Comédie humaine - Répertoire/G

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G

Gabilleau, déserteur du 17e de ligne et chauffeur exécuté à Tulle, sous l’Empire, le jour même où il avait préparé son évasion. — Il était l’un des complices de Farrabesche, qui profita d’une percée pratiquée par le condamné dans son cachot, pour s’évader lui-même (Le Curé de Village).

Gabriel, né vers 1790, garçon de bureau au ministère des finances et receveur des contremarques dans un théâtre royal, sous la Restauration ; Savoyard ; neveu d’Antoine, le plus vieux garçon de bureau du ministère ; mari d’une habile blanchisseuse de dentelles, repriseuse de cachemires. Il habitait avec son oncle Antoine et un autre de ses parents, son camarade au ministère, l’huissier Laurent (Les Employés).

Gabusson, commis-caissier de Dauriat, l’éditeur du Palais-Royal, en 1821 (Illusions perdues).

Gaillard (Théodore), journaliste, propriétaire ou gérant de journaux. — En 1822, il fonda, avec Hector Merlin, un journal royaliste et romantique, où Lucien de Rubempré, palinodiste, arbora les opinions gouvernementales d’alors et « éreinta » un très beau livre de son ami Daniel d’Arthez (Illusions perdues). Sous Louis-Philippe, il était l’un des propriétaires d’un des plus importants journaux politiques (Béatrix. — Splendeurs et Misères des Courtisanes). En 1845, gérant d’un journal important. Jadis homme d’esprit, « il avait fini par devenir stupide, en restant dans le même milieu ». Il parsemait son dialogue des mots célèbres des pièces en vogue, qu’il prononçait avec l’accentuation que leur avaient donnée les acteurs fameux. Gaillard possédait fort bien son Odry et mieux encore Frédérick Lemaître. Il demeurait alors rue Ménars. Il y reçut Léon de Lora, Jean-Jacques Bixiou, Sylvestre-Palafox-Castel Gazonal (Les Comédiens sans le savoir).

Gaillard (Madame Théodore), née à Alençon, vers 1800. Prénom : Suzanne. — « Beauté normande, fraîche, éclatante, rebondie ». L’une des ouvrières de madame Lardot, la blanchisseuse, en 1816, année où elle quitta sa ville natale après avoir tiré quelque argent de M. du Bousquier, en lui persuadant qu’elle était enceinte de ses œuvres. Le chevalier de Valois aimait beaucoup Suzanne ; mais il ne se laissa pas prendre au même piège. Suzanne, arrivée à Paris, y devint rapidement une courtisane à la mode. Peu de temps après son départ, elle reparut un instant à Alençon[1], comme pour y suivre l’enterrement d’Athanase Granson, et y pleura devant la mère désolée à qui elle dit en s’éloignant : « Je l’aimais ! » En même temps, d’un coup de langue, elle ridiculisa le mariage de mademoiselle Cormon avec M. du Bousquier, vengeant ainsi le défunt et le chevalier de Valois (La Vieille Fille). Sous le nom de madame du Val-Noble, elle devint célèbre dans le monde de la galanterie et de l’art. En 1821-1822, elle était la maîtresse d’Hector Merlin ; à cette époque, elle recevait Lucien de Rubempré, Rastignac, Bixiou, Chardin des Lupeaulx, Finot, Blondet, Vignon, Nucingen, Beaudenord, Philippe Bridau, Conti (Illusions perdues. — La Rabouilleuse). Après avoir été entretenue par Jacques Falleix, agent de change qui fit faillite, elle le fut, un moment, en 1830, par Peyrade, caché sous le nom de Samuel Johnson, « le nabab ». Elle était en relations avec Esther Gobseck, qui occupait, rue Saint-Georges, un hôtel aménagé pour elle, Suzanne, par Falleix, et que Nucingen acquit pour Esther (Splendeurs et Misères des Courtisanes). En 1838, elle épousa Théodore Gaillard, son amant depuis 1830 ; en 1845, rue Ménars, elle recevait, un peu à l’improviste, Léon de Lora, Jean-Jacques Bixiou, Sylvestre-Palafox-Castel Gazonal (Béatrix. — Les Comédiens sans le savoir).

Gaillard, l’un des trois gardes qui succédèrent à Courtecuisse, et sous les ordres de Michaud, dans la surveillance des propriétés du général de Montcornet, aux Aigues. Vieux soldat, ancien sous-lieutenant, criblé de blessures ; il avait à sa charge une fille naturelle, vivant avec lui (Les Paysans).

Galard, maraîcher d’Auteuil, père de madame Lemprun, grand-père maternel de madame Jérôme Thuillier ; il mourut âgé, et d’un accident, en 1817 (Les Paysans).

Galard (Mademoiselle), vieille fille, propriétaire à Besançon, rue du Perron. — Elle loua, en 1834, le premier étage de sa maison à Albert Savaron de Savarus, qui prit pour domestique l’ancien valet de chambre de feu M. Galard, père de mademoiselle Galard (Albert Savarus).

Galardon, receveur des contributions à Provins. — Il épousa, sous la Restauration, madame veuve Guénée (Pierrette).

Galardon (Madame), née Tiphaine, sœur aînée de M. Tiphaine, le président du tribunal de Provins. — D’abord, mariée à un sieur Guénée, elle tint à Paris, rue Saint-Denis, une des plus fortes maisons de détail en mercerie : À la sœur de famille. Vers la fin de l’année 1815, elle céda son fonds aux Rogron et se retira à Provins. Elle avait trois filles qu’elle maria, dans la petite ville : la première à M. Lesourd, procureur du roi, la seconde à M. Martener, médecin, la troisième à M. Auffray, le notaire ; ensuite, elle épousa elle-même, en secondes noces, M. Galardon, receveur des contributions. Elle ajoutait, invariablement à sa signature : « née Tiphaine ». Elle défendit Pierrette Lorrain et fut hostile aux libéraux provinois, amenés à persécuter cette pupille des Rogron (Pierrette).

Galathionne (Prince et princesse), Russes. — Le prince fut l’un des amants de Diane de Maufrigneuse (Les Secrets de la Princesse de Cadignan). En septembre 1815, il protégeait la Minoret, danseuse célèbre de l’Opéra, dont il dota la fille (Les Petits Bourgeois). En 1819, Marsay, ayant paru dans la loge de la princesse Galathionne, aux Italiens, mettait madame de Nucingen au supplice (Le Père Goriot). En 1821, Lousteau disait que « l’histoire des diamants du prince Galathionne, l’affaire Maubreuil et la succession Pombreton » étaient des sujets de chantage productifs pour le journalisme (Illusions perdues). En 1834-1835, la princesse Galathionne donnait des bals, où allait la comtesse Félix de Vandenesse (Une Fille d’Ève). Vers 1840, le prince essaya de « souffler » madame Schontz au marquis de Rochefide ; mais cette femme lui dit : « Mon prince, vous n’êtes pas plus beau, mais vous êtes plus âgé que Rochefide ; vous me battriez, et il est comme un père pour moi » (Béatrix).

Galope-Chopine. — V. Cibot.

Gamard (Sophie), vieille fille, propriétaire à Tours, rue de la Psalette[2], d’une maison adossée à l’église Saint-Gatien, qu’elle louait, en partie, à des prêtres. — Ce fut là que logèrent les abbés Troubert, Chapeloud et François Birotteau. Cette maison avait été acquise de la nation, pendant la Terreur, par le père de mademoiselle Gamard, marchand de bois, espèce de paysan parvenu. Mademoiselle Gamard prenait en pension ses locataires ecclésiastiques. Après avoir bien accueilli l’abbé Birotteau, elle le prit en haine, poussée secrètement par Troubert, et elle en vint à le déposséder de l’appartement et des meubles auxquels il tenait tant. Mademoiselle Gamard mourut en 1826, d’un refroidissement. Troubert répandit partout le bruit que Birotteau avait causé cette mort par les chagrins dont il avait abreuvé la vieille fille (Le Curé de Tours).

Gambara (Paolo), musicien, né à Crémone en 1791, fils d’un facteur d’instruments, assez bon exécutant et plus fort compositeur, qui fut chassé de sa maison par les Français et ruiné par la guerre. Ces événements contraignirent Paolo Gambara à une vie errante, dès l’âge de dix ans. Il ne goûta un peu de calme et ne trouva une situation supportable qu’à Venise, vers 1813. À cette époque il fit représenter, au théâtre de la Fenice, un opéra, Mahomet, qui échoua misérablement. Néanmoins, il obtint la main de Marianina, qu’il aimait, et avec elle il parcourut l’Allemagne pour aboutir, enfin, à Paris, où il habitait, en 1834, dans un appartement misérable de la rue Froidmanteau[3]. Le musicien, théoricien émérite, ne parvenait à réaliser aucune de ses remarquables idées, et il jouait, à ses auditeurs stupéfaits, des compositions informes qu’il prenait pour de sublimes inspirations ; mais il analysait avec enthousiasme Robert le Diable : Andréa Marcosini le fit alors assister à l’une des représentations du chef-d’œuvre de Meyerbeer. En 1837, il en était réduit à raccommoder des instruments de musique, et, parfois, il allait, avec sa femme, chanter des duos, en plein vent, aux Champs-Élysées, pour recueillir quelques sous. Émilio et Massimilla de Varèse prirent particulièrement en pitié les Gambara rencontrés dans les environs du Faubourg-Saint-Honoré. Paolo Gambara n’avait de bon sens que dans l’ivresse. Il avait inventé un étrange instrument, qu’il appelait le panharmonicon (Gambara).

Gambara (Marianina), Vénitienne, femme de Paolo Gambara. — Elle mena, avec lui, une vie presque constamment misérable et, longtemps, entretint, à Paris, le ménage du produit de son aiguille. Ses clientes, rue Froidmanteau, étaient surtout des prostituées qui, d’ailleurs, étaient généreuses et pleines d’égards avec elle. De 1831 à 1836, Marianina abandonna son mari ; elle partit avec un amant, le comte Andréa Marcosini, qui l’abandonna, au bout de cinq ans, pour épouser une danseuse, et, au mois de janvier 1837, elle revint, au domicile conjugal, amaigrie, noircie, poudreuse, « espèce de squelette nerveux », reprendre une vie plus misérable encore qu’auparavant (Gambara).

Gandolphini (Prince), Napolitain, ancien partisan du roi Murat. — Victime de la dernière Révolution, il était, en 1823, proscrit et pauvre. À cette époque, il avait soixante-cinq ans et se faisait le masque d’un octogénaire ; il vivait assez modestement, avec sa jeune femme, à Gersau (canton de Lucerne), sous le nom anglais de Lovelace. Il se fit aussi passer pour un certain Lamporani, libraire alors célèbre de Milan. Lorsque, devant Rodolphe, le prince reprit sa véritable physionomie, il dit : « Je sais parfaitement me grimer, je jouais à Paris, du temps de l’Empire, avec Bourrienne, madame Murat, madame d’Abrantès et tutti quanti. » — Personnage d’une nouvelle, l’Ambitieux par amour, publiée par Albert Savarus dans la Revue de l’Est, en 1834. Sous des noms supposés, l’auteur racontait sa propre histoire : Rodolphe, c’était lui-même ; le prince et la princesse Gandolphini figuraient le duc et la duchesse d’Argaïolo (Albert Savarus).

Gandolphini (Princesse), née Francesca Colonna, Romaine d’une origine illustre, quatrième enfant du prince et de la princesse Colonna. — Toute jeune, elle épousa le prince Gandolphini, l’un des plus riches propriétaires de la Sicile. Cachée sous le nom de miss Lovelace, elle fut rencontrée en Suisse et aimée de Rodolphe. Héroïne de la nouvelle intitulée : l’Ambitieux par amour, publiée par Albert Savarus, dans la Revue de l’Est, en 1834, et où il raconta sa propre histoire sous des noms supposés (Albert Savarus).

Ganivet, bourgeois d’Issoudun. En 1822, dans une conversation où il était beaucoup question de Maxence Gilet, le commandant Potel menaçait Ganivet de lui « faire avaler sa langue, et sans sauce », s’il continuait à médire de l’amant de Flore Brazier (La Rabouilleuse).

Ganivet (Mademoiselle), femme d’Issoudun, « laide comme les sept péchés capitaux ». — Elle n’en parvint pas moins à séduire un certain Borniche-Héreau, qui lui laissa mille écus de rente, en 1778 (La Rabouilleuse).

Gannerac, commissionnaire en roulage à Angoulême ; en 1821-1822, mêlé à l’affaire des billets souscrits par Lucien de Rubempré sous la signature imitée de son beau-frère, David Séchard (Illusions perdues).

Garangeot, en 1845, dans un grand théâtre populaire, dirigé par Félix Gaudissart, obtint le bâton de chef d’orchestre, précédemment en la possession de Sylvain Pons. — Cousin germain d’Héloïse Brisetout, qui lui fit obtenir cette place. Pons disait de Garangeot qu’il avait sollicité de lui l’emploi de premier violon, mais qu’il n’avait aucun talent, et qu’il était incapable de composer un air ; que, pourtant, c’était un homme de beaucoup d’esprit, faisant d’excellents feuilletons sur la musique (Le Cousin Pons).

Garceland, maire de Provins sous la Restauration, gendre de Guépin. — Il défendit indirectement Pierrette Lorrain contre le parti libéral de la petite ville, que maître Vinet dirigeait et que représentait Rogron (Pierrette).

Garcenault (De), premier président de la cour de Besançon, en 1834. — Il engagea le chapitre de la cathédrale à prendre pour avocat Albert Savarus, dans le procès que ce chapitre avait avec la ville, en revendication des bâtiments de l’ancien couvent. Albert Savarus plaida, en effet, pour le chapitre et lui gagna son procès (Albert Savarus).

Garnery, l’un des deux commissaires aux délégations en mai 1830 ; chargé par le procureur général de Granville d’aller prendre possession des lettres écrites à Lucien de Rubempré par madame de Sérizy, la duchesse de Maufrigneuse et mademoiselle Clotilde de Grandlieu, lettres qui étaient gardées par Jacqueline Collin et que Vautrin consentit à livrer (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Gars (Le). — V. Montauran (marquis Alphonse de).

Gasnier, paysan des environs de Grenoble, né vers 1789. — Marié, père de plusieurs enfants qu’il aimait beaucoup, il ne pouvait se consoler de la perte de l’aîné ; le docteur Benassis, maire de la commune, signalait cette affection paternelle au commandant Genestas, comme un fait rare parmi les ouvriers de la terre (Le Médecin de Campagne).

Gasselin, Breton, né en 1794, domestique des Guénic, à Guérande, en 1836, et depuis l’âge de quinze ans. — Petit homme trapu, à chevelure noire, à figure bistrée, silencieux et lent. Il soignait le jardin et pansait les chevaux. En 1832, lors de l’équipée de la duchesse de Berry, à laquelle Gasselin prit part avec le baron du Guénic et son fils Calyste, le fidèle serviteur reçut un coup de sabre à l’épaule, en se mettant devant le jeune homme. Cette action parut si naturelle dans la famille, que Gasselin fut à peine remercié (Béatrix).

Gaston (Louis), fils aîné adultérin de lady Brandon, né en 1805. — Resté orphelin par la mort de sa mère, dans les premières années de la Restauration, il servit, tout enfant, de père à son frère cadet, Marie Gaston, qu’il plaça au collège de Tours, et s’embarqua ensuite, comme novice, sur un navire de l’État. Après avoir été élevé au grade de capitaine de vaisseau dans une république américaine et s’être enrichi aux Indes, il mourut à Calcutta, dans les premiers temps du règne de Louis-Philippe, à la suite de la faillite du « fameux Halmer », au moment où il allait rentrer en France, heureux et marié (La Grenadière. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Gaston (Marie), second fils adultérin de lady Brandon, né en 1810, élevé au collège de Tours, d’où il sortit en 1827 ; poète, protégé par Daniel d’Arthez, qui lui donna souvent la « pâtée et la niche ». — Rencontré chez madame d’Espard, en 1831, par Louise de Chaulieu, veuve de Macumer, il l’épousa, au mois d’octobre 1833, quoiqu’il eût, pour toute fortune, trente mille francs de dettes et qu’elle fût plus âgée que lui. Le ménage, retiré dans la solitude, à Ville-d’Avray, fut heureux jusqu’au jour où la jalouse Louise conçut des soupçons, injustifiés, sur la fidélité de son mari ; elle en mourut au bout de deux ans de mariage. Pendant ces deux ans, Marie Gaston composa, au moins, quatre pièces de théâtre ; l’une d’elles, faite en collaboration avec sa femme, fut représentée, avec le plus grand succès, à Paris, sous les noms de Nathan et MM*** (La Grenadière. — Mémoires de Deux Jeunes Mariées). Dans sa première jeunesse, Marie Gaston avait publié, aux frais de son ami Dorlange, un volume de vers, les Perce-neige, dont tous les exemplaires, vendus trois sous le volume à un bouquiniste, inondèrent, un beau jour, les quais, du pont Royal au pont Marie. Veuf, Marie Gaston voyagea, mais jamais il ne put se consoler. Il devint fou et mourut, en 1839, dans l’asile d’aliénés d’Hanwel, en Angleterre, d’un coup de fusil que lui tira un autre fou (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve).

Gaston (Madame Louis), Anglaise, froide et apprêtée ; femme de Louis Gaston ; mariée, sans doute, dans les Indes, où elle perdit son mari, à la suite de sinistres commerciaux. — Veuve, elle vint en France, avec deux enfants, et, sans ressources, tomba à la charge de son beau-frère, qui la visitait et la secourait secrètement. Elle habitait alors, à Paris, la rue de la Ville-l’Évêque. Les visites que lui faisait Marie Gaston furent révélées à sa belle-sœur, qui en devint jalouse, n’en connaissant pas l’objet, et madame Louis Gaston fut ainsi la cause indirecte de la mort de madame Marie Gaston. Retournée aux Indes par la suite, madame Louis Gaston revint en France après quelques années et eut encore la quasi-responsabilité d’une autre catastrophe : elle était allée voir son beau-frère, à l’asile d’Hanwel, avec ses deux enfants ; le fou, devenu furieux à cette vue, se saisit d’un des deux enfants, l’emporte sur la plate-forme d’une tour et menace de l’en précipiter ; un autre fou, voyant le danger, s’empare d’un fusil, tire, et atteint très adroitement Marie Gaston : l’enfant était sauvé (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Le Comte de Sallenauve).

Gaston (Madame Marie), née Armande-Louise-Marie de Chaulieu, en 1805. — Destinée d’abord à prendre le voile, élevée au couvent des carmélites de Blois avec Renée de Maucombe, qui devint madame de l’Estorade, elle resta constamment en relations, au moins par lettres, avec cette fidèle amie, conseillère prudente et sage. Louise de Chaulieu épousa, en 1825, son professeur d’espagnol, le baron de Macumer, qu’elle perdit en 1829, et, en 1833, elle contracta une nouvelle union avec le poète Marie Gaston. Ses deux mariages furent stériles ; dans le premier, elle était adorée et croyait aimer ; dans le second, elle était aimée autant qu’elle aimait, mais sa jalousie folle, ses courses à cheval de Ville-d’Avray chez Verdier la perdirent, et elle mourut, en 1835, d’une phthisie, contractée volontairement, par désespoir, se croyant trahie. Une fois hors des Carmélites de Blois, madame Marie Gaston se déplaça successivement ainsi : on la vit tour à tour, à Paris, au faubourg Saint-Germain, où elle entrevit M. de Bonald ; à Chantepleurs, domaine bourguignon ; à la Crampade, en Provence, chez madame de l’Estorade ; en Italie ; à Ville-d’Avray, où elle dort son dernier sommeil dans un parc de sa création (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Gatienne, servante de madame et de mademoiselle Bontems, à Bayeux, en 1805 (Une Double Famille).

