N. S. Hardy, Libraire-éditeurs (p. 227-235).


LA PÊCHE À LA MOUCHE[1]


I love to see the man of care
Take pleasure in a toy ;
I love to see him row or ride,
And tread the grass with joy,
Or throw the circling salmon fly
As lusty as a boy.


Ami, lecteur, aimez-vous la pêche à la ligne ? Êtes-vous homme à devancer l’aurore, muni de votre canne à pêche et de votre panier, pour voir, en pêchant, lever l’astre radieux du jour ? auriez-vous le courage et la patience de vous embusquer pendant des heures entières sur les rives d’un ruisseau, pour y tenter avec votre hameçon l’appétit de rusés poissons ? Bref, vous sentez-vous capable de vous arracher aux pavots de Morphée, à l’heure où sortent les lutins, au temps où les sorciers commencent leur sabat, à minuit sonnant ; puis, d’avaler un hâtif repas ; cela fait, de vous aventurer, à la lueur des étoiles, dans les sombres sentiers des Laurentides, connus seulement aux descendants de Gabriel et de Sioui, ces guides amphibies du lac Saint-Charles[2], afin d’être prêt à lancer votre mouche à deux heures et demi du matin ? Si vous ne vous sentez pas ce courage antique, je vous dis, moi, que loin d’oser vous croire capable de jamais capturer le monarque de nos rivières, le saumon argenté, ou même la truite saumonée, Isaac Walton[3], le père Isaac, comme le nomment tous les bons croyants, eut-il à distribuer les rôles parmi ses disciples, croirait vous honorer encore que trop, en vous proposant pour pêcher des goujons, des écrevisses ou de la barbotte dans un puits de six pieds de diamètre. Si, au contraire, vous avez bon bras, bon œil, bonne jambe ; si, vous ne craignez pas de vous plonger dans l’eau jusqu’à la ceinture, en péchant ; si, les moustiques ne vous inspirent aucun effroi ; si, même vous mettez au défi les maringouins ; si, après une fatigante course dans les bois, reposant sous votre alcôve de sapins, vous trouvez qu’une truite fraiche, rôtie sur la braise, est un met exquis, digne de Brillat-Savarin, alors tapez-là, vous êtes des miens. Je vous dis, moi, qu’eussiez vous vécu aux beaux jours de Rome, Ausone, Oppien, Ovide vous eussent consacré des hexamètres et que, si, aujourd’hui, votre mérite est méconnu, inapprécié, c’est un signe infaillible du malheur des temps, une preuve manifeste de la dégénération de l’espèce humaine.

Admettons que, sous l’influence du feu sacré, vous méditiez la capture de saumons, de bars, de truites et de brochets, et que vous vous adressiez à moi pour une feuille de route. Appartenez-vous à la grande ville au pied du Mont Royal ? vous trouverez, pour votre amusement favori, de magnifiques rivières, des lacs fort poissonneux dans les cantons à l’est de Montréal. Les îles du Saint-Laurent, le lac Champlain, le lac George et les affluents de l’Outaouais vous procureront de bonnes pêches ; je n’ose en dire trop sur un territoire que je ne connais qu’imparfaitement. Appartenez-vous au district de Québec ? voyez l’ample moisson qui vous attend sur la côte qui s’étend de Québec au Labrador d’un sens, et de Québec à la baie des Chaleurs, de l’autre. Ne vous alarmez pas, ami pêcheur ! — D’abord, il faut s’entendre. N’allez pas croire que je vous méprise parce qu’il ne vous a pas été donné de capturer à la mouche, une fois dans votre existence, un saumon du poids de quarante livres. Pour prétendre à une telle félicité, qui donne une idée des joies célestes, il faut avoir de la vocation, une vocation toute particulière ; il n’y a pour cela qu’un petit nombre d’élus, comme a dit cet éloquent[4] et excentrique pêcheur d’hommes et… de poissons, feu le révérend Messire Adamson, que j’ai déjà cité, et qui prit pour texte d’un fort beau sermon, qu’il prêcha à l’équipage de sa goélette mouillée, en 1846, au Saguenay, ces paroles de l’évangéliste saint Jean, chapitre 21, verset 3 : « Je vas pêcher. »

