Chronique de la quinzaine - 14 janvier 1887

Chronique n° 1314
14 janvier 1887


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier.

Allons, en attendant la fin qui en décidera, avec une variante du vieux proverbe, tout est bien qui commence bien. Si ce n’est tout, c’est du moins quelque chose d’entrer dans l’année nouvelle sans ce triste et assourdissant cortège de mauvais bruits, de fausses rumeurs et de menaçans pronostics qui ont mis un instant l’Europe en émoi. C’est déjà quelque chose de pouvoir recueillir quelques paroles plus réconfortantes ou moins alarmantes, d’entendre parler de la paix et de ses bienfaits par ceux qui ont autorité dans les conseils des peuples.

Le monde est un peu comme ce personnage de comédie qui n’aimait pas à entendre la lecture d’un contrat de mariage, où il n’était question que de sa mort. Le monde n’aime pas non plus les discours et les polémiques où il n’est question que des catastrophes et des guerres qui vont éclater. Il trouve, non sans raison, que c’est un régime malsain ; il préfère être tranquillisé et il a eu un peu partout, pour commencer l’année, des déclarations, des paroles qui ont pu le rassurer ou tout au moins lui permettre de respirer après ses récentes paniques. Il y a quelques jours à peine à Berlin, avant le retour retentissant de M. de Bismarck, il y a eu une cérémonie certainement unique, destinée à célébrer le quatre-vingtième anniversaire de l’entrée de l’empereur Guillaume dans l’armée prussienne, et le prince impérial a parlé de la paix maintenue depuis quinze ans en homme qui souhaite qu’elle ne soit pas troublée. Le premier jour de l’an à Paris, M. le président de la république, en recevant la diplomatie étrangère, s’est plu, lui aussi, à rappeler cette période de paix faite pour marquer dans la vie d’une génération: il a même improvisé une citation de Tacite, quindecim annos, etc., en témoignant la confiance que « ce temps se prolongera par la sagesse des gouvernemens et pour le bonheur des nations. » Avant le chef de l’état, M. le président du conseil, pour sa part, dans ses réceptions, avait déclaré que, dans les rapports de la France avec les puissances étrangères, « avec toutes les puissances, » le gouvernement ne voyait rien, ne connaissait rien qui pût justifier les préoccupations inquiètes de l’opinion. Cela n’excluait pas, bien entendu, dans la pensée du chef du ministère, le soin patriotique que la France devait toujours mettre à veiller sur les forces gardiennes de sa sécurité nationale, à maintenir l’intégrité de sa puissance militaire. Il n’est pas jusqu’à M. le président de la chambre des députés qui, en reprenant encore une fois, pas plus tard qu’hier, possession de son siège, n’ait cru devoir défendre la France de tout ce qui ressemblerait à « une fièvre d’inquiétude et d’impatience. » M. Floquet, lui aussi, a débuté dans sa nouvelle présidence en rendant témoignage de son attachement pour la paix.

Tout cela veut dire que, s’il y a de mauvais présages, il y aussi des signes plus favorables, et que chez ceux qui répondent de la position de la France dans le monde, il y a au moins le sentiment de la gravité des choses, la bonne volonté de se défendre des témérités périlleuses, des vaines excitations. Voilà qui est au mieux pour un commencement d’année, et ce qui vaudrait mieux encore, ce serait qu’avec la session nouvelle ministres et politiques de parlement en vinssent à comprendre que la meilleure garantie de la paix extérieure serait d’avoir un gouvernement intérieur, — un vrai gouvernement sensé, mesuré, sachant ce qu’il veut, s’inspirant des intérêts essentiels et permanens du pays, non des versatiles et anarchiques passions de parti.