Gaubert, l’un des plus illustres généraux de la République ; premier mari d’une demoiselle de Ronquerolles, qu’il laissa veuve à vingt ans, en l’instituant son héritière. Madame veuve Gaubert, sœur du marquis de Ronquerolles, se remaria, en 1806 : elle épousa le comte de Sérizy (Un Début dans la Vie).

Gaubertin (François), né vers 1770, fils de l’ex-bailli de Soulanges, en Bourgogne, avant la Révolution. — Vers 1791, après avoir été cinq ans le comptable de l’intendant de mademoiselle Laguerre aux Aigues, il fut, à son tour, accepté pour cette place. Son père, le bailli, étant devenu accusateur public au département sous la République, il fut, à la même époque, nommé maire de Blangy. Marié, en 1796, avec la citoyenne Isaure Mouchon, il eut d’elle trois enfants : un garçon, Claude, et deux filles, Jenny (madame Leclercq), et Élisa. Il avait encore un fils naturel, Bournier, qu’il établit imprimeur-gérant d’une feuille locale. À la mort de mademoiselle Laguerre, après vingt-cinq ans de gestion comme intendant, Gaubertin possédait six cent mille francs ; il avait fini par rêver d’acquérir la terre des Aigues ; mais le comte de Montcornet l’acheta, le garda comme régisseur, le surprit ensuite en train de le voler et le chassa ignominieusement. Gaubertin reçut même des coups de cravache, dont il ne se vanta point et dont il se vengea. L’ancien intendant n’en devint pas moins un gros personnage. En 1820, il était maire de la Ville-aux-Fayes et fournisseur du tiers environ de l’approvisionnement en bois de Paris ; agent général de ce commerce dans le pays, il dirigeait les exploitations en forêt, l’abatage, la garde, etc. Par ses rameaux généalogiques, Gaubertin embrassait tout un arrondissement, ainsi qu’un « boa tourné sur un arbre gigantesque » ; l’église, la magistrature, la municipalité, l’administration marchaient à son gré. Les paysans eux-mêmes, servaient ses intérêts indirectement. Lorsque le général, dégoûté par des vexations sans nombre, dut vendre les Aigues, Gaubertin se rendit acquéreur des bois, et ses complices, Rigou et Soudry, obtinrent les vignes et les autres lots (Les Paysans).

Gaubertin (Madame), née Isaure Mouchon, en 1778. — Fille d’un conventionnel ami de Gaubertin père ; femme de François Gaubertin ; minaudière jouant, à la Ville-aux-Fayes, le rôle d’une élégante à grands effets, elle donnait dans le genre passionné-vertueux. Elle avait, en 1823, pour attentif, le procureur du roi, son patito disait-elle (Les Paysans).

Gaubertin (Claude), fils de François Gaubertin, filleul de mademoiselle Laguerre, aux frais de qui il fut élevé à Paris ; l’avoué le plus occupé de la Ville-aux-Fayes, en 1823 ; il parlait, après cinq ans d’exercice, de vendre son étude. Peut-être devint-il juge (Les Paysans).

Gaubertin (Jenny), fille aînée de François Gaubertin. — V. Leclercq (madame).

Gaubertin (Élisa ou Élise), seconde fille de François Gaubertin. — Aimée, courtisée, espérée, dès 1819, par le sous-préfet de la Ville-aux-Fayes, M. des Lupeaulx (neveu). M. Lupin, notaire à Soulanges, recherchait, d’autre part, la main de la jeune fille pour son fils unique, Amaury (Les Paysans).

Gaubertin-Vallat (Mademoiselle), en 1823, vieille fille, sœur de madame Sibilet, la femme du greffier du tribunal de la Ville-aux-Fayes ; tenait le bureau de papier timbré dans cette petite ville (Les Paysans).

Gaucher, était, en 1803, petit domestique de Michu, le régisseur de la terre de Gondreville. — Par ses bavardages, plus ou moins désintéressés, cet enfant tenait le fermier Violette au courant des moindres faits et gestes de son maître, qui, pourtant, le croyait fidèle (Une Ténébreuse Affaire).

Gaudebert, prénom commun à tous les représentants masculins de la maison du Guénic (Béatrix).

Gaudet, deuxième clerc chez l’avoué Desroches, en 1824. — Il fit, deux fois, une légère erreur dans le compte de sa « petite caisse » et donna sans doute sa démission, sur le conseil du premier clerc, Godeschal (Un Début dans la Vie).

Gaudin. — Chef d’escadron dans les grenadiers à cheval de la garde impériale, créé baron de l’Empire, avec la dotation de Wistchnau ou Vitschnau, fait prisonnier par les Cosaques au passage de la Bérésina, il s’échappa de captivité pour passer aux Indes et, dès lors, ne donna plus de ses nouvelles ; il revint pourtant en France, vers 1830, très souffrant, mais archimillionnaire (La Peau de Chagrin).

Gaudin (Madame), femme du précédent, tenait l’hôtel Saint-Quentin[4], rue des Cordiers, à Paris, sous la Restauration. Elle comptait, au nombre de ses locataires, Raphaël de Valentin. — Elle devint riche et baronne, par le retour de son mari, vers 1830 (La Peau de Chagrin).

Gaudin (Pauline), fille des précédents, connut, aima et secourut délicatement Raphaël de Valentin, pauvre, à l’hôtel Saint-Quentin. — Après le retour de son père, elle habitait, avec ses parents, la rue Saint-Lazare. Elle n’avait pas vu, depuis longtemps, Raphaël, qui avait quitté brusquement l’hôtel Saint-Quentin, lorsqu’elle fut retrouvée par lui, un soir, au théâtre des Italiens : ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre et se déclarèrent leur mutuel amour. Devenu riche, lui aussi, Raphaël résolut d’épouser Pauline ; mais, effrayé par la diminution de la « peau de chagrin », il prit brusquement la fuite et revint à Paris : Pauline, accourue, vit mourir, sur sa poitrine découverte, son amant, qui, dans un accès suprême d’amour furieux et impuissant, la marqua d’une morsure au sein (La Peau de Chagrin).

Gaudissart (Jean-François), père de Félix Gaudissart (César Birotteau).

Gaudissart (Félix), Normand, né vers 1792, « illustre » commis voyageur, voué plus spécialement à la chapellerie ; connu des Finot et au service du père d’Andoche ; adonné aussi à tout « article de Paris ». — En 1816, il fut arrêté sur la dénonciation de Peyrade (le père Canquoëlle). Il s’était imprudemment entretenu, au café David, avec un officier en demi-solde, d’une conspiration près d’éclater contre les Bourbons. Cette conspiration avorta ainsi et mena deux hommes sur l’échafaud. Gaudissart, mis hors de cause par le juge Popinot, chargé de l’instruction, lui en garda reconnaissance et se dévoua aux intérêts du neveu de ce magistrat : une fois ministre, Anselme Popinot obtint à Gaudissart le privilège d’un grand théâtre du boulevard qui, en 1834, eut l’intention de réaliser un Opéra pour le peuple. Ce théâtre employait Sylvain Pons, Schmucke, Wilhem Schwab, Garangeot et Héloïse Brisetout, maîtresse de Félix. Le directeur y « exploitait brutalement sa commandite » et rêvait la carrière politique (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Le Cousin Pons). L’« illustre » Gaudissart, alors jeune, assista au fameux bal donné par César Birotteau, en décembre 1818, un peu malgré le parfumeur, qui lui reprochait d’être un « pris de justice ». Vers ce temps, il pouvait habiter, à Paris, la rue des Deux-Écus et fréquenter le Vaudeville[5] (César Birotteau). Sous la Restauration, « faux commissionnaire en fleurs » adressé, par le juge Popinot, au comte Octave de Bauvan, il achetait, à des prix exorbitants, les fleurs fabriquées par Honorine ; elle aimait les pièces d’or que lui donnait Gaudissart, autant que lord Byron aimait celles de Murray (Honorine). À Vouvray, en 1831, cet homme, si habitué à « rouler » les autres, avait été mystifié assez drôlement par un ancien teinturier, espèce de « Figaro campagnard », nommé Vernier. Un duel sans résultat s’ensuivit. Après l’aventure, Gaudissart se vantait encore d’en être sorti à son avantage. Il était, « à cette époque saint-simonienne », l’amant de Jenny Courand (L’Illustre Gaudissart).

Gaudron (L’abbé), Auvergnat ; vicaire, puis curé de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, rue Saint-Antoine, à Paris, sous la Restauration et le gouvernement de Juillet. — Paysan plein de foi, carré de base comme de hauteur, « bœuf sacerdotal », dans une ignorance complète en fait de monde et de littérature. Directeur d’Isidore Baudoyer, il s’employa, en 1824, pour l’avancement de cet incapable chef de bureau des finances. En cette même année, présent, chez le comte Octave de Bauvan, à un dîner auquel assistaient MM. de Sérizy, de Granville, Maurice de l’Hostal, l’abbé Loraux, curé des Blancs-Manteaux, et où s’agitaient des questions de femme, de mariage et d’adultère (Les Employés. — Honorine). En 1826, l’abbé Gaudron confessa madame Clapart et la jeta dans la dévotion : l’ancienne Aspasie du Directoire n’avait pas paru « au tribunal de la pénitence », depuis quarante ans. Au mois de février 1830, le prêtre obtint la protection de la dauphine pour Oscar Husson, fils d’un premier lit de madame Clapart, et ce jeune homme fut promu sous-lieutenant dans le régiment où il servait comme sous-officier (Un Début dans la Vie).

Gaudry (Simon), paysan ou pêcheur breton, fut l’amant de la grande Frelu, nourrice de Pierrette Cambremer (Un Drame au bord de la Mer).

Gault, directeur de la Conciergerie, en mai 1830, quand y furent enfermés Jacques Collin et Lucien Chardon de Rubempré ; il était vieux alors (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Gay, cordonnier à Paris, rue de la Michodière, en 1821, avait fourni des bottes à Lucien de Rubempré, bottes qui, laissées chez Coralie, apprirent à Matifat, entreteneur de l’actrice, qu’elle le trompait avec le poète (Illusions perdues).

Gazonal (Sylvestre-Palafox-Castel), l’un des plus habiles fabricants de draps des Pyrénées-Orientales, commandant de la garde nationale, septembre 1795. — Venu à Paris, en 1845, pour le règlement d’un grand procès, il alla trouver son cousin, le paysagiste Léon de Lora, qui, dans une journée, avec le caricaturiste Bixiou, lui révéla les dessous de la ville et lui montra toute une galerie de « comédiens sans le savoir », danseuses, actrices, agent de police, peintre, tireuse de cartes, marchande à la toilette, chapelier, coiffeur, pédicure, concierge, usurier, hommes politiques. Grâce à ses deux cicerones, Gazonal gagna son procès et retourna dans sa province, après avoir eu, sans bourse délier, contre son opinion première, les bonnes grâces de Jenny Cadine, la fameuse rivale de Déjazet (Les Comédiens sans le savoir).

Gendrin, dessinateur, locataire de M. Molineux, cour Batave[6], en 1818. — Suivant son propriétaire, cet artiste, homme profondément immoral, qui dessinait des caricatures contre le gouvernement, rentrait chez lui avec des femmes de mauvaise vie et rendait l’escalier impraticable. Il avait « fait des infamies dignes de Marat » et s’obstinait à rester, sans payer, dans son appartement vide (César Birotteau).

Gendrin, beau-frère de Gaubertin, le régisseur des Aigues. — Il avait épousé, comme lui, l’une des deux filles du conventionnel Mouchon ; autrefois avocat, puis longtemps juge au tribunal de première instance de la Ville-aux-Fayes, il en était devenu le président, par la protection du comte de Soulanges, sous la Restauration (Les Paysans).

Gendrin, conseiller à la cour d’un chef-lieu de département en Bourgogne, parent éloigné du président Gendrin, de la Ville-aux-Fayes, contribua, par sa protection, à faire nommer, en 1817, Sibilet régisseur des propriétés du général de Montcornet aux Aigues, en remplacement de Gaubertin, chassé (Les Paysans).

Gendrin, fils unique du président du tribunal de la Ville-aux-Fayes ; conservateur des hypothèques, dans cette sous-préfecture, en 1823 (Les Paysans).

Gendrin-Wattebled (ou Vatebled), né vers 1733. — Garde général des eaux et forêts, à Soulanges (Bourgogne), depuis le règne de Louis XV ; il était encore en fonctions en 1823. Nonagénaire, il parlait, dans ses moments lucides, de la juridiction de la Table de marbre. Il avait régné sur Soulanges, avant l’avènement de madame Soudry, née Cochet, la femme d’esprit de cette petite ville (Les Paysans).

Général (Le), surnom particulier du comte de Mortsauf (Le Lys dans la Vallée).

Général-Hardi. — V. Herbomez ou Herbomez (d’) (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Genestas (Pierre-Joseph), né en 1779, officier de cavalerie. — D’abord enfant de troupe, puis soldat. Sous-lieutenant en 1802 ; officier de la Légion d’honneur après la bataille de la Moskowa, chef d’escadrons en 1829. Il épousa, en 1814, la veuve du sous-officier Renard, son ami, laquelle mourut immédiatement ; un enfant qu’elle avait fut reconnu par Genestas, puis, déjà adolescent, confié par lui au docteur Benassis, dont l’officier entendit parler par son ami Gravier, de Grenoble, et chez qui, d’abord, il se présenta sous le nom de Bluteau, pour le pouvoir observer à loisir. Au mois de décembre 1829, Genestas fut promu lieutenant-colonel dans un régiment en garnison à Poitiers (Le Médecin de Campagne).

Genestas (Madame Judith), juive polonaise, née en 1795, épousa, vers 1812, mais à la mode sarmate, son amant, le Français Renard, maréchal des logis, tué en 1813. Judith lui donna un fils, Adrien, et survécut, un an, au père. In extremis, elle se remaria avec Genestas, ancien amoureux congédié, qui reconnut Adrien (Le Médecin de Campagne).

Genestas (Adrien), fils adoptif du commandant Genestas, né en 1813, de Judith, juive polonaise, et du Parisien Renard, sous-officier de cavalerie, qui fut tué avant la naissance de son enfant. — Vivant portrait de sa mère, Adrien avait le teint olivâtre, de beaux yeux noirs spirituellement mélancoliques, et une chevelure trop forte pour son corps chétif. À seize ans, il n’en paraissait que douze. En proie à de mauvaises habitudes, après huit mois de séjour auprès du docteur Benassis, il était guéri et devenu robuste (Le Médecin de Campagne).

Geneviève, paysanne idiote, laide et relativement riche. — Amie et compagne de la comtesse de Vandières, devenue folle, à l’asile des Bons-Hommes, près de l’Isle-Adam, sous la Restauration. Délaissée par un maçon, appelé Dallot, qui avait promis de l’épouser, Geneviève avait perdu le peu d’intelligence que l’amour avait développé en elle (Adieu).

Geneviève, forte et grosse fille ; cuisinière des Phellion, en 1840. — Ils avaient, en outre, à cette époque, un petit domestique mâle, âgé de quinze ans (Les Petits Bourgeois).

Genovese, ténor au théâtre de la Fenice, à Venise, en 1820. — Né à Bergame, en 1797 ; élève de Veluti. Amant, d’abord platonique, de la Tinti, il chanta outrageusement mal en présence de cette prima donna aussi longtemps qu’elle lui résista, mais il reprit tous ses moyens quand elle s’abandonna à lui (Massimilla Doni). Dans l’hiver de 1823-1824, chez le prince Gandolphini, à Genève, Genovese chantait avec sa maîtresse, la princesse Gandolphini et un prince italien alors en exil, le fameux quatuor Mi manca la voce (Albert Savarus).

Gentil, l’un des domestiques de la duchesse de Grandlieu, en mai 1830, pendant le procès et l’incarcération de Lucien Chardon de Rubempré (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Gentil, vieux valet de chambre de madame de Bargeton, à Angoulême, sous la Restauration. — Pendant l’été de 1821, avec Albertine et Lucien Chardon de Rubempré, il accompagna sa maîtresse à Paris et la suivit successivement hôtel du Gaillard-Bois, près de la rue de l’Échelle, puis rue de Luxembourg, devenue rue Cambon (Illusions perdues).

Gentillet vendit, en 1835, une vieille calèche de voyage à Albert Savarus quittant Besançon après la visite que l’avocat reçut du prince Soderini, père de la duchesse d’Argaïolo. — Cette calèche avait appartenu à feu madame de Saint-Vier (Albert Savarus).

Gentillet (Madame), grand’mère des Félix Grandet, du côté maternel. — Elle mourut en 1800, laissant une importante succession. Dans la « salle » de Grandet, à Saumur, il y avait un pastel représentant madame Gentillet en bergère. Eugénie Grandet avait dans son trésor trois quadruples d’or espagnols de Philippe V frappés en 1729, donnés par madame Gentillet (Eugénie Grandet).

Georges, valet de chambre de la comtesse Fœdora (La Peau de Chagrin).

Georges, valet de chambre intime du baron de Nucingen, à Paris, au temps de Charles X, connut particulièrement les amours sexagénaires de son maître, qu’il servit ou contraria successivement (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Georges, cocher de Pauline Gaudin, devenue millionnaire et alors appelée Pauline de Wistchnau ou Vitschnau (La Peau de Chagrin).

Gérard (François-Pascal-Simon, baron), célèbre peintre (1770-1837), procurait à Joseph Bridau, en 1818, deux copies du portrait de Louis XVIII qui firent gagner au débutant, alors très pauvre, mille francs, bien nécessaires à la famille Bridau (La Rabouilleuse). Le salon parisien de Gérard, choisi et couru, avait, Chaussée-d’Antin, un rival dans celui de mademoiselle des Touches (Béatrix).

Gérard, adjudant général à la 72e demi-brigade commandée par Hulot. — Une éducation soignée avait développé un esprit supérieur chez l’adjudant Gérard, qui était profondément républicain. Il fut tué par le chouan Pille-Miche, à la Vivetière, en décembre 1799 (Les Chouans).

Gérard (Grégoire), né en 1802, très probablement du Limousin, protestant, d’un extérieur quelque peu ingrat, fils d’un ouvrier charpentier mort assez jeune, filleul de F. Grossetête. — Dès l’âge de douze ans, il avait été dirigé par ce banquier vers les sciences exactes en raison de dispositions remarquées chez lui, d’abord à l’École polytechnique de dix-neuf à vingt et un ans ; il entrait, ensuite, élève ingénieur à l’École des ponts et chaussées pour en sortir, en 1826, à l’âge de vingt-quatre ans et passer ingénieur ordinaire, deux années après. Grégoire Gérard, tête froide, cœur ardent, se dégoûta du métier, en reconnut les inconvénients, les préparations mauvaises, les horizons bornés, et assista aux journées de Juillet 1830 à Paris. Il allait peut-être adopter la doctrine saint-simonienne, lorsque M. Grossetête lui fit accepter la direction de travaux importants chez madame Pierre Graslin, châtelaine de Montégnac dans la Haute-Vienne. Gérard y accomplit des prodiges avec son conducteur Fresquin et les esprits distingués ou les natures vaillantes qui s’appelaient Bonnet, Roubaud, Clousier, Farrabesche, Ruffin ; il devint maire du pays (Montégnac), en 1838. Madame Graslin mourut vers 1844, Grégoire Gérard obéit aux vœux différents de la défunte, dont il habita le château ; il prit aussi la tutelle de l’orphelin, Francis Graslin. Trois mois plus tard, afin de respecter les mêmes volontés, Gérard épousait une fille de la contrée, Denise Tascheron, sœur d’un condamné à mort exécuté sur la fin de 1829 (Le Curé de Village).

