Comédie humaine - Répertoire/F

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F

Faille et Bouchot, parfumeurs parisiens qui firent faillite en 1818. — Ils avaient commandé, pour contenir un nouveau cosmétique, dix mille flacons de forme écrasée, en façon de citrouille et à côtes, qu’Anselme Popinot acheta quatre sous la pièce à six mois de terme, dans l’intention d’y mettre « l’huile céphalique » inventée par César Birotteau (César Birotteau).

Falcon (Jean), dit Beaupied ou plutôt Beau-Pied, sergent à la 72e demi-brigade, en 1799, sous les ordres du colonel Hulot. — Jean Falcon était le loustic de sa compagnie ; il avait d’abord servi dans l’artillerie (Les Chouans). En 1808, toujours sous les ordres d’Hulot, il faisait partie de l’armée d’Espagne et des troupes commandées par Murat ; en cette année, il fut témoin de la mort du chirurgien français Béga, assassiné par un Espagnol (La Muse du Département). En 1841, il était le factotum de son ancien colonel, devenu maréchal ; il le servait depuis trente ans (La Cousine Bette).

Falcon (Marie-Cornélie), célèbre cantatrice de l’Opéra, née, à Paris, le 28 janvier 1812. Le 20 juillet 1832, elle débuta avec éclat dans le rôle d’Alice[1] de Robert le Diable et créa ensuite, avec un égal succès, Rachel de la Juive et Valentine des Huguenots. En 1836, le compositeur Conti déclarait à Calyste du Guénic qu’il était follement épris de cette chanteuse, « la plus belle et la plus jeune de son temps » ; il voulait même l’épouser, disait-il, mais ce langage n’avait probablement pour but que d’abuser Calyste amoureux de la marquise de Rochefide, dont le musicien était, à cette époque, l’amant (Béatrix). Cornélie Falcon disparut de la scène en 1840, après une soirée célèbre, où, devant un public ému, elle pleura sa voix éteinte. Elle se maria avec un financier, M. Malençon ; elle est maintenant grand’mère. Madame Falcon a donné, en province, son nom à l’emploi des « soprani » tragiques. La Vierge de l’Opéra, intéressant récit de M. Emmanuel Gonzalès, révélerait, dit-on, certains épisodes de son existence.

Falleix (Martin), Auvergnat, fondeur en cuivre, rue du Faubourg Saint-Antoine, à Paris ; né vers 1796 ; il était venu de sa province, le chaudron sur le dos. Patronné par Bidault, dit Gigonnet, qui lui prêtait de l’argent, à gros intérêts d’ailleurs, il fut, par l’usurier, introduit chez Saillard, caissier au ministère des finances, qui, avec ses économies, le commandita pour une découverte en fonderie. Martin Falleix obtint un brevet d’invention et une médaille d’or, à l’Exposition de 1824. Madame Baudoyer faisait l’éducation de cet homme, qu’elle rêvait pour gendre ; il s’employa, de son côté, à l’avancement de son futur beau-père (Les Employés). Vers 1826, il discutait à la Bourse, avec F. du Tillet, Werbrust et Claparon, la troisième liquidation de Nucingen, qui fonda définitivement la fortune du célèbre banquier alsacien (La Maison Nucingen).

Falleix (Jacques), frère du précédent ; agent de change, l’un des plus habiles et des plus riches, le successeur de Jules Desmarets et l’agent de change en titre de la maison Nucingen. — Il avait meublé, rue Saint-Georges[2], une petite maison des plus élégantes pour sa maîtresse, madame du Val-Noble. Victime d’une des liquidations de Nucingen, il fit faillite en 1829 (Les Employés. — Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants. — Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Fanchette, servante chez le docteur Rouget, à Issoudun, à la fin du xviiie siècle ; grosse Berrichonne qui, avant la Cognette, était réputée la meilleure cuisinière de la ville (La Rabouilleuse).

Fanjat, médecin quelque peu aliéniste, oncle de la comtesse Stéphanie de Vandières ; elle passait pour avoir péri dans le désastre de la campagne de Russie ; il la retrouva et la recueillit, folle, auprès de Strasbourg, en 1816. Il l’amena dans les environs de l’Isle-Adam (Seine-et-Oise), à l’ancien couvent des Bons-Hommes, l’y soigna avec une tendre sollicitude et eut la douleur de la voir mourir, en 1819, dans une scène tragique, où, recouvrant tout d’un coup la raison, elle reconnut son ancien amant, Philippe de Sucy, qu’elle n’avait pas revu depuis 1812 (Adieu).

Fanny, vieille domestique au service de lady Brandon, à la Grenadière[3], sous la Restauration ; elle ferma les yeux à sa maîtresse, qu’elle adorait, puis emmena les deux enfants de celle-ci chez une cousine à elle, ancienne couturière retirée à Tours, rue de la Guerche[4], où elle pensait vivre avec eux ; mais l’aîné des fils de lady Brandon s’engagea dans la marine et mit son frère au collège, sous la surveillance de Fanny (La Grenadière).

Fanny, jeune fille romanesque, pâle et blonde ; la fille unique d’un banquier de Paris. — En demandant un soir, chez son père, au Bavarois Hermann une « histoire allemande qui fît peur », elle amena innocemment la mort de Frédéric Taillefer, coupable, dans sa jeunesse, d’un assassinat ignoré, précisément raconté devant lui par l’étranger (L’Auberge rouge).

Fario, vieil Espagnol, prisonnier de guerre à Issoudun, sous l’Empire. — Après la paix, il resta dans le pays, où il fit un petit commerce de grains. Il était de Grenade et avait été paysan. Il fut en butte à de fort méchants tours, de la part des « chevaliers de la désœuvrance », et il s’en vengea, en portant un coup de couteau à leur chef, Maxence Gilet. Cette tentative d’assassinat fut, un moment, imputée à Joseph Bridau. Fario finit par satisfaire pleinement son instinct vindicatif et par voir tomber, mortellement frappé en duel, de la main de Philippe Bridau, Gilet, déjà démonté par la présence du marchand de grains sur le lieu du combat (La Rabouilleuse).