Ce n’est pas qu’ici même, dans les affaires intérieures de la France, les bonnes paroles aient manqué à ces premiers jours de l’année nouvelle. Il y a eu de bonnes paroles et même parfois des apparences de bonnes résolutions. Assurément, à ne considérer que ce que M. le président du conseil a dit dans ses réceptions du jour de l’an, dans les entretiens qu’il a eus avec tous ceux qui sont allés lui porter leurs complimens, leurs avis ou leurs doléances, on pourrait croire qu’il y a une sorte de velléité renaissante de gouvernement. M. le président du conseil, dans ses allocutions assez nombreuses, dans sa réponse au préfet de police, dans ses encouragemens aux gardiens de la sécurité publique, ne manque pas sans doute de mêler les réactionnaires et les révolutionnaires : c’est un thème connu et banal qu’il reprend à son usage. Il n’a pas moins tenu un langage assez net, en se montrant décidé à réprimer tout ce qui serait une atteinte à l’ordre public, tout ce qui ressemblerait à une manifestation d’anarchie. Il paraît assez résolu à défendre la préfecture de police contre les tentatives de désorganisation dont elle est sans cesse menacée. Lorsqu’il a eu à s’expliquer avec le préfet de la Seine, avec les représentans de l’édilité parisienne, au sujet de la réorganisation municipale de Paris, il n’a point hésité à se prononcer contre les prétentions et les projets des autonomistes. Il a déclaré sans détour que la situation exceptionnelle de Paris ne cesserait pas de sitôt, qu’il n’entreprendrait que ce qui lui semblait réalisable. Décidément, avec lui, la mairie centrale a peu de chance d’être proposée au parlement, qui lui-même, d’ailleurs, ne serait probablement pas disposé à la voter. Quand tout récemment des députés radicaux pleins de bonne volonté, à ce qu’ils assurent, pour le gouvernement, sont allés avec une solennité comique trouver M. le président du conseil, ministre de l’intérieur, pour lui imposer des conditions ou lui demander des engagemens au sujet de l’emploi des fonds secrets, M. Goblet s’est redressé et n’a voulu rien entendre. Il n’a pas admis cette plaisante prétention de livrer les fonds secrets à toutes les indiscrétions, — sans doute pour qu’ils gardent mieux leur destination et qu’ils restent plus sûrement secrets. Il a maintenu son droit de disposer sous sa responsabilité d’un moyen plus ou moins équivoque, dans tous les cas nécessaire, dont tous les gouvernemens ont usé. Et les députés radicaux, accoutumés, à ce qu’il paraît, depuis longtemps à faire tout ce qu’ils veulent, à pénétrer partout dans les ministères, ont paru tout surpris de la résistance insolite que M. le ministre de l’intérieur leur a opposée, en leur donnant rendez-vous au scrutin où il demandera un vote de confiance !

Évidemment M. le président du conseil n’a fait que maintenir dans cette circonstance bien simple les traditions et les règles les plus naturelles, les plus légitimes d’un gouvernement qui se respecte. Il n’a fait que ce qu’il devait faire et n’a dit que ce qu’il devait dire lorsqu’il a refusé son adhésion à cette autocratie révolutionnaire déguisée sous le nom de mairie centrale, ou lorsqu’il s’est efforcé de relever la confiance des serviteurs aussi courageux que modestes de l’ordre public. Jusque-là c’est fort bien. Ce serait bien mieux encore si c’était l’expression d’une volonté raisonnée et réfléchie, d’un système coordonné de politique. Malheureusement c’est là la question, et M. le président du conseil avec son ministère incohérent, avec les divisions de la chambre, avec ses liens de parti et ses propres précédens qui sont pour lui une difficulté de plus, M. le président du conseil en est ou en sera pour quelques actes de bonne volonté inutiles, pour quelques manifestations sans suite et sans résultat. Il peut entrevoir certaines nécessités de gouvernement qu’il cherche à sauvegarder, c’est possible. Il résiste sur quelques points où les concessions seraient trop criantes, soit ; mais, en définitive, il n’a pas, il ne peut avoir sérieusement une politique, parce qu’on ne fait pas une politique sérieuse avec des impatiences intermittentes d’autorité, avec des velléités inévitablement suivies de défaillances ou de capitulations. A vrai dire, il n’est sûr de rien, pas même de pouvoir maintenir le lendemain ce qu’il aura dit la veille. Il est réduit à vivre d’expédiens, à essayer de ressaisir une majorité en l’occupant ou en l’amusant.

Que fait-il pour le moment? Il s’est figuré, à ce qu’il semble, apaiser ou gagner la chambre en allant au-devant d’une de ses fantaisies d’économie, en lui livrant quelques malheureux sous-préfets qu’on supprimerait pour faire honneur à un vote de hasard : c’est la grande réforme sur laquelle il paraît compter ! Le chef du cabinet ne demanderait pas mieux, on le sent bien, que de préserver l’institution, et il croit la sauver en sacrifiant un certain nombre de sous-préfectures : il ne réussira qu’à désorganiser un peu plus l’administration sans réaliser une économie, et peut-être même sans désarmer la chambre, qui, après avoir voté contre les sous-préfets, pourrait bien maintenant voter contre une réforme d’un médiocre intérêt. Et ce que M. le président du conseil fait dans l’administration, M. le ministre des finances le fait à son tour avec son budget, qui est le cinquième ou le sixième présenté depuis quelques mois et qui est encore moins sérieux que les autres, qui enveloppe de petits artifices des emprunts et des impôts qu’on n’ose avouer, sans toucher à la vraie question. Ce n’est pas M. le ministre des finances, on peut d’avance le dire, qui sauvera le cabinet. En réalité, M. le président du conseil, par sa position entre les conservateurs qu’il s’est depuis longtemps aliénés et les radicaux qu’il a blessés, qu’il irrite, s’est créé une impossibilité de gouverner. C’est là sa faiblesse ; c’est ce qui le met à la merci du premier scrutin venu. C’est ce qui fait enfin que l’opinion sceptique et curieuse qui ne croit pas à sa durée, lui cherche déjà des successeurs et voit peut-être plus d’importance qu’il ne faudrait dans ces rencontres de deux anciens présidens du conseil, de M. de Freycinet et de M. Jules Ferry à l’Elysée.

