
[Croisset, fin novembre 1868].
Ô Feydeau,

Je ne sais pas qui a écrit : « Je voudrais jeter le monde sur sa face. » Désir que je partage. Ça a l’air biblique. Mais c’est peut-être Shakespeare.

Merci pour ta note. La réponse à la deuxième question est précise, mais est-elle bien vraie ? Puisque Guastalle la contredit, demande-lui là-dessus une explication ; éclaircis-moi ce point-là et tu seras bien aimable.

Quant aux postes, ils devaient être aux mairies. Quel bouquin emm… !

Tu me verras au mois de décembre (vers la fin), mais je ne resterai à Paris que très peu de jours, n’ayant pas l’intention de commencer ma saison d’hiver avant la fin de février. C’est le moyen d’aller plus vite. Pour paraître en octobre prochain, il faut que j’aie fini en juillet ; or, je n’ai pas d’ici là une minute à perdre.

Qu’est-ce qui occupe ta cervelle pour le quart-d’heure ?

Est-ce assez beau, l’affaire Baudin[1] ! Quels maladroits !

Bien que je ne sois pas tout à fait une immondice et que Mme Feydeau soit loin de ressembler à un mur, je te prie de me déposer à ses pieds.

P.-S. En mai 1849, existait une société ayant pour but de fournir des ornements au culte catholique, soutanes, reliques, etc. Cette société, qui avait pour chef M. de Savouillon, avait été fondée par M. de Calonne.

Renseignements sur icelle, s. v. p.

N’est-ce pas là dedans qu’était le gars Barbey d’Aurevilly ?

J’ai passé une partie du mois d’août à Paris, mais ne me suis pas présenté à ton domicile, croyant que tu étais à Trouville. Tu dois y être encore ; avec les de Goncourt ? Je les avais priés de me donner de tes nouvelles, ils ne m’ont pas écrit.


  1. La poussée démocratique contre l’Empire venait de toute part. Il ne manquait que les désordres de la rue. Ils vinrent, à l’occasion d’un livre de Ténot où fut exploitée la mort du député Baudin, tué sur une barricade, en 1851, « pour 25 francs ».