Contes populaires d’Afrique (Basset)/95

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 229-230).

XLVIII. — NAMA

95

LA LUNE, LE POU ET LE LIÈVRE[1]


On raconte que la lune envoya un jour le pou aux hommes et lui dit :

— Va trouver les hommes et dis-leur de ma part :

— J’ai coutume de mourir et ensuite de revivre, vous aussi, vous mourrez et vous revivrez.

Il se mit en route. Le lièvre le rencontra en chemin et lui demanda :

— Que vas-tu chercher ?

— Je suis envoyé par la lune vers les hommes pour leur annoncer de sa part :

— Moi-même, je meurs et je revis ; vous aussi, vous mourrez et vous revivrez.

Le lièvre lui dit :

— Tu marches difficilement ; j’y vais.

En parlant ainsi, il courut vers les hommes et leur dit :

— Je suis envoyé par la lune pour vous mander : Moi, j’ai l’habitude de mourir et de revivre. Vous vous mourrez et vous resterez morts.

Il revint vers la lune et lui rapporta ce qu’il avait dit aux hommes.

— Je ne t’ai pas chargé de rien dire aux hommes, dit la lune, et, en colère, elle prit un bâton et le frappa sur le nez.

Depuis ce jour, le lièvre a le nez fendu.




  1. Hahn, Die Sprache der Nama, Leipzig, 1870, in-8, p. 57 ; — F. Müller, Grundriss der Sprachwissenschaft, t. I, Vienne, Hœlder, 1877, in-8, p. 21-22.