Farrabesche, ancien forçat, l’un des gardes des propriétés de madame Graslin, à Montégnac, sous Louis-Philippe ; d’une vieille famille de la Corrèze. Né vers 1791, il avait eu un frère aîné, tué à Montebello, en 1800, capitaine de vingt-deux ans, qui, par son trépas héroïque, sauva l’armée et le consul Bonaparte ; puis un second frère, mort sergent dans le 1er  régiment de la garde, à Austerlitz, en 1805. Farrabesche, lui, s’était mis en tête de ne point servir ; lorsqu’il fut appelé en 1811, il s’enfuit dans les bois. Il s’affilia ensuite plus ou moins avec des chauffeurs et, accusé de plusieurs assassinats, fut condamné à mort par contumace. Sur les instances de l’abbé Bonnet, il se livra lui-même, au commencement de la Restauration, fut envoyé au bagne pour dix ans et revint en 1827. Après 1830, réhabilité et rendu à ses droits de citoyen, il épousa Catherine Curieux, dont il avait un enfant. L’abbé Bonnet, d’une part, madame Graslin, de l’autre, se montrèrent les conseillers et les bienfaiteurs de Farrabesche (Le Curé de Village).

Farrabesche (Madame), née Catherine Curieux, vers 1798. Fille des fermiers de MM. Brézac, à Vizay, fort bourg de la Corrèze ; maîtresse de Farrabesche dans les dernières années de l’Empire, elle eut de lui un fils, à l’âge de dix-sept ans, fut bientôt séparée de son amant, parti pour le bagne, et se rendit, à Paris, où elle se mit en service. En dernier lieu, elle était chez une vieille dame, qu’elle soigna avec dévouement et qui mourut sans lui rien laisser. En 1833, elle revint dans son pays, sortant de l’hôpital, guérie d’une maladie causée par la fatigue, mais encore très faible ; à cette époque, elle épousa son ancien amant. Catherine Curieux, assez grande, bien faite, blanche, douce, et affinée par son séjour à Paris, ne savait ni lire ni écrire. Elle avait trois sœurs mariées, l’une à Aubusson, l’autre à Limoges, la dernière à Saint-Léonard (Le Curé de Village).

Farrabesche (Benjamin), fils de Farrabesche et de Catherine Curieux ; né en 1815 ; élevé par les parents de sa mère jusqu’en 1827, puis repris par son père, qu’il aimait beaucoup et dont il avait le caractère énergique et sauvage (Le Curé de Village).

Faucombe (Madame de), sœur de madame des Touches et tante de Félicité des Touches (Camille Maupin) ; religieuse de Chelles, à qui Félicité fut confiée par sa mère mourante, en 1793. La religieuse emmena sa nièce à Faucombe, terre considérable près de Nantes, appartenant à la défunte, et elle y mourut de peur, en 1794 (Béatrix).

Faucombe (De), grand-oncle maternel de Félicité des Touches ; né vers 1734, mort en 1814. Il habitait Nantes et avait épousé dans sa vieillesse une jeune femme frivole, à qui il abandonnait le gouvernement de ses affaires. Archéologue passionné, il ne s’occupa nullement de l’éducation de sa petite-nièce, qui lui fut amenée, en 1794, après la mort de madame de Faucombe, l’ancienne religieuse de Chelles ; en sorte que Félicité grandit auprès de ce vieillard et de cette jeune femme, sans aucune direction, entièrement livrée à elle-même (Béatrix).

Faustine, jeune femme d’Argentan, qui fut exécutée en 1813, à Mortagne, pour avoir tué son enfant. En 1816, Suzanne (la future madame du Val-Noble) évoquait le souvenir de la « belle Faustine » devant M. du Bousquier, en lui soutirant de l’argent, sous le prétexte qu’elle était enceinte de ses œuvres (La Vieille Fille).

Félicie, femme de chambre de madame Diard, à Bordeaux, en 1823 (Les Marana).

Félicité, grosse fille rousse et louche, servante de madame Vauthier, qui tenait un hôtel garni rue Notre-Dame-des-Champs et boulevard du Montparnasse, sous Louis-Philippe (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Félix, garçon de bureau du procureur général Granville, en 1830 (La Dernière Incarnation de Vautrin).

Fendant, ancien premier commis de la maison Vidal et Porchon ; associé de Cavalier. — Tous deux étaient libraires-éditeurs-commissionnaires, rue Serpente, à Paris, vers 1821. Ils y furent, à cette époque, en relations avec Lucien Chardon de Rubempré. La maison avait comme raison sociale Fendant et Cavalier. Demi-fripons passant pour habiles. Tandis que Cavalier voyageait, Fendant, le plus madré des deux, dirigeait les affaires (Illusions perdues).

Ferdinand, nom réel de Ferdinand du Tillet.

Ferdinand, nom de guerre d’un des principaux acteurs de l’insurrection bretonne de 1799 ; l’un des compagnons de MM. du Guénic, de la Billardière, de Fontaine, de Montauran (Les Chouans. — Béatrix).

Férédia (Comte Bagos de), Espagnol prisonnier de guerre à Vendôme, sous l’Empire ; amant de madame de Merret. Surpris un soir par le retour inopiné du mari, il se réfugia dans un cabinet dont l’entrée fut murée sur l’ordre de M. de Merret, et y mourut héroïquement, sans même pousser un cri (La Grande Bretèche).

Féret (Athanase), clerc en l’étude de maître Bordin, procureur au Châtelet, en 1787 (Un Début dans la Vie).

Ferragus XXIII. — V. Bourignard.

Ferraro (Comte), colonel italien que Castanier avait connu, que, seul, il avait vu mourir dans les marais de Zembin, sous l’Empire, et dont, après avoir signé de fausses lettres de change, il se proposait un moment d’aller « chausser la pelure » en Italie (Melmoth réconcilié).

