Chronique de la quinzaine - 14 août 1832


Chronique no 9
14 août 1832


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

14 août 1832.


Il y a eu relâche toute cette quinzaine au théâtre politique de l’Europe. Ni la conférence de Londres, ni la confédération germanique ne nous y ont donné de représentations nouvelles. Don Pedro lui-même est resté dans les coulisses. Il n’attend, au surplus, dit-on, que des fusils et de la cavalerie pour rentrer sérieusement en scène, et nous jouer la prise de Lisbonne.

De notables événemens se sont d’ailleurs accomplis, deux révolutions se sont mariées. Une dynastie est morte.

Et d’abord, ce mariage de Léopold avec la princesse Louise, s’est célébré à Compiègne, à ce qu’il semble, bien gravement. Pour divertir le roi belge durant son voyage, on l’avait fait déjà passer sous une infinité d’arcs de triomphe agréablement ornés de drapeaux, de feuillages et de poésies. Toutes les éloquences des municipalités et des sous-préfectures avaient été disposées en relais sur sa route, et à chaque poste il avait dû changer de harangue en même temps que de chevaux. Le département de l’Oise lui a offert encore force divertissemens du même genre avec accompagnement de revues et d’évolutions militaires. Ces réjouissances suffisaient bien au commencement, mais, les premiers jours passés, il fallait absolument trouver un supplément de joie et de plaisirs ; car les revues, les arcs de triomphe et les complimens de sous-préfets, voire même de présidens de première instance, cela est fort beau, mais cela fatigue à la longue. Après avoir essayé de la danse, l’on a senti qu’il manquait encore quelque chose, et qu’un spectacle d’un genre national pouvait seul convenablement remplir les soirées. Alors on a écrit à l’Opéra-Comique de venir au plus vite. L’Opéra-Comique, qui n’a rien à faire à Paris, ne s’est pas laissé long-temps prier. Il est accouru tout joyeux et si lestement même, qu’à son arrivée à Compiègne, il n’a pas trouvé de salle qui fût prête encore à le recevoir ; de sorte qu’en attendant les chaumières de toile et les bosquets de carton qu’on lui préparait, le vieil étourdi s’en est allé prendre l’air, courir les champs, sa marotte en main, et se promener dans la forêt, fredonnant ses refrains, et chantant ses plus jolis airs aux fauvettes et aux rossignols, qui certes auront profité s’ils savent s’y plaire.

À Paris, à l’occasion de cette alliance, nous avons été moins bien traité. On a tiré seulement quelques coups de canon, puis on a marié des rosières comme en juillet. Nous nous applaudissons fort vraiment qu’on en ait eu seize encore sous la main, pour cette nouvelle fête ; mais il est surtout satisfaisant que nul malencontreux charivari ne soit venu protester contre les choix, ainsi qu’il était malheureusement advenu le mois dernier.

Quel que soit, au surplus, le poids jeté par ce mariage dans les destinées de la France, la mort du duc de Reischtadt n’aura pas assurément sur elle une moindre influence. L’un et l’autre événement semblent en tout cas devoir consolider les bases sur lesquelles reposent la paix et la tranquillité de l’Europe.

À propos de cette mort, un bruit assez étrange a couru à Vienne. On y a prétendu que le fils de Napoléon avait succombé aux suites d’une blessure qu’il avait reçue à la poitrine dans un duel avec un officier autrichien. Cette explication, que plusieurs feuilles anglaises ont accueillie, nous paraît bien invraisemblable et bien inutile. Il est mort, le pauvre jeune homme, parce qu’il s’est dévoré lui-même, parce que l’air lui a manqué dans cette cour dont on lui avait fait un cachot. Il est mort, parce que se voyant oublié par la France de 1830, il a désespéré de l’avenir. Il est mort, parce qu’il n’a pu venir embrasser la colonne ! N’était-ce donc pas assez de ces douleurs-là pour le tuer, cet enfant, qui devait être notre empereur et qui fut le roi de Rome ?