Eh bien ! soit, M. de Freycinet et M. Jules Ferry se sont rencontrés avec M. le président de la république autour d’une table d’échecs ou dans un salon de l’Elysée, voilà qui est entendu, qui a été enregistré par les historiographes ! Ils n’ont pas comploté une crise ministérielle, c’est vraisemblable, M. le président de la république ne se serait point sans doute prêté à ce jeu. Ils se sont du moins entretenus de la situation, des difficultés parlementaires, de l’éternelle nécessité de réunir toutes les forces républicaines pour former une majorité sans laquelle rien n’est possible. C’est fort bien, et après? En est-on plus avancé. parce que quelques augures se sont rencontrés et ont lié conversation à l’Elysée? Que le ministère qui existe aujourd’hui soit faible, toujours menacé, c’est bien évident. Quel secret ont les augures pour remédier à cette situation? Quelle force de plus M. de Freycinet et M. Jules Ferry porteraient-ils au gouvernement? Ils ont été ensemble au pouvoir, ils y ont été séparément. Ils ont eu le sort commun; ils sont tombés, ils ont disparu comme peut disparaître à son tour M. Goblet, par les mêmes causes, par la même faiblesse, parce que les uns et les autres ont l’étrange prétention de faire un gouvernement en dehors de toutes les conditions sérieuses de gouvernement. Aujourd’hui encore, quelle est l’idée fixe au camp des républicains, même de ceux qui se disent modérés? Le mot d’ordre est qu’il ne faut rien faire qu’entre républicains, qu’il faut surtout se garder de toute alliance avec les conservateurs. — Ces conservateurs qu’on veut exclure, cependant ils représentent plus de trois millions de voix, près de la moitié du pays. Ce qu’on prétend donc encore, c’est perpétuer un règne de parti obstiné à ne tenir compte ni des vœux, ni des sentimens, ni des intérêts d’une partie considérable du pays. S’il y a pourtant une politique sérieuse, utile, c’est celle qui rallierait toutes les forces modérées, et c’est parce qu’on méconnaît cette politique qu’on ne fait rien, qu’on ne fait pas surtout un gouvernement. On se condamne à vivre avec des pouvoirs précaires qui livrent à toutes les influences anarchiques les intérêts moraux du pays et qui, à tout instant, même avec de la bonne volonté, risquent de ne pas suffire à la protection des intérêts extérieurs de la France.

Il faut bien s’y résigner, les affaires de l’Europe passent en tout temps, mais surtout au temps où nous vivons, par d’étranges alternatives selon les incidens qui se produisent, selon les influences qui règnent et le vent qui souffle. Un jour tout est à la paix, pour laquelle conspirent tous les intérêts des peuples et même la raison des gouvernemens; un autre jour une vague inquiétude se répand tout à coup sans qu’on sache toujours pourquoi. Que faut-il le plus souvent? La moindre circonstance suffit pour mettre les esprits en campagne, pour raviver le sentiment d’une situation où l’instabilité des relations est l’éternel péril, où tout peut devenir occasion de conflits.

Assurément les affaires de la Bulgarie n’étaient pas par elles-mêmes au premier abord de celles qui paraissent destinées à agiter le monde. Elles ont eu cependant cela de grave qu’elles ont mis en jeu toutes les susceptibilités de la politique russe, qu’en provoquant l’intervention de la Russie, elles ont appelé l’attention inquiète des politiques également intéressées à tout ce qui se passe en Orient, et elles ont fini par réveiller bien d’autres questions plus périlleuses. Le jour où l’on s’est aperçu que cela menaçait d’aller trop loin, on s’est arrêté. la Bulgarie a été en définitive la victime d’une crise dont elle n’avait été que le prétexte. Les délégués bulgares qui viennent de parcourir l’Europe, en ont fait la décourageante expérience par l’accueil qu’ils ont reçu un peu partout. Ils étaient probablement partis avec le bon espoir de trouver aide et protection dans les cours de l’Occident, de gagner des sympathies à leur cause, d’être traités tout au moins comme les représentans d’une petite nationalité indépendante à la recherche d’un prince; ils ont été traités comme des trouble-fêtes, comme des voyageurs sans titre et sans mandat. Ils sont allés à Vienne, où on leur a donné plus de bonnes paroles que de promesses sérieuses. Ils sont allés à Berlin où ils ont été à peine reçus, où on leur a dit sans marchander que ce qu’ils avaient de mieux à faire était de s’entendre avec le cabinet de Saint-Pétersbourg, de se soumettre à la volonté ou au désir du tsar. Ils ont continué leur voyage par l’Angleterre, comptant peut-être trouver quelque appui dans un pays dont les agens ne leur ont pas ménagé depuis un an les excitations et les encouragemens dans leur résistance à la Russie : on les a comblés de politesses, d’invitations et de festins sans leur rien dire. Ils sont venus à Paris, ils y étaient encore ces jours derniers, et le ministre des affaires étrangères de France, dans un entretien tout privé, leur a parlé comme tous les autres gouvernemens, les renvoyant poliment à la Russie leur protectrice et à la Turquie leur suzeraine. Ils iront demain à Rome, où ils entendront le même langage. Ce voyage inutile des envoyés de la Bulgarie n’a eu d’autre signification et d’autre résultat que de bien montrer que personne n’a la volonté ou n’est en mesure d’aller soutenir un conflit dans les Balkans, et que le prince qui sera proposé par la Russie, prince de Mingrélie ou duc de Leuchtenberg, sera vraisemblablement accepté par les autres puissances. Les malheureux Bulgares avaient évidemment choisi une mauvaise heure; ils sont tombés dans une Europe qui avait pour le moment d’autres préoccupations, qui en était à se demander si, de cette obscure et médiocre affaire des Balkans, n’allaient pas naître de dangereux changemens d’alliances et de redoutables complications, si, dans les conseils du continent, les passions de la guerre allaient l’emporter sur tous les intérêts de la paix.