Au fait, quels sont les endroits de pêche dans le voisinage de Québec ? Nous avons le lac Saint-Joseph, où l’on prend aussi l’achigan ; le lac Sept-Îles, son voisin ; les lacs aux Grenouilles, Perth, au Chien, à la Truite rouge ; tous sont dans les environs du lac Saint-Joseph ; les lacs Blanc, Sud-Ouest, Vincent, Thomas, des Neiges, à l’Épaule en arrière de Stoneham ; les lacs Malbaie, Claire, Mackenzie, Sagamité, Burns, Laurent, Bonnet, St-Charles, Beauport ; les lacs Parent et Falardeau, dans les environs de celui-là, les derniers forment une chaîne de lacs fort poissonneux. Ensuite, viennent le Montmorency, le Jacques-Cartier, le lac Calvaire, le lac Bonhomme en arrière de la Jeune-Lorette ; les lacs de Stoneham ; les lacs Trois-Saumons ; des chaînes de lacs nouvellement découverts, le long du chemin du lac Saint-Jean ; le Sainte-Anne, le Saint-Charles, l’Etchemin, la Chaudière, à peu de distance l’un de l’autre. Les lacs Philippe et Saint-Joachim fournissent de belles truites. Le lac Gravelle, à la Malbaie, produit quelquefois des pêches prodigieuses ; le Grand Lac et ses voisins sont moins bons qu’ils ne l’étaient par le passé ; mais, en descendant, l’amateur peut jeter sa mouche dans la rivière Murray, pour le saumon.

Sur la rive sud du fleuve vous trouverez des stations de pêche fort attrayantes. Descendez des chars à la gare du palais. Puis, rendez-vous à loisir au lac Joseph, au lac Guillaume, au lac à la Truite ! Revenez, plus tard au lac Caché ou Taché, au lac Gagné : n’oubliez pas les cours d’eau dans la direction du lac Noir ! Ne vous occupez pas du lac Etchemin, il est trop fréquenté !

Êtes-vous tenté de côtoyer la rive sud du Saint-Laurent, jusqu’à la Rivière-du-Loup ? La Rivière-du-Sud et le Bras Saint-Nicolas, le Saint-Laurent, à Saint-Thomas, vous fourniront de la truite, des brochets et des bars[5] ; la petite rivière des Perdrix qui débouche dans le bras Saint-Nicolas, fourmille de petites truites ? Elles sont plus grosses dans le lac de Saint Jean-Port-Joly, une de vos stations obligées. Quand vous aurez exploré toutes ces rivières, descendez jusqu’à Cacouna. Mais, si vous êtes jeune et beau garçon, gardez-vous de séjourner trop longtemps, sous prétexte de prendre les eaux, à ce Biarritz du Canada, que la présence des beautés de la capitale, pendant la belle saison, rend si dangereux… pour les célibataires. En ce cas, fuyez, dis-je, fuyez bien vite ces sirènes plus à redouter que ne l’étaient celles de l’Île de Calypso !… À leurs côtés, vous courez risque d’oublier qu’à une journée de marche dans les bois, repose l’onde crystalline du lac Saint-Simon : les pêches que l’on fait dans le lac Saint-Simon ont quelque chose de miraculeux. Ayant donc dit adieu à tout le beau monde de Cacouna, enfoncez-vous dans le bois, après vous être muni, entr’autres comestibles, de deux morceaux de lard : l’un, rôti au feu du camp, flanqué d’une salade, et arrosé de vin vieux, ou de bonne bière, apaisera les tiraillements de votre estomac ; avec l’autre, vous vous enduirez la figure. Ce sinapisme onctueux vous prémunira contre les attaques des moustiques, qui, en août, ont, au lac Saint-Simon, des goûts vraiment sanguinaires. Cela fait, passez au moins six heures sur le lac, à pêcher ; ensuite, vous me direz si un seul cheval a suffi pour transporter votre pêche à l’hôtel !

