Contes populaires d’Afrique (Basset)/92

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 223-224).
XLV. — EFIK[1]

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COMMENT LE MONDE FUT PEUPLÉ[2]


Abasi se leva, s’assit là, fit toutes les choses supérieures, toutes les choses inférieures, l’eau, la forêt, la rivière, les sources, les bêtes de la forêt ; il fit toute espèce de choses dans le monde entier. Il ne fit pas l’homme ; tous les hommes habitaient en haut avec Abasi. À ce moment, aucun homme n’existait dans ce monde ; il n’y avait que les bêtes de la forêt, les poissons qui vivent dans l’eau, les oiseaux que nous voyons voler dans l’air et beaucoup d’autres êtres qu’il ne parait pas nécessaire d’énumérer. Mais l’homme n’existait pas dans le monde : tous les hommes habitaient en exil avec Abasi dans sa ville : quand Abasi s’asseyait et mangeait, ils se joignaient à lui et Ataï prononçait ses paroles.

À la fin, Ataï l’appela ; il répondit et elle lui dit :

— La situation telle qu’elle est n’est pas très bonne ; tu possèdes la terre qui existe ici ; tu possèdes le ciel qu’ils habitent ; tu as fait un endroit entier pour y rester et si tu n’y places pas l’homme, ce n’est pas bien. Cherche un moyen de placer l’homme sur la terre pour qu’il y demeure et qu’il allume du feu, de façon que le ciel soit chaud, car le froid y est considérable parce qu’il n’existe pas de feu sur la terre.



  1. Les Efik habitent sur la côte de Guinée, à l’est du delta du Niger.
  2. Hugh Goldie, Principles of efik grammar, Édimbourg, Muir et Paterson, 1888, in-18, p. 89-91.