C’est là, en effet, la vraie question, et, depuis quelques semaines, on ne s’est fait faute de chercher le secret de cette situation. Les commentaires n’ont pas manqué sur ce qu’on voyait ou ce qu’on croyait deviner, sur une modification récente des relations de l’Allemagne et de l’Autriche, sur le rapprochement soudain et énigmatique de Berlin et de Pétersbourg, sur la crise de l’alliance des trois empereurs, sur la tension croissante des rapports entre l’empire allemand et la France. Tout cela s’est trouvé mêlé et confondu. Qu’en est-il réellement? Il est assez vraisemblable qu’il n’y a rien de sensiblement changé dans la situation générale ou dans les grandes alliances, st que s’il y a eu des mouvemens diplomatiques, ils ont eu pour objet d’atténuer les conséquences ou les contre-coups des affaires orientales, non de précipiter dans l’Occident des événemens que personne ne désire. On peut, sans doute, ne se fier qu’à demi aux déclarations officielles, aux discours de cérémonie ou aux harangues du jour de l’an, qui dans tous les cas se bornent le plus souvent à des assurances vagues et n’ont rien de décisif. Il y a un homme dont le témoignage a une bien autre importance et est toujours attendu, qui a le privilège d’éclaircir les situations confuses : c’est le chancelier de Berlin, c’est M. de Bismarck ! Celui-là ne parle que rarement, mais il ne parle pas pour rien. Il ne dit sûrement que ce qu’il veut dire, il le dit avec cette apparence de franchise superbe qui est aussi une habileté, sans craindre d’aborder les questions les plus graves ou les plus délicates, sans reculer devant les difficultés. Il était à peu près inévitable qu’il intervînt dans la discussion qui est engagée depuis quelques jours devant le Reichstag sur le septennat militaire, et en intervenant pour arracher au parlement le vote du budget permanent de l’armée, d’une augmentation des forces de l’Allemagne, il ne pouvait se dispenser de justifier ses propositions par un exposé de l’état de l’Europe. Il est entré aussitôt, selon sa coutume, dans le vif des choses, allant droit aux points essentiels, au rôle et aux rapports de l’Allemagne, à sa position surtout vis-à-vis de la France, aux périls dont ne la défend pas sa grandeur. Qu’en faut-il conclure à l’heure où nous sommes, dans l’ordre des préoccupations présentes de l’Europe?

Il y a deux parties dans le discours ou dans les discours par lesquels M. de Bismarck vient de signaler sa réapparition sur la scène parlementaire. Il y a une partie, et ce n’est peut-être pas la plus claire, où le terrible chancelier s’évertue à expliquer la position de l’Allemagne entre les deux autres puissances impériales dont elle est l’alliée, A l’en croire, rien n’est changé; l’alliance des trois empires n’a jamais été en doute, elle subsiste aujourd’hui, et s’il s’est rapproché récemment de la Russie dans une question où l’Allemagne n’a aucun intérêt, il n’a signé aucun pacte nouveau ou particulier, il ne s’est nullement séparé de l’Autriche. Au fond évidemment, M. de Bismarck, par sa diplomatie depuis quelques mois, met tout en œuvre pour rester un médiateur efficace entre ses deux alliés dans les affaires d’Orient, et, sans abandonner l’Autriche, il tient surtout à satisfaire la Russie, à la retenir dans son alliance pour garder la disposition de ses forces dans l’Occident. L’autre partie des discours du chancelier, la plus importante, la seule importante sans doute dans sa pensée, la plus décisive dans tous les cas, est celle qui a trait à la France, et ici, il faut l’avouer, M. de Bismarck est un tacticien de première force. Il met un art singulier à ne rien déguiser et à ne rien compromettre, à ne pas prononcer un mot qui puisse être menaçant ou offensant pour la France, et à démontrer comment, dans l’intérêt même de la paix, l’Allemagne doit se hérisser d’armemens pour se défendre contre une attaque imprévue, qu’il n’appelle pas, dont il envisagé avec sang-froid les redoutables chances.