Gérard (Madame Grégoire), femme du précédent, née Tascheron (Denise), de Montégnac en Limousin, dernier enfant d’une assez nombreuse famille. — Elle prodigua son dévouement fraternel au condamné à mort Jean-François Tascheron ; visita le prisonnier, dont elle adoucit l’humeur farouche ; secondée par un autre de ses frères, Louis-Marie, elle fit disparaître certaines traces compromettantes du crime de son aîné, puis restitua l’argent volé. Elle quitta ensuite le pays et, avec les siens, gagna l’Amérique, où elle s’enrichit. Prise de nostalgie, Denise Tascheron revint, quinze ans plus tard, à Montégnac, y reconnut et embrassa Francis Graslin, son neveu naturel, dont elle devint la seconde mère quand elle épousa l’ingénieur Grégoire Gérard. Le mariage entre ce protestant et cette catholique eut lieu en 1844. « Pour la grâce et la modestie, la religion et la beauté, madame Gérard tenait de l’héroïne de la Prison d’Édimbourg » (Le Curé de Village).

Gérard (Madame), femme honnête et pauvre, veuve, mère de filles déjà grandes, tenait, à Paris, vers la fin de la Restauration, un hôtel garni, situé rue Louis-le-Grand. — Ayant eu à se louer de madame Théodore Gaillard, elle accueillit Suzanne du Val-Noble quand la courtisane fut expulsée d’un bel appartement de la rue Saint-Georges par la ruine et la fuite de son « entreteneur », l’agent de change Jacques Falleix. Madame Gérard n’était nullement parente des Gérard ci-dessus mentionnés (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Germain, prénom sous lequel est plus habituellement désigné Bonnet, valet de chambre de Canalis (Modeste Mignon).

Giardini, cuisinier napolitain assez âgé, marié. — Secondé par sa femme, il tenait une table d’hôte à Paris, située rue Froidmanteau, en 1830-1831. Il avait d’abord fondé, d’après son dire, trois restaurants en Italie : à Naples, à Parme et à Rome. Dans les premières années du règne de Louis-Philippe, sa cuisine « insensée » nourrit Paolo Gambara. En 1837, ce fou tout particulier, de restaurateur « sublime », était tombé pauvre « regrattier », sans quitter la rue Froidmanteau (Gambara).

Giboulard (Gatienne), d’Auxerre, très belle fille d’un riche menuisier, fut vainement désirée pour femme, vers 1823, par Sarcus, faute du consentement paternel de Sarcus le Riche. — Plus tard, les familiers du salon de madame Soudry, qui représentaient la première société d’une petite ville voisine, rêvèrent, un moment, de se venger des châtelains des Aigues, en leur détachant Gatienne Giboulard : elle aurait brouillé M. et madame de Montcornet ; peut-être même, compromis l’abbé Brossette (Les Paysans).

Gigelmi, chef d’orchestre italien réfugié à Paris, avec les Gambara, fut, après la Révolution de 1830, commensal de Giardini dans la rue Froidmanteau. Gigelmi avait, de Beethoven, au moins la surdité (Gambara).

Gigonnet, pittoresque et significatif surnom de Bidault. — Voir ce nom.

Giguet (Colonel), peut-être originaire d’Arcis-sur-Aube, où, d’ailleurs, il se retira ; l’un des frères de madame Marion. — Officier des plus estimés de la grande armée ; caractère probe et délicat ; onze ans simple capitaine d’artillerie dans la garde, chef de bataillon en 1813, major en 1814 ; par attachement pour Napoléon, il refusa de servir les Bourbons après la première abdication et donna de telles preuves de dévouement en 1815, qu’il eût été banni sans le comte de Gondreville, dont le crédit lui obtint une pension de retraite avec le grade de colonel. Vers 1806, il avait épousé l’une des filles d’un riche banquier de Hambourg, qui lui donna trois enfants et mourut en 1814. Giguet perdit en outre, de 1818 à 1825, les deux cadets, auxquels survécut, seul, un fils du nom de Simon. Bonapartiste et libéral, le colonel fut, pendant la Restauration, président du comité directeur d’Arcis et y fraya avec les chefs des familles Grévin, Beauvisage, Varlet, notabilités du même bord. Il abandonna la politique militante, lorsque ses idées triomphèrent, et, sous le règne de Louis-Philippe, il devint un horticulteur émérite, le créateur de la fameuse rose Giguet. Néanmoins, le colonel restait le dieu du très influent salon de sa sœur, où il parut, surtout au moment des élections législatives de 1839. Dans les premiers jours de mai de cette année, le petit vieillard, admirablement conservé, présida, chez Frappart, une réunion électorale ; candidats en présence : son propre fils, maître Simon Giguet ; Philéas Beauvisage ; Sallenauve-Dorlange (Le Député d’Arcis).

Giguet (Colonel), frère du précédent et de madame Marion, était brigadier de gendarmerie à Arcis-sur-Aube, en 1803. — Il passa lieutenant en 1806. Comme brigadier, Giguet fut un des hommes les plus avisés de la légion. Le commandant de Troyes l’avait signalé aux policiers de Paris, Peyrade et Corentin, chargés de surveiller les manœuvres des Simeuse et des Hauteserre qui aboutirent à la perte des jeunes royalistes par les conséquences du fictif enlèvement de Gondreville. Pourtant, une adroite machination du petit François Michu empêcha d’abord le brigadier Giguet de saisir les conspirateurs dont il flairait la retraite. Promu lieutenant, il réussit à les arrêter et devint colonel de gendarmerie à Troyes, où le suivit madame Marion, alors mademoiselle Giguet. Le colonel Giguet mourut avant ses frère et sœur et fit de madame Marion sa légataire universelle (Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis).

Giguet (Simon), né sous le premier Empire, l’aîné et le seul survivant des enfants du colonel d’artillerie Giguet. — Il perdit, en 1814, sa mère, fille d’un riche banquier de Hambourg, et, en 1826, son grand-père maternel, dont il ne recueillit que deux mille francs de rente, l’Allemand ayant avantagé le reste de sa nombreuse famille directe. Il n’espérait plus que la succession de sa tante paternelle, madame Marion, grossie de celle du colonel de gendarmerie Giguet. Aussi, après avoir fait ses études avec le sous-préfet Antonin Goulard, Simon Giguet, frustré d’une fortune qui, d’abord, lui paraissait assurée, devint-il simple avocat dans la petite ville d’Arcis, où les avocats sont à peu près inutiles. La situation de sa tante et celle de son père lui firent ambitionner la carrière politique. Giguet visait en même temps la main et la dot de Cécile Beauvisage. Homme du centre gauche, médiocre sous tous les rapports, il échoua aux élections législatives de mai 1839, où il s’était porté candidat pour l’arrondissement d’Arcis-sur-Aube (Le Député d’Arcis). Vers 1840, Simon épousa Ernestine Mollot, la fille du greffier du tribunal, la beauté d’Arcis ; en 1845, il fut enfin élu député : Giguet remplaçait Maxime de Trailles. De 1839 à 1845, la ville d’Arcis envoyait successivement, au Palais-Bourbon, Sallenauve-Dorlange, Philéas Beauvisage, Maxime de Trailles et Simon Giguet (Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Gilet (Maxence), né en 1789. — Il passait à Issoudun pour le fils naturel de M. Lousteau, le subdélégué ; d’autres lui donnaient, comme père, le docteur Rouget, ami en même temps que rival de Lousteau. En somme, « heureusement pour l’enfant, le docteur et le subdélégué se disputaient cette paternité ». Or, il n’appartenait ni à l’un ni à l’autre. Son vrai père se trouvait être « un charmant officier de dragons en garnison à Bourges ». Sa mère, femme d’un pauvre sabotier ivrogne du faubourg de Rome à Issoudun, avait la beauté surprenante d’une Transtévérine. Le mari savait les désordres de sa femme et en profitait : par intérêt, on laissa croire au subdélégué et au docteur Rouget ce qu’ils voulurent au sujet de leur paternité ; de telle sorte que l’un et l’autre concoururent à l’éducation de Maxence, qu’on avait coutume d’appeler Max. En 1806, âgé de dix-sept ans, Max s’engagea dans un régiment en route pour l’Espagne ; en 1809, il fut laissé pour mort, au Portugal, dans une batterie anglaise ; pris par les Anglais et envoyé sur les pontons espagnols de Cabrera, Gilet y resta de 1810 à 1814. Quand il revint à Issoudun, son père et sa mère étaient morts à l’hospice. Au retour de Bonaparte, Max servit en qualité de capitaine dans la garde impériale. Sous la seconde Restauration, il rentra à Issoudun et devint le chef des Chevaliers de la désœuvrance, qui se livraient à de byroniennes récréations nocturnes plus ou moins agréables pour les habitants de la ville. « Max jouait à Issoudun un rôle presque semblable à celui du Forgeron dans la Jolie Fille de Perth ; il y était le champion du bonapartisme et de l’opposition. On comptait sur lui, comme les bourgeois de Perth comptaient sur Smith dans les grandes occasions ». César Borgia possible sur un terrain plus étendu, Gilet vivait alors fort bien, quoique dénué de ressources personnelles. Voici pourquoi : tenant de sa naissance ses défauts et ses qualités, Max s’installa crânement chez son prétendu frère naturel, Jean-Jacques Rouget, riche et inepte vieux célibataire que dominait une superbe servante-maîtresse, Flore Brazier, dite la Rabouilleuse. Dès 1816, Gilet régnait dans le ménage : le beau garçon avait conquis le cœur de mademoiselle Brazier. Entouré d’une sorte d’état-major où figuraient Potel, Renard, Kouski, François Hochon, Baruch Borniche, Maxence convoita désormais l’importante succession Rouget, sut merveilleusement la disputer à deux des héritiers légitimes, Agathe et Joseph Bridau, et il se l’appropriait, sans l’intervention d’un troisième, Philippe Bridau. — Max fut tué en duel par Philippe, dans les premiers jours du mois de décembre 1822 (La Rabouilleuse).

Gillé, ancien imprimeur de l’empereur ; possesseur de caractères d’écriture que Jérôme-Nicolas Séchard employait en 1819 et vantait au point de les regarder comme les pères des anglaises de la maison Didot (Illusions perdues).

Gimon, curé d’Arcis-sur-Aube, en 1845 (La Famille Beauvisage).

Gina, personnage de l’Ambitieux par amour, nouvelle autobiographique d’Albert Savarus, publiée, dans sa Revue de l’Est, sous Louis-Philippe ; déguisant un certain « farouche » Sormano. — Représentée comme une jeune Sicilienne de quatorze ans au service des Gandolphini, proscrits réfugiés en 1823 à Gersau (Suisse) ; dévouée au point de feindre le mutisme par discrétion et de frapper plus ou moins gravement le héros du roman, Rodolphe, entré clandestinement chez les Gandolphini (Albert Savarus).

Gina, en 1836, à Gênes, au service de M. et madame Maurice de l’Hostal (Honorine).

Ginetta (La), jeune fille corse. — Très petite, fort mince, non moins adroite, maîtresse de Théodore Calvi et complice du double crime commis par son amant, vers la fin de la Restauration, elle put, en effet, grâce à sa taille et à sa sveltesse, s’introduire par le haut d’un four chez madame veuve Pigeau, et elle ouvrit ensuite la porte de la maison à Théodore, qui tua et dévalisa les deux habitantes (la veuve et la servante) (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Girard, sous la Restauration, à Paris, banquier escompteur, peut-être un peu usurier et de la connaissance de Jean-Esther van Gobseck. — Comme Palma, Werbrust et Gigonnet, Girard possédait une quantité de lettres de change signées Maxime de Trailles, et Gobseck, qui le savait, en profita contre le comte, amant de madame de Restaud, lorsque Trailles vint implorer vainement l’argentier de la rue des Grès (Gobseck).

Girard (La mère), qui tenait un modeste restaurant, à Paris, dans la rue de Tournon, avant 1838, eut un successeur, chez lequel Godefroid promit de prendre pension quand il parcourait en tournée d’inspection l’extrême rive gauche de la Seine et s’efforçait d’y secourir les familles Bourlac-Mergi (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Girardet, avoué à Besançon entre 1830 et 1840. — Homme verbeux, partisan d’Albert Savarus, il suivit, probablement, pour lui, le commencement d’un procès où les intérêts des Watteville avaient à être défendus. Quand Savarus quitta précipitamment Besançon, Girardet se chargea du règlement des affaires de l’avocat et lui prêta cinq mille francs (Albert Savarus).

Giraud (Léon) était, à Paris, dès 1821, membre du cénacle présidé, rue des Quatre-Vents, par Daniel d’Arthez. — Il y représentait l’élément philosophique. Ses « doctrines » prédisaient la fin du christianisme et de la famille. Giraud, en cette même année 1821, dirigeait un journal d’opposition « digne et grave ». Il devint le chef d’une école morale et politique dont « la sincérité compensa les erreurs » (Illusions perdues). À peu près vers la même date, Giraud fréquentait chez la mère de son ami Joseph Bridau et s’y rendait au moment où se compromettait le frère aîné du peintre, le bonapartiste Philippe (La Rabouilleuse). La révolution de Juillet ouvrit la carrière politique à Léon Giraud, maître des requêtes en 1832, puis conseiller d’État : il avait su gré à Louis-Philippe d’avoir autorisé les honneurs funèbres pour Chrestien, le combattant de Saint-Merri. En 1845, Giraud siégeait à la Chambre, sur les bancs du centre gauche (Les Secrets de la Princesse de Cadignan. — Les Comédiens sans le savoir).

Gireix, de Vizay. — Parent de Farrabesche, il gagna cent louis, en le livrant à la gendarmerie. Farrabesche, d’ailleurs, ne resta qu’une seule nuit enfermé dans la prison de Lubersac (Le Curé de Village).

Girel, de Troyes. — Au dire de Michu, et comme lui, sous la première Révolution, Girel, également royaliste, fit le jacobin, dans l’intérêt de sa fortune. De 1803 à 1806, au moins, il dut correspondre avec cette maison Breintmayer (de Strasbourg) dont usèrent les jumeaux de la famille Simeuse, traqués par la police de Bonaparte (Une Ténébreuse Affaire).

Girodet (Anne-Louis), célèbre peintre, né à Montargis en 1767, mort à Paris en 1824. — Sous l’Empire, il était en rapports d’amitié avec son confrère Théodore de Sommervieux ; un jour, il admirait beaucoup, dans l’atelier de celui-ci, un portrait d’Augustine Guillaume et une scène d’intérieur, dont il déconseillait, mais en vain, l’envoi au Salon, trouvant les deux toiles trop vraies pour être encore comprises du public. Et il ajoutait : « Les tableaux que nous peignons, mon bon ami, sont des écrans, des paravents. Tiens, faisons plutôt des vers et traduisons les anciens » (La Maison du Chat qui pelote).

Giroud (L’abbé), confesseur de Rosalie de Watteville, à Besançon, entre 1830 et 1840 (Albert Savarus).

Giroudeau, né vers 1774. — Oncle d’Andoche Finot, parti simple cavalier à l’armée de Sambre et Meuse, cinq ans maître d’armes au 1er hussards (armée d’Italie), il avait chargé, avec le colonel Chabert, à Eylau. Il passa dans les dragons de la garde impériale. Giroudeau y était capitaine en 1815. La Restauration interrompit sa carrière militaire. Finot, entrepreneur de revues parisiennes et de feuilles diverses, lui confia la caisse et les écritures d’un petit journal spécialement consacré aux choses dramatiques, dont il avait la direction entre les années 1821 et 1822. Giroudeau était aussi le gérant responsable ; et la réplique armée des provocations concernait le soudard, qui menait, du reste, joyeuse vie. Catarrheux, alors du mauvais côté de la quarantaine, il eut pour maîtresse Florentine Cabirolle (de la Gaîté). Il fréquentait plus d’un viveur de toute sorte ; entre autres un ancien camarade retrouvé, Bridau (aîné). Aussi assistait-il, comme témoin, à son mariage avec la veuve de Jean-Jacques Rouget (1824). Frédéric Marest (novembre 1825) fêtant par un grand déjeuner de bienvenue les clercs de maître Desroches, conviait également Giroudeau chez le célèbre Borel du Rocher de Cancale, et les uns et les autres passèrent ensuite la soirée dans un appartement de la rue de Vendôme où mademoiselle Florentine Cabirolle, qui les recevait magnifiquement, compromit, fort involontairement, le petit Oscar Husson. L’ex-capitaine Giroudeau fit le coup de feu pendant les trois glorieuses, reprit du service après l’avènement de la royauté citoyenne, devint en peu de temps colonel, puis général (1834-1835). Il sut, à ce moment, satisfaire un légitime ressentiment contre son ancien ami le colonel Philippe Bridau et entraver son avancement (Illusions perdues. — Un début dans la Vie. — La Rabouilleuse).

Givry, un des nombreux noms du second fils du duc de Chaulieu, qui devint, par son mariage avec Madeleine de Mortsauf, un Lenoncourt-Givry-Chaulieu (Mémoires de Deux Jeunes Mariées. — Le Lys dans la Vallée. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Gobain (Madame Marie), ancienne cuisinière d’évêque, habita sous la Restauration, à Paris, la rue Saint-Maur (quartier Popincourt), en des conditions bien particulières. — Marie Gobain y servit les Octave de Bauvan. Elle fut la femme de chambre et la femme de charge de la comtesse Honorine, échappée du vieil hôtel conjugal et devenue fleuriste. Madame Gobain avait été secrètement procurée par M. de Bauvan, qui, de la sorte, vivait mystérieusement de la vie de sa femme. Quoique surveillant sa maîtresse pour le compte du mari, elle se montra dévouée et sut introduire, chez Honorine, Maurice de l’Hostal, secrétaire d’Octave. — La comtesse prit, un moment, le nom de sa servante (Honorine).

Gobenheim, beau-frère de François et d’Adolphe Keller, dut même joindre leur nom au sien. — Vers 1819, à Paris, désigné, d’abord, comme juge-commissaire dans la faillite de César Birotteau, il fut ensuite remplacé par Camusot (César Birotteau). Sous Louis-Philippe, Gobenheim, agent de change du parquet parisien, faisait valoir les très belles économies de madame Fabien du Ronceret (Béatrix).

Gobenheim, neveu de Gobenheim-Keller (de Paris), jeune banquier du Havre, en 1829, fréquentait les Mignon, sans rechercher leur héritière, Marie-Modeste (Modeste Mignon).

Gobet (Madame), en 1829, au Havre, cordonnière de madame et de mademoiselle Mignon, et grondée, alors, par Marie-Modeste, pour le défaut d’élégance des bottines et souliers fournis (Modeste Mignon).

