Contes populaires d’Afrique (Basset)/152

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 401-402).

LXXXIX. — YABAKALAKI-BAKOKO[1]

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LA TORTUE, L’HIPPOPOTAME ET L’ÉLÉPHANT[2]


La tortue alla dans l’eau et dit à l’hippopotame :

— Je suis capable de te tirer.

— Tu te trompes, dit-il ; tu es un petit animal et tu prétends que tu peux me tirer !

La tortue répliqua :

— Si tu veux, allons : nous prendrons un terme.

Ils le fixèrent à sept jours. Quand il fut établi, la tortue alla chez l’éléphant et lui dit :

— Je suis capable de te tirer et de descendre avec toi dans la mer.

L’éléphant répliqua :

— Tu es d’une petitesse démesurée : C’est moi qui te tirerai d’un seul coup.

— Fixons un terme, dit la tortue.

Ils le fixèrent à sept jours. Lorsque le matin du septième jour arriva, elle prit un câble, le donna dans l’eau à l’hippopotame qui en saisit une extrémité et donna l’autre à l’éléphant sur la terre.

Puis elle dit :

— Voici le moment de tirer.

L’éléphant et l’hippopotame commencèrent à tirer l’un contre l’autre jusqu’à ce qu’ils se fatiguèrent.

L’hippopotame dit :

— Je vais donner la main à la tortue, parce que c’est un homme.

L’éléphant en dit autant. Tous deux se rencontrèrent sur la route et commencèrent à crier :

— L’enfant d’un animal voulait nous faire périr par sa ruse : nous la ferons périr parce qu’elle nous a trompés.

La tortue se cacha et ils partirent : l’hippopotame retourna dans l’eau et l’éléphant sur la terre.



  1. Les Yabakalaki-Bakoko habitent dans la colonie allemande du Kameroun.
  2. Schnler, Aus der Volkslitteratur der Yabakalaki-Bakoko in Kamerun, ap. Seidel, Zeitschrift für afrikanische und oceanische Sprachen, t. III, p. 274-275.