Cet étrange et puissant esprit est aussi habile qu’audacieux, et, dans son rôle d’adversaire jaloux de préserver sa victoire. Il sait même garder une sorte d’impartialité supérieure. Dans tout ce qu’il fait, c’est évident, il n’a en vue que la France. Ce n’est pas, cependant, qu’il accuse la France, qu’il se laisse aller à des jugemens trop acerbes ou à de vulgaires déclamations contre elle, qu’il lui suppose des intentions systématiquement agressives. Il croit plutôt aux sentimens pacifiques de la masse de la nation française. Il est persuadé que les ministères qui se succèdent sont favorables à la paix, que le président du conseil d’aujourd’hui désire la maintenir comme ses prédécesseurs M. de Freycinet ou M. Jules Ferry. Lui non plus, dans les rapports des gouvernemens, dans les relations des deux pays, il ne voit rien qui puisse justifier des craintes sérieuses. Oui, c’est ainsi ; mais il paraît que, dans l’esprit du chancelier, la France n’est pas une nation comme les autres, qu’elle veut la paix aujourd’hui et qu’elle peut vouloir la guerre demain, qu’une minorité violente peut toujours dominer et entraîner le gouvernement, les pouvoirs publics. Qui prédirait ce qui peut arriver dans dix jours comme dans dix ans? quelle politique un ministère imprévu peut porter au pouvoir? L’Allemagne n’attaquera jamais la France, le chancelier l’assure; mais la France, surprise ou entraînée, peut attaquer l’Allemagne, — et voilà pourquoi il faut se hâter de voter le septennat militaire, voilà pourquoi l’Allemagne doit se tenir toujours sous les armes ! Et si on objecte au chancelier qu’il propose des mesures extrêmes et onéreuses pour faire face à des dangers peut-être chimériques, il se met aussitôt à dérouler devant les esprits allemands le tableau de ce qui arriverait si la France, nation puissante et brave, venait à être victorieuse; il représente les Français comme déjà conquérans en pleine Allemagne, rançonnant les populations, campant à Berlin, disposant du Hanovre, — et même de la Pologne! — c’est peut-être aller un peu vite et forcer un peu les couleurs pour la circonstance. Maintenant qu’arrivera-t-il? Que le septennat soit voté ou qu’il ne soit pas voté, c’est surtout une affaire entre M. de Bismarck et son parlement; mais ce qu’il faut d’abord dégager des discours du chancelier, c’est que l’Allemagne ne veut pas attaquer la France, — et comme la France, quoi qu’on en dise à Berlin, n’est pas disposée à aller chercher l’Allemagne chez elle, il y a encore place pour la paix.

On pourrait se demander ce que veut l’Angleterre, ce qu’elle poursuit avec ses agitations et ses contradictions dans cette phase aussi obscure que laborieuse des affaires européennes. Certainement elle n’a point été étrangère à tout ce qui s’est passé depuis quelque temps en Orient et en Europe à propos de l’Orient. Elle a encouragé la révolution bulgare tant qu’elle a cru y voir un intérêt, un moyen de combattre ou de neutraliser l’influence russe. Elle a pris le rôle singulier d’une puissance inquiète et remuante, poussant en avant la Turquie et l’Autriche, excitant l’Allemagne contre la France, cherchant à mettre le trouble partout. Elle s’est agitée sans profit, sans résultat ; elle n’a fait, dans tous les cas, qu’une campagne assez stérile pour se retrouver au bout avec un certain mécontentement d’elle-même, et de plus avec une crise ministérielle qui n’était pas faite pour simplifier ses affaires. L’Angleterre ressaisira sans doute, un jour ou l’autre, le fil de la politique extérieure, — elle est, en attendant, occupée, depuis deux semaines, à sortir de cette crise intérieure dont la brusque démission de lord Randolph Churchill a donné le signal, et qui est peut-être plus profonde, qui s’est trouvée plus compliquée encore qu’on ne le croyait au premier abord.