Ferraud (Comte), fils d’un ancien conseiller au parlement de Paris qui avait émigré sous la Terreur et se trouva ruiné par les événements. Né en 1781, rentré en France sous le Consulat, il avait reçu de Bonaparte des offres qu’il refusa : il resta constamment fidèle aux intérêts de Louis XVIII. Doué de formes agréables, il avait des succès, et le faubourg Saint-Germain le revendiquait comme une de ses gloires. Vers 1809, il épousa la veuve du colonel Chabert, qui possédait alors 40 000 francs de rente ; il eut d’elle deux enfants, un fils et une fille. Il demeurait rue de Varenne et avait une belle villa dans la vallée de Montmorency. Sous la Restauration, il fut nommé directeur général dans un ministère et conseiller d’État (Le Colonel Chabert).

Ferraud (Comtesse), née Rose Chapotel, femme du comte Ferraud. D’abord mariée, sous la République, ou au commencement de l’Empire, avec un officier appelé Hyacinthe et dit Chabert, qui fut laissé pour mort sur le champ de bataille d’Eylau, en 1807, et essaya, vers 1818, de revendiquer ses droits de mari. Le colonel Chabert disait avoir pris Rose Chapotel au Palais-Royal, dans un mauvais lieu. Sous la Restauration, cette femme, devenue comtesse, fut l’une des reines du monde parisien. Mise en présence de son premier mari, elle feignit d’abord de ne point le reconnaître, puis l’abreuva de tels dégoûts, qu’il abandonna sa légitime revendication (Le Colonel Chabert). La comtesse Ferraud fut la dernière maîtresse de Louis XVIII et resta en faveur à la cour de Charles X. En 1824, avec mesdames de Listomère, d’Espard, de Camps et de Nucingen, elle était invitée aux soirées intimes du ministre des finances (Les Employés).

Ferraud (Jules), fils du comte Ferraud et de Rose Chapotel, comtesse Ferraud. Tout enfant encore, en 1817 ou 1818, il se trouva, un jour, chez sa mère, en présence du colonel Chabert ; la voyant pleurer, il demandait avec colère si l’officier était l’auteur du chagrin de la comtesse. Celle-ci, entourée de ses deux enfants, jouait au colonel une comédie maternelle qui obtint du succès auprès du naïf soldat (Le Colonel Chabert).

Fessard, épicier à Saumur, sous la Restauration. Fournisseur des Grandet ; s’étonnant un jour de se voir acheter de la bougie par Nanon, leur servante, il lui demanda si « les trois mages étaient chez eux » (Eugénie Grandet).

Fichet (Mademoiselle), la plus riche héritière d’Issoudun sous la Restauration. Godet fils, l’un des « chevaliers de la désœuvrance », aimait la mère de mademoiselle Fichet, dans l’espoir d’obtenir, en récompense de cette corvée, la main de la jeune fille (La Rabouilleuse).

Fil-de-Soie, l’un des surnoms du malfaiteur Sélérier. — Voir ce dernier nom.

Finot (Andoche), directeur de journaux et de revues, sous la Restauration et sous Louis-Philippe. Fils d’un chapelier de la rue du Coq[5], Finot débuta misérablement, abandonné par son père, dur commerçant. Il rédigea un prospectus mirifique pour « l’huile céphalique » de Popinot ; le premier, il en soigna les annonces et réclames dans la presse : aussi fut-il invité au célèbre bal donné par César Birotteau, en décembre 1818. Andoche Finot était déjà en relations avec Félix Gaudissart, qui venait précisément de le recommander au petit Anselme, comme courtier et sonneur de cloches merveilleux. Il fut auparavant de la rédaction du Courrier des Spectacles et eut une pièce jouée à la Gaîté (César Birotteau). En 1820, il dirigeait un petit journal de théâtre, dont les bureaux étaient situés rue du Sentier. Neveu du capitaine de dragons Giroudeau, il fut l’un des témoins du mariage de Philippe Bridau avec Flore Brazier, veuve de J.-J. Rouget (La Rabouilleuse). En 1821, le journal de Finot était rue Saint-Fiacre. Étienne Lousteau, Hector Merlin, Félicien Vernou, Nathan, F. du Bruel et Blondet y collaboraient ; à cette époque, Lucien de Rubempré y fit ses débuts par un remarquable compte rendu de l’Alcade dans l’embarras, pièce en trois actes, jouée au théâtre du Panorama-Dramatique. Finot avait alors son domicile particulier, rue Feydeau (Illusions perdues). En 1824, il était, au bal de l’Opéra, dans un groupe de dandys et de gens de lettres qui entoura Lucien de Rubempré flirtant avec Esther Gobseck (Splendeurs et Misères des Courtisanes). En cette même année, Finot assistait à une soirée chez le chef de bureau Rabourdin et se laissait gagner à la cause du fonctionnaire par son ami Chardin des Lupeaulx, qui lui demandait d’agir, par la voie de la presse, contre Baudoyer, le rival de Rabourdin (Les Employés). En 1825, il assistait aussi au déjeuner donné, au Rocher de Cancale, par Frédéric Marest célébrant sa bienvenue à l’étude de l’avoué Desroches ; il fut encore de l’orgie qui suivit, chez Florine (Un Début dans la Vie). Gaudissart, en 1831, disait de son ami Finot qu’il avait trente mille francs de rente, qu’il allait devenir conseiller d’État, et se ferait nommer pair de France ; il aspirait à finir comme lui « actionnaire » (L’Illustre Gaudissart). En 1836, Finot, dans un cabinet particulier d’un restaurant célèbre, en compagnie de Blondet, son caudataire, et de Couture, l’homme d’affaires, écoutait le récit des roueries financières de Nucingen, spirituellement racontées par Bixiou (La Maison Nucingen). Finot « cachait une volonté brutale sous des dehors lourds », et sa « bêtise impertinente était frottée d’esprit comme le pain d’un manœuvre est frotté d’ail » (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Firmiani épousa, en 1813, quadragénaire respectable, celle qui devint ensuite madame Octave de Camps. Il n’aurait pu, dit-on, lui offrir que son nom et sa fortune ; il avait été receveur général dans le département de Montenotte. Il mourut en Grèce, en 1823 (Madame Firmiani).

