Contes populaires d’Afrique (Basset)/151

E. Guilmoto, Éditeur (Les Littératures populaires, tome XLVIIp. 399-400).

151

LE BOA ET L’HOMME[1]


Un oiseau parcourait la forêt en volant. Il n’avait pas de nid. Un jour il rencontra un boa qui dormait. Il vit ses œufs et résolut de les voler. Il appela le boa :

— Lève-toi ! Comment peux-tu être assez fou pour dormir ? Si un homme était venu, ne t’aurait-il pas volé tes œufs ? Lève-toi, lève-toi ! Attention à tes œufs.

Le boa se leva, il donna à manger à l’oiseau. Celui-ci mangea la même nourriture : il mangea tout ce qui était préparé. Là-dessus, il lui dit :

— Boa, je voudrais te demander une petite chose. Donne-moi tes œufs : je les vendrai pour toi. Tu recevras pour cela beaucoup d’argent.

Le boa répondit :

— Non, non, je ne veux pas. Mes œufs ne sont pas à vendre pour de l’argent.

L’oiseau visitait souvent le boa. Un jour qu’il était venu le voir, il le trouva endormi. Alors il prit une épine et le piqua dans la tête. Le serpent s’éveilla. L’oiseau lui enfonça l’épine dans l’œil. Le boa se plaignit et se lamenta jusqu’à ce qu’il mourut. L’oiseau prit les œufs et les cacha dans la forêt. Il alla dans un village, entra dans la maison d’un homme et lui dit :

— J’ai des œufs de boa ; je cherche quelqu’un qui me les achète.

L’homme lui dit :

— Je veux te les acheter.

— Allons dans la forêt pour en prendre quelques-uns tout près, dit l’oiseau.

Un autre boa sentit le voisinage des œufs : il se mit à les chercher. L’homme et l’oiseau vinrent dans la forêt et celui-ci donna les œufs au premier. Alors le boa arriva et dit :

— D’où viennent ces œufs ?

— Cet oiseau me les a donnés, dit l’homme.

Le boa enleva les œufs et le tua ; il tua aussi l’oiseau.



  1. Lederbogen, Duala-Märchen, Mittheilungen des Seminars für orientalische Sprachen zu Berlin, t. IV, fasc. III, Berlin, 1901, Speemann, in-8, p. 212-213.