Avez-vous des aspirations plus élevées ? la truite saumonée vous tente-t-elle ? Aimeriez-vous quelques bouffées du salin que l’on hume sur la côte nord du Saint-Laurent ? Traversez à Tadoussac : un magnifique hôtel vous y ouvre ses portes. Vous avez votre choix ; voici le Saguenay ou le Saint-Laurent ; où voulez-vous pêcher ? Si vous êtes fatigué de capturer les grosses truites de mer et que vous aimiez à prendre deux ou trois cents truites de rivière, allez faire jouer votre mouche dans les lacs aux Canards, le petit Saguenay, la rivière Saint-Jean, la Grande Baie, le lac Kinogomi. Les truites que vous y prendrez non-seulement sont fort grosses, mais elles semblent se réjouir de se faire capturer. Vous en remplirez un canot ; mais vous reviendrez bien vite, ou je me trompe fort, aux bords du grand fleuve, tenter la voracité des alertes truites de mer.

Le climat du Canada diffère de celui d’Europe : le froid ne permet pas de pêcher à la mouche pendant l’hiver ; le temps de la pêche dure à peu près, du 1er  juin à la fin de septembre ; rarement peut-on pêcher pendant le mois de mai. On ne peut d’après la loi, capturer le saumon après la fin d’août ; le meilleur temps pour cette pêche comprend la période depuis le 10 juin, jusqu’à la fin de juillet ; la localité la moins éloignée de Québec, après le Jacques-Cartier et la rivière Murray, où le public peut prendre avec la ligne, le saumon, c’est la rivière Bersimis, vingt-six lieues plus bas que Tadoussac. La Bersimis fournit le plus gros poisson de toute la côte nord, la rivière Moisie exceptée ; on peut aller pêcher le saumon dans un de ses tributaires, à dix lieues de son embouchure, sur sa rive gauche. Il se tient dans une multitude de bassins, dont le dernier est à une demi-lieue de la chute ; à dix ou douze lieues plus bas, vous rencontrez la rivière Mistassini, cours d’eau peu important et peuplé de saumons de moyenne grandeur, fort agréable à prendre. Ensuite vient la rivière Betsie ou Sheldrake. Puis, vous rencontrez la rivière Godbout, la Moisie ; aussi les rivières Watscheshoo, Washicootai, Alomonoshebo.

Vous pourriez faire comme j’ai fait moi-même, traverser à l’Île d’Anticosti : vous y visiterez les grands phares, sans oublier de jeter un coup d’œil sur la maison et la plage où vous trouverez encore vivace le souvenir de Gamache, le légendaire pirate du Saint-Laurent. Les rivières au Saumon, à la Loutre, Jupiter, à la Chaloupe vous fourniront d’agréables et fructueuses pêches. Rien de plus fortifiant qu’un séjour de quelques semaines au bassin de Gaspé et dans les environs ! Quelles magnifiques truites de mer n’ai-je pas moi-même prises à l’embouchure des rivières de Gaspé, des barachois de Douglastown, de la Malbaie ? Elles variaient en pesanteur d’une livre et demie à trois livres et demie.

Je ne puis terminer cette esquisse sans vous avertir que vous ne devez pas partir sans prendre un attirail complet de pêche : couvertes de laines, paletots, chemises de flanelle, pardessus en caoutchouc, gants forts, tente pour camper, casque d’hiver, et une multitude d’autres effets dont vous devrez vous munir ; vous rappelant que, sur la côte nord du golfe, les nuits et les jours sont, même pendant la belle saison, souvent froids à l’excès.

  1. Extrait des Pêcheries du Canada, par J. M. LeMoine, 1863.
  2. les guides du lac saint charles. — Ce lac possède parmi ses habitants, quelques célébrités locales.

    D’abord le fameux chasseur indien, Sioui, qui réside au Grand Lac, près la Baie de l’Écho, ainsi nommée à cause des échos que les montagnes voisines vous y redonnent.