Firmiani (Madame). — V. Camps (madame de).

Fischer, nom de trois frères, laboureurs dans un village situé sur les extrêmes frontières de la Lorraine, au pied des Vosges ; ils partirent pour l’armée du Rhin, par suite des réquisitions républicaines. Le premier, Pierre, père de Lisbeth, dite la cousine Bette, fut tué en 1815, dans les francs-tireurs. Le second, André, père d’Adeline, qui devint la femme du baron Hulot, mourut à Trêves, en 1820. Le troisième, Johann, ayant commis, à l’instigation de son neveu Hulot, des actes de concussion, comme fournisseur des vivres en Algérie, dans la province d’Oran, se suicida en 1841. Il était plus que septuagénaire quand il se tua (La Cousine Bette).

Fischer (Adeline). — V. Hulot d’Ervy (baronne Hector).

Fischer (Lisbeth), dite la cousine Bette, née en 1796. — Élevée en paysanne ; sacrifiée, dans son enfance, à sa cousine germaine, la jolie Adeline, qui était dorlotée par toute la famille. En 1809, appelée à Paris par le mari d’Adeline, elle entra en apprentissage chez les fameux Pons frères, brodeurs de la cour impériale. Devenue très habile ouvrière, elle était sur le point de s’établir, lorsque l’Empire fut renversé. Lisbeth Fischer, restée républicaine, avait un caractère rétif, capricieux, indépendant et d’une inexplicable sauvagerie. Elle refusa toujours de se marier : elle repoussa successivement un employé du ministère de la guerre, un major, un entrepreneur de vivres, un capitaine en retraite et un passementier enrichi dans la suite. Le baron Hulot l’avait surnommée la Chèvre. Demeurant rue du Doyenné[6], où elle travaillait pour Rivet, successeur des Pons, elle y fit la connaissance de son voisin Wenceslas Steinbock, un Livonien exilé, qu’elle arracha à la misère et au suicide, mais qu’elle surveillait avec une jalousie étroite. Hortense Hulot chercha et réussit à voir le Polonais : un mariage s’ensuivit, dont la cousine Bette conçut un ressentiment profond, dissimulé adroitement, mais qui eut des effets terribles. Par elle, Wenceslas fut introduit chez l’irrésistible madame Marneffe, et le bonheur du jeune ménage se vit détruit ; il en arriva de même pour le baron Hulot, dont Lisbeth favorisa, en secret, l’inconduite. Lisbeth Fischer mourut, en 1844, d’une phthisie pulmonaire, mais surtout du chagrin de voir la famille Hulot reconstituée et réunie. Les parents de la vieille fille ignorèrent toujours ses ténébreuses manœuvres ; ils l’entourèrent, la soignèrent et la pleurèrent comme « l’ange de la famille ». Mademoiselle Fischer décéda rue Louis-le-Grand, après avoir successivement habité à Paris les rues du Doyenné, Vaneau, Plumet[7] et du Montparnasse, où elle tint le ménage du maréchal Hulot, dont elle rêva de porter légitimement la couronne comtale et dont elle crut devoir prendre le deuil (La Cousine Bette).

Fitz-William (Miss Margaret), fille d’un noble et riche Irlandais qui était l’oncle maternel de Calyste du Guénic et ainsi cousine germaine de ce jeune homme. Madame du Guénic, la mère, aurait voulu marier son fils avec miss Margaret (Béatrix).

Flamet. — V. la Billardière (Flamet de).

Fleurant (La mère) tenait, au Croisic, un café que fréquentait Jacques Cambremer (Un Drame au bord de la Mer).

Fleuriot, grenadier de la garde impériale, d’une taille colossale, à qui Philippe de Sucy confia Stéphanie de Vandières, lors du passage de la Bérésina, en 1812. Séparé, par malheur, de Stéphanie, le grenadier ne la retrouva plus qu’en 1816, dans une auberge de Strasbourg, où elle s’était réfugiée, après s’être évadée d’une maison de fous : tous deux furent alors recueillis par le docteur Fanjat et emmenés en Auvergne, où Fleuriot mourut bientôt (Adieu).

Fleury, ancien capitaine d’infanterie, contrôleur au Cirque-Olympique et employé, sous la Restauration, au ministère des finances, dans le bureau de Rabourdin ; il adorait son chef, qui l’avait sauvé de la destitution. Souscripteur, d’ailleurs mal payant, des Victoires et Conquêtes ; zélé bonapartiste et libéral. Ses trois grands hommes étaient Napoléon, Bolivar et Béranger, dont il savait par cœur et dont il chantait, d’une belle voix sonore, toutes les chansons. Il était couvert de dettes. Sa force à l’escrime et au pistolet le préservait des plaisanteries de Bixiou ; il était également très redouté de Dutocq, qui le flattait bassement. Fleury fut destitué, en décembre 1824, après la nomination de Baudoyer comme chef de division ; il s’en moquait, ayant, disait-il, à sa disposition dans un journal, une place d’éditeur responsable (Les Employés). En 1840, toujours employé au contrôle du même théâtre, Fleury devint gérant de l’Écho de la Bièvre, journal dont Thuillier avait la propriété (Les Petits Bourgeois).

Flicoteaux, rival de Rousseau l’Aquatique ; historique, légendaire et spartiate restaurateur du quartier Latin entre les rues de la Harpe et des Grès (Cujas), fréquenté vers 1821-1822 par Daniel d’Arthez, Étienne Lousteau et Lucien Chardon de Rubempré (Illusions perdues).

Florent, associé de Chanor ; tous deux étaient fabricants et marchands de bronze, rue des Tournelles, à Paris, sous Louis-Philippe. La maison avait comme raison sociale Florent et Chanor (La Cousine Bette. — Le Cousin Pons).