Un homme qui fut aussi la moitié du pape (non point du pape romain, mais seulement du pape saint-simonien) est mort également il y a peu de jours. Ce demi-pape avait été mis à la retraite et réformé par son collègue en pontificat, qui s’était lui-même proclamé pape tout entier, en décrétant l’appel à la femme et la réhabilitation de la chair. Quelques honneurs étaient cependant bien dus aux restes de cette ci-devant fraction de pontife par ses anciens co-religionnaires. Le père suprême actuel et ses disciples étaient donc descendus de la montagne, et venus, tous en grande tenue, afin de célébrer les funérailles du défunt, selon le nouveau rite de Menilmontant. Cette courtoisie n’a pourtant point été accueillie comme elle méritait de l’être. La famille de M. Bazard a même poussé l’impolitesse jusqu’à fermer la porte de la maison mortuaire sur le nez du père Enfantin et de son clergé, et ces messieurs ont dû rengainer leur oraison funèbre, et s’en retourner chez eux avec leurs courtes redingotes.

Il nous faut dire aussi quelques mots d’un personnage bien célèbre en Angleterre et que le choléra vient d’y enlever. Nous voulons parler de Townsend, chef de la police de Londres : c’était un sergent de ville de haut étage, un Vidocq si vous voulez, mais un Vidocq honnête et de bonne compagnie. Chargé non-seulement d’avoir l’œil sur les filous de la capitale, mais encore d’assister à toutes les cérémonies de la cour, afin d’y veiller à la sûreté des personnes royales, Townsend avait vécu, depuis soixante ans, en quelque sorte dans l’intimité des têtes couronnées. George iii et George iv l’avaient surtout honoré de leur familiarité. Townsend s’était fait aussi une grande réputation par son humour et par la naïve originalité de son esprit. Quelques-uns de ses mots, quelques anecdotes dans lesquelles il figure, méritent vraiment d’être racontés.

Lors d’une revue à Bagshot, un audacieux voleur ayant réussi dans la foule à dérober à ce prince de la police son chapeau, le roi George iii s’était infiniment amusé de cette aventure. — « Eh ! eh ! eh ! Townsend ! avait dit en riant le roi, vous avez perdu votre chapeau. Ne voilà-t-il pas un beau gardien que l’on me donne ? Un homme qui ne peut défendre son chapeau sur sa propre tête ! Vraiment si vous n’y veillez mieux, mon garçon, vous me laisserez voler ma couronne. »

Townsend était un vrai disciple de la vieille école politique ; en parlant de George iv, il disait souvent : « — Dieu veuille avoir son âme ! C’était là un roi. Il y avait à peine deux ou trois personnes qui pussent arriver jusqu’à lui ; mais ce nouveau prince (Guillaume iv), ce n’est vraiment que la moitié d’un roi, il se donne à trop bon compte, et tout le monde peut l’approcher. »

Townsend avait un grand respect pour l’aristocratie, et cela le choquait singulièrement de voir les enrichis et les parvenus rivaliser avec la vieille noblesse en magnificence. À cette occasion, en parlant de l’opéra de Londres actuel, il disait un jour à quelqu’un : « Ah ! monsieur, j’allais à l’opéra il y a cinquante ans, et c’était bien alors que ce théâtre méritait d’être appelé celui du roi ; car il n’y avait que la noblesse qui pût y avoir des loges. Mais à présent vous y voyez une duchesse et tout vis-à-vis d’elle quelque marchande de fromage en gros. »

Au dernier couronnement, comme il se tenait son bâton à la main, regardant avec admiration le banc des pairesses et s’extasiant sur la beauté de quelques-unes d’entre elles qu’il avait vues, disait-il, dans les bras de leurs nourrices, il fut particulièrement frappé des attraits d’une dame qu’il ne reconnut pas d’abord. Comment cela pouvait-il cependant se faire ? Cette femme était belle et de plus comtesse, et il ne savait pas son nom ! Il apprit enfin qu’elle avait résidé long-temps à l’étranger, ce qui excusait fort, assurément, dans ce cas, l’ignorance de Townsend.

