Chansons populaires du Canada, 1880/p124

Texte établi par Robert Morgan,  (p. 124-126).


tenaouiche tenaga, ouich’ka !


Si j’étais de la force de M. Ernest Renan, je découvrirais sans doute un sens profond dans les mots : Tenaouiche tenaga, ouich’ka ! qui composent le refrain de ces couplets, et j’en tirerais des conséquences d’une belle perfidie entourée de miel, aux acclamations des badauds émerveillés de ma science profonde. Mais comme je suis loin d’être d’une pareille force, j’avouerai tout bonnement que je n’entends rien à ce baragouin.

Au reste, ces mots étranges ne sont, probablement, que de l’imitation de sauvage, comme savent en faire tous les jeunes enfants, et comme j’en ai entendu faire souvent moi-même par mes petits camarades, lorsque, imitant l’homme des bois dans son commerce avec les blancs, ils se vendaient gravement entre eux le fruit de leur dernière chasse : dix mille peaux de castors, cent mille orignaux, cinq cents mille caribous, représentés par des jointées de noisettes, de bluets ou de cerises à grappes.

La deuxième version de cette chanson, que l’on verra plus loin, est à mon sens, très-intéressante. Ce n’est rien autre chose qu’une variante canadienne de Malbrough. Le tenaouiche et les vieux sauvages sont placés là pour la couleur locale.



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C'é-- tait un vieux sau -- va -- ge Tout noir, tout 