Gobseck (Jean-Esther van), usurier, né en 1740, à Anvers, d’une Juive et d’un Hollandais, commença par être mousse. — Il n’avait que dix ans, quand sa mère le fit embarquer pour les possessions hollandaises de l’Inde. Jean-Esther connut, aux Indes ou en Amérique, M. de Lally, l’amiral de Simeuse, M. de Kergarouët, M. d’Estaing, le bailli de Suffren, M. de Portenduère, lord Cornwallis, lord Hastings, le père de Tippo-Saïb lui-même. Il fut en relations aussi avec Victor Hughes et plusieurs célèbres corsaires, parcourut le monde, exerça tous les métiers comme tous les commerces. La passion de l’argent le prit tout entier. L’entassement de l’or et la puissance, résultat de l’avarice, lui procurèrent mille joies. Il gagna Paris, qui devint le centre de ses nombreuses affaires et s’établit rue des Grès (aujourd’hui Cujas). Là, Gobseck, araignée au milieu de sa toile, abattit la superbe de Maxime de Trailles et vit couler des larmes des yeux de madame de Restaud et de ceux de Jean-Joachim Goriot (1819). Vers la même époque, Ferdinand du Tillet recherchait l’argentier, opérait avec lui, et le saluait « l’illustre Gobseck, le maître des Palma, des Gigonnet, des Werbrust, des Keller et des Nucingen ». Jean-Esther, assuré de rencontrer son ami Bidault-Gigonnet, allait, chaque soir, jouer aux dominos au café Thémis, entre la rue Dauphine et le quai des Augustins (1824). Il s’y vit relancer (décembre de cette année) par Élisabeth Baudoyer, et lui promit son intervention : en effet, Gobseck, flanqué de Mitral, sut gagner Clément Chardin des Lupeaulx, dont le crédit sérieux détermina la nomination d’Isidore Baudoyer, successeur du chef de division Flamet de la Billardière. En 1830, Jean-Esther, octogénaire, s’éteignit sordidement, rue des Grès, bien que puissamment riche. Derville eut les recommandations dernières de l’argentier. On sait que Gobseck maria l’avoué, le reçut amicalement et ne lui ménagea pas les confidences. Quinze années après la mort du Hollandais, le boulevard parisien le qualifiait de « dernier des Romains », d’usurier vieux-jeu, ainsi que Gigonnet, Chaboisseau, Samanon, auxquels Lora et Bixiou opposaient le moderne Vauvinet (Gobseck. — Le Père Goriot. — César Birotteau. — Les Employés. — Les Comédiens sans le savoir).

Gobseck (Sarah van), dite la belle Hollandaise. — Signe particulier : dans la famille Gobseck (dans la maison des Marana, également), la lignée féminine conserve toujours la première désignation patronymique. Ainsi Sarah van Gobseck était la petite-nièce de Jean-Esther van Gobseck. — Cette prostituée, mère d’Esther, autre femme galante, avait les mœurs et la nature des filles de Paris ; elle conduisit à la faillite le notaire des Birotteau, maître Roguin, et se vit, elle-même, ruinée par Maxime de Trailles, qu’elle adora et nourrit quand il était simple page de Napoléon Ier. Elle mourut dans une maison du Palais-Royal ; saisi d’un amoureux accès de folie furieuse, un capitaine l’y assassina (décembre 1818). L’événement fit du bruit ; Juan et Francis Diard en parlaient alors et le commentaient. Le souvenir de Sarah Gobseck lui survécut. Le Paris du boulevard, aussi bien en 1824 qu’en 1839, citait volontiers les prodigalités et l’orageuse existence de la courtisane (Gobseck. — César Birotteau. — Les Marana. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Le Député d’Arcis).

Gobseck (Esther van), née en 1805, d’origine juive, fille de la précédente et arrière-petite-nièce de Jean-Esther van Gobseck. — Elle exerça longtemps à Paris le métier de sa mère, qu’elle commença de bonne heure et dont elle connut les divers hasards. Elle eut promptement un surnom significatif, celui de la Torpille. Elle fut quelque temps un des « rats » de l’Académie royale de musique et compta parmi ses entreteneurs Clément Chardin des Lupeaulx ; fort gênée en 1823, elle faillit quitter Paris et gagner Issoudun, où, dans un but machiavélique, Philippe Bridau l’aurait donnée comme maîtresse à Jean-Jacques Rouget, sur la recommandation collective de Nathan, Florine, Bixiou, Finot, Mariette, Florentine, Giroudeau, Tullia. L’affaire manqua ; Esther Gobseck s’échoua dans la maison de tolérance de madame Meynardie, qu’elle abandonna vers la fin de 1823. Une soirée de sortie, passée au théâtre de la Porte-Saint-Martin, réunit fortuitement Esther et Lucien Chardon de Rubempré, qui s’aimèrent à première vue. Leurs amours traversèrent ensuite mille péripéties. Le poète et l’ex-prostituée commirent la faute de s’aventurer à l’Opéra, pendant un des bals de l’hiver 1824. Démasquée, insultée, Esther Gobseck s’enfuit rue de Langlade[7], où elle vivait misérablement. Le dangereux, puissant et occulte protecteur de Rubempré, Jacques Collin, la suivit chez elle, la sermonna, et, enfin, décida de l’existence d’Esther, qu’il rendit catholique, éleva soigneusement et ramena, plus tard, pour Lucien, rue Taitbout. Gardée par Jacqueline Collin, Paccard et Prudence Servien, mademoiselle Gobseck occupa l’appartement de Caroline Crochard. La promenade ne lui était permise que la nuit. Cependant, le baron de Nucingen découvrit ce mystère voulu et devint amoureux fou d’Esther ; Jacques Collin exploita la situation : Esther dut accepter le banquier, et enrichir ainsi Chardon de Rubempré. En 1830, Esther Gobseck possédait, rue Saint-Georges, un hôtel dont jouirent auparavant plusieurs célèbres courtisanes, et recevait madame du Val-Noble, Tullia et Florentine (deux danseuses), Fanny Beaupré et Florine (deux actrices). Sa nouvelle position avait provoqué la formidable intervention policière de Louchard, Contenson, Peyrade et Corentin. Le 13 mai 1830, incapable de supporter davantage Nucingen, à qui elle s’était livrée la veille afin de s’exécuter, la Torpille absorba un topique javanais. Elle mourut, héritière sans le savoir de sept millions de son arrière-grand-oncle, Jean-Esther van Gobseck (Gobseck. — La Maison Nucingen. — La Rabouilleuse. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Godain, né en 1798, dans la campagne bourguignonne voisine de Soulanges, Blangy et la Ville-aux-Fayes, neveu d’un des maçons constructeurs de la maison de madame Soudry ; malingre travailleur des champs, réformé pour l’exiguïté de sa taille, avare et pauvre qu’il était ; fut d’abord l’amant, puis le mari de Catherine Tonsard, qu’il épousa vers 1823 (Les Paysans).

Godain (Madame Catherine), l’aînée des filles légitimes de Tonsard, cabaretier du Grand I vert situé entre Conches et la Ville-aux-Fayes (Bourgogne). — Beauté virile, nature aux instincts dépravés, assidue au Tivoli-Socquard ; sœur dévouée de Nicolas Tonsard, pour qui elle tenta de perdre Geneviève Niseron ; courtisée par Charles, valet aux Aigues-Montcornet ; redoutée d’Amaury Lupin ; épousa Godain, un de ses amants, et se vit dotée de mille francs adroitement obtenus de madame Montcornet (Les Paysans).

Godard (Joseph), né en 1798, probablement à Paris, quelque peu allié des Baudoyer par Mitral ; chétif et punais ; fifre dans la garde nationale ; collectionneur imbécile ; chaste célibataire logé chez sa sœur, fleuriste rue Richelieu ; entre les années 1824-1825, au ministère des finances, médiocre sous-chef du bureau d’Isidore Baudoyer, dont il rêvait d’être le gendre, et l’une des victimes des mystifications de son collègue Bixiou. Avec Dutocq, Joseph Godard soutint sans cesse les Baudoyer et leurs parents, les Saillard. Il prôna leur avancement administratif ; on le rencontrait fréquemment chez eux, où, les soirs d’apparat, il jouait volontiers du flageolet (Les Employés. — Les Petits Bourgeois).

Godard (Mademoiselle), sœur du précédent, le logeait, rue Richelieu, à Paris, où elle avait, en 1824, un magasin de fleurs. Mademoiselle Godard occupa Zélie Lorain, devenue plus tard la femme de l’employé des finances François Minard. Elle recevait Minard et aussi Dutocq (Les Employés).

Godard était en mai 1830, 104, faubourg Saint-Honoré, au service de la marquise d’Espard ; pendant le procès Collin-Rubempré, il partit à cheval pour le ministère de la justice, chargé d’un petit billet qu’avait sollicité la femme du juge d’instruction Camusot (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Godard (Manon), servante de madame de la Chanterie, fut arrêtée, en 1809, entre Alençon et Mortagne, et impliquée dans l’affaire dite des Chauffeurs, qui aboutit à l’exécution capitale de madame des Tours-Minières, fille de madame de la Chanterie. — Manon Godard fut condamnée par contumace à vingt-deux ans de réclusion et se livra, pour ne pas abandonner madame de la Chanterie captive. Longtemps après la délivrance de la baronne, sous Louis-Philippe, Manon Godard vivait encore chez elle, rue Chanoinesse, dans la maison de refuge où s’abritaient Alain, Montauran, Godefroid, etc. (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Godde-Hérau, sous la Restauration, famille de banquiers d’Issoudun, dont les membres, en 1823, le soir de l’arrivée d’Agathe et de Joseph Bridau, rencontraient, chez les vieux Hochon, les Borniche, Beaussier, Lousteau-Prangin et Fichet (La Rabouilleuse).

Goddet, ancien chirurgien-major au 3e régiment de ligne, vers 1823, le meilleur médecin d’Issoudun. — Il avait pour fils un des chevaliers de la désœuvrance placés sous les ordres de Maxence Gilet. Goddet fils, semblait courtiser madame Fichet, afin d’arriver, par la mère, à la fille, pourvue de la plus grosse dot d’Issoudun (La Rabouilleuse).

Godefroid, uniquement connu par ce prénom ; né, vers 1806, probablement à Paris ; fils de détaillants riches d’économies ; élève de l’institution Liautard ; nature faible au moral et au physique ; essaya successivement et vainement du notariat, des bureaux, de la littérature, du plaisir, du journalisme, de la politique et du mariage. — Sur la fin de 1836, il se trouva très appauvri et complètement isolé et voulut alors combler son passif et vivre parcimonieusement. Il quitta la Chaussée-d’Antin et s’installa rue Chanoinesse, où il devint un des pensionnaires de madame de la Chanterie, désignés Frères de la Consolation. La recommandation des banquiers Mongenod le fit accueillir. L’abbé de Vèze, Montauran, Lecamus de Tresnes, Alain et la baronne, surtout, l’initièrent, le formèrent, lui confièrent des missions charitables, entre autres, quartier Montparnasse, vers le milieu du règne de Louis-Philippe, celle de surveiller et de secourir les effroyables misères des familles Bourlac et Mergi, dont les chefs, magistrats impériaux, avaient persécuté judiciairement, en 1809, mesdames de la Chanterie et des Tours-Minières. Après cette généreuse expédition bien conduite, l’ordre des Frères de la Consolation admit ouvertement Godefroid, qui se déclara heureux du résultat obtenu (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Godenars (L’abbé de), né vers 1795, l’un des vicaires généraux de l’archevêque de Besançon, entre 1830 et 1840. — Dès 1835, il voulait passer évêque et se trouvait, à cette époque, en soirée dans l’aristocratique salon des Watteville, au moment même de la fuite précipitée d’Albert Savarus, provoquée par leur jeune héritière (Albert Savarus).

Godeschal (François-Claude-Marie), né vers 1804. — Il était, à Paris, en 1818, troisième clerc d’avoué chez maître Derville, rue Vivienne, quand y parut l’infortuné Chabert (Le Colonel Chabert). En 1820, orphelin, misérable, frère dévoué de sa sœur, la danseuse Mariette, il habitait avec elle un huitième étage, rue Vieille-du-Temple. Godeschal se révélait déjà nature pratique et caractère intéressé, égoïste, droit pourtant, et parfois capable de généreux élans (La Rabouilleuse). En 1822, devenu second clerc, il quittait maître Derville pour entrer premier clerc chez l’avoué Desroches, lequel se félicita de la conduite et du travail de son nouvel auxiliaire, qui prit même à tâche de diriger et de dresser Oscar Husson (Un Début dans la Vie). Godeschal, qui se trouvait encore le premier clerc de maître Desroches six ans plus tard, rédigea la requête par laquelle madame d’Espard sollicitait, en justice, l’interdiction de son mari (L’Interdiction). Sous Louis-Philippe, il devint un des avoués de Paris et paya la moitié de sa charge (1840), se proposant d’acquitter l’autre avec la dot de Céleste Colleville, dont la main lui fut refusée, malgré la recommandation du notaire Cardot ; les Thuillier et les Colleville écartèrent Godeschal, à cause de sa sœur Marie Godeschal, la danseuse, dite Mariette. L’ancien clerc de Derville et de Desroches n’en eut pas moins la clientèle de Théodose de la Peyrade, ami de ces familles, et s’occupa de l’affaire de l’une d’elles : il s’agissait de l’achat d’une maison près de la Madeleine (Les Petits Bourgeois). Godeschal exerçait dans les environs de 1845 et possédait parmi ses clients les Camusot de Marville (Le Cousin Pons).

Godeschal (Marie), née vers 1804. — Elle entretint, presque toute sa vie, les plus tendres et les plus étroites relations d’amitié avec son frère, le notaire Godeschal. Sans parents et sans fortune elle avait, en 1820, le même domicile que lui : c’était le huitième étage d’une maison de la rue Vieille-du-Temple, à Paris. Le dévouement fraternel et la volonté firent de Marie une danseuse. Dès l’âge de dix ans, elle apprit son métier. Le fameux Vestris la forma et lui prédit un brillant avenir. Sous le nom de Mariette, elle fut successivement pensionnaire de la Porte-Saint-Martin et de l’Académie royale de musique. Ses succès au boulevard mécontentèrent la célèbre Bégrand. Très peu de temps après, dans le mois de janvier 1821, sa beauté angélique, entretenue par sa froideur de chorégraphe, lui ouvrait les portes de l’Opéra. Elle eut alors des amants. L’aristocratique, l’élégant Maufrigneuse la protégea et certainement la conserva plusieurs années consécutives. Mariette accepta encore Philippe Bridau et fut la cause involontaire d’un vol commis par cet officier afin de lutter contre Maufrigneuse. Quatre mois plus tard, elle partit pour Londres, où elle exploita les lords opulents de la Chambre Haute, et revint premier sujet de l’Académie de musique transportée rue Le Peletier (1822). Mariette comptait, dans les personnes préférées de son entourage, Florentine Cabirolle, et fréquentait fort cette ballerine de la Gaîté, qui recevait beaucoup au Marais. Ce fut chez elle que Mariette tira d’un mauvais pas le jeune Oscar Husson, neveu de Cardot (1825). Du reste, Marie ne manquait aucune fête : elle vit l’éclatante réapparition publique d’Esther applaudissant, à la Porte-Saint-Martin, Frédérick Lemaître, du fond d’une loge du rez-de-chaussée, qui réunissait aussi Tullia et M. de Brambourg. Sur la fin du règne de Louis-Philippe, on continuait à citer Mariette parmi les illustrations de l’Opéra (La Rabouilleuse. — Un Début dans la Vie. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Le Cousin Pons).

Godet, famille d’Issoudun, sous la Restauration, quand la cité berrichonne se passionnait pour la succession de Jean-Jacques Rouget, que se disputaient Bridau et Gilet (La Rabouilleuse).

Godet, sous la Restauration, voleur, assassin et complice de Dannepont et de Ruffard dans le meurtre des Crottat (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Godin, sous Louis-Philippe, bourgeois parisien en vive discussion avec un ami de M. de la Palférine, à qui, en raison de son ignoble et scandaleuse roture, le duel fut refusé, sur le conseil de Charles-Édouard Rusticoli (Un Prince de la Bohème).

Godin (La), vers 1823, paysanne de Conches en Bourgogne, dont, pour le compte des Montcornet, le praticien Vermichel parlait de saisir la vache, avec le secours de son patron, l’huissier Brunet, et de son autre collègue, Fourchon (Les Paysans).

Godivet, receveur de l’enregistrement d’Arcis-sur-Aube, en 1839. — Nommé, par les efforts et les soins d’Achille Pigoult, l’un des deux assesseurs au bureau d’une réunion électorale préparatoire qu’organisa un des candidats à la députation, Simon Giguet, et que Philéas Beauvisage présida (Le Député d’Arcis).

Godollo (Comtesse Torna de), probablement Hongroise, policière aux ordres de Corentin. — Elle eut mission de faire manquer le mariage de Théodose de la Peyrade avec Céleste Colleville. Dans ce but, vers 1840, elle se fit locataire des Thuillier, à Paris, près de la Madeleine, les fréquenta, les séduisit et les domina. Madame de Godollo prenait aussi, au besoin, le nom de madame Komorn. L’esprit et la beauté de cette prétendue comtesse fascinèrent un moment Théodose de la Peyrade (Les Petits Bourgeois).

Goguelat, fantassin du premier Empire, passé dans la garde, en 1812, décoré par Napoléon Bonaparte sur le champ de bataille de Valoutina, rentra, sous la Restauration, dans la commune de l’Isère dont Benassis était maire, et devint le piéton de la poste. — À une veillée villageoise de 1829, il raconta l’histoire de Napoléon Bonaparte, avec une familiarité rustique et pittoresque, devant une assemblée où se mêlaient Gondrin, la Fosseuse, Genestas, Benassis (Le Médecin de Campagne).

Goguelu (Mademoiselle), en 1799, Bretonne « margaudée » par le chouan Marie Lambrequin, qui se trouvait, pour ce fait, sous le coup d’un péché mortel quand les bleus le tuèrent (Les Chouans).

Gohier, à Paris, en 1824, orfèvre du roi de France, fournit à Élisabeth Baudoyer l’ostensoir dont elle décora l’église Saint-Paul, afin d’assurer l’avancement ministériel d’Isidore Baudoyer (Les Employés).

Gomez, capitaine du Saint-Ferdinand, brick espagnol, qui ramenait d’Amérique en France, vers 1833, le général marquis d’Aiglemont, enrichi à nouveau. Gomez fut, à cette époque, abordé par un corsaire colombien dont le capitaine, le Parisien, le fit jeter à la mer (La Femme de Trente Ans).

Gondrand (L’abbé), sous la Restauration, à Paris, confesseur de la duchesse Antoinette de Langeais, dont il digérait les bons dîners et les jolis péchés, béatement installé dans une bergère du salon, où le général Armand de Montriveau le surprenait souvent (Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais).