Cette crise anglaise, elle a cela de particulier, en effet, qu’elle a été certainement imprévue et qu’elle a dévoilé tout à coup l’incohérence de la situation de l’Angleterre, la confusion des partis, la faiblesse du ministère conservateur. Pourquoi lord Randolph Churchill, l’enfant terrible du torysme, a-t-il donné sa démission sans respecter les plus simples usages, sans regarder derrière lui? On ne le sait pas même encore exactement, on ne le saura que lorsque le jeune et impétueux chancelier de l’échiquier d’hier aura donné, devant le parlement, dont la réunion a été ajournée à la fin du mois, les explications qu’il a promises, qu’il tient en réserve. On sent seulement que si sa résolution a eu toutes les apparences d’un coup de tête, elle a dû ou elle a pu aussi tenir à des causes plus sérieuses, à des raisons de politique extérieure et intérieure. Ce qu’il y a pour le moment de certain, c’est que la retraite de lord Randolph Churchill a créé immédiatement les plus étranges embarras au cabinet, qui s’est vu réduit à un remaniement presque complet après avoir été sur le point de se dissoudre. Si on est arrivé à un dénoûment tel quel, ce n’est pas sans efforts. Lord Salisbury a eu toutes les peines du monde à concilier, dans ses laborieuses négociations, les exigences des conservateurs et les nécessités d’une situation parlementaire où il ne peut avoir une majorité qu’avec l’appui des libéraux unionistes.

Il a certes agi en chef de gouvernement aussi désintéressé que sérieux en offrant à lord Hartington de lui céder le pouvoir ou de lui faire une place proportionnée à son importance dans le cabinet. Première difficulté, premier mécompte ! Lord Hartington, rappelé de Rome par la crise ministérielle, ne s’est pas laissé tenter; il a résisté aux séductions du pouvoir dans des conditions si peu précises et, on pourrait dire, si équivoques. Lord Hartington est un homme d’une droiture simple, d’une correction presque méticuleuse, qui, en se séparant de M. Gladstone, est resté un vieux libéral, un vieux whig, fidèle aux traditions de parti et ne veut pas aller se confondre dans un torysme d’une nouvelle espèce. Il a visiblement tenu à garder l’indépendance de sa position personnelle, tout en continuant d’ailleurs à assurer son appui, son alliance au ministère dans les affaires d’Irlande et en engageant même ses amis à faire ce qu’il ne fait pas, à entrer dans le gouvernement. Lord Salisbury, sans se décourager, s’est adressé à d’autres libéraux, au marquis de Lansdowne, gouverneur du Canada, à lord Northbrook, qui ont refusé à leur tour une place dans le ministère. Il a été plus heureux avec M. Goschen, qui a accepté d’être chancelier de l’échiquier, et qui, par ses talens, par son expérience, est certes mieux fait que lord Randolph Churchill pour conduire les finances de l’Angleterre. Seulement M. Goschen est un ancien libéral dissident depuis longtemps, qui est assez isolé entre les partis, qui ne représente que lui-même, et, de plus, il a été vaincu aux élections dernières; il a son siège à reconquérir au parlement, il l’aura vraisemblablement à Liverpool, où il est candidat aujourd’hui, il ne l’a pas encore. Le nouveau chancelier de l’échiquier est le libéral du ministère remanié et, pour ne pas trop mécontenter les conservateurs, on a donné la moitié de l’héritage de lord Randolph Churchill, la direction de la Chambre des communes, à M. Smith, ministre de la guerre, qui, du même coup, devient premier lord de la trésorerie. Lord Salisbury, pour sa part, cède le premier poste traditionnel ; il passe au foreign office, à la place de lord Iddesleigh, l’ancien leader conservateur sous le nom de sir Stafford Northcote, qui vient justement de s’éteindre au lendemain du jour où il avait cru devoir quitter les affaires.

Voilà bien des changemens et des déplacemens ! c’est encore le même ministère, si l’on veut, et ce n’est plus le même ministère. La question est de savoir si le cabinet, ainsi remanié et recomposé, sort fortifié de cette crise, ou si toutes ces laborieuses métamorphoses ne le laissent pas au contraire dans des conditions plus incertaines et plus affaiblies. Il a sans doute conquis chemin faisant un homme supérieur, un orateur habile, M. Goschen, qui est fait pour être la force d’une administration, et par M. Goschen, il s’est mieux assuré l’appui persévérant des amis de lord Hartington. La situation ne reste pas moins singulièrement difficile et critique pour le ministère Salisbury-Goschen, qui peut se trouver à l’improviste exposé de toutes parts, abandonné ou mollement soutenu par les uns, menacé et assailli par les autres. D’un côté, lord Randolph Churchill, avec son tempérament agitateur, avec son ambition de régénérer le torysme, n’est pas homme à rester inactif après sa récente rupture. D’un autre côté, il y a un évident travail de réconciliation entre les libéraux si violemment divisés dans les affaires d’Irlande. Si lord Hartington soutient personnellement le ministère, M. Chamberlain et ses amis tendent visiblement, depuis quelques jours, à se rapprocher de M. Gladstone. Il y a eu des négociations assez sérieusement engagées pour préparer une conférence de conciliation, à laquelle des amis mêmes de lord Hartington comme lord Herschell, M. Trevelyan, n’ont pas refusé de prendre part. On fait tout ce qu’on peut pour reconstituer l’armée libérale, pour la rallier et la ramener au combat. Le résultat est une situation parlementaire assez épineuse, d’autant plus grave peut-être que l’état même de l’Irlande n’est rien moins que rassurant, que la répression s’use à vaincre des résistances sans cesse renaissantes. Pour faire face à des complications qui peuvent toujours se produire, il faudrait sans nul doute un gouvernement uni, résolu ; mais c’est là précisément la question. Ce ministère qui vient de se reconstituer non sans peine, qui n’est pas trop sûr d’un lendemain, est-il le gouvernement dont l’Angleterre, elle aussi, aurait besoin pour ses affaires irlandaises et pour toutes les autres affaires qu’elle a aujourd’hui ou qu’elle se crée dans le monde?