Florentine. V. Cabirolle (Agathe-Florentine).

Florimond (madame), mercière, rue Vieille-du-Temple, à Paris, en 1844-1845. Entretenue par un « vieux », elle hérita de lui, grâce à l’homme d’affaires Fraisier, qu’elle aurait peut-être épousé, par reconnaissance, sans la terrible infirmité de cet homme (Le Cousin Pons).

Florine. — V. Nathan (Madame Raoul).

Florville (La), actrice du Panorama-Dramatique, en 1821 ; elle y eut pour camarades Coralie, Florine et Bouffé ou Vignol. Le soir de la première représentation de l’Alcade dans l’embarras, elle jouait, en lever de rideau, dans Bertram, un gros mélodrame, signé Raymond et imité d’une tragédie de Robert-Charles Maturin, romancier et dramaturge irlandais. La Florville fut, pendant quelques jours, la maîtresse d’un prince russe qui l’entraîna à Saint-Mandé et, pour l’avoir ainsi éloignée du théâtre, paya une grosse indemnité au directeur (Illusions perdues).

Foedora (comtesse), née vers 1805, Russe d’origine populaire, d’une merveilleuse beauté, épousée, peut-être morganatiquement, par un grand seigneur de sa nation. Devenue veuve, elle régnait sur Paris, en 1827. On lui supposait quatre-vingt mille francs de rente. Elle recevait dans son salon tous les gens célèbres de l’époque, et là « s’éditaient toutes les productions romantiques qui ne parurent pas ». Présenté à la comtesse par Rastignac, Raphaël de Valentin en devint éperdument épris ; mais il sortit de chez elle, un jour, pour n’y plus revenir, après avoir bien définitivement reconnu que cette femme était « sans cœur ». Elle avait une mémoire cruelle et une adresse à désespérer un diplomate ; quoique l’ambassadeur de Russie ne la reçût pas, elle était de la société de madame de Sérizy ; allait chez mesdames de Nucingen et de Restaud ; recevait la duchesse de Carigliano, la maréchale la plus collet-monté de toute la coterie bonapartiste. Elle avait écouté beaucoup de jeunes fats et le fils d’un pair de France, qui lui avaient offert leur nom en échange de sa fortune (La Peau de Chagrin).

Fontaine (Madame), cartomancienne à Paris, rue Vieille-du-Temple, sous Louis-Philippe. Ancienne cuisinière ; née en 1767. Elle gagnait beaucoup d’argent ; mais, autrefois, elle avait fait de grosses pertes à la loterie. Depuis l’abolition de ce jeu de hasard, elle amassait pour un neveu. Madame Fontaine se servait dans ses divinations d’un crapaud énorme appelé Astaroth et d’une poule noire, aux plumes ébouriffées, nommée Cléopâtre ou Bilouche. Ces deux animaux impressionnèrent beaucoup Sylvestre-Palafox-Castel Gazonal en 1845, lorsqu’il fut amené chez la devineresse par Léon de Lora et Bixiou. Le Méridional ne demanda, d’ailleurs, que le jeu de cinq francs, tandis qu’en la même année madame Cibot, venue là aussi, mais pour une consultation grave, paya cent francs le grand jeu. D’après Bixiou, « le tiers des lorettes, le quart des hommes d’État et la moitié des artistes » consultaient madame Fontaine ; elle était d’Égérie d’un ministre, et lui-même attendait « une fortune honnête » qui lui avait été promise par Bilouche. Léon de Lora disait aussi qu’il ne faisait rien d’important, sans prendre l’avis d’Astaroth (Les Comédiens sans le savoir. — Le Cousin Pons). En 1839, madame Fontaine était l’amie et presque l’associée de madame de Saint-Estève (Jacqueline Collin), alors entrepreneuse de mariages (Le Comte de Sallenauve).

Fontaine (Comte de), l’un des chefs de la Vendée en 1799, surnommé alors le Grand-Jacques (Les Chouans). Un des intimes de Louis XVIII. Maréchal de camp, conseiller d’État, administrateur au domaine extraordinaire de la couronne, député, puis pair de France sous Charles X ; décoré de la Légion d’honneur et de l’ordre de Saint-Louis. Chef de l’une des plus anciennes familles du Poitou, il avait épousé une demoiselle de Kergarouët, sans fortune, mais d’une très vieille famille de Bretagne et dont la mère était parente des Rohan. Il en eut trois fils et trois filles. Des trois fils, l’aîné, président de chambre, épousa une jeune fille dont le père, plusieurs fois millionnaire, avait fait le commerce du sel ; le second, lieutenant général, se maria avec mademoiselle Mongenod, fille d’un riche banquier, que la tante du duc d’Hérouville avait refusée pour son neveu (Modeste Mignon) ; le troisième, directeur d’une administration municipale de Paris, puis directeur général au ministère des finances, épousa la fille unique de M. Grossetête, receveur général à Bourges. Des trois filles, la première fut mariée à M. Planat de Baudry, receveur général ; la seconde à un magistrat d’origine bourgeoise fait noble par le roi, le baron de Villaine ; la troisième, Émilie, épousa son vieil oncle, le comte de Kergarouët ; puis, veuve, le marquis Charles de Vandenesse (Le Bal de Sceaux). Le comte de Fontaine assista, avec sa famille, au fameux bal donné par César Birotteau, le dimanche 17 décembre 1818, et, après la faillite du parfumeur, lui procura une place (César Birotteau). Il mourut en 1824 (Les Employés).

Fontaine (Émilie de). — V. Vandenesse (marquise Charles de).

