Correspondance de Gustave Flaubert/Tome 2/0286

Louis Conard (Volume 2p. 315-316).

286. À LOUISE COLET.
Croisset, vendredi soir.

Je tarderai un peu au rendez-vous que je vous ai donné, chère amie. Des circonstances indépendantes de moi, et que je vous conterai, font que je ne pourrai vous voir qu’à la fin de cette semaine qui vient ; en tous cas, je vous préviendrai dès la veille.

Je vous rapporterai votre manuscrit et le drame de Madeleine. Vous me feriez aussi bien plaisir si vous vouliez reprendre votre médaille. J’espère vous faire entendre raison là-dessus.

Vous me demandez que je vous apporte quelque chose de moi. Je n’ai rien à vous montrer. Voilà plus de deux ans que je n’ai écrit une ligne de français et ce que j’avais écrit, de longtemps avant mon départ, est illisible et non copié. D’ailleurs, dans l’état de dégoût où je suis de moi, ce n’est pas le moment.

À quelque jour, si j’ai dans mon navire une cargaison non avariée et qui en vaille la peine, quelque belle chose rapportée de loin ou trouvée par hasard (qui sait ?), vous serez des premières à la voir ; je vous le promets.

Adieu, à bientôt.

À vous.

G. F.