Contes secrets Russes/À la façon des chiens

Contes secrets Russes (Rousskiia Zavetnia Skazki)
Isidore Liseux (p. 75-76).

XXXIV

À LA FAÇON DES CHIENS


Dans certain royaume vivait un gentilhomme qui avait une fille fort belle. Un jour, comme elle se promenait, suivie d’un laquais, ce dernier songea à part soi : « Quel friand morceau ! M’est avis que je ne désirerais plus rien au monde s’il m’était donné de la βαισερ ne fût-ce qu’une petite fois, alors la mort ne m’effraierait plus. » Ces pensées l’absorbèrent tellement qu’il lui échappa de dire à voix basse : « Ah ! belle demoiselle ! si je pouvais seulement te saluer à la façon des chiens ! » La jeune fille entendit ces mots ; rentrée à la maison, elle fit appeler le laquais dès que la nuit fut venue. « Répète un peu, drôle, » commença-t-elle, « ce que tu as dit pendant que j’étais en promenade ! — Pardon, Mademoiselle ! J’ai dit telle et telle chose. — Eh bien, puisque tu le voulais, fais tout de suite comme un chien ; sinon, je raconte tout à papa !… » Ayant ainsi parlé, la jeune fille releva sa robe, se plaça au milieu de la chambre, le postérieur à découvert, et dit au laquais : « Baisse-toi et flaire, comme font les chiens ! » Le laquais obéit. « Allons, maintenant lèche avec ta langue, comme lèchent les chiens ! » Le laquais lécha par trois fois. « Eh bien ! à présent cours autour de moi ! » À dix reprises il dut courir autour de la demoiselle, ensuite il lui fallut encore la flairer et la lécher. Le pauvre garçon fit une mine assez maussade, mais force lui fut de s’exécuter. « Allons, à présent, en voilà assez ; pour la première fois, cela suffit, » dit la jeune fille, « va te coucher et reviens demain soir. »

Le lendemain, dans la soirée, elle fit de nouveau revenir le laquais. « Pourquoi, drôle, n’es-tu pas venu de toi-même ? Je ne puis pas t’envoyer chercher chaque fois ; c’est à toi de savoir ce que tu dois faire ! » Cela dit, elle retroussa sa robe, se mit à quatre pattes et le même jeu que la veille recommença. Dix fois le laquais dut la flairer, la lécher et tourner en courant autour d’elle. Après l’avoir longtemps régalé de la sorte, la jeune fille finit par avoir pitié de lui : elle se coucha sur son lit, releva sa robe par devant et consentit à ce qu’il la βαισᾶτ une petite fois. Le laquais prit son plaisir avec elle et se dit : « Allons, cela ne fait rien ! Je l’ai léchée, soit, mais j’ai obtenu ce que je voulais ! »