N. S. Hardy, Libraire-éditeurs (p. 236-240).


LES LACS À TRUITE DANS LE GRAND NORD


I


La voie ferrée de Québec au lac Saint-Jean, presque terminée, dans tout son parcours, va ouvrir à la cité de Québec et surtout au vaste et populeux faubourg St-Roch, de nouveaux horizons.

Cette ligne a déjà mis à la portée du riche et du pauvre des milliers de cordes de bois de chauffage : sous peu, elle va fournir un débouché, un mode de communication, aux 32,000 colons des environs du lac Saint-Jean, lesquels faute d’une sortie, sont pendant l’hiver, comme des exilés en Sibérie.

La ville de Québec entière demande à hauts cris ce que les anglais nomment a back country, c’est-à-dire, un débouché pour écouler le produit de ses manufactures et pour l’extension de son commerce ; voilà des progrès indéniables que la voie ferrée susdite nous promet dans un avenir fort prochain.

Ce projet nous offre encore d’autres avantages : il va fournir une voie de communication à une riche classe de touristes des États-Unis et de nos villes de l’Ouest, pour faire la chasse et la pêche dans cette région forestière sans limites, qui s’étend au nord de cette ville ; nos montagnes du nord abondent en lacs, en cours d’eau, remplis de poissons, pendant la belle saisons.

Plusieurs clubs se sont déjà formés ; d’autres suivront leur exemple.

Pour renseigner les étrangers, il est bon de signaler les lacs les plus voisins de Québec, d’abord :

1 Le lac Sept Îles. 7 Lac à l’Épaule.
2 Le "lac " aux Chiens. 8 lac " à Fortin.
3 Le "lac " aux Deux Truites. 9 lac " aux Ventres Rouges.
4 Le "lac " au Cœur. 10 lac " aux Cèdres.
5 Le "lac " Clair. 11 lac " Perth.
6 Le "lac " Waskawan. 12 lac " Serjeant.


Ce dernier avoisine la ligne du chemin de fer. La plupart versent le tribut de leurs eaux dans la rivière Sainte-Anne, laquelle se divise en deux branches, à St-Raymond : l’une serpente vers un endroit nommé Petit Saguenay, parce que l’on a prétendu que c’était la voie la plus directe au district du Saguenay.

Il en est cependant qui mêlent leur onde cristalline à celle de la rivière Portneuf ou au cours rageur du Jacques Cartier, dont les bassins sont fréquentés par le saumon, jusqu’au pont de Déry.

Ces lacs varient en étendue, d’un à quatre milles. Le lac sept Îles est le plus considérable : on y prend, ainsi que dans le lac aux chiens, la grosse truite, connue du peuple sous le nom de Queues Fourchues, et des Indiens, comme Touladis, pesant de douze à quinze livres.

En automne, on a pris dans ces lacs, des anguilles longues de quarante quatre pouces.

Le lac Claire, à quatre milles de la gare de l’ancien chemin à lisses Gosford, a perdu de sa renommée : les poissons femelles, faute de protection, ont été capturées à leurs frayères ; les monceaux de truites expédiées aux marchés pendant l’hiver y sont pour quelque chose, dans cette destruction.

Il en est de même du lac St-Joseph : le temps fut ou en hiver ou au printemps, on capturait avec des lignes dormantes sous la glace, des Touladis, pesant vingt-cinq livres.

Cependant, on y fait des pêches excellentes : le 18 juin 1886, je rencontrai au lac St-Joseph, un jeune pêcheur de St-Roch, qui rapportait, près de vingt-cinq douzaines de belles truites capturées à la mouche et à l’appât du ver, dans une partie du lac ou l’eau a près de douze pieds de profondeur. Mais le lac St-Joseph continuera longtemps d’être l’Élysée des pêcheurs : la voie ferrée lui a ouvert un brillant avenir : et le service journalier sur cette belle nappe d’eau du gracieux yatch-à-vapeur, Ida, comme bateau-traversier, lui prête un nouveau charme.

Pour le citadin exténué par la chaude température d’été, pour l’homme de profession en vacance, je ne connais aucun endroit de pêche autour de Québec, d’un accès aussi facile, combinant autant d’attraits variés.