Une autre mort, mais une mort violente, une effroyable exécution dont les journaux ont à peine parlé, est pourtant certes bien digne d’être enregistrée dans notre chronique et de figurer au nombre des faits qu’elle amasse pour les historiens à venir. On devait dernièrement exécuter à Saint-Flour un nommé Miquel, condamné comme parricide ; mais au moment où les bourreaux le viennent prendre afin de le mener à l’échafaud, cet homme, défendant sa vie en désespéré, se dégage de leurs mains, les met en fuite et se barricade dans une cour de la prison. On va chercher le procureur du roi, qui survient avec la force armée, et ce malheureux qui se révolte contre la hache, est bientôt traqué comme un loup derrière sa barricade. On pouvait certes alors bien aisément le tuer, ce n’était pas une grâce, mais c’était de l’humanité, c’était un supplice légal et public de moins. Mais non pas. La justice ne s’y prend point de cette façon. Notre ingénieux magistrat fait seulement casser à coups de fusil les jambes du pauvre diable, que l’on transporte ensuite à l’échafaud sur lequel on l’achève conformément à la loi. Que vous semble de cet expédient ? ne le trouvez-vous pas merveilleux ?

Voyez-vous d’ici ce miséricordieux homme du roi ? Tenez, le voici qui regarde Miquel avec son lorgnon. Et puis le montrant aux gendarmes : « N’allez pas, leur dit-il avec une sensibilité touchante, n’allez pas me tuer mon condamné. Ne le visez point à la tête au moins ; ce n’est pas à nous qu’elle appartient, messieurs, il ne faut ici que le blesser légèrement, et le mettre hors de défense. Le reste ne nous regarde point ! » Oh ! dites ! n’est-ce pas ainsi qu’en Espagne on coupe d’abord avec la média luna les jarrets du taureau dont on ne peut approcher, afin de le tuer après plus solennellement en lui enfonçant un poignard dans la tête pour la plus grande joie du peuple ?

Après cette scène de boucherie, les scènes d’un intérêt doux et touchant ne nous ont pas manqué. L’Académie française nous a donné, le 9 de ce mois, sa représentation annuelle.

Le spectacle a commencé par un rapport du secrétaire perpétuel sur le concours au prix d’éloquence de 1832, dont le sujet était : Le courage civil.

Dans ce premier concours, l’Académie n’a cru devoir couronner l’éloquence d’aucun des concurrens. Un numéro (je ne sais plus lequel), qui avait obtenu déjà l’année précédente, à propos du même sujet, une mention honorable, ayant remanié son discours, a pourtant été gratifié cette année d’une mention très honorable. C’est un progrès. Nous engageons fort ce numéro à ne se point décourager. Qu’il se remette donc à l’œuvre. En 1833, on lui décernera, sans doute, une mention excessivement honorable, et peut-être enfin le prix en 1834. Au surplus, s’il est vrai que la patience soit le génie, revenant ainsi deux fois à la charge, ce très honorable numéro nous donne, dès à présent, une haute idée du sien, et nous le tenons vraiment d’avance pour bon et vrai lauréat.

Les prix de poésie et d’éloquence qui seront décernés en 1833 et 1834 ont été ensuite annoncés.

Le sujet du prix de poésie, c’est la mort de Silvain Bailly, maire de Paris. Les concurrens sont invités à faire là-dessus cent vers, au moins, et deux cents au plus, ainsi qu’à se rappeler que Bailly fut un savant et un littérateur distingué, et qu’il était des trois Académies.

Le sujet du prix d’éloquence sera l’éloge historique de M. de Montyon. On demande aux concurrens un discours d’une heure de lecture, au plus.

Ainsi donc, prenez-y garde, vous tous qui allez entrer en lice : sachez compter sur vos doigts, et regardez bien à vos pendules. Vous d’abord, messieurs les poètes, ayez de l’inspiration entre cent et deux cents vers, pas davantage ; vous, messieurs les orateurs, soyez éloquens pendant une heure, montre à la main. Un beau vers de trop, une minute d’éloquence de plus que ne le veut le programme, dont nous venons d’extraire les conditions dans toute leur candeur, et l’on vous inflige peut-être une mention très honorable.

