Contes secrets Russes/Le pope et le piège
XXXIX
LE POPE ET LE PIÈGE
ans un village vivait un moujik, boucher de
son état. Il conservait sa viande dans une remise,
mais les chiens et les chats avaient pris l’habitude
de s’y introduire et d’y commettre force
larcins. Le boucher disposa donc un piège sur
l’appui de la fenêtre par où ces animaux pénétraient
dans la remise. Le chien du pope, étant venu en maraude, fut pris au piège et y laissa la vie. Le pope
ressentit vivement cette perte, mais, ne pouvant
ressusciter son chien, il en acheta un autre. « Comment
faire, » se dit-il, « pour que le nouveau n’ait
pas le sort de l’ancien ? » En même temps il
voulait faire une niche au moujik. À la fin une idée
s’offrit à lui : il se dirigea vers la remise, ôta son
pantalon, grimpa jusqu’à la fenêtre et se mit à χιερ
sur le piège. Mais soudain le ressort se redressa,
étreignant avec force les τεστικυλες du pope, qui
commença à jeter les hauts cris. Le moujik accourut.
« Ah ! fils de putain, » vociféra-t-il ; « quel
diable t’a amené là ? Ah ! la sotte engeance. »
Un rassemblement se forma ; tant bien que mal on
dégagea le pope, mais il expira immédiatement.