CH. DE MAZADE.



LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La liquidation de fin décembre a été difficile à Paris comme elle l’avait été peu de jours avant à Londres et à Berlin. Les rumeurs belliqueuses avaient pesé sur la place pendant toute la seconde quinzaine de décembre. Mais la spéculation avait eu de plus à subir l’influence des deux gros incidens qui avaient surgi au milieu du mois, la suspension de paiemens d’un agent de change à Paris et la débâcle subite des valeurs de chemins de fer à New-York.

Le premier de ces incidens a amené la chambre syndicale des agens de change à porter son attention sur les exagérations de spéculation commises dans les derniers temps et sur la pratique des reports effectués hors de la Bourse, pratique qui a contribué dans une si large mesure à encourager les entreprises des haussiers, en faussant les conditions du loyer de l’argent.

De ce fait seul on devait donc s’attendre à un relèvement sensible des taux de report, à des exigences plus grandes des capitaux qui trouvent leur emploi à court terme sur le marché. Le second incident que nous venons de rappeler ci-dessus a eu pour résultat, en provoquant une petite crise monétaire à Londres et en contraignant la Banque d’Angleterre à porter le taux de son escompte à 5 pour 100, d’accentuer encore cette tendance à la cherté des capitaux. Il a fallu envoyer de l’or en Amérique, et si la Banque de France n’avait pas laissé opérer une brèche de quelques dizaines de millions dans son stock d’or, le taux de l’escompte aurait dû être porté à 6 pour 100.

Malgré ce concours de circonstances défavorables, la liquidation s’est encore mieux passée qu’on n’était en droit de l’espérer. Les banquiers et les institutions de crédit qui ont un si grand intérêt, en vue des affaires dans lesquelles ils sont engagés ou de celles qu’ils ont en préparation, au maintien des cours atteints par nos fonds publics et par la plupart des valeurs, ont fait tous leurs efforts pour faciliter à la spéculation le passage d’une année à l’autre. Les reports ont été élevés, mais sans exagérations, et la fixation des cours de compensation n’a pas infligé de pertes bien sensibles aux acheteurs.

Le 3 pour 100 a été compensé à 82.50 ; l’amortissable, à 85.40, coupon détaché; le 4 1/2, à 110.10. Si l’on ajoute à ces prix les taux moyens de report, on obtient pour les trois fonds, fin janvier, 82.76, 85.66 et 110.42. Après quinze jours écoulés, nous trouvons le premier de nos fonds ramené à 82.20, le second à 84.70, le dernier à 110.05. 11 s’est donc produit, dans cette première moitié de janvier, une réaction d’une certaine importance, et cette réaction de nos rentes a été accompagnée d’un mouvement de recul encore plus vif sur les valeurs et rentes étrangères, ainsi que sur quelques-uns de nos titres nationaux dans lesquels la spéculation était plus spécialement engagée.

Les intermédiaires ont fait évidemment des efforts pour dégager la place restée très chargée à la hausse. Ce travail s’est poursuivi depuis les premiers jours du mois et n’est sans doute pas encore terminé. Des crédits ont été limités, il y a eu des liquidations importantes, les unes volontaires, les autres forcées. La position de l’agent de change, en suspension de paiemens, a continué à peser sur le marché par une série de ventes qui n’ont pas toujours trouvé aisément leur contre-partie. Enfin, la spéculation a eu à tenir compte de considérations politiques se rattachant d’une part à la discussion de la loi militaire au Reichstag allemand, de l’autre à l’ouverture de la session de 1887 des chambres françaises. Les discours prononcés par M. de Bismarck au parlement germanique ont été interprétés pacifiquement chez nous, à Vienne, en Italie et à Saint-Pétersbourg, un peu moins à Berlin même, beaucoup moins en Angleterre. En général, les places financières ne se sont nullement émues des déclarations du chancelier de l’empire d’Allemagne. L’impression dominante est que, malgré la fièvre des armemens, la tranquillité de l’Europe ne sera troublée par aucun conflit armé, et que les puissances continueront seulement à s’observer avec une sollicitude méfiante, en augmentant leurs forces défensives. Les relations paraissent même moins tendues entre l’Autriche et la Russie, et la question bulgare ne préoccupe plus outre mesure les spéculateurs de Berlin et de Vienne.