Tel n’a point été le sort de M. Matter, correspondant de l’institut à Strasbourg, auquel le prix extraordinaire de 10,000 fr. a été adjugé dans le concours, dont le sujet était : De l’Influence des lois sur les mœurs, et de l’influence des mœurs sur les lois. Il est vrai qu’en homme prévoyant et pour esquiver, le cas échéant, la mention honorable ou très honorable, M. Matter avait usé d’un fort habile subterfuge, en produisant son chef-d’œuvre sous un nom supposé. Mais il faut rendre justice à sa loyauté. Dès qu’il a su que le prix de 10,000 fr. lui était décerné, M. Matter a pensé qu’il ne lui était plus permis de garder l’anonyme. Il s’est donc hâté d’accourir de Strasbourg à Paris, et il est venu, en personne à l’Académie, recevoir la précieuse médaille que lui a remise M. le secrétaire perpétuel, après un touchant embrassement qui nous a rappelé ceux que nous donnait à nos distributions du collège M. Sylvestre de Sacy, en y ajoutant une couronne de lierre avec les Fables de Florian.

Que si cependant nous avons eu la satisfaction de voir la figure de M. Matter, assurément nous n’en dirons pas autant du mérite de son ouvrage ; mérite plus modeste, plus discret et plus mystérieux encore que le lauréat lui-même, et qui, ne se laissant trahir par aucune citation, n’a voulu paraître et se montrer que dans les éloges dont l’a comblé le rapport de M. Jouy.

Après ce rapport, M. Brifaut le directeur, a pris la parole sur les prix de vertu.

Ici nous devons d’abord le déclarer. Ce n’est pas nous vraiment qui jouons la comédie à propos de la vertu. C’est bien l’Académie. Ce n’est pas notre faute si ces prix-là sont ridicules, et si la façon dont on les décerne, les rend plus ridicules encore. M. Brifaut, pour sa part, s’est assurément, on ne peut mieux, acquitté de son rôle dans cette parodie.

Après un long préambule, dans lequel il a surtout été question des innombrables dévoûmens qui se sont montrés pendant le choléra, M. le directeur est enfin venu aux détails des actes de vertu couronnés.

La vertu, comme nul ne l’ignore, a ses degrés. Quatre personnes vertueuses seulement ont obtenu des prix. Le premier, le plus important, celui de 5000 fr., a été décerné à Eustache dit Belin, nègre, né à la Martinique. Moi je vous dis tout simplement d’abord qu’Eustache est un nègre. Mais ce n’est pas ainsi que procède M. Brifaut. Un homme dont la couleur n’est pas la nôtre, a-t-il dit en commençant son récit. Voyez un peu quel artifice académique ! Un homme dont la couleur n’est pas la nôtre ! Comme cela laisse l’auditeur inquiet et en suspens ! Comme cela est habile ! Un homme dont la couleur n’est pas la nôtre ! De quelle couleur est-il donc cet homme ? Cela intrigue. Il y a tant de couleurs diverses ! Si cet homme était de la couleur des broderies de messieurs de l’Institut ! S’il était de la couleur de M. Brifaut ! Et mille autres suppositions dans lesquelles l’esprit s’égare. Voilà pourtant des effets que nous ne saurions jamais produire, nous profanes qui ne sommes point initiés aux secrets du beau style.

Et c’est de cette façon cependant que M. Brifaut nous a raconté une foule d’actions simples et touchantes. Et puis il nous a dit que nous pleurions et qu’il avait excité notre pitié. C’est possible.

Douze médailles de 600 fr. chacune ont encore été décernées à des personnes de moindre vertu sans doute, et que l’on s’est au surplus contenté de nommer, ce qui valait mieux.

Du reste, pas un mot sur l’ouvrage de M. Ernest de Blosseville intitulé : Histoire des colonies pénales de l’Angleterre dans l’Australie, et couronné comme le plus utile aux mœurs en 1832.

En revanche et pour clore dignement la séance, M. Viennet a donné lecture d’une scène des états de la ligue, tragédie de sa façon, qui n’est, a-t-il dit naïvement, susceptible d’être représentée nulle part et dans aucun temps. — En vérité, M. Viennet, même avant que vous nous eussiez lu votre fragment, nous étions déjà de votre avis.