Gondreville (Malin, réel nom patronymique ; plus souvent connu sous le nom de comte de), né en 1763, sans doute à Arcis-sur-Aube. — Petit et gros ; petit-fils d’un maçon employé par le général marquis de Simeuse à la construction du château de Gondreville ; fils unique du propriétaire de la maison d’Arcis où demeurait, en 1839, son ami Grévin ; sur la recommandation de Danton, entré chez un procureur au Châtelet de Paris (1787) ; principal clerc de maître Bordin, dans la même ville et dans la même année ; revint au pays, deux ans plus tard, pour être avocat à Troyes ; devint un obscur et lâche conventionnel ; se fit l’ami de Talleyrand et de Fouché, dès juin 1800, en de singulières conditions et en des circonstances opportunes ; successivement passa tribun, conseiller d’État, comte de l’Empire (créé comte de Gondreville), enfin sénateur. En 1802, secondé par Jacqueline Collin, Gondreville mit à mal une fille mineure d’Arcis, Catherine-Antoinette Goussard. — Conseiller d’État, Malin de Gondreville s’occupa de la rédaction du Code ; joua un grand rôle à Paris. Il avait acheté l’un des plus beaux hôtels du faubourg Saint-Germain et épousé la fille unique de Sibuelle, riche fournisseur assez déconsidéré, que Gondreville nomma co-receveur général de l’Aube avec un des Marion. Le mariage eut lieu au temps du Directoire ou du Consulat. Trois enfants naquirent de cette union : Charles de Gondreville, la maréchale de Carigliano, madame François Keller. Alors, Malin, soignant ses intérêts particuliers, se rapprocha de Bonaparte. Plus tard encore, devant le même Bonaparte empereur et le préfet de police Dubois, Gondreville, en prudent égoïste, simulant une adroite générosité, sollicita la radiation de la liste des émigrés en faveur des Hauteserre et des Simeuse, qu’on accusa faussement, dans la suite, de l’avoir fait enlever et séquestrer. En 1809, à Paris, Malin, sénateur, donna une grande fête où il attendit vainement l’empereur et où madame de Lansac réconcilia le ménage Soulanges. Louis XVIII promut pair de France le comte Malin. Beaucoup d’expérience et la possession de bien des secrets favorisaient Gondreville, dont les conseils écartèrent Decazes et prônèrent Villèle. Charles X bouda Malin, demeuré trop l’intime de Talleyrand. Sous Louis-Philippe, ces liens étroits se relâchèrent. La monarchie de Juillet combla le comte de Gondreville, de nouveau pair de France. Un soir de 1833, il rencontra, chez la princesse de Cadignan, le premier ministre Henri de Marsay, tout plein de vieilles historiettes politiques également ignorées, quoique très connues de Malin. Les élections législatives de 1839 préoccupèrent Gondreville. Il patronna son petit-fils, Charles Keller, dans l’arrondissement d’Arcis. Malin se soucia quelque peu et différemment des candidats, par la suite, arrivés députés, Dorlange-Sallenauve, Philéas Beauvisage, Trailles, Giguet. — Gondreville mourut à la fin de 1845, pendant que l’église d’Arcis célébrait les funérailles de son ancienne victime, Catherine-Antoinette Goussard (Une Ténébreuse Affaire. — Un Début dans la Vie. — La Paix du ménage. — Le Député d’Arcis. — La Famille Beauvisage).

Gondreville (Comtesse Malin de), née Sibuelle, femme du précédent ; personne dont la complète insignifiance se manifesta dans la grande fête donnée à Paris par le comte en 1809 (La Paix du ménage).

Gondreville (Charles de), fils des précédents et sous-lieutenant aux dragons de Saint-Chamans (1818), jeune, riche, périt dans la campagne d’Espagne de 1823. Sa mort affligea sa maîtresse, madame Colleville (Les Petits Bourgeois).

Gondrin, du département de l’Isère, né en 1774. — Pris par la grande réquisition de 1792 et incorporé dans l’artillerie, il fit les campagnes d’Italie et d’Égypte sous Bonaparte, comme simple soldat, et revint d’Orient, à la paix d’Amiens. Enrégimenté, sous l’Empire, dans les pontonniers de la garde, Gondrin parcourut l’Allemagne, traversa la Russie ; fut de l’affaire de la Bérésina, pour la construction du pont sur lequel passèrent les débris de l’armée ; reçut, avec ses quarante et un camarades, les encouragements de son chef, le général Éblé, qui le remarqua tout particulièrement ; seul survivant des pontonniers, rentra de Wilna, pendant la première des deux Restaurations après la mort d’Éblé. Ne sachant ni lire ni écrire, sourd et infirme, Gondrin, fort misérable, quitta Paris, qui lui était inhospitalier, et regagna sa commune du Dauphiné, où le docteur Benassis, maire, l’occupait comme fossoyeur, et le secourait encore en 1829 (Le Médecin de Campagne).

Gondrin (L’abbé), jeune prêtre de Paris vers le milieu du règne de Louis-Philippe. — Élégant et éloquent, successivement vicaire de Saint-Jacques du Haut-Pas et de la Madeleine, il habita le no 8 de la rue de la Madeleine[8] et fréquenta la famille Thuillier (Les Petits Bourgeois).

Gondureau, l’un des noms d’emprunt de Bibi-Lupin (Le Père Goriot).

Gonore (La), veuve du juif Moïse, chef des rouleurs du midi, en mai 1830, maîtresse du voleur et de l’assassin Dannepont, dit la Pouraille, gérait alors, à Paris, pour madame Nourrisson, une maison de tolérance, rue Sainte-Barbe[9]. Jacques Collin la traitait de « largue et de voleuse » remarquable (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Gordes (Mademoiselle de), à la tête d’un salon aristocratique d’Alençon, vers 1816, époque où vivait encore son père, le vieux marquis de Gordes, qui habitait avec elle ; — recevait le chevalier de Valois, du Bousquier, etc., etc. (La Vieille Fille).

Gorenflot, maçon à Vendôme, mura le cabinet où fut enfermé l’amant de madame de Merret, l’Espagnol Bagos de Férédia (La Grande Bretèche).

Gorenflot posa peut-être pour le Quasimodo de la Notre-Dame de Victor Hugo. — Infirme et contrefait, sourd, d’une taille lilliputienne, il habitait Paris, vers 1839, tenait le soufflet d’orgues dans l’église de Saint-Louis en l’Île et y sonnait aussi les cloches. Gorenflot servait encore de mystérieux correspondant financier entre Jacques Bricheteau et Sallenauve-Dorlange (Le Député d’Arcis).

Goriot[10] (Jean-Joachim), né vers 1750, fut d’abord, à Paris, simple fort de la halle au blé. — Sous la première Révolution, quoique sans instruction première, mais ayant la vocation du négoce, il entreprit le commerce des grains ou pâtes et y réussit grandement. L’économie et la chance favorisèrent aussi Goriot, qui opéra pendant la Terreur. Il sut passer pour un citoyen farouche et un bon bougre de patriote. La prospérité de ses affaires lui permit de contracter un mariage d’inclination avec la fille unique d’un riche fermier de la Brie, qui mourut jeune et adorée. Le vermicellier de la rue de la Jussienne reporta sur les enfants issus de son union (Anastasie et Delphine) la tendresse dont la mère avait été l’objet, les gâta beaucoup, les établit magnifiquement. Les malheurs de Goriot datèrent de leur fastueuse installation conjugale au cœur de la Chaussée-d’Antin. Loin de reconnaître ses sacrifices d’argent, ses gendres, Restaud et Nucingen, ses filles elles-mêmes, rougirent de son extérieur bourgeois. Ainsi, dès 1813, il se retirait, appauvri et attristé, rue Neuve-Sainte-Geneviève, dans la pension de madame veuve Vauquer, née Conflans. Les querelles de mesdames de Restaud et de Nucingen, leurs plaintes avides l’y relancèrent, et, dans l’année 1819, elles allèrent en s’accentuant. Presque tous les hôtes de la maison et surtout la veuve Vauquer, née Conflans, déchue d’ambitieuses espérances, tourmentaient également Goriot, ruiné à peu près. Le vieux vermicellier trouva quelque répit agréable, quand il abrita, rue d’Artois[11], les amours adultérines de madame de Nucingen et d’Eugène de Rastignac, son confident à la pension Vauquer. Les angoisses financières de madame de Restaud, proie de Maxime de Trailles, achevèrent Jean-Joachim. Alors il dut livrer les derniers et les plus précieux restes de son argenterie et implorer Jean-Esther van Gobseck, l’argentier de la rue des Grès. Ce coup suprême terrassa Goriot. Une apoplexie séreuse l’emporta. Il s’éteignit rue Neuve-Sainte-Geneviève. Le jeune Rastignac le veilla, et l’interne Bianchon le soigna. Seuls, deux hommes, Christophe, le domestique de madame Vauquer et Eugène de Rastignac accompagnèrent le convoi de Goriot à Saint-Étienne du Mont et au Père-Lachaise ; les voitures de la famille, vides, suivirent également jusqu’au cimetière (Le Père Goriot).

Goritza (La princesse), charmante Hongroise, célèbre pour sa beauté vers la fin du règne de Louis XV, et à laquelle, alors jeune, s’était attaché le chevalier de Valois, au point de se battre pour l’illustre étrangère contre M. de Lauzun, et dont il ne parlait qu’avec émotion. — De 1816 à 1830, l’aristocratie d’Alençon put voir le portrait de la princesse qui ornait la boîte d’or où le chevalier prenait son tabac (La Vieille Fille).

Gorju (Madame), femme du maire de Sancerre, en 1836, et mère d’une fille « dont la taille menaçait de tourner à la première grossesse », assistait parfois avec elle aux soirées de la « Muse du département », madame de la Baudraye. — Un soir de l’automne de 1836, dans le salon de celle qu’on appelait encore la Sapho de Saint-Satur, madame Gorju entendit l’ironique lecture de fragments d’Olympia ou les Vengeances romaines, faites par Étienne Lousteau (La Muse du département).

Gothard, né en 1788, habitait, vers 1803, l’arrondissement d’Arcis-sur-Aube, où son adresse et son courage lui valurent d’être le petit écuyer de Laurence de Cinq-Cygne. — Dévoué domestique de la comtesse, il fut un des acteurs acquittés du procès criminel qui aboutit à l’exécution capitale de Michu (Une Ténébreuse Affaire). Gothard ne quitta jamais la famille de Cinq-Cygne. Trente-six ans plus tard, il en était l’intendant. Avec son beau-frère Poupard, l’aubergiste d’Arcis, Gothard servit alors les intérêts électoraux de ses maîtres (Le Député d’Arcis).

Gouges (Adolphe de), nom d’emprunt d’Henri de Marsay, en avril 1815, lorsqu’il se fit aimer de Paquita Valdès ; le prétendu Adolphe de Gouges disait habiter au no 54 de la rue de l’Université (Histoire des Treize : la Fille aux Yeux d’Or).

Goujet (L’abbé), curé de Cinq-Cygne, dans l’Aube, vers 1792, découvrit, sous la Révolution, pour le fils des fermiers Beauvisage, restés bons catholiques, le prénom grec de Philéas, un des très rares saints non abolis par le nouveau régime (Le Député d’Arcis). Ancien abbé des Minimes, il avait pour ami Hauteserre. Il fut le précepteur d’Adrien et de Robert d’Hauteserre. L’abbé Goujet jouait le boston de leurs parents (1803). Sa politique prudente blâmait parfois l’intrépide audace de leur alliée, mademoiselle de Cinq-Cygne. Cependant il tint tête bien finement au persécuteur de toute la noble maison, le policier Corentin, et il assista Michu, quand cette victime du célèbre procès criminel dit « l’enlèvement de Gondreville », porta sa tête sur l’échafaud. L’abbé Goujet devint évêque de Troyes, pendant la Restauration (Une Ténébreuse Affaire).

Goujet (Mademoiselle), sœur du précédent, vieille fille bonne, gaie, laide et parcimonieuse qui vivait avec son frère. — Presque chaque soir, elle faisait, en 1803, à Cinq-Cygne (Aube), le boston des Hauteserre et s’effrayait des visites policières de Corentin, prologue du procès criminel terminé par la tragique mort de Michu (Une Ténébreuse Affaire).

Goulard, maire de Cinq-Cygne (Aube) en 1803. — Gros, grand et avare, il avait épousé une riche marchande de Troyes, dont le bien, augmenté par lui de toutes les terres de la riche abbaye du Val-des-Preux, touchait la commune de Cinq-Cygne. Goulard habitait cette abbaye, très proche du château de Cinq-Cygne ; malgré ses attaches révolutionnaires, il fermait les yeux sur les menées de ses voisins, MM. d’Hauteserre et de Simeuse, conspirateurs royalistes (Une Ténébreuse Affaire).

Goulard (Antonin), enfant d’Arcis, comme Simon Giguet. — Né vers 1807, fils de l’ancien piqueur de la maison de Simeuse, enrichi par un achat de biens nationaux (voir la biographie précédente). De bonne heure orphelin de mère, il vint habiter Arcis avec son père, qui abandonnait l’abbaye de Valpreux (Val-des-Preux). Envoyé au lycée impérial, il y eut pour camarade Simon Giguet, retrouvé plus tard sur les bancs de l’École de droit de Paris. Le crédit de Gondreville le fit décorer de la Légion d’honneur. La royauté de 1830 lui ouvrit la carrière administrative. Goulard était, en 1839, sous-préfet d’Arcis-sur-Aube, pendant la période électorale. Le délégué ministériel, Maxime de Trailles, satisfit la rancune d’Antonin contre Simon Giguet : les recommandations officielles désiraient l’échec de ce dernier ; l’un et l’autre, l’aspirant député comme le sous-préfet, recherchèrent vainement la main de Cécile Beauvisage. Goulard fréquentait les fonctionnaires (la colonie[12]) : Frédéric Marest, Olivier Vinet, Martener, François Michu (Le Député d’Arcis).

Gounod était neveu de Vatel, garde chez le général de Montcornet, aux Aigues (en Bourgogne). — Vers 1823, il devint probablement un des serviteurs du garde général des Aigues, Michaud, que traquaient Fourchon, Rigou, Tonsard, Bonnébault, Soudry, etc. (Les Paysans).

Goupil (Jean-Sébastien-Marie), né en 1802 ; espèce de bossu sans bosse, fils d’un fermier aisé. — Après avoir dissipé à Paris l’héritage paternel, il devint premier clerc du notaire Crémière-Dionis, de Nemours (1829). Pour le compte de François Minoret-Levrault, il y tourmenta de toutes les manières, même sous le voile de l’anonyme, Ursule Mirouet après la mort du docteur Minoret. Il s’en repentit par la suite, desservit même l’instigateur de ces infamies et remplaça comme notaire Crémière-Dionis. Grâce à son intelligence, il devint honorable, correct, et se transforma complètement. Goupil, une fois établi, épousa mademoiselle Massin aînée, fille de Massin-Levrault, junior, greffier de la justice de paix de Nemours, laide personne qui lui apportait quatre-vingt mille francs en dot, et dont il eut des enfants rachitiques et hydrocéphales. — Combattant des « trois glorieuses », Jean-Sébastien-Marie Goupil avait obtenu la décoration de Juillet : il en étalait le ruban (Ursule Mirouet).

Gouraud (Général, baron), né en 1782, à Provins, probablement. — Il commanda le 2e régiment de hussards sous l’Empire, qui l’anoblit. La Restauration lui valut des années de misère passées à Provins. Il y fit de la politique et de l’opposition, rechercha la main et surtout la dot de Sylvie Rogron, persécuta l’héritière présumée de cette vieille fille, mademoiselle Pierrette Lorrain (1827), et, secondé par l’avocat Vinet, recueillit, après Juillet 1830, les fruits de son adroit libéralisme. Gouraud, grâce au crédit de maître Vinet, l’ambitieux parvenu, épousa, malgré ses cheveux gris et son enveloppe épaisse, une fille de vingt-cinq ans, mademoiselle Matifat, de la célèbre maison de drogueries de la rue des Lombards, qui apportait cinquante mille écus dans sa corbeille de noce. Titres, charges et profits affluèrent successivement. Il reprit du service, devint général, commanda une division voisine de la capitale et obtint la pairie. Sa conduite sous le ministère Casimir Périer était ainsi récompensée. De plus, il reçut le grand cordon de la Légion d’honneur, après avoir enlevé les barricades de Saint-Merri, et fut « heureux de taper sur le bourgeois, resté sa bête noire », quinze années consécutives (Pierrette). Vers 1845, il commanditait le théâtre dont Félix Gaudissart avait la direction (Le Cousin Pons).

Gourdon aîné, mari de la fille unique du vieux garde général des eaux et forêts Gendrin-Wattebled, était, en 1823, médecin à Soulanges (Bourgogne) et soignait les Michaud. — Néanmoins il faisait partie de la première société de Soulanges présidée par madame Soudry, qui regardait comme un savant de premier ordre incompris et méconnu le gendre de Gendrin-Wattebled, perroquet de Buffon et de Cuvier, simple collectionneur, empailleur vulgaire (Les Paysans).

Gourdon jeune, frère du précédent, composa le poème de la Bilboquéide, qui fut imprimé par Bournier. — Il épousa la nièce et unique héritière de l’abbé Taupin, curé de Soulanges (Bourgogne), où lui-même était, en 1823, greffier de Sarcus ; il était plus riche que le juge de paix. Madame Soudry et sa société d’élus accueillaient avec admiration le chantre de la Bilboquéide et le préféraient à Lamartine, dont les œuvres leur furent, d’ailleurs, révélées bien tardivement (Les Paysans).

Goussard (Laurent) fut membre de la municipalité révolutionnaire d’Arcis-sur-Aube. — Ami particulier de Danton, il se servit de l’influence du tribun pour sauver la tête de l’ex-supérieure des Ursulines d’Arcis ou des environs d’Arcis, la mère Marie-des-Anges, dont la reconnaissance pour ces procédés, généreux et habiles, enrichit considérablement cet acquéreur des immeubles de la sainte maison, « vendus nationalement ». Aussi, plus de quarante ans après, l’adroit libéral possédait-il, sur la rivière de l’Aube, de nombreux moulins et était-il encore le chef de la gauche avancée de l’arrondissement. Les divers candidats à la députation, au printemps de 1839, Charles Keller, Simon Giguet, Philéas Beauvisage, Dorlange-Sallenauve, et l’agent officiel du moment, le comte de Trailles, se préoccupèrent donc de Laurent Goussard, reconnurent son crédit, saluèrent son autorité. Laurent Goussard assistait, d’ailleurs, à la réunion d’avril qui entendit Simon Giguet et que présida Philéas Beauvisage. Grand-oncle naturel de Dorlange-Sallenauve, il le vit triompher dans Arcis. Au milieu du règne de Louis-Philippe, L. Goussard vivait encore, mais très vieux et très goutteux (Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve. — La Famille Beauvisage).

Goussard (Françoise), sœur du meunier Laurent Goussard, d’Arcis ; physiquement et moralement bien remarquable. — De ses relations avec Danton, non encore marié, elle eut une fille, Catherine-Antoinette Goussard ; au moment du procès de son amant, Françoise vint à Paris trouver l’ancienne maîtresse de Marat, Jacqueline Collin, devenue celle du chimiste Duvignon-Lanty. Par cette femme, mademoiselle Goussard obtint du poison et mourut, le jour même de l’exécution de Danton (La Famille Beauvisage).

