Contes populaires d’Afrique (Basset)/34
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LA VIEILLE FEMME ET LE LION[2]
ne vieille femme avait une fille qui épousa
un homme des Dolbahanta. Un jour, la
mère se dit :
— Je vais aller voir ma fille ; et elle partit.
Tandis qu’elle était en route, elle ressentit la faim et la soif. Alors un lion l’aborda et lui dit :
— Vieille, où vas-tu ?
Elle lui répondit :
— J’ai faim et soif.
— Chère femme, dit-il, viens avec moi, je te montrerai une aiguade.
Elle le suivit ; il lui montra de l’eau ; elle but et dit ensuite :
— Lion, cher lion, je suis affamée.
Il lui répondit :
— Chère femme, je vais prendre pour toi une gazelle, attends-moi seulement ici.
— Très bien, dit-elle.
Le lion s’en alla, prit une gazelle et la lui apporta.
Elle l’egorgea, la fit cuire et fut rassasiée.
Alors elle dit au lion :
— Lion, cher lion, je veux maintenant partir pour le pays des Dolbahanta.
Il reprit :
— Chère femme, veux-tu me montrer le pays des Dolbahanta, car je ne le connais pas.
— Oui, répondit-elle, viens avec moi.
Ils partirent ensemble. Quand ils y furent, ils remarquèrent de loin des chameaux. La femme dit au lion :
— Voilà le pays des Dolbahama.
— Femme, dit-il, nous sommes fidèlement unis ?
— Oui, certes, répondit-elle.
Il continua :
— Je veux manger un chameau ; quand tu arriveras près des bergers, ne leur dis pas : Il y a là un lion.
— Très bien, répliqua la vieille.
Le lion lui répéta :
— Quand tu arriveras prés des gens, ne leur dis pas : Il y a là un lion.
— Très bien, dit-elle.
Il continua :
— Nous sommes fidèlement unis par un serment ?
— Oui, dit-elle.
La vieille alla près des chameliers et leur dit :
— Il y a ici un lion.
Alors ils le chassèrent loin de leurs chameaux.
Là-dessus, la vieille alla dans son village et avertit encore :
— Il y a un lion ici.
Dans la nuit, elle s’endormit dans une maison. Le lion vint dans le village, saisit la vieille dans la maison et la dévora. Puis il dit :
— Les vieilles femmes ne tiennent pas leurs promesses.