Cependant, les fonds étrangers ont baissé, l’Extérieure, d’une unité (ex-coupon d’un franc) ; le Hongrois, d’une unité également (ex-coupon de 2 francs) ; l’Italien, de 0 fr. 60 (ex-coupon de 2 fr. 17) ; le Turc, de 0 fr. 25 ; l’Unifiée égyptienne, de 4 francs. La Banque ottomane, l’Obligation ottomane privilégiée et l’Obligation douane ont également reculé. Sur ce terrain encore, la réaction a été le résultat de réalisations forcées, la position de l’agent de change en défaut étant, on le sait, très chargée en Italien et en Extérieure.

Entre la liquidation de fin décembre et celle du 15 janvier se détachent des coupons sur un grand nombre de valeurs, fonds d’états, obligations et actions, titres cotés au comptant et à terme ou au comptant seulement. Dans les périodes de confiance et d’entrain, ces coupons sont regagnés très vite en tout ou en partie. Il n’en a pas été de même cette fois, sauf pour les obligations de chemins de fer et autres titres analogues.

Il y a tout lieu d’espérer qu’une partie des fonds provenant de ces paiemens de coupons reprendra le chemin de la Bourse pour s’employer en valeurs et en inscriptions de rente, et que la reprise des cours, si les événemens permettent qu’elle se produise, en sera d’autant facilitée.

L’épargne est d’ailleurs guettée avec soin, à son passage vers le marché des valeurs mobilières, par les établissemens de crédit qui ont des opérations financières à mener à bon terme, principalement pour le compte des gouvernemens étrangers. Deux grands états de l’Amérique du Sud sont venus faire appel aux capitaux français depuis le 1er janvier.

La république argentine veut poursuivre activement son réseau de voies ferrées. C’est un pays neuf, en plein essor d’activité et de développement. Son crédit est très bon en Angleterre et s’acclimate chez nous. Le dernier emprunt s’est présenté sous les auspices de la maison Baring à Londres et de la Banque de Paris et des Pays-Bas à Paris. On offrait 214,000 obligations à 433 francs rapportant 25 francs. Les souscripteurs n’ont pu obtenir que 10 pour 100 de leurs demandes.

Le gouvernement brésilien avait donné une garantie d’intérêt à la compagnie des Chemins de fer brésiliens, qui a émis en France, grâce à cette garantie, deux séries d’obligations 5 pour 100 en 1880 et 1884. Ces titres ayant subi une hausse considérable et dépassé le pair, la compagnie émet un nouvel emprunt en titres 4 1/2 pour convertir ou rembourser les anciens titres.

Les préoccupations relatives à nos affaires intérieures sont une cause sérieuse d’entrave pour un réveil d’activité sur le marché. Le ministère vient de présenter à la chambre le budget de 1887, ce malheureux budget qui a déjà causé la chute d’un cabinet et qui a été l’objet de tant de remaniemens. M. Goblet a promis, au nom de ses collègues, en prenant le pouvoir il n’y a pas plus d’un mois, que le gouvernement donnerait satisfaction au désir si vivement exprimé par la chambre que l’équilibre budgétaire fût obtenu par des économies, sans emprunt, sans impôt nouveau. C’est pour cela sans doute que M. Goblet et M. Dauphin proposent maintenant : 1° d’établir une surtaxe de 20 pour 100 sur le sucre; 2° de créer et d’émettre, jusqu’à concurrence d’une somme de 380 à 400 millions de francs, des obligations rapportant 15 francs et remboursables à 500 francs en 66 ans. C’est exactement de la rente 3 pour 100 amortissable, avec cette unique différence que celle-ci se négocie à terme, tandis que les nouvelles obligations, qui ne donneront point lieu à une souscription publique et seront vendues aux guichets du Trésor, au fur et à mesure des besoins, ne se négocieront qu’au comptant.

L’annonce formelle de cette proposition d’emprunt de 400 millions de francs devait peser sur nos fonds publics, mais principalement sur la rente amortissable. Celle-ci a fléchi, en effet, de 0 fr. 70 depuis la liquidation, tandis que le 3 pour 100 n’a perdu que 0 fr. 30 et le 4 1/2 0 fr. 05.

Les conditions nouvelles du loyer de l’argent ont fait monter les actions de la Banque de France de 4,210 à 4,275. Les titres des établissemens de crédit ont tous fléchi plus ou moins depuis la fixation du cours de compensation, et le détachement des coupons. Les prix des actions des chemins de fer français et étrangers et des valeurs industrielles ont très peu varié.


Le directeur-gérant : C. BULOZ.