Fontaine (Baronne de), née Anna Grossetête, fille unique du receveur général de Bourges ; élevée au pensionnat des demoiselles Chamarolles, avec Dinah Piédefer, qui devint madame de la Baudraye. Grâce à sa fortune, elle épousa le troisième fils du comte de Fontaine. Mariée, elle demeurait à Paris et entretenait une correspondance active avec son ancienne amie de pension, fixée à Sancerre ; elle la tenait au courant des modes et des moindres révolutions du luxe. La baronne de Fontaine, partant en Italie avec son mari, voulut revoir Dinah et s’arrêta dans la sous-préfecture, où son séjour eut pour effet d’attrister madame de la Baudraye par la comparaison qu’elle fit des élégances de la Parisienne avec ses élégances provinciales. Plus tard, à la première représentation d’un drame de Nathan, vers le milieu du règne de Louis-Philippe, Anna de Fontaine affecta de ne plus reconnaître cette même baronne de la Baudraye, alors maîtresse affichée d’Étienne Lousteau (La Muse du Département).

Fontanieu (Madame), amie et voisine de madame Vernier, à Vouvray, en 1831 ; la commère la plus rieuse, la plus grande goguenarde du pays ; elle assista à cet entretien entre le fou Margaritis et Félix Gaudissart, où le commis voyageur fut si bien mystifié (L’Illustre Gaudissart).

Fontanon (L’abbé), né vers 1770. — Chanoine de la cathédrale de Bayeux au commencement du xixe siècle, il « dirigeait les consciences » de madame et de mademoiselle Bontems. En novembre 1808, il se fit nommer dans le clergé de Paris, espérant obtenir une cure et peut-être, ensuite, l’évêché ; il redevint le directeur de mademoiselle Bontems, mariée à M. de Granville et contribua à troubler leur ménage par « l’âpreté de son catholicisme provincial et son inflexible bigoterie ». Il révéla ensuite à la femme du magistrat les relations de Granville avec Caroline Crochard. Il troubla aussi les derniers moments de madame Crochard, la mère (Une Double Famille). En décembre 1824, à Saint-Roch, il prononça l’oraison funèbre du baron Flamet de la Billardière (Les Employés). Avant cette année 1824, l’abbé Fontanon était vicaire à l’église Saint-Paul, rue Saint-Antoine (Honorine). Confesseur de madame de Lanty en 1839, et toujours empressé à s’ingérer dans les intérêts secrets des familles, il se chargea d’une négociation auprès de Dorlange-Sallenauve, à propos de Marianina de Lanty (Le Député d’Arcis).

Fortin (Madame), mère de madame Marneffe. — Maîtresse du général de Montcornet, qui l’avait comblée d’argent pendant les séjours qu’il faisait à Paris, elle avait tout dissipé, sous l’Empire, dans une vie folle : pendant vingt ans, elle avait vu tout le monde à ses pieds. Elle mourut pauvre, se croyant riche encore. Sa fille tenait d’elle des goûts de courtisane (La Cousine Bette).

Fortin (Valérie), fille de la précédente et du maréchal de Montcornet. — V. Crevel (madame).

Forzheim (Comte de). — V. Hulot (maréchal).

Fosseuse (La), fille orpheline d’un fossoyeur, d’où ce surnom ; née en 1807. Frêle, nerveuse, indépendante, isolée d’abord, elle essaya de la domesticité, puis tomba dans le vagabondage et la mendicité. Élevée et vivant dans un bourg des environs de Grenoble, où le docteur Benassis vint se fixer sous la Restauration, elle devint l’objet des soins particuliers du médecin, qui s’intéressait vivement à cette douce, loyale et bizarre créature, éminemment impressionnable. Laide, la Fosseuse avait cependant quelque charme. Peut-être aimait-elle en secret son bienfaiteur (Le Médecin de Campagne).

Fouché (Joseph), duc d’Otrante, né près de Nantes, en 1753 ; mort en exil, à Trieste, en 1820, — Oratorien, député à la Convention nationale, conseiller d’État, ministre de la police sous le Consulat et sous l’Empire, chargé encore du département de l’intérieur et du gouvernement des provinces Illyriennes, enfin président du gouvernement provisoire, en 1815. Au mois de septembre 1799, le colonel Hulot disait : « Bernadotte, Carnot, tout jusqu’au citoyen Talleyrand, nous a quittés. Bref, il ne nous reste plus qu’un seul bon patriote, l’ami Fouché, qui tient tout par la police ; voilà un homme ! » Fouché protégeait particulièrement Corentin, son fils naturel, peut-être. Il l’envoya en Bretagne, lors d’un soulèvement au commencement de l’an VIII, pour accompagner et diriger dans sa mission mademoiselle de Verneuil, chargée de séduire et de livrer le marquis de Montauran, chef des chouans (Les Chouans). En 1806, il fit enlever et séquestrer pendant quelques jours, par des agents masqués, le sénateur Malin de Gondreville, afin qu’on pût à l’aise faire des perquisitions dans le château de Gondreville, où se trouvaient d’importants papiers, d’ailleurs aussi compromettants pour le sénateur que pour Fouché. Cet enlèvement, imputé à Michu, aux Simeuse et aux Hauteserre, amena l’exécution de l’un et brisa l’existence des autres. En 1833, Marsay, président du conseil des ministres, expliquant les mystères de cette entreprise chez la princesse de Cadignan, appréciait ainsi Fouché : « Génie ténébreux, profond, extraordinaire, peu connu, mais génie certainement égal à celui de Philippe II, de Tibère et de Borgia » (Une Ténébreuse Affaire). En 1809, Fouché, que secondait Peyrade, sauva la France, lors de l’affaire de Walcheren, au retour de la campagne de Wagram, l’empereur l’en récompensa par la destitution (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Fouquereau, concierge de M. Jules Desmarets, agent de change, rue Ménars, en 1820 ; renié spécialement par son maître pour surveiller et noter de suspectes sorties de madame Jules Desmarets (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants).

Fourchon, ancien fermier de la terre de Ronquerolles, située au delà de la forêt des Aigues, en Bourgogne. — Ancien maître d’école, ancien facteur ; vieillard tombé dans des habitudes d’ivrognerie, depuis son veuvage, il exerçait, en 1823, à Blangy, les triples fonctions d’écrivain public de trois communes, de praticien de la justice de paix et de joueur de clarinette ; en même temps, il faisait le métier de cordier avec son apprenti, Mouche, fils naturel d’une de ses filles naturelles, mais le principal revenu de ces deux êtres leur venait de la chasse ou pêche aux loutres. Fourchon était le beau-père de Tonsard, le cabaretier du Grand I vert (Les Paysans).

