Contes populaires d’Afrique (Basset)/33

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 88-90).

33

LE RENARD, LA HYÈNE, LE LOUP, LA PANTHÈRE, LE LION ET LE SERPENT[1]


Le renard, en premier lieu, puis la hyène, ensuite le loup, en quatrième lieu la panthère, en cinquième lieu le lion et finalement le serpent dirent tous les six :

— Nous voulons former une espèce.

Le renard dit :

— Je représente une espèce ; la hyène aussi ; le loup de même, ainsi que la panthère, comme le lion et le serpent. Comme nous formons six espèces, nous ne pouvons pas nous réunir.

— Si tu veux restera part, dit le lion, nous autres nous nous réunirons.

— Je reste à part, dit le renard.

Alors les cinq autres formèrent une alliance et dirent :

— Nous allons maintenant nous communiquer ce que chacun déteste.

La hyène parla ainsi :

— Ne me dites jamais : Que la lance te touche, car je déteste la lance.

Le loup reprit :

— Ne me dites pas ; il y a là des chèvres, car je vis en hostilité avec les chèvres.

La panthère dit :

— Ne m’agacez pas, car je ne le supporte pas.

Le lion ajouta :

— Quand je dors, ne faites pas de bruit autour de moi.

Le serpent dit :

— Ne marchez pas sur moi, quoique je sois à terre.

Un jour le loup alla vers un arbre ; plus tard arriva la hyène, ensuite vinrent la panthère, le lion et enfin le serpent. Le lion se coucha pour dormir ; le loup et la hyène jouèrent.

La hyène dit au loup :

— Hé ! il y a là des chèvres.

Le loup répliqua :

— Que la lance t’atteigne ! es-tu bien rassasiée ?

La hyène le saisit par la tête et le loup mourut ; puis elle tomba sur la panthère, mais celle-ci la saisit et la hyène mourut.

La panthère tomba sur le lion qui la saisit et elle mourut. Le lion marcha sur le serpent, mais celui-ci le fit mourir aussi.

Ainsi moururent tous les cinq alliés qui avaient dit :

— Nous allons former une espèce.




  1. Reinisch, Die Afar-Sprache, fasc. I, p. 97.