Goussard (Catherine-Antoinette), fille de Françoise Goussard et de Danton, née vers 1789 (avant le premier mariage du conventionnel avec Antoinette-Gabrielle Charpentier), élevée aux Ursulines d’Arcis, eut les charmes et la tragique existence de sa mère. — Dès 1802, elle inspira à Jacques Bricheteau, neveu de la mère Marie-des-Anges, le plus platonique et aussi le plus fervent et le plus constant des amours. Puis elle devint la proie de Malin de Gondreville, déjà vieux, qui, pour la détourner et la posséder, eut recours aux services de Jacqueline Collin. Emmenée à Paris et isolée au moment de l’arrestation de Jacqueline (1807), Catherine-Antoinette fut alors la maîtresse d’un certain Jules, qui n’était autre que Jacques Collin, et qui la rendit enceinte (1809). Perfidement entraînée dans la maison de tolérance de madame Nourrisson par Jacqueline Collin, redevenue libre, mademoiselle Goussard y accoucha, refusa de se prostituer et, comme châtiment de sa rébellion, se vit enlever passagèrement son enfant. Les secrets, les ressources scientifiques du chimiste Duvignon la tirèrent des griffes de madame Nourrisson. Pendant qu’on la croyait suicidée, Catherine accompagnait Duvignon, qui l’abandonna en pleine Amérique du Sud. Là, favorite du docteur Francia, dictateur de la République du Paraguay, mademoiselle Goussard, ambitieuse pour son propre fils, lui voulut assurer la succession du célèbre président. Dans ce but, elle chercha pour cet enfant un père légal convenable et découvrit un gentilhomme taré, le marquis de Sallenauve, qu’elle rapprocha d’elle et résolut même d’épouser (1840) ; mais il l’exploita indignement pour assouvir sa passion du jeu (1842). Malheureusement, l’octogénaire Francia mourut, et son successeur enferma mademoiselle Goussard dans une prison voisine d’un désert. Elle parvint à s’évader : un serpent la piqua et l’empoisonna. Charles de Sallenauve, fils de Catherine-Antoinette, accouru afin de la délivrer, put encore la reconnaître, fit brûler ses restes et en rapporta les cendres. L’église d’Arcis-sur-Aube célébra donc les obsèques de mademoiselle Goussard (fin de 1845), et un superbe monument lui fut élevé ; Charles de Sallenauve l’exécuta : le couvent des Ursulines d’Arcis le renferme encore (La Famille Beauvisage).

Grados avait entre les mains des billets du nourrisseur Vergniaud, possesseur d’une vacherie sise à Paris, dans la rue du Petit-Banquier ; grâce à la provision fournie par l’avoué Derville, Grados fut payé, en 1818, par le colonel Chabert, hôte de Vergniaud (Le Colonel Chabert).

Graff (Johann), frère d’un tailleur établi à Paris sous Louis-Philippe, y vint lui-même après avoir été premier garçon de l’aubergiste francfortois Gédéon Brunner, et, dans la rue du Mail, tint l’hôtel du Rhin, où débarquèrent pauvres, en 1835, Frédéric Brunner et Wilhem Schwab. L’hôtelier procura de petites places aux deux jeunes gens : au premier, chez les Keller ; au second, chez son frère le tailleur (Le Cousin Pons).

Graff (Wolfgang), frère de l’hôtelier et riche tailleur du centre de Paris, chez qui, en 1838, Lisbeth Fischer habilla Wenceslas Steinbock. Sur la recommandation de Johann Graff, il employa Wilhem Schwab, et, six années après, le fit entrer dans sa famille en le mariant avec Émilie Graff ; il reçut alors et fêta MM. Berthier, Frédéric Brunner, Schmucke, Sylvain Pons (La Cousine Bette. — Le Cousin Pons).

Grancey (L’abbé de), né en 1761. — Il entra dans les ordres par désespoir d’amour, devint prêtre en 1786 et curé en 1788 ; ecclésiastique distingué, refusa trois évêchés pour ne pas quitter Besançon. Il y était, en 1834, vicaire général du diocèse. Il avait une belle tête fine ; il prodiguait les mots incisifs. Grancey connut Albert Savarus, l’aima et le protégea. Familier du salon des Watteville, il devina et moralisa leur fille, Rosalie, cette ennemie singulière et redoutable de l’avocat. Le vicaire général savait encore intervenir entre madame et mademoiselle de Watteville. Grancey mourut à la fin de l’hiver 1836-1837 (Albert Savarus).

Grancour (L’abbé de), sur la fin de la Restauration, l’un des vicaires généraux de l’évêque de Limoges et comme l’antithèse physique de l’autre vicaire, le maigre et sérieux abbé Dutheil, dont, avec une prudente lâcheté, il partageait secrètement les hautes et indépendantes doctrines libérales. Grancour fréquenta le salon Graslin et eut sans doute connaissance de la tragique affaire Tascheron (Le Curé de Village).

Grandemain était, à Paris, en 1822, clerc d’avoué chez maître Desroches, dont l’étude pouvait alors posséder aussi Godeschal, Marest, Oscar Husson (Un Début dans la Vie).

Grandet (Félix), de Saumur, né entre 1745 et 1749. — Maître tonnelier aisé, convenablement instruit, il épousa, dans les premiers temps de la République, la fille d’un riche marchand de planches, dont il eut, en 1796, un enfant, Eugénie. Avec la réunion des capitaux amassés, Félix Grandet acheta fort bon marché les plus beaux vignobles de l’arrondissement de Saumur, ainsi qu’une vieille abbaye et plusieurs métairies. Sous le Consulat, il devint successivement membre de l’administration du district et maire de Saumur ; mais l’Empire, qui le supposait jacobin, lui retira cette dernière fonction, bien qu’il fût l’homme le plus imposé de la ville. Sous la Restauration, le despotisme de son avarice extraordinaire troubla sa vie de famille. Son frère cadet, Guillaume, fit faillite et se tua, en chargeant Félix de la liquidation de ses affaires et en lui confiant son fils Charles, accouru, inconscient du désastre paternel. Eugénie aima son cousin et lutta contre l’avide parcimonie de Grandet, qui arrangea pour ses avantages particuliers la déconfiture de son frère. Le combat entre Eugénie et son père brisa madame Félix Grandet. Les phases du terrible duel furent violentes et nombreuses. La passion de Félix Grandet s’armait de ruse et de volonté opiniâtre. La mort seule eut raison du tyran domestique. Une paralysie l’emporta, octogénaire et dix-sept fois millionnaire, en 1827 (Eugénie Grandet).

Grandet (Madame Félix), femme du précédent, née vers 1770, fille d’un riche marchand de planches, M. de la Gaudinière, se maria, dans le commencement de la République et mit au monde son unique enfant, Eugénie, en 1796. — Elle enrichit considérablement, en 1806, la communauté matrimoniale avec les deux très importantes successions de sa mère et de M. de la Bertellière, son grand-père maternel. Personne pieuse, effacée, insignifiante, courbée sous le joug domestique, madame Grandet ne dut jamais quitter Saumur où elle mourut, au mois d’octobre 1822, d’un mal de poitrine aggravé par le chagrin que lui causèrent la rébellion de sa fille et la dureté de son mari (Eugénie Grandet).

Grandet (Victor-Ange-Guillaume), frère cadet de Félix Grandet, fit, à Paris, le commerce des vins en gros et s’y enrichit. — En 1815, avant la bataille de Waterloo, Frédéric de Nucingen lui acheta cent cinquante mille bouteilles de Champagne payées, chacune, trente sous, revendues six francs, et que burent les alliés, lors de l’occupation étrangère (1817-1819) (La Maison Nucingen). Le commencement de la Restauration vit briller Guillaume Grandet, mari de la charmante fille naturelle d’un grand seigneur, qu’il perdit jeune et qui l’avait rendu père. Colonel de la garde nationale, juge au tribunal de commerce, il administra un des arrondissements de Paris et obtint la députation. La ville de Saumur l’accusait de la renier et de vouloir devenir le beau-père d’une petite duchesse façon impériale. Maître Roguin, par sa banqueroute, fut la cause partielle de la ruine de Guillaume, qui se fit sauter la cervelle pour éviter la déconsidération (mois de novembre 1819). Dans ses dernières dispositions, Guillaume Grandet implorait son frère aîné, pour Charles, enfant que son suicide rendait doublement orphelin (Eugénie Grandet).

Grandet (Charles), unique enfant légitime de Victor-Ange-Guillaume Grandet (de Paris) et de la charmante fille naturelle d’un grand seigneur, neveu de Félix Grandet (de Saumur), né en 1797. — Il mena d’abord la vie mondaine de la jeunesse opulente et entretint des relations avec une certaine Annette, femme mariée et bien posée. La tragique mort de son père (novembre 1819) le surprit, lui fit gagner Saumur. Il crut aimer sa cousine germaine, Eugénie, à laquelle il jura fidélité. Charles Grandet partit ensuite pour les Indes, y prit le pseudonyme de Carl Sepherd afin de masquer impunément des actions déloyales, revint en France excessivement riche (1827), débarqua dans Bordeaux (juin 1827), accompagné des Aubrion, dont il épousa la fille, Mathilde, et laissa Eugénie Grandet achever de désintéresser les créanciers de la maison Guillaume Grandet (Eugénie Grandet). Charles Grandet, par le fait de son mariage, devint comte d’Aubrion (La Maison Nucingen).

Grandet (Eugénie[13]). — V. Bonfons (Eugénie Cruchot de) (Eugénie Grandet).

Grandlieu (Comtesse de), du commencement du XVIIe siècle ; alliée aux Hérouville ; souche probable des Grandlieu, célèbres, en France, près de deux siècles plus tard (L’Enfant maudit).

Grandlieu (Duc Ferdinand de), né vers 1773, pouvait descendre de la comtesse de Grandlieu, du commencement du XVIIe siècle, et relever, en conséquence, d’une famille de bonne et vieille noblesse du duché de Bretagne dont la devise était : Caveo non timeo. — À la fin du XVIIIe, au commencement et au milieu du XIXe siècle, Ferdinand de Grandlieu se trouvait chef de la branche aînée, riche et ducale, de la maison de Grandlieu. Sous le Consulat ou l’Empire, sa haute situation, conservée, lui permit d’intervenir auprès de Talleyrand en faveur de MM. d’Hauteserre et de Simeuse, compromis dans le fictif enlèvement de Malin de Gondreville. Ferdinand de Grandlieu, de son mariage avec une Ajuda, de la branche aînée, alliée aux Bragance d’origine portugaise, eut plusieurs filles, dont l’aînée prit le voile en 1822. Ses autres filles étaient Clotilde-Frédérique, née en 1802 ; Joséphine, la troisième ; Sabine, née en 1809 ; Marie-Athénaïs, née vers 1820. Oncle par alliance de madame de Langeais, il avait à Paris, dans le faubourg Saint-Germain, un hôtel où, sous le règne de Louis XVIII, la princesse de Blamont-Chauvry, le vidame de Pamiers et le duc de Navarreins se réunirent en conseil de famille pour juger une escapade bruyante d’Antoinette de Langeais. Au moins dix années plus tard, Grandlieu se servit de son ami intime Henri de Chaulieu et aussi de Corentin (Saint-Denis), afin d’arrêter les poursuites de Lucien de Rubempré, qui compromettaient sa fille Clotilde-Frédérique (Une Ténébreuse Affaire. — Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants ; la Duchesse de Langeais. — La Rabouilleuse. — Modeste Mignon. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Grandlieu (Mademoiselle de), sous le premier Empire, épousa un chambellan impérial, peut-être aussi préfet de l’Orne, et se vit, seule, reçue dans Alençon, parmi les membres exclusifs de l’aristocratie locale, que dominaient les Esgrignon (Le Cabinet des Antiques).

Grandlieu (Duchesse Ferdinand de), d’origine portugaise, née Ajuda et de la branche aînée de cette maison alliée aux Bragance, femme du duc Ferdinand de Grandlieu, mère de plusieurs filles, dont l’aînée prit le voile, en 1822. — Personne sédentaire, fière, pieuse[14], bonne et belle, elle exerça, dans Paris, pendant la Restauration, une sorte de suprématie par son salon du faubourg Saint-Germain. Le second et l’avant-dernier de ses enfants lui donnèrent de nombreux soucis. Luttant contre l’hostilité de son entourage, elle accueillit Rubempré, aimé de sa fille Clotilde-Frédérique (1829-1830). Les suites malheureuses du mariage de son autre fille Sabine, baronne Calyste du Guénic, préoccupèrent, dès 1837, madame de Grandlieu, qui sut réconcilier ce jeune ménage, avec le concours de l’abbé Brossette, de Maxime de Trailles et de Charles-Édouard Rusticoli de la Palférine. Un scrupule religieux l’avait bien un moment arrêtée ; mais il tomba, comme sa fidélité politique, et, ainsi que mesdames d’Espard, de Listomère, des Touches, peu d’années après l’avènement du nouveau régime, elle reconnut implicitement la royauté bourgeoise et ouvrit de nouveau les portes de son salon. Tous les siens et elle-même se trouvaient à l’église, lorsque Trailles épousa Renée-Cécile Beauvisage, pour laquelle madame de Grandlieu se fit singulièrement gracieuse (1841) (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Béatrix. — Une Fille d’Ève. — La Famille Beauvisage).

Grandlieu (Mademoiselle de), fille aînée du duc et de la duchesse de Grandlieu, prit le voile en 1822 (La Rabouilleuse. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Grandlieu (Clotilde-Frédérique de), née en 1802, seconde fille du duc et de la duchesse Ferdinand de Grandlieu, personne longue et plate, la caricature de sa mère. — Elle ne trouva que l’appui maternel quand elle aima et voulut épouser, dans le printemps de 1830, l’ambitieux Lucien de Rubempré. Elle le vit, pour la dernière fois, route d’Italie, dans la forêt de Fontainebleau, prés de Bouron, en des circonstances bien pénibles : le jeune homme fut arrêté sous ses yeux ; Madeleine de Lenoncourt accompagnait mademoiselle de Grandlieu (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Grandlieu (Joséphine de). — V. Ajuda-Pinto (marquise Miguel d’).

Grandlieu (Sabine de). — V. Guénic (baronne Calyste du).

Grandlieu, (Marie-Athénaïs de). — V. Grandlieu (vicomtesse Juste de).

Grandlieu (Vicomtesse de), sœur du comte de Born, plus directement que le duc, descendante de la comtesse de Grandlieu du XVIIe siècle ; chef depuis 1813, époque de la mort de son mari, de la maison cadette des Grandlieu, dont « Grands faits, grand lieu » était la devise ; mère de Camille et de Juste de Grandlieu, belle-mère d’Ernest de Restaud, revenue en France avec Louis XVIII. — Elle vécut, d’abord, des secours royaux et, ensuite, rentra dans une grande partie de ses biens, par les soins de maître Derville, dès le commencement de la Restauration. La vicomtesse de Grandlieu témoigna toujours de la reconnaissance à l’avoué, qui la défendit encore contre la Légion d’honneur, fut de ses familiers et lui raconta les secrets du ménage Restaud, un soir de l’hiver 1830, quand Ernest de Restaud, fils de la comtesse Anastasie, recherchait Camille, qu’il épousa dans la suite (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Le Colonel Chabert. — Gobseck).

Grandlieu (Camille de). — V. Restaud (comtesse Ernest de).

Grandlieu (Vicomte Juste de), fils de la vicomtesse de Grandlieu, frère de la comtesse Ernest de Restaud, cousin, d’abord, et ensuite mari de Marie-Athénaïs de Grandlieu, réunit, par cette alliance, la fortune des deux maisons de Grandlieu et obtint le titre ducal (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Gobseck).

Grandlieu (Vicomtesse Juste de), née, vers 1820, Grandlieu (Marie-Athénaïs de), dernière fille du duc et de la duchesse Ferdinand de Grandlieu, épousée par son cousin, le vicomte Juste de Grandlieu. — Elle recevait, à Paris, dans les premières années du régime de Juillet, une jeune mariée comme elle, madame Félix de Vandenesse, alors en coquetterie réglée avec Raoul Nathan (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Gobseck. — Une Fille d’Ève).

Granet, en 1818, adjoint au maire du IIe arrondissement de Paris (Athanase Flamet de la Billardière), fut, ainsi que sa très laide femme, invité au fameux bal donné par son collègue municipal, César Birotteau, le dimanche 17 décembre de la même année (César Birotteau).

Granet, un des hommes influents de Besançon, sous Louis-Philippe. — En reconnaissance d’un service rendu par Albert Savarus, il devait proposer, comme candidat à la députation, cette victime de Rosalie de Watteville (Albert Savarus).

Granson (Madame), pauvre veuve d’un lieutenant-colonel d’artillerie, tué à Iéna, et dont elle eut un fils, Athanase. — Dès 1816, elle habitait, 8, rue du Bercail[15], à Alençon, où la bienveillance d’une parente éloignée, madame du Bousquier, lui confia la trésorerie d’une société maternelle locale contre l’infanticide et la mit en relations, dans des circonstances tout à fait particulières, avec celle qui devint madame Théodore Gaillard (La Vieille Fille).

Granson (Athanase), fils de la précédente, né en 1793, chétif employé de la mairie d’Alençon pour les actes de l’état civil, espèce de poète, libéral et rempli d’une légitime ambition ; las de la misère et plein de grandioses conceptions. — Il aima, dès avant 1816, d’une passion, que se disputaient et les sens et l’intérêt, madame du Bousquier, alors mademoiselle Cormon et son aînée de plus de dix-sept ans. En 1816 eut lieu précisément le mariage redouté par Athanase Granson. Il ne put supporter ce cruel déboire, et il alla se noyer dans la Sarthe. Il ne fut regretté que de sa mère et de Suzanne du Val-Noble (La Vieille Fille). Néanmoins, huit ans plus tard, on disait de lui : « Les Athanase Granson doivent mourir, étouffés, comme les graines qui tombent sur une roche nue » (Les Employés).

Granville (Comte de) eut un état civil défectueux, l’orthographe du nom variant assez fréquemment par l’adjonction de la lettre d entre les lettres n et v. — En 1805, assez âgé, il vivait à Bayeux, où il était né, peut-être : il avait pour père un ancien président du parlement de Normandie. À Bayeux, le comte maria un fils avec la riche Angélique Bontems (Une Double Famille).

Granville (Vicomte de), fils du comte de Granville et comte à la mort de son père, né dans les environs de 1779, et, magistrat par tradition de famille. Protégé de Cambacérès, il passa par tous les grades administratifs et judiciaires. Il étudia sous la tutelle de maître Bordin, plaida la cause de Michu dans la ténébreuse affaire de la séquestration du sénateur Malin, en connut officiellement et officieusement une des conclusions, peu de temps après son mariage avec une jeune fille de Bayeux, riche héritière d’un acquéreur de biens nationaux. Paris fut presque toujours le théâtre de la brillante carrière de maître Granville, qui, sous l’Empire, abandonna le quai des Augustins, où il habitait, pour s’installer avec sa femme au rez-de-chaussée d’un hôtel du Marais, entre les rues Vieille-du-Temple et Neuve-Saint-François[16]. Il devint successivement avocat général près la cour de la Seine et président d’une des chambres de ladite cour. Pendant cette période, l’existence de Granville fut traversée par le drame domestique suivant : choqué dans ses idées ouvertes et larges par le bigotisme de madame de Granville, il chercha au dehors les joies du ménage, quoiqu’il eût déjà quatre enfants de son mariage. Il avait rencontré Caroline Crochard, rue du Tourniquet-Saint-Jean ; il l’installa rue Taitbout, et trouva, dans ce commerce d’une trop courte durée, les joies familiales vainement espérées dans le ménage légitime. Granville abrita du pseudonyme de Roger ce fragile bonheur. Une fille, un fils, Eugénie, Charles, naquirent de l’union adultérine que rompit la désertion de mademoiselle Crochard et qu’attrista l’inconduite cruellement surprise de ce même Charles. Jusqu’à la mort de madame Crochard, mère de Caroline, Granville put garder et sauver les apparences devant la comtesse Angélique. Aussi l’accompagnait-il à la campagne, en Seine-et-Oise, quand il y secourut MM. d’Albon et de Sucy. Le reste de la vie de Granville, abandonné par sa femme et par sa maîtresse, s’écoula, solitaire, dans le commerce d’étroites amitiés où figurèrent Octave de Bauvan et Sérizy. Le travail et les honneurs le consolèrent à demi. Son réquisitoire de procureur général fit réhabiliter César Birotteau, l’un de ses locataires du 397 de la rue Saint-Honoré, au fameux bal duquel Angélique et lui avaient été conviés plus de trois années auparavant. Procureur général à la Cour de cassation, Granville protégea secrètement Lucien de Rubempré lors du célèbre procès criminel du poète et s’attira l’affection et l’inimitié, puissantes également, de Jacques Collin et d’Amélie Camusot. La révolution de Juillet maintint la belle situation de Granville, pair de France du nouveau régime, possédant et habitant un petit hôtel rue Saint-Lazare, ou bien encore parcourant l’Italie. Il était à cette époque l’un des clients du docteur Bianchon (Une Ténébreuse Affaire. — Une Double Famille. — Adieu. — César Birotteau. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — La Dernière Incarnation de Vautrin. — Une Fille d’Ève. — Le Cousin Pons).

