Contes des landes et des grèves/Les femmes et le secret

Contes des landes et des grèvesHyacinthe Caillière Editeur (p. 283-284).

XXXVII

LES FEMMES ET LE SECRET


Il y avait une fois un braconnier qui était à l’affût. Vers quatre heures du matin, il entendit chanter le coucou au-dessus de lui. Il le tua et le cacha sous terre au pied d’un chêne. Il revint ensuite à la maison avec une figure d’enterrement.

— Qu’as-tu à être triste ? lui demanda sa femme.

— J’ai tué mon frère, répondit-il, et je l’ai enterré, mais ne le raconte à personne, ou je suis perdu.

Dès qu’il fut parti, la femme alla voir ses commères et leur dit :

— Mon mari a tué son frère ; surtout ne le dites à personne.

Mais au milieu de la journée tout le monde savait la chose dans la paroisse et les gendarmes en furent avertis. Ils vinrent à la maison du braconnier et lui dirent :

— Vous avez tué votre frère ?

— Oui, répondit-il.

— Où l’avez-vous mis ?

— Venez avec moi.

Il les conduisit au pied de l’arbre et déterra le coucou.

— Voilà, dit-il, le frère que j’ai tué.


(Conté en 1899 par Arsène Richeux, charron, d’Ercé-près-Liffré.)