Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0740

Louis Conard (Volume 5p. 46-47).

740. À SA NIÈCE CAROLINE.
Paris, jeudi 1 heure [18 septembre 1862].
Ma chère Carolo,

Je suis maintenant dans tout le feu de la vie brûlante. C’est samedi matin que je remets à Lévy mon manuscrit. Nous avons, Monseigneur et moi, encore deux séances de cinq heures chacune avant d’en avoir fini. Dolorès sera jouée au milieu de la semaine prochaine, au commencement peut-être. Tu dois penser si nous sommes occupés ! Ton ami Bardoux est parti à la campagne pour jusqu’à mardi prochain ; il a assisté à trois de nos séances correctives.

L’idiot d’Amsterdam[1] a hier paru à ma porte, tenant deux lièvres qu’il avait tués la veille. Jamais je ne l’avais vu si sale et si spirituel. Dès les premiers jours d’octobre, nous nous mettrons résolument à la recherche d’une féerie.

Fournier a reçu le manuscrit de Faustine et paraît être pour son auteur dans les meilleures dispositions. Tout cela dépendra, du reste, du succès de Dolorès.

Pourquoi Édouard ne m’a-t-il pas averti de son départ pour l’Espagne ? Je suis aise de savoir que ta grand’mère ne s’ennuie pas trop à Croisset ; tâche d’être bien gentille pour elle. Pensez à moi et embrassez-vous en souvenir de

Vieux qui bécote tes bonnes joues.

L’époque de votre retour est-elle fixée ? Je m’ennuie de vous deux comme un âne.


  1. Surnom donné au comte d’Osmoy, qui collabora avec Bouilhet et Flaubert au Château des cœurs.