Granville (Comtesse Angélique de), femme du précédent et fille du fermier Bontems, espèce de jacobin qu’enrichit la Révolution, par suite de l’achat à vil prix de biens d’émigrés. Elle naquit à Bayeux en 1787 et y reçut, de sa mère, une éducation fort bigote. Au commencement de l’Empire, elle épousa le fils d’un des voisins de sa famille, alors vicomte et plus tard comte de Granville, et, sous l’influence de l’abbé Fontanon, elle conserva dans Paris des habitudes et des mœurs extrêmement dévotieuses. Angélique de Granville provoqua ainsi l’infidélité de son mari, que précéda un simple abandon, et, sur ses quatre enfants, conserva la direction de l’enseignement de ses deux filles. Elle se sépara complètement de leur père, quand elle découvrit l’existence de sa rivale, mademoiselle de Bellefeuille (Caroline Crochard), et retourna finir ses jours à Bayeux, demeurée constamment la créature austère, avare et béate qu’avait scandalisée autrefois l’éclat des amours de Montriveau et de madame de Langeais. Elle mourut en 1822 (Une Double Famille. — Histoire des Treize : la Duchesse de Langeais. — Une Fille d’Ève).

Granville (Vicomte de), fils aîné de la précédente et du comte de Granville. — Il fut élevé par son père. Il était, en 1828, substitut à Limoges, où il devint avocat général et aima Véronique Graslin, dont il encourut la secrète disgrâce par son réquisitoire contre l’assassin J.-François Tascheron. Le vicomte de Granville eut une carrière presque identique à celle du comte. En 1833, il fut nommé premier président à Orléans, et, en 1844, procureur général. Plus tard, près de cette même ville de Limoges, il surprit un spectacle qui l’émut profondément : la confession publique de Véronique Graslin. — Le vicomte de Granville avait été l’inconscient bourreau de la châtelaine de Montégnac (Une Double Famille. — Une Fille d’Ève. — Le Curé de Village).

Granville (Baron Eugène de), frère cadet du précédent, procureur du roi à Paris dès mai 1830, y remplissait encore les mêmes fonctions trois ans plus tard, quand il informa son père, le comte de Granville, de l’arrestation d’un voleur, nommé Charles Crochard, qui était son frère naturel (Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Une Double Famille).

Granville (Marie-Angélique de). — V. Vandenesse (comtesse Félix de).

Granville (Marie-Eugénie de). — V. Tillet (madame Ferdinand du).

Graslin (Pierre), né en 1775 ; Auvergnat, compatriote et ami de Sauviat, dont il épousait à Limoges, en 1852, la fille, Véronique. — Il débuta simple commis de banque chez Grossetête et Perret, bonne maison de cette ville. Homme d’affaires, capable, travailleur acharné, il devint successeur de ses patrons. La fortune de Pierre Graslin, augmentée à la suite d’heureuses spéculations faites avec Brézac, lui permit l’acquisition de l’un des plus beaux hôtels du chef-lieu de la Haute-Vienne. Pierre Graslin ne sut point gagner le cœur de sa femme. Ses disgrâces physiques, résultats de ses négligences et de son avarice laborieuses, étaient compliquées d’un despotisme domestique promptement révélé. Il fut donc seulement le père légal d’un fils nommé Francis, mais ignora cette situation ; car, juré de cour d’assises, désigné pour décider du sort de J.-F. Tascheron, véritable père de l’enfant, il réclama, mais en vain, l’acquittement de l’accusé. Deux ans après la naissance du bâtard et l’exécution de l’amant de la mère, au mois d’avril 1831, Pierre Graslin mourut d’épuisement et de chagrin : la révolution de Juillet, en éclatant soudain, avait ébranlé sa position pécuniaire, péniblement reprise et reconquise. Précisément Graslin venait d’acheter Montégnac aux Navarreins (Le Curé de Village).

Graslin (Madame Pierre), femme du précédent, née Sauviat (Véronique) à Limoges, en mai 1802, belle, malgré les traces d’une petite vérole, eut l’enfance gâtée, quoique simple, d’une fille unique. — À vingt ans, elle épousa Pierre Graslin. Aussitôt après son mariage, sa nature naïve, romanesque et distinguée souffrit en secret de l’étroitesse tyrannique de l’homme dont elle portait le nom. Véronique n’en repoussa pas moins les galants, familiers de son salon, et particulièrement le vicomte de Granville : elle était et demeura la maîtresse bien cachée de J.-F. Tascheron, ouvrier porcelainier ; elle allait fuir avec lui, lorsque se découvrit le crime commis par son amant. Madame Graslin subit ainsi des tortures atroces, accoucha de l’enfant du guillotiné au moment précis de l’exécution du père, et se condamna par les plus dures austérités et les plus implacables macérations. Elle put s’y livrer avec plus de liberté après son veuvage, survenu deux ans plus tard, et abandonna Limoges pour Montégnac où elle s’illustra vraiment par de charitables et grandioses créations ou fondations. Madame Graslin eut successivement pour collaborateurs : F. Grossetête, Bonnet, Grancour, Dutheil, Grégoire Gérard, M. Champion, Roubaud, Clousier, Aline, Ruffin, Colorat, madame Sauviat, Farrabesche. Le retour imprévu d’une sœur de son amant lui porta le dernier coup. Elle eut cependant la force de préparer l’union de Denise Tascheron avec Grégoire Gérard, leur confia son fils, prodigua d’importants legs dignes de perpétuer sa mémoire, et mourut, pendant l’été de 1844, après avoir tenu à se confesser publiquement, en présence de Bianchon, Dutheil, Granville, de madame Sauviat et de Bonnet, saisis d’admiration et d’attendrissement (Le Curé de Village).

Graslin (Francis), né à Limoges en août 1829. — Unique enfant de Véronique Graslin, fils légal de Pierre Graslin, et fils naturel de J.-F. Tascheron ; il perdit son père légal deux années après sa venue au monde, et sa mère, treize ans plus tard. Son précepteur, M. Ruffin, son aïeule maternelle, madame Sauviat, surtout les Grégoire Gérard entourèrent son adolescence, qui se passa dans Montégnac (Le Curé de Village).

Grasset, garde du commerce et successeur de Louchard. — Sur la requête de Lisbeth Fischer et le conseil de Rivet, il arrêta, en 1838, en plein Paris, W. Steinbock, pour le diriger sur la prison de Clichy[17] (La Cousine Bette).

Grassins (Des), ancien quartier-maître de la garde grièvement blessé à Austerlitz, retraité et décoré. — Il devint, sous Louis XVIII, le plus riche banquier de Saumur, qu’il quitta bientôt pour Paris, où il se fixa dans le but d’arranger les malheureuses affaires du suicidé Guillaume Grandet, et où il finit par se faire nommer député. Quoique père de famille, il s’amouracha, au détriment de sa fortune, de Florine (madame Raoul Nathan), jolie pensionnaire du théâtre de Madame[18] (Eugénie Grandet).

Grassins (Madame des), née vers 1780, femme du précédent, qu’elle rendit père deux fois, passa presque toute sa vie à Saumur. — La situation de son mari et quelques avantages physiques, qu’elle sut conserver jusqu’aux abords de la quarantaine, lui permirent d’y briller d’un certain éclat. Avec les Cruchot, elle fréquenta les Félix Grandet, et, comme la famille du président de Bonfons, rêva Eugénie pour l’établissement de son fils Adolphe. Les désordres parisiens du père et la conspiration des Cruchot déjouèrent les plans de madame des Grassins : en outre, elle pourvut mal sa fille. Cependant, séparée de biens et heureuse de sa position, madame des Grassins continua, seule, la maison de banque de Saumur (Eugénie Grandet).

Grassins (Adolphe des), né en 1797, fils de M. et madame des Grassins, fit son droit à Paris et y vécut assez largement, puisqu’il fréquenta les Nucingen, chez lesquels il rencontra Charles Grandet. Il regagna Saumur en 1819 et courtisa vainement la riche Eugénie Grandet. Adolphe des Grassins reprit ensuite le chemin de Paris et rejoignit son père, dont il imita les folies (Eugénie Grandet).

Grassou (Pierre), né à Fougères (Bretagne) en 1795 ; fils d’un paysan vendéen et royaliste militant. — Débarqué jeune dans Paris, il fut, d’abord, commis d’un marchand de couleurs originaire de Mayenne et parent éloigné des Orgemont. Une fausse vocation le poussa vers la peinture. Son entêtement de Breton lui fit successivement fréquenter les ateliers de Servin, Schinner et Sommervieux. Il étudia ensuite, mais sans fruit, les œuvres de Granet et de Drolling[19] ; puis il compléta son éducation artistique chez Duval-Lecamus. Pierre Grassou ne profita nullement des leçons de ces maîtres, et son intimité avec Léon de Lora et Joseph Bridau ne lui apprit également rien. Pourtant il savait comprendre et admirer ; mais la faculté créatrice et la science de l’exécution lui manquaient. Aussi Grassou, appelé assez ordinairement Fougères par ses camarades, obtint-il d’eux un chaud concours et put-il faire admettre, au salon de 1829, sa Toilette d’un chouan condamné à mort, tableau des plus médiocres, platement imité de Gérard Dow. L’œuvre lui valut, de Charles X, la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Enfin ses toiles rencontrèrent des acquéreurs. Élie Magus lui commanda plus d’un sujet de la manière flamande, qu’il vendait à Vervelle comme des Dow ou des Téniers. Grassou, qui habitait alors rue de Navarin, numéro 2, devint le gendre de ce Vervelle. En effet, le peintre, client de maître Cardot, épousa, dans l’année 1832, Virginie Vervelle, héritière d’anciens marchands de bouchons, qui lui apportait une dot de cent mille francs, ainsi que maisons à la ville et à la campagne. Son obstinée médiocrité ouvrit les portes de l’Académie à Grassou, promu officier de la Légion d’honneur en 1839 comme chef de bataillon de la garde nationale, après l’émeute du 12 mai. Adoré des bourgeois, Grassou était leur portraitiste attitré. On a de lui toutes les familles Crevel et Thuillier, ainsi que le directeur de théâtre, prédécesseur de Gaudissart ; autant de croûtes, affreuses ou ridicules, dont une vint échouer dans l’humble intérieur des Topinard (Pierre Grassou. — La Rabouilleuse. — La Cousine Bette. — Les Petits Bourgeois. — Le Cousin Pons).

Grassou (Madame Pierre), née Vervelle (Virginie), rousse et laide, unique héritière de marchands de bouchons enrichis de la rue Boucherat[20] ; femme du précédent, qu’elle épousa à Paris, en 1832. Il existe d’elle, de cette même année, un portrait fait avant son mariage, dont l’ébauche incolore était de Grassou et qui fut, séance tenante, puissamment retouché par Joseph Bridau (Pierre Grassou).

Gravelot frères, marchands de bois de Paris, qui achetaient en 1823 le bois des Aigues, propriété du général de Montcornet située en Bourgogne (Les Paysans).

Gravier, payeur général d’armée sous le premier Empire, mêlé alors à de grands intérêts en Espagne avec certains généraux en chef. — Dès le retour des Bourbons, il acheta net, vingt mille francs, de M. P. de la Baudraye, la recette particulière des finances de Sancerre, qu’il occupait encore vers 1836. Comme l’abbé Duret, le sous-préfet Chargebœuf, le procureur du roi Clagny, il fréquentait chez madame Dinah de la Baudraye ; petit homme gros et gras, il échoua dans la cour faite à la baronne, malgré ses talents et ses relations multiples de vieux célibataire couru. Gravier chantait la romance, contait l’anecdote, apportait l’autographe prétendu rare (La Muse du Département).

Gravier (de Grenoble), marié, père de famille, beau-père d’un notaire, chef de division à la préfecture de l’Isère en 1829. — Il connut Genestas, et lui recommanda le docteur Benassis, maire de la commune dont il était l’un des bienfaiteurs, pour soigner Adrien Genestas-Renard (Le Médecin de Campagne).

Grenier, dit Fleur-de-Genêt, déserteur de la 69e demi-brigade ; chauffeur exécuté en 1809 pour complicité dans l’affaire qu’eurent alors à juger Bourlac et Mergi (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Grenouville, à Paris, vers 1840, propriétaire d’un grand et magnifique magasin de nouveautés établi boulevard des Italiens, et client des Bijou, brodeurs également installés dans Paris ; amoureux, en ce temps, de mademoiselle Olympe Bijou, ancienne maîtresse du baron Hulot et d’Idamore Chardin, il l’épousa et renta les parents (La Cousine Bette).

Grenouville (Madame), femme du précédent, née Olympe Bijou, vers 1824. — Au milieu du règne de Louis-Philippe, elle vivait à Paris, près de la Courtille, dans la rue Saint-Maur-du-Temple ; jolie et pauvre ouvrière brodeuse entourée d’une misérable et nombreuse famille, quand Josépha Mirah lui procura le vieux baron Hulot et une maison de commerce. Ayant abandonné Hulot pour Idamore Chardin, qui la délaissa, Olympe se fit épouser par Grenouville et devint une notable négociante (La Cousine Bette).

Grenville (Arthur-Ormond, lord), riche Anglais, se guérissait à Montpellier d’une affection de poitrine, quand la rupture de la paix d’Amiens le fit interner dans la ville de Tours. Vers 1814, il s’y éprit de la marquise Victor d’Aiglemont, la revit plus tard ailleurs ; improvisé médecin, la reconquit pour la soigner malade et réussit dans son traitement. Lord Arthur-Ormond Grenville revint auprès de madame d’Aiglemont, resta à Paris, et, afin de lui sauver l’honneur, mourut, les doigts écrasés par la rainure d’une porte (1823) (La Femme de Trente Ans).

Grévin, d’Arcis (Aube), eut les mêmes débuts que son compatriote et ami intime, le comte Malin de Gondreville. — Il fut, en 1787, le deuxième clerc de maître Bordin, procureur au Châtelet de Paris, et retourna dans la Champagne, quand éclata la Révolution. La protection successive de Danton, de Napoléon Bonaparte et de Malin le suivit chez lui. Grâce à eux, il devint comme un des oracles écoutés du parti libéral, put épouser mademoiselle Varlet, fille unique du meilleur médecin de la ville, acheta une étude de notaire et resta riche fort longtemps. Homme de bon conseil, Grévin dirigea fréquemment Gondreville, dont il instruisit le ténébreux et fictif enlèvement (1803 et années suivantes). De son union avec mademoiselle Varlet, morte assez jeune, lui naquit une fille, Séverine (madame Philéas Beauvisage). Dans sa vieillesse, il se préoccupa beaucoup de ses enfants et de leur brillant avenir, surtout pendant la période électorale de mai 1839. Les Beauvisage lui durent la possession du superbe hôtel Beauséant (du faubourg Saint-Germain de Paris) et s’y fixèrent après la mort de leur père, qu’emporta une attaque soudaine pendant la lecture du contrat de mariage de Cécile-Renée, future comtesse de Trailles (Un Début dans la Vie. — Une Ténébreuse Affaire. — Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve).

Grévin (Madame), femme du précédent, née Varlet, fille du meilleur médecin d’Arcis-sur-Aube, sœur d’un autre Varlet, médecin de la même localité, mère de madame Séverine Philéas Beauvisage. — Elle fut, avec madame Marion, dans cet arrondissement d’Arcis, au commencement du XIXe siècle, mêlée — plus ou moins — aux complications du ténébreux et fictif enlèvement de Malin de Gondreville. Elle mourut assez jeune (Une Ténébreuse Affaire).

Grévin, corsaire, qui servit l’amiral de Simeuse dans les Indes ; il vivait en 1816, paralytique et sourd, avec sa petite-fille, madame Lardot, blanchisseuse d’Alençon, qui occupait Césarine et Suzanne (devenue madame Théodore Gaillard) et avait dans ses pratiques le chevalier de Valois (La Vieille Fille).

Gribeaucourt (Mademoiselle de), vieille fille de Saumur sous la Restauration et amie des Cruchot entrés dans la famille des Félix Grandet par le mariage de Bonfons (Eugénie Grandet).

Griffith (Miss), née en 1787, Écossaise, fille assez pauvre d’un ministre, était, sous la Restauration, gouvernante d’Armande-Marie-Louise de Chaulieu dont elle se fit aimer, grâce à sa bienveillance et à son esprit quelque peu observateur (Mémoires de Deux Jeunes Mariées).

Grignault (Sophie). — V. Nathan (madame Raoul).

Grimbert, tenait, en 1819, à Ruffec, dans la Charente, le bureau des messageries royales. — Il reçut alors, de mesdemoiselles Laure et Agathe de Rastignac, une somme d’argent assez importante, avec ordre de l’adresser à Paris, pension Vauquer, où habitait, rue Neuve-Sainte-Geneviève, un pauvre étudiant, leur frère, Eugène de Rastignac (Le Père Goriot).

Grimont, né vers 1786, prêtre non sans mérite, curé de Guérande Bretagne). — En 1836, assidu chez la famille du Guénic, il usa d’une influence conquise tardivement sur Félicité des Touches, dont il surprit les désenchantements de cœur et dont il détermina l’entrée dans les ordres. La conversion de mademoiselle des Touches fit nommer Grimont vicaire général du diocèse de Nantes (Béatrix).

Grimprel, médecin à Paris, dans le quartier du Panthéon, sous Louis XVIII, eut, au nombre de ses clientes, madame veuve Vauquer, née Conflans, qui l’envoya chercher pour Vautrin, lorsqu’il tomba foudroyé, après l’absorption d’un narcotique perfidement administré, par mademoiselle Michonneau (Le Père Goriot).

