Chansons populaires du Canada, 1880/p198
voici le temps et la saison
J’ai chanté cette mélodie à un citadin, qui l’a trouvée très-monotone et très-laide. Monotone, oui ; laide, cela dépend.
Cette mélodie (qui appartient au second mode du plain-chant ) est de celles qui n’ont de beauté que dans la bouche des gens de la campagne. Il y a quelque chose de triste et de doux dans la voix des campagnards qui donne un charme tout particulier à ces airs monotones dans lesquels semble se refléter toute leur existence. Il en est des voix des habitants de la campagne comme de leurs yeux. Leurs regards, accoutumés à embrasser l’horizon immense et des scènes uniformes, ont une quiétude, un calme, une monotonie si l’on veut, que l’on ne rencontre jamais chez les habitants des villes.
Ah ! vrai, que les journées sont longues !
D’ s’ en aller voir leurs jolies blondes.
Je ne peux aller voir la mienne.
Qui lui vont jusqu’à la ceinture.
Il est là-bas, dans ce navire.
Par son beau chant et son beau rire ?
Je vais aller vous y conduire.
Dans le navir’ s’est embarquée.
Une tempêt’ s’est élevée.
Le beau avec sa mie.
Dedans sa chaloupe jolie.