    Le premier lac, ou le lac Saint-Charles proprement dit, possédait aussi deux pêcheurs renommés au bon temps où le jovial colonel Alphonse DeSalaberry, et son vieil ami, M. Charles Panet, député de Québec, y allaient faire leurs fructueuses parties de pêche. Ces pêcheurs, types du genre, deux frères, resteront longtemps dans le souvenir des habitués de l’hôtel Verret, qui avoisinait leur modeste demeure. L’un, surnommé le Pape ; l’autre frère le plus célèbre des deux, succombait à une courte maladie, en octobre 1870, presqu’octogénaire. Aux amateurs, il ne fut jamais connu sous d’autre nom que celui de Gabriel.

    Quel est le pêcheur de truites qui n’est allé s’asseoir au foyer du légendaire chasseur pour y écouter ses merveilleuses histoires :

    « d’énormes caribous et d’orignaux géants. »


    capturés par lui, ses pêches à la truite et au poisson blanc, quasi miraculeuses ? Tout était original chez Gabriel, le pêcheur aux cheveux blancs. Six poules noires dans un petit caveau souterrain, où le maître descendait en enlevant une planche près du coin du feu, avaient pour mission de pondre sans désemparer, du 1er  janvier, au 1er  juillet. En mai, ses enfants tendaient un trébuchet pour les rossignols dans un bouleau voisin. En juillet et août, une petite glacière, en branches de sapins, contenait quelques douzaines de truites fraîches pour ses pratiques. Gabriel était doué d’une mémoire prodigieuse. Tel, je le vis plus d’une fois. Amant passionné de la pêche et de la chasse, il était d’une bravoure à tous crins, plein d’égards, de courtoisie, de loyauté pour ses hôtes. Il avait vu l’âge d’or du sport en Canada, le temps où les

    Gardes de la Reine, les Grenadiers Guards, venus avec le comte de Durham en 1838, battaient la campagne en tous sens avec chevaux et chiens, prêts à faire vingt lieues à la raquette, rien que pour voir la piste d’un caribou Gabriel avait vu tout cela ; il avait servi de guide au comte de Caledon, aux capitaines Grimston, Mundy et Windham. Ô heureux temps ! Il racontait aussi, avec une piquante originalité, une lutte sanglante que lui et deux gros messieurs de Québec, comme il les nommait (l’hon. M. I… et M. C. S…), eurent à soutenir, pendant une partie de pêche sur le lac Saint-Charles, pendant l’été de 1851…

    M. I…, tout récemment admis au barreau de Québec, s’était laissé aller à la tentation de pêcher de la truite sur ce lac, pendant la vacance de juillet, avec un ami. La parole est à Gabriel :

    « Il y avait quelque temps que nous pêchions en silence, tous trois assis dans mon canot ; ça mordait peu. En détournant la tête, qu’est-ce que je vois ! un ours, noir comme le diable, au milieu du lac et traversant à la nage vers la rive opposée, à l’endroit le plus large ? Avez-vous peur des ours, leur dis-je ?

    « Mais ! non ! s’écrièrent-ils ! Prenons-le vif !

    « J’eus à peine le temps de dire que nous n’avions ni fusil, ni couteau de chasse, ni autre arme que nos avirons et nos cannes à pèche.

    « Ramons ! ramons ! s’écrièrent, mes gaillards ! à l’ours ! à l’ours !

    « Ça me faisait un peu l’effet comme si ces gros messieurs pensaient que c’était aussi aisé de prendre sans armes, un ours dans le lac qu’une truite à la ligne. J’enfonce mon bonnet rouge, trousse mes manches, prend une chique et répète avec eux : « Ramons ! »

    « Tâchons de ne pas briser la peau, ajoute M. S… car je veux l’envoyer à mes amis en Angleterre.

