Contes arabes (Basset)/Histoire des dix vizirs/Troisième journée
TROISIÈME JOURNÉE
e troisième jour, le troisième vizir vint
trouver le roi et lui dit : « Sire, il ne
faut pas négliger l’affaire de ce jeune homme,
car sa conduite nous attire le mépris du peuple. Il faut donc le faire périr promptement
pour couper court aux rumeurs qui circulent sur notre compte, et ne pas laisser dire
que le roi a vu quelqu’un sur son lit avec la
reine et qu’il lui a pardonné. » Ce langage
affecta le prince et il fit amener le prisonnier
qui comparut enchaîné. La colère royale
avait été enflammée par les paroles du vizir ;
Azâd-bakht s’élança de son trône et dit à son fils : « Homme de vile extraction, tu nous as
couverts de honte et tu as nui à notre réputation : il faut absolument que ton âme
quitte ce monde. »
« Ô roi, répondit le jeune homme, use de patience dans toutes tes actions : c’est le moyen d’arriver à ton but ; en effet. Dieu très haut récompense la patience par de grands biens : c’est elle qui tira d’un puits Abou-Sâber et le fit asseoir sur un trône. »
« Qu’est-ce qu’Abou-Sâber et quelle est son histoire ? » demanda le prince.