N. S. Hardy, Libraire-éditeurs (p. 149-150).


LA BERNACHE


(brant goose)


La Bernache, sous le coup de la science moderne, a perdu tout le merveilleux de son origine ; elle ne pousse plus sur des arbres, anser arboreus,[1] aux côtes de l’Écosse et des Orcades, comme au temps du savant évêque d’Upsal, Olaüs Magnus, dont les théories sur la génération des bernaches, aussi bien que sur l’hibernation des hirondelles endormies en pelotons au sein des lacs, ont disparu depuis bien longtemps ; leurs embryons tombés dans les flots ne s’y convertissent plus en oiseaux, malgré les assertions de Munster, Saxon le Grammairien et Scaliger. Ils ne naissent plus comme « des champignons ou de gros vers, qui peu à peu, se couvrant de duvet et de plume, achèvent leur métamorphose en se changeant en oiseaux, » malgré ce qu’en dit Pierre Danisi, Dentatus, Wormius, Duchesne et Rondelet. Ce ne sont pas non plus « des coquilles qui les enfantent » malgré le langage du savant Maier : elles naissent comme les canards et les outardes, croyons-nous, simplement, dans les îles de l’extrême nord. La bernache du Canada est un palmipède un peu moins gros que l’outarde, mais fort ressemblant : elle en a le port, mais son manteau est de couleurs moins vives. Elle a le bec noir, ainsi que la tête, le cou et les pieds : elle porte un domino blanc, vers le milieu du cou, l’abdomen et les couvertures de la queue, blancs ; le dos, gris brunâtre. Longueur, 34 pouces ; ailes, 13 pouces.

La femelle est plus petite que le mâle : son manteau est plus terne. « Sa ponte est de 5 œufs, blancs jaunâtre sale » (C. E. Dionne). Cet oiseau, émigre l’automne au temps et à la manière des outardes : il préfère l’eau salée à l’eau douce, et pour ses ébats, séjourne sur les battures du bas du fleuve, quelques jours dans ses migrations, pour se refaire pendant les grandes tempêtes de l’automne.




  1. « Fulgence dit même que les arbres qui portent ces fruits ressemblent à des saules, et qu’au bout de leurs branches se produisent de petites boules gonflées offrant l’embryon d’un canard qui pend par le bec à la branche et que lorsqu’il est mûr et formé, il tombe dans la mer et s’envole. Vincent de Beauvais aime mieux l’attacher au tronc et à l’écorce, dont il suce le suc, jusqu’à ce que déjà grand, et tout couvert de plumes, ils s’en détache. Leslæus, Majolus, Oderic, Torquemada, Chavasseur, l’évêque Olaûs et un savant cardinal, attestent tous cette étrange génération » (Œuvres de Buffon, Tome 59. P. 7).