    « Doucement, monsieur, doucement ! prenons-le d’abord ! « ramez donc ! ramez donc ! » « Un canot allège, avec trois bons avirons, file vite ; en cinq minutes nous arrivions à l’abordage. Je me disposais à les seconder de mon mieux ; je me préparais à frapper un grand coup d’aviron sur la tête de l’animal, quand M. I… me dit : « Gabriel, à moi le premier coup, ! » l’animal, reçut l’assaut sans broncher ; j’encourageai ces messieurs à frapper dru guidant le canot avec mon aviron. L’ours plonge pour éviter un coup, l’eau devient rouge du sang qui lui sortait du nez.

    « Il va s’échapper, dis-je : saisissez-le par la queue ! non ; par le poil du dos, l’un de vous, et l’autre tâchera de l’étourdir à force de coups sur le museau ! L’ours nous traînait à la remorque ; mais voici bientôt une autre fête. Irrité, il plonge, revient à la surface, du côté opposé, saisit de ses griffes le bord du canot, qui vient prêt à chavirer, et s’emplit à moitié d’eau. La lutte devenait sérieuse ; je ne sais ce qui en serait résulté, lorsque M. I… de s’écrier : « Nous coulons à fond et je ne puis nager ! » Je vous assure qu’en ce moment, la confusion et le clapotis d’eau rougie de sang dans notre canot, faisaient dresser les cheveux ; le canot s’emplit.

    « Vidons le canot avec nos chapeaux ! vite ! pousse à terre !  » tel fut le cri de détresse de mes compagnons d’armes. Ça me faisait mal au cœur, de voir évader l’ours ; je me contentai de dire : « La peau de cet ours ne partira pas cet été pour l’Angleterre ! » Je gagnai, en nageant, la rive, avec M. S… et nous revînmes prendre M. I… accroché au canot.

    « J’avais eu plus de chance avec un ours que j’avais rencontré quelques années auparavant, sur le même lac, en compagnie de M. Wm. White, et de son épouse, tous deux de Québec, le jour de leur mariage : celui-là, nous l’amarinâmes bel et bien. »

  3. Isaac Walton, mourut le 15 décembre 1683, à Winchester, en Angleterre, âgé de 90 ; ses exploits de pêche à la mouche, ses écrits l’ont immortalisé.
  4. Salmon Fishing in Canada, — page 121.
  5. La pêche aux « bars. » Aux bars ! aux bars ! Voilà les cris qui retentissent sans cesse, en août, dans la belle paroisse de Saint-Thomas. Chacun ne parle que du bar, chacun veut prendre du bar. Aussi, quel plaisir ! quelle noble rivalité entre les amateurs de cette agréable pêche ! On veut en prendre plus qu’un tel, ou un tel. Tantôt c’est M. D… tantôt M. V… qui sont les heureux vainqueurs. Cinquante, trente, vingt bars de 15 à 20 pouces dans une seule pêche ! Quoi de plus beau ! Quelquefois un compère bar de 25 à 30 pouces vient vous arracher la ligne des mains. Alors, quels efforts pour embarquer le vigoureux captif ! Souvent il se sauve emportant votre ligne. Un profond soupir s’échappe alors de votre poitrine. C’est l’expression du remords : Ah ! Ah ! qu’il était gros ! »

    Puis, cette charmante pêche, outre son agrément propre, nous procure de plus une promenade sur l’eau. Car cette pêche se fait sur de petites berges ; il y en a ici une dizaine, et chacun peut y trouver sa place. Mais il faut être sage, car le bar aime le silence. Telle est sa devise : « Si tu parles, je m’enfuis ! » — « Garde le silence, je mordrai ! »

    Cependant cette pêche, qui est si amusante, est peu connue. Voilà pourquoi, aujourd’hui, j’ose écrire un petit mot à la hâte, pour inviter les jeunes gens des villes à venir à Montmagny prendre du bar. Venez, jeunes amateurs ; ici vous trouverez du plaisir, et une pêche qui, sans contredit, est la plus agréable de toutes. Avec quelle joie vous vous en retournerez dans vos foyers, emportant avec vous quelques douzaines de beaux bars ! Venez, et vous verrez !

    Pour moi, je brûle d’aller tirer de nouveau une vingtaine de ces mignons barrés. Venez ! Un Pêcheur.

    Montmagny, 8 août 1868.