Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 5/0708
J’ai une singulière requête à vous faire, mon cher ami.
Voici l’histoire :
J’ai reçu hier une lettre de Baudelaire m’invitant à solliciter votre voix pour sa candidature à l’Académie.
Or, comme je trouve insolent de vous donner, en cette matière, un conseil, je vous prie de lui donner votre voix, si vous ne l’avez déjà promise à quelqu’un.
Le candidat m’engage à vous dire « ce que je pense de lui ». Vous devez connaître ses œuvres. Quant à moi, certainement, si j’étais de l’honorable assemblée, j’aimerais à le voir assis entre Villemain et Nisard ! Quel tableau !
Faites cela ! Nommez-le ! Ce sera beau. Il paraît que Sainte-Beuve y tient.
Je ne sais rien de toutes ces choses dans mon petit trou, étant acharné à la fin de Carthage, qui aura lieu dans deux ou trois semaines ; après quoi j’irai vous serrer les deux mains.
C’est ce que je fais à distance, en vous priant de me déposer aux pieds de Mme Sandeau et de me croire, mon cher maître,