Avant de quitter les académies, constatons encore ici l’anathème que celle de Bordeaux, sans doute sous l’inspiration de M. Fonfrède dont nous avons admiré récemment des vers si classiquement orthodoxes, vient de lancer contre les enjambemens et autres licences poétiques de la nouvelle école. À la bonne heure. Les académies n’ont-elles pas été instituées pour maintenir la césure au moins autant que la vertu ?

Il nous reste à jeter un coup-d’œil sur les nouveautés littéraires de la quinzaine.

Voici d’abord l’Histoire de la Musique[1] de M. Stafford, traduite de l’anglais par madame Adèle Fétis, avec des notes, des corrections et des additions par M. Fétis. Ce précis de l’histoire musicale chez les différens peuples est un livre instructif et qui nous manquait absolument. Loin de rien perdre de son mérite dans la traduction, il y a gagné beaucoup au moyen de la supression d’un assez grand nombre de redites qui rendent l’ouvrage original, obscur et confus, et grâces aux éclaircissemens qu’y a joints M. Fétis. En somme c’est une importation utile et qui doit être recommandée.

La Danse et les ballets, puis la Chapelle-musique des rois de France[2], par M. Castil-Blaze, sont aussi de petites histoires spéciales, et qui s’adressent surtout aux gens du monde. Si l’érudition s’y montre quelque peu légère, le style l’est assurément beaucoup moins. Ces élégans volumes nous apprendront au surplus autant de science qu’il nous en faut pour nous entretenir gravement avec nos danseuses pendant tout l’intervalle d’une poule à une pastourelle. Ils n’ont vraiment pas, j’en suis sûr, d’autre prétention.

Et que vous semble du Puritain de Seine-et-Marne, le nouveau roman de Michel Raymond[3] ? va-t-on à présent nous demander. Assurément répondrons-nous, quoique le style en soit bien laborieux et bien tourmenté, ce livre est écrit avec talent et habileté ; mais comme la fable, toute simple qu’elle est, s’y traîne lente et pénible ! Ce Bertrand, qui rappelle trop et trop peu le David Deans de la Prison d’Édimbourg, est-il donc encore le puritain, lorsqu’après avoir tué sa fille la prostituée, il descend jusqu’à fabriquer de fausses lettres pour la faire supposer vivante et cacher son meurtre ? Et pourtant cette figure austère est la seule dont les traits aient dans le tableau quelque caractère et quelque netteté. Qu’est-ce, par exemple, parmi les autres personnages, que cette madame Henriette Brissart ? À quel propos vient-elle prêcher d’abord, puis mettre en action le plus honteux et le plus sale libertinage ? À quoi cela servait-il ? N’était-ce qu’une transition pour amener cette étrange sortie contre les jardins et contre Le Nôtre, que l’auteur accuse d’avoir travaillé pour l’adultère et la prostitution ? — En vérité, ce livre ne vaut ni le Maçon, ni les Intimes, et nous craignons fort que Michel Raymond ne se soit cette fois trompé.

Parlerons-nous maintenant de l’Histoire de la vie et des ouvrages de Châteaubriand[4], par M. Scipion Marin ? Oh ! non pas, s’il vous plaît. Cela forme bien deux gros volumes de critique ; mais la critique de M. Scipion Marin n’est point du ressort de la nôtre.

Cet auteur s’était déjà fait connaître avantageusement par une manière de comédie satirique intitulée : Le Sacerdoce littéraire, et dans laquelle figuraient et jouaient chacun leur rôle nos plus célèbres écrivains vivans. Entre autres gentillesses dont abondait cette pièce, on y voyait, au second acte, M. Charles Nodier jeté par la fenêtre. Ceci peut suffire pour donner une idée de la manière de M. Scipion Marin. Il en use ainsi sans façon avec la langue, et ne la traite pas moins cavalièrement.

Quoi qu’il en soit, depuis que M. Scipion Marin s’est fait son historien, M. de Châteaubriand, qui vient de partir pour la Suisse, a dû quitter, cette fois, la France sans inquiétude, et sûr désormais que son nom ne périra pas.


la revue.
  1. Chez Paulin place de la Bourse.
  2. Chez Paulin.
  3. Chez Henry Dupuy et Roret, rue des Grands-Augustins.
  4. Chez Vimont.