Grindot, architecte français de la première moitié du XIXe siècle, avait eu le prix de Rome en 1814. — Son talent, qui sentait le concours et l’académie, se vit promptement accueilli de la bourgeoisie parisienne. Dès la fin de 1818, César Birotteau lui confiait, sans compter, la restauration de ses appartements de la rue Saint-Honoré et l’invitait au fameux bal fêtant le territoire libéré. Matifat, entre les années 1821 et 1822, chargeait le même architecte d’embellissements rue de Bondy, chez madame Raoul Nathan. Le comte de Sérizy l’employait aussi (1822) à la restauration de son château de Presles[21], près de Beaumont-sur-Oise. Vers 1829, rue Saint-Georges, Grindot embellissait un petit hôtel où s’installèrent successivement Suzanne Gaillard et Esther van Gobseck. Sous Louis-Philippe, Arthur de Rochefide, M. et madame Fabien du Ronceret lui confiaient des travaux. Son déclin et celui du règne concordèrent. Il n’en eut que plus de vogue sous le gouvernement de Juillet. Sur la réquisition de Chaffaroux, il retira vingt-cinq mille francs de la décoration de quatre salons d’un immeuble des Thuillier. Enfin Crevel, homme d’imitation et de routine, accapara Grindot, rue des Saussaies, du Dauphin[22] et Barbet-de-Jouy, pour ses résidences officielles ou mystérieuses (César Birotteau. — Illusions perdues. — Un Début dans la Vie. — Splendeurs et Misères des Courtisanes. — Béatrix. — Les Petits Bourgeois. — La Cousine Bette).

Groison, sous-officier de cavalerie dans la garde impériale ; puis, sous la Restauration, garde champêtre de Blangy, où il remplaça Vaudoyer, aux gages de trois cents francs. — Montcornet, maire de cette commune de la Bourgogne, maria l’ancien militaire avec la fille orpheline d’un de ses métayers qui lui apporta trois arpents de vigne (Les Paysans).

Gros (Antoine-Jean), le célèbre peintre, né à Paris en 1771, se noya vers la fin de juin 1835. — Il fut le maître de Joseph Bridau, et, malgré ses habitudes parcimonieuses, pourvut de fournitures, vers 1818, le futur auteur de : le Sénateur vénitien et la Courtisane, qui put alors tirer cinq mille francs d’une double commande administrative (La Rabouilleuse).

Groslier, commissaire de police d’Arcis-sur-Aube au début de la période électorale ouverte en 1839 dans l’arrondissement, pour les divers candidats à la députation : Keller, Giguet, Beauvisage, Dorlange-Sallenauve, Trailles ; fut ainsi en relations fréquentes avec le sous-préfet, Antonio Goulard (Le Député d’Arcis).

Grosmort, petit gars d’Alençon en 1816. — Il quitta cette ville pendant la belle saison de ladite année et se rendit au Prébaudet, propriété de madame du Bousquier (alors mademoiselle Cormon), afin de lui annoncer l’arrivée de Troisville dans le chef-lieu de l’Orne (La Vieille Fille).

Grossetête (F.), directeur, avec Perret, sous l’Empire et la Restauration, d’une maison de banque à Limoges. — Il eut, pour commis et successeur, Pierre Graslin. Retiré, considéré, marié, aïeul, F. Grossetête, riche, horticulteur passionné, vécut beaucoup aux champs, dans les environs de Limoges. Doué d’une intelligence supérieure, il parut comprendre Véronique Graslin, dont il rechercha la société, et dont il essaya de connaître les secrets : il introduisit auprès d’elle Grégoire Gérard, son filleul (Le Curé de Village).

Grossetête (Madame F.), femme du précédent ; personne considérable dans Limoges, au temps de la Restauration, félicita Véronique Sauviat « sur son heureux mariage », lorsqu’elle épousa Pierre Graslin (Le Curé de Village).

Grossetête, frère cadet de F. Grossetête ; sous la Restauration, receveur général de Bourges. — Il avait une grande fortune qui permit à sa fille Anna d’épouser un Fontaine, vers 1823 (Le Curé de Village. — La Muse du Département).

Gross-Narp (Comte de), gendre, assurément fictif, d’une extraordinaire grande dame inventée et représentée par Jacqueline Collin, pour servir dans Paris, vers la fin de la Restauration, les intérêts compromis de Jacques Collin (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Grozier (L’abbé) fut pris, au commencement de la Restauration, pour arbitre entre deux correcteurs (dont l’un était Claude-Henri de Saint-Simon), dans une discussion concernant le papier de Chine. — Il démontra que les Chinois tiraient leur papier du bambou (Illusions perdues). L’abbé Grozier fut bibliothécaire de l’Arsenal à Paris ; il avait été le précepteur du marquis d’Espard. Grozier connaissait bien l’histoire et les mœurs de la Chine. Il communiqua sa science à son élève (L’Interdiction)[23].

Gruget (Madame Étienne), née dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. — Vers 1820, passementière, à Paris, dans la rue des Enfants-Rouges[24], au numéro 12, elle protégea, soigna et cacha chez elle Gratien Bourignard, amant de sa fille Ida, qui se noya volontairement : Bourignard était père de madame Jules Desmarets (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants). Devenue garde-malade, vers la fin de 1824, madame Gruget veillait le chef de division Athanase Flamet de la Billardière agonisant (Les Employés). En 1828, elle exerçait le même métier pour dix sous par jour, la nourriture comprise. Elle assistait alors, Chaussée-d’Antin, rue du Houssay ou du Houssais[25], les derniers moments de la comtesse Flore Philippe de Brambourg, non encore transportée à la maison Dubois (La Rabouilleuse).

Gruget (Ida), fille de la précédente ; vers 1820, couturière en corsets, à Paris, rue de la Corderie du Temple, no 14 ; employée par madame Meynardie. — Elle était aussi — du moins pendant cette année — la maîtresse de Gatien Bourignard. Passionnément jalouse, elle fit, avec irréflexion, du scandale chez Jules Desmarets, gendre de son amant. Elle se noya ensuite, par désespoir amoureux, et fut enterrée dans un petit cimetière d’un village de Seine-et-Oise (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants).

Gua Saint-Cyr (Madame du), malgré l’invraisemblance créée par l’âge, en 1799, passa un moment pour la mère d’Alphonse de Montauran. Elle avait été mariée et se trouvait alors veuve ; Gua n’était pas le véritable nom de cette femme. Elle fut la dernière maîtresse de Charette et, jeune encore elle-même, le remplaça par le tout jeune Alphonse de Montauran. Madame du Gua se montra jalouse, et jusqu’à la férocité, de mademoiselle de Verneuil. L’une des premières escarmouches vendéennes de 1799, organisée par madame du Gua, fut malheureuse et ridicule : l’ancienne « jument de Charette » fit piller l’argent du courrier de Mayenne à Fougères ; or, cet argent lui était précisément envoyé par sa mère (Les Chouans).

Gua Saint-Cyr (Du), en Bretagne, en 1799, nom d’emprunt du chef des chouans, Alphonse de Montauran, se donnant pour un élève sorti de l’École polytechnique, promu officier dans la marine (Les Chouans).

Gua Saint-Cyr (M. et madame du), fils et mère, légitimes et réels titulaires de ce nom, furent, ainsi qu’un courrier, assassinés par les chouans, au mois de novembre 1799 (Les Chouans).

Gudin (L’abbé), né vers 1759, était l’un des chefs des chouans, en 1799. — C’était un homme redoutable, un de ces jésuites assez obstinés, assez dévoués peut-être, pour braver sur le sol français l’édit proscripteur de 1763. Boute-feu de la guerre dans l’Ouest, l’abbé Gudin, tué par les Bleus, tomba presque sous les yeux de son propre neveu, le sous-lieutenant patriote Gudin (Les Chouans).

Gudin, neveu du précédent et néanmoins conscrit patriote de Fougères (Bretagne), pendant la campagne de 1799 ; successivement caporal et sous-lieutenant. — Il dut le premier de ses grades à Hulot. Il commanda Beau-Pied. Gudin fut tué devant Fougères par Marie de Verneuil, qui avait revêtu les habits de son mari, Alphonse de Montauran (Les Chouans).

Guénée (Madame). — V. Galardon (madame).

Guénic (Gaudebert-Calyste-Charles, baron du), né en 1763. — Chef d’une famille bretonne de la plus haute antiquité, il justifia, toute sa longue vie durant, la devise inscrite sur son blason, qui était : Fac ! et, sans espoir de récompense, en Vendée et en Bretagne, défendit constamment le roi et Dieu, les armes à la main comme soldat ou capitaine, avec Charette, Cathelineau, La Rochejacquelein, Elbée, Bonchamp et le prince de Loudon. L’un des commandants de la campagne de 1799, il prit le surnom de « l’Intimé » et fut, ainsi que Bauvan, témoin du mariage in extremis d’Alphonse de Montauran et de Marie de Verneuil. Trois ans plus tard, il gagna l’Irlande ; il y épousa miss Fanny O’Brien, d’une noble maison de cette contrée. Les événements de 1814 lui permirent de rentrer à Guérande (Loire-Inférieure), où les siens et lui, bien que pauvres, exerçaient une grande influence. Comme remerciement de son constant dévouement à la cause royaliste, M. du Guénic n’eut que la croix de Saint-Louis. Incapable de protester, l’année suivante, Gaudebert-Calyste-Charles disputa intrépidement sa ville aux bataillons du général Travot. La dernière insurrection chouanne, celle de 1832, le fit encore partir et combattre. Accompagné de Calyste, son fils unique, et d’un serviteur, Gasselin, Gaudebert-Calyste-Charles du Guénic reprit le chemin de Guérande, vécut encore quelque temps, malgré ses nombreuses blessures, et mourut subitement, âgé de soixante-quatorze ans, en 1837 (Les Chouans. — Béatrix).

Guénic (Baronne du), femme du précédent. Irlandaise, née Fanny O’Brien, vers 1793, de race aristocratique. — Pauvre et entourée d’alliés riches, belle et distinguée, elle épousa, en 1813, Gaudebert-Calyste-Charles, baron du Guénic, le suivit, un an plus tard, à Guérande, et lui consacra facilement sa jeunesse et son existence. Fanny du Guénic mit au monde Gaudebert-Calyste-Louis, fut plutôt une sœur aînée pour ce fils unique, se préoccupa des deux premières maîtresses du jeune homme, finit par comprendre Félicité des Touches, mais trembla toujours devant Béatrix de Rochefide, même après le mariage de Calyste, qui eut lieu dans l’année de la mort du baron (Béatrix).

Guénic (Gaudebert-Calyste-Louis du), né sans doute en 1815, à Guérande (Loire-Inférieure) ; unique enfant des précédents, dont il fut adoré et dont il subit la double influence. — Il était le portrait physique et moral de sa mère. Son père voulut faire de lui un gentilhomme des anciennes époques. Le chevalier Gaudebert-Calyste se battit donc, pendant l’année 1832, pour le représentant légitime des Bourbons. Il avait d’autres aspirations, qu’il put contenter chez une illustre châtelaine des environs, mademoiselle Félicité des Touches. Le chevalier du Guénic s’éprit du célèbre écrivain en jupons, qui le façonna, ne l’accepta point pour amant et lui présenta madame Arthur de Rochefide. Béatrix joua, près de l’héritier de la maison du Guénic, la mauvaise comédie dans laquelle se complut aussi Antoinette de Langeais, à l’égard de Montriveau. Calyste se maria, sur ces entrefaites. Il épousa mademoiselle Sabine de Grandlieu, prit le titre de baron après la mort de son père, habita Paris et le faubourg Saint-Germain[26] ; fréquenta, de 1838 à 1840, Georges de Maufrigneuse, Savinien de Portenduère, les Rhétoré, les Lenoncourt-Chaulieu, revit madame de Rochefide et devint enfin son amant. L’intervention de la duchesse de Grandlieu rompit leurs amours adultérines. L’abbé Brossette, Miguel d’Ajuda-Pinto, Maxime de Trailles, Rusticoli de la Palférine, madame Fabien du Ronceret, Arthur de Rochefide secondèrent la belle-mère du jeune baron du Guénic (Béatrix).

Guénic (Madame Calyste du), née Sabine de Grandlieu ; femme du précédent, qu’elle épousa vers 1837 ; près de trois ans plus tard, fut en danger de mort, au moment où elle allait accoucher et [se avait][sic] une rivale heureuse, rue de Chartres-du-Roule[27], dans Béatrix de Rochefide (Béatrix).

Guénic (Zéphirine du), née en 1756, à Guérande, vécut presque toujours auprès de son frère cadet, Gaudebert-Calyste-Charles, baron du Guénic, dont elle partagea les idées, les principes et les traditions. — Elle rêva la régénération de sa noble maison appauvrie et poussa l’avarice au point de se refuser l’opération de la cataracte. Longtemps mademoiselle du Guénic désira pour nièce par alliance mademoiselle Charlotte de Kergarouët (Béatrix).

Guépin, de Provins, qui s’établit à Paris. — Il fut, aux Trois-Quenouilles, un des plus forts marchands merciers de la rue Saint-Denis et eut, pour premier commis, son compatriote Jérôme-Denis Rogron. En 1815, il abandonna sa maison à son petit-fils et rentra dans Provins, où sa famille forma un clan. Il y revit plus tard, également retiré, Jérôme-Denis Rogron (Pierrette).

Guépin, jeune soldat, voleur et déserteur ; compagnon de bagne de Farrabesche (Le Curé de Village).

Guerbet, riche fermier de l’arrondissement de la Ville-aux-Fayes ; marié dans les dernières années du XVIIIe siècle ou tout au commencement du XIXe ; épousa la fille unique de Mouchon cadet, alors maître de poste à Conches (Bourgogne). Après la mort de son beau-père, vers 1817, il hérita de la place (Les Paysans).

Guerbet, frère du précédent et allié aux Gaubertin et aux Gendrin. — Riche percepteur de Soulanges (Bourgogne) et appelé par Fourchon « Guerbel el parcepteur de Soulanges » ; gros bonhomme lourd, à figure de beurre, à faux toupet, à boucles d’oreilles et à cols immenses ; donnait dans la pomologie ; était l’« homme d’esprit » de la petite ville et l’un des « héros » du salon de madame Soudry (Les Paysans).

Guerbet, en 1823, juge d’instruction de la Ville-aux-Fayes (Bourgogne). — Comme son oncle le maître de poste et son père le percepteur encore vivants, il était entièrement acquis à Gaubertin (Les Paysans).

Guerbet, procureur au Châtelet de Paris sous l’ancien régime et prédécesseur de Bordin, dans l’étude que celui-ci acheta en 1806 (Un Début dans la Vie).

Guillaume, dans le courant ou sur la fin du XVIIIe siècle, fut d’abord commis de Chevrel, marchand de draps, rue Saint-Denis, à Paris, à l’enseigne du Chat qui pelote, près de la rue du Petit-Lion[28] ; devint ensuite bon gendre, lui succéda, s’enrichit et se retira sous le premier Empire, après avoir marié, le même jour, ses deux filles, mesdemoiselles Virginie et Augustine. Il devint membre du Comité consultatif pour l’habillement des troupes, changea de quartier, vécut chez lui rue du Colombier[29], fréquenta les Ragon, les Birotteau, et fut, ainsi que madame Guillaume, parmi les invités du bal de la Reine des Roses, donné le 17 décembre 1818, rue Saint-Honoré (La Maison du Chat qui pelote. — César Birotteau).

Guillaume (Madame), femme du précédent, née Chevrel ; cousine germaine de madame Roguin et raide bourgeoise que scandalisa le mariage de la deuxième de ses filles, mademoiselle Augustine Guillaume, devenue madame Théodore de Sommervieux (La Maison du Chat qui pelote).

Guillaume, en 1823, domestique du marquis d’Aiglemont (La Femme de Trente Ans).

Guinard (L’abbé), prêtre de Sancerre, en 1836, à l’époque où Dinah de la Baudraye fêtait Étienne Lousteau et Horace Bianchon (La Muse du Département).

Gyas (Marquise de), vivait à Bordeaux, sous la Restauration ; rêvait l’établissement de sa fille, et, liée avec madame Évangélista, concevait un certain dépit, lorsque Natalie Évangélista épousait, en 1822, Paul de Manerville. — Cependant, le marquis de Gyas fut un des témoins de mademoiselle Natalie Évangélista (Le Contrat de Mariage).


  1. Elle descendit hôtel du More, aujourd’hui café de la Renaissance, et, en 1799, auberge des Trois Maures, où se rencontrèrent, pour la première fois, Montauran et mademoiselle de Verneuil.
  2. La rue de la Psalette, où logeaient des ecclésiastiques au commencement du siècle, est habitée maintenant par des blanchisseuses.
  3. Rue disparue depuis plus de trente ans au moins, était située sur l’emplacement actuel des magasins du Louvre.
  4. Hôtel, aujourd’hui disparu, qui fut habité par Jean-Jacques Rousseau et George Sand.
  5. Ce théâtre était alors situé rue de Chartres, tout près de la place du Palais-Royal ; de ces deux voies, la première a disparu et la seconde est modifiée.
  6. La rue Berger actuelle occupe une partie de l’emplacement de la cour Batave.
  7. Supprimée par suite de l’ouverture de l’avenue de l’Opéra.
  8. Aujourd’hui, rue Boissy-d’Anglas.
  9. Aujourd’hui, rue Portalès.
  10. Deux théâtres de Paris et cinq auteurs mirent sur la scène la vie de Jean-Joachim Goriot : le 6 mars 1835, au Vaudeville, Ancelot, et Paul Duport ; le mois suivant de la même année, aux Variétés, Théaulon, Alexis de Comberousse et Jaime père. Enfin le Bœuf-Gras du carnaval de l’une des années ultérieures porta le nom de Goriot.
  11. Sous le premier empire, rue Cérutti et, depuis Louis-Philippe, rue Laffitte.
  12. Terme connu et consacré en province.
  13. Les incidents de sa vie ont été mis à la scène par Bayard, sur le théâtre du Gymnase-Dramatique, sous le titre : La Fille de l’avare.
  14. Elle eut pour paroisse Sainte-Valère, située rue de Bourgogne, chapelle qui servait au culte pendant la construction de Sainte-Clotilde.
  15. La rue du Bercail, toujours ainsi dénommée, est située en face de l’église Notre-Dame et prolonge la rue du Cygne.
  16. La rue Neuve-Saint-François est devenue, depuis une vingtaine d’années, la rue Debelleyme.
  17. Cette maison d’arrêt pour dettes existait encore, il y a vingt ans ; elle occupait l’emplacement actuel de la rue Nouvelle.
  18. Redevenu le Gymnase-Dramatique depuis le 29 juillet 1830.
  19. Peut-être encore, celles de Decamps.
  20. La rue Boucherat n’existe plus sous ce nom ; c’était la partie de la rue Turenne (autrefois rue Saint-Louis) qui va de la rue Vieille-du-Temple à la rue Charlot.
  21. Le château de Presles existe encore.
  22. La rue du Dauphin a perdu son nom. Elle est aujourd’hui la partie de la rue Saint-Roch qui va de la rue de Rivoli à la rue Saint-Honoré.
  23. L’Abbé Grosier ou Grozier (Jean-Baptiste-Gabriel-Alexandre), né le 17 mars 1743 à Saint-Omer, mort le 8 décembre 1823 à Paris, collaborateur de l’Année littéraire de Fréron et de Geoffroy, et l’auteur d’une Histoire générale de la Chine (Paris, 1777-1784. 12 vol. in-4o).
  24. C’est aujourd’hui la partie de la rue des Archives allant de la rue Pastourelle à la rue Portefoin.
  25. Partie actuelle de la rue Taitbout comprise entre les rues de Provence et de la Victoire.
  26. La rue Bourbon ou de Bourbon (aujourd’hui rue de Lille).
  27. Depuis 1851, partie de la rue de Courcelles allant de la rue Monceau au boulevard de Courcelles.
  28. Partie actuelle de la rue Tiquetonne allant de la rue Saint-Denis à la rue Montorgueil.
  29. Partie actuelle de la rue Jacob située entre les rues de Seine et Bonaparte.