Une heure de marche par la voie ferrée du lac St-Jean, après avoir humé l’air fortifiant des bois résineux de Lorette, vous dépose sain et sauf, sur le pont de l’Ida : le sylphe des ondes vous promène, autour du fameux lac sur les lames naguère sillonnées par les rameurs Haulan et Hosmer : vous vous installez à la fraîche, sous le toit hospitalier de l’Hôtel dite Lakeview : un steake cuit à point, une savoureuse truite braisée, par M. White, et une bouteille de Médoc, le tout assaisonné d’un bon appétit, vous donne une idée des joies des bienheureux.

II


À soixante quinze milles de Québec, l’on rencontre la rivière Myguick, qui se décharge dans la rivière Batiscan. Ce vaste territoire ouvert, par la voie ferrée à l’industrie, au commerce, au sport, a été exploré soigneusement en 1886, par les délégués des divers clubs de Chasse et de Pêche, qui viennent d’être organisés. Le club, Les Laurentides, a acquis du Gouvernement Provincial, de cinquante à soixante milles en étendue. Dans son domaine sont enclavés, une trentaine de lacs, dont les principaux sont le Lac des Îles, le Lac Fort, le Lac Long ; ces lacs sont fort poissonneux : la truite qu’on y prend, pèse de deux à quatre livres : elle est grise, tachetée ; sa chaire est rose et sa queue, quarrée : le pays abonde en caribous, en orignaux, en castors, en loutres, en perdrix. À l’est, est le lac Bellevue, loué à MM. Beckett & Hale, de Québec. À une lieue et demie de la rivière Myguick, on tombe sur la rivière Jeannette. À dix ou quinze milles de la rivière Batiscan, on rencontre le lac Trompeur et autres petits lacs, non explorés.

À l’ouest, le Club Stadacona a acquis un beau domaine de quarante à cinquante milles en étendue et réclame entre autres, les nappes d’eau suivantes : le lac aux Rognons, le lac Long, le lac du Centre, le lac Cariboo ; la rivière aux Rognons et plusieurs autres moins considérables. L’île du lac Édouard, a aussi son groupe de lacs : cette île est formée par les rivières Batiscan et Jeannette, qui prend sa source dans le lac Édouard. Tous ces lacs se déchargent dans le Batiscan, excepté les lacs aux Rognons, le lac Long, le lac du Centre, le lac Cariboo, qui ont leur issue dans la rivière Jeannette.

Le lac Batiscan, passe pour être fort poissonneux : M. Bureau, l’explorateur des Terres de la Couronne, m’a affirmé avoir vu prendre dans ce lac, une truite rouge pesant neuf livres.

Un pêcheur aventureux pourrait pénétrer du fleuve Saint-Laurent, au haut du Batiscan, dans un canot d’écorce, en se résignant à faire à cause des rapides, douze à treize portages, ; ce voyage serait fort pittoresque.

Voici l’étendue de quelques uns des lacs d’après les chiffres qui m’ont été fournis par le département des Terres de la Couronne :

Grand Lac Batiscan
6 miles en longueur.
Grand L "L Claire
miles en"longueur"
Grand L "L des Passes
9 miles en"longueur"
Grand L "L de la Croix
3 miles en"longueur"
Grand L "L à la Loutre
miles en"longueur"
Grand L "L à la Grosse Roche
miles en"longueur"
Grand L "L au Lard
4 miles en"longueur"
Grand L "L aux Rognons
miles en"longueur"
Grand L "L Vermillon
miles en"longueur"
Grand L "L Archange
miles en"longueur"
Grand L "L à la Belle Truite
2 miles en"longueur"
Grand L "L Petit Lac Ha ! Ha !
miles en"longueur"
Grand L "L Grand Lac Ha ! Ha !
½ miles en"longueur"
Grand L "L des Sables
miles en"longueur"


Quand le chemin de fer au lac St-Jean sera achevé, les amateurs de chasse et de pêche auront accès à une chaîne innombrable de lacs, petits et grand tels que : les lacs, Upikoban, grand lac Mitasquash, Saint-Henri, Hughes, Quiquathanshisa, à la Plan, Kamamutgonique, Kispahigonish, à la Carpe, aux Brochers, aux Betsies, au Canot, au Canard, Croche et des centaines d’autres.