Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 2/0287

Louis Conard (Volume 2p. 316-317).

287. À LOUISE COLET.
Croisset, samedi soir.

Ma chère amie, je pars pour Londres jeudi prochain. Je porterai vos lettres et vous écrirai à mon retour ce que j’aurai fait pour vous. Je ne sais en vérité pourquoi j’irai voir Mazzini ; si vous avez une commission pour lui, je m’en acquitterai néanmoins avec plaisir.

J’ai commencé hier au soir mon roman[1]. J’entrevois maintenant des difficultés de style qui m’épouvantent. Ce n’est pas une petite affaire que d’être simple. J’ai peur de tomber dans le Paul de Kock ou de faire du Balzac chateaubrianisé.

J’ai eu mal à la gorge depuis mon retour. Ma vanité prétend que ce n’est pas de fatigue et je crois qu’elle a raison. Et vous ? Comment va ?

Je suis en ce moment très occupé dans une besogne passagère que je vous conterai plus tard.

Adieu, chère Louise, je vous embrasse sur votre col blanc. Un long baiser à vous.


  1. Madame Bovary.