Contes arabes (Basset)/Histoire des dix vizirs/Septième journée

Ernest Leroux, éditeur (Collection de chansons et de contes populaires, VIIp. 89-90).

SEPTIÈME JOURNÉE

Du pardon.


Le septième jour, le septième vizir, qui s’appelait Behkémal38, alla trouver le roi, se prosterna devant lui et lui dit : « À quoi te sert ta longanimité envers ce jeune homme ? Les gens tiennent des propos sur ton compte et sur le sien. Pourquoi diffères-tu son exécution ? »

Ces paroles du ministre irritèrent Azâd-Bakht qui ordonna d’amener le prisonnier. Dès que celui-ci fut en sa présence : « Malheur à toi ! s’écria le roi, désormais tu n’as plus de salut à espérer de ma part, toi qui as souillé mon honneur ; tu ne recevras pas de grâce. »

« Prince, répondit le jeune homme, il n’y a de pardon généreux que pour les grandes fautes ; quand l’offense est immense, le pardon l’est aussi et ce n’est pas une honte pour toi de faire grâce à un pareil que moi, car Dieu sait que je suis innocent et il ordonne la clémence. Il n’en est pas au-dessus de celle qu’on a pour un condamné à mort ; c’est, en effet, comme si on le ressuscitait. Les mauvaises actions retombent sur celui qui les commet ; c’est ce qui advint au roi Behkerd39. »

« Qu’est-ce que Behkerd et ses aventures ? » demanda Azâd-Bakht.

Le jeune homme reprit :