Foy (Maximilien-Sébastien), général et orateur célèbre, né en 1775, à Ham ; mort à Paris en 1825. — En décembre 1818, à la veille de faire faillite, César Birotteau, venu chez les Keller pour solliciter un crédit de cent mille francs, voyait sortir de chez le banquier le général Foy, reconduit jusqu’à l’antichambre par François Keller. Vers la même époque, les discours du tribun-soldat remuaient les fibres patriotiques et libérales de l’anti-bourbonien Claude-Joseph Pillerault, oncle par alliance de Birotteau (César Birotteau). En 1821, le général Foy, causant dans la boutique du libraire Dauriat avec un des rédacteurs du Constitutionnel et le directeur de la Minerve, remarquait la beauté de Lucien de Rubempré, venu avec Lousteau, pour offrir son recueil de sonnets (Un Grand Homme de province à Paris).

Fraisier, né vers 1814 ; peut-être de Mantes. — Fils d’un cordonnier, avocat, agent d’affaires rue de la Perle no 9, à Paris, en 1844-1845. Il « grossoya » d’abord chez maître Couture. Après avoir été, pendant six ans, premier clerc chez maître Desroches, il acheta l’étude de maître Levroux, avoué à Mantes, où il eut occasion de voir Lebœuf, Vinet, Vatinelle, Bouyonnet ; mais il dut vendre bientôt et quitter la ville à la suite d’un acte indélicat. Alors il installa un cabinet de consultations à Paris. Ami du docteur Poulain, qui le traitait et qui soigna Sylvain Pons mourant, il conseilla habilement madame Cibot, avide des dépouilles du vieux célibataire, et il assura aux Camusot de Marville l’héritage du vieux musicien, leur parent, après l’avoir astucieusement arraché au fidèle Schmucke. Il succéda, en 1845, au juge de paix Vitel ; cette place qu’il ambitionnait lui fut procurée par les Camusot de Marville, en récompense de son dévouement à leurs intérêts. En Normandie encore, il servit heureusement cette famille pour une grosse question d’herbages à laquelle fut mêlé l’Anglais Wadmann. Fraisier, petit homme froid et sec, à figure bourgeonnée, d’un sang vicié, exhalait une odeur épouvantable. À Mantes, une certaine madame Vatinelle « n’en eut pas moins des bontés pour lui », et il vécut au Marais, avec une servante-maîtresse, la femme Sauvage ; mais il manqua plus d’un mariage et n’épousa ni sa cliente madame Florimond, ni la fille de Tabareau. À vrai dire, les Camusot de Marville finirent par lui conseiller de dédaigner mademoiselle Tabareau (Le Cousin Pons).

Franchessini (Colonel), né vers 1789, servit dans la garde impériale, puis fut l’un des plus brillants colonels de la Restauration, mais dut donner sa démission à la suite de soupçons sur son honorabilité. — En 1808, pour subvenir à de folles dépenses où l’entraînait une femme, il avait fait de fausses lettres de change. Jacques Collin (Vautrin) prit sur lui le crime, qui l’envoya au bagne pour plusieurs années. En 1819, Franchessini tua en duel le jeune Taillefer, à l’instigation de Vautrin. L’année suivante, il était, avec lady Brandon, sa maîtresse — peut-être, — au grand bal donné par la vicomtesse de Beauséant avant sa fuite. En 1839, Franchessini, l’un des membres les plus actifs du Jockey-Club, exerçait les fonctions de colonel dans la garde nationale ; marié à une riche Irlandaise, pieuse et charitable, il occupait un des plus beaux hôtels du quartier Bréda. Nommé député, intime d’Eugène de Rastignac, il se montra très hostile à Sallenauve et vota contre la validation des pouvoirs de son collègue, pour être agréable à Maxime de Trailles. Franchessini demeura, presque toute sa vie, en relations avec Jacques Collin, dit Vautrin (Le Père Goriot. — Le Député d’Arcis. — Le Comte de Sallenauve).

Francine. — V. Cottin (Francine).

François (L’abbé), curé de la paroisse, à Alençon, en 1816. — « Cheverus au petit pied », il avait prêté le serment constitutionnel sous la Révolution, et, par cette raison, il était méprisé des « ultras » de la ville, quoiqu’il fût un modèle de charité et de vertu. L’abbé François fréquenta M. et madame du Bousquier et M. et madame Granson ; mais M. du Bousquier et Athanase Granson étaient seuls à bien l’accueillir. Dans ses derniers jours, il se vit réconcilié avec le desservant de Saint-Léonard, l’église aristocratique d’Alençon, et mourut universellement pleuré (La Vieille Fille).

François, premier valet de chambre du maréchal comte de Montcornet, aux Aigues, en 1823 ; attaché spécialement à la personne d’Émile Blondet, quand le journaliste y logeait ; douze cents francs de gages. François possédait la confiance et les secrets de Montcornet (Les Paysans).

François, en 1822, conducteur d’une diligence chargée du service de Paris à Beaumont-sur-Oise et appartenant à l’entreprise Touchard. — Il fit à l’aubergiste de Saint-Brice une communication, qui, répétée au fermier Léger, fut pour lui une révélation très utile (Un Début dans la Vie).

Françoise, servante de madame Crochard, rue Saint-Louis au Marais[8], en 1822. — Vieille édentée, en service depuis trente ans. Elle assista aux derniers moments de sa maîtresse ; c’était la quatrième qu’elle enterrait (Une Double Famille).

Françoise, servante des Minard, en 1840 (Les Petits Bourgeois).

Frappart, en 1839, à Arcis-sur-Aube, propriétaire de la salle de bal où se tint, présidée par le colonel Giguet, la réunion électorale dans laquelle fut acclamé le candidat député Dorlange-Sallenauve (Le Député d’Arcis).

Frappier, le premier menuisier de Provins, en 1827-1828. — Ce fut chez lui que Jacques Brigaut entra comme compagnon, quand il vint dans la petite ville rejoindre son amie d’enfance, Pierrette Lorrain. Frappier recueillit cette jeune fille, lorsqu’elle quitta la maison des Rogron. Frappier était marié (Pierrette).

Frédéric, l’un des rédacteurs du journal de Finot, en 1821. — Il fut chargé d’y rendre compte des pièces représentées au Théâtre-Français et à l’Odéon (Illusions perdues).

Frelu (La grande), fille du Croisic. — Elle avait un enfant de Simon Gaudry. Nourrice de Pierrette Cambremer, dont la mère mourut toute jeune. Le père de l’enfant étant dans la gêne, il était dû, parfois, deux ou trois mois à la grande Frelu (Un Drame au bord de la Mer).

Frémiot (Jean-Baptiste), professeur demeurant rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, no 22, dans la maison habitée, en 1828, par le marquis d’Espard, auquel il était légèrement hostile, ainsi, d’ailleurs, qu’Edme Becker, autre locataire (L’Interdiction).

Fresconi, Italien qui, sous la Restauration, jusqu’en 1828, dirigea une magnanerie, boulevard du Montparnasse et rue Notre-Dame-des-Champs, à Paris. — Cette entreprise ne réussit pas. Barbet, le libraire, y avait des fonds : la magnanerie devint sa propriété ; il la transforma en maison de rapport : le baron de Bourlac y demeura avec sa fille et son petit-fils (L’Envers de l’Histoire contemporaine).

Fresquin, vieux conducteur des ponts et chaussées, marié, père de famille. — Employé, au temps de Louis-Philippe, par Grégoire Gérard, dans des travaux hydrauliques pour madame Graslin à Montégnac. En 1843, Fresquin fut nommé percepteur du canton (Le Curé de Village).

Frisch (Samuel), juif ; bijoutier, demeurant rue Sainte-Avoie[9], en 1829 ; fournisseur et créancier d’Esther Gobseck ; achetait, vendait et prêtait des reconnaissances du Mont-de-piété (Splendeurs et Misères des Courtisanes).

Fritaud (L’abbé), prêtre de Sancerre en 1836, à l’époque où Dinah de la Baudraye y brillait avec le surnom de la Sapho de Saint-Satur (La Muse du Département).

Fritot, marchand de châles du quartier de la Bourse, à Paris, sous Louis-Philippe. — Émule de Gaudissart, il parvint à vendre six mille francs, un châle ridicule à mistress Noswell, Anglaise capricieuse et défiante. — Fritot était invité à la table du roi (Gaudissart II).

Fritot (Madame), femme du précédent. — Après le succès du bon tour commercial, joué devant Jean-Jacques Bixiou et Fabien du Ronceret, elle donnait des ordres au jeune commis blond, Adolphe (Gaudissart II).

Froidfond (Marquis de), né vers 1777 ; gentilhomme de Maine-et-Loire. — Très jeune, il se ruina et vendit son château près de Saumur ; l’achat en fut fait, à très bon compte, pour Félix Grandet, par l’entremise du notaire Cruchot, en 1811. Vers 1827, le marquis de Froidfond était veuf, avec des enfants ; on parlait de le nommer pair de France. À cette époque, madame des Grassins essayait de persuader à Eugénie Grandet, devenue orpheline, qu’elle pourrait épouser le marquis, et que ce mariage était même dans les idées du père Grandet. En 1832, d’ailleurs, lorsqu’Eugénie fut veuve de Cruchot de Bonfons, la famille du marquis tenta de la marier avec M. de Froidfond (Eugénie Grandet).

Fromaget, pharmacien à Arcis-sur-Aube, sous Louis-Philippe. — Comme il ne fournissait pas le château de Gondreville, il semblait disposé à cabaler contre les Keller ; c’est pourquoi, lors des élections de 1839, il vota très probablement pour Simon Giguet (Le Député d’Arcis).

Fromenteau, agent de police. — Il avait appartenu à la police politique de Louis XVIII, avec Contenson ; en 1845, il aidait les gardes du commerce à découvrir les individus poursuivis pour dettes. Rencontré chez Théodore Gaillard par Sylvestre-Palafox-Castel Gazonal, il révélait quelques curieux détails sur les différentes polices au provincial ahuri, flanqué de son cousin Léon de Lora et du caricaturiste Bixiou. Vieux, Fromenteau ne dédaignait pas les femmes et semblait encore les courir (Les Comédiens sans le savoir).

Funcal (Comte de), l’un des noms d’emprunt de Bourignard, rencontré, vers 1820, à Paris, chez l’ambassadeur d’Espagne, par Henri de Marsay et Auguste de Maulincour. — Il y eut un véritable comte de Funcal, Portugais-Brésilien, de son vivant marin, dont Bourignard revêtit exactement la peau. Il dut même, pour cela, apprendre, dans son âge mûr, l’anglais et le portugais. Le vrai Funcal aurait bien pu avoir été « supprimé » violemment par le propre usurpateur de ses nom et titre (Histoire des Treize : Ferragus, chef des Dévorants).


  1. Établi par madame Dorus-Gras, vivante encore actuellement.
  2. La partie de cette rue, comprise entre la rue Saint-Lazare et la place Saint-Georges, s’appela jusqu’en 1851, rue Neuve-Saint-Georges.
  3. La Grenadière existe encore aujourd’hui, d’après notre ami Renault, du journal Le Balzac.
  4. La rue de la Guerche s’appelle aujourd’hui rue Marceau.
  5. Aujourd’hui rue Marengo.
  6. Rue que l’achèvement du Louvre détruisit vers 1855.
  7. Aujourd’hui rue Oudinot.
  8. Aujourd’hui, rue Turenne.
  9. Partie de la rue du Temple actuelle allant de la rue Saint-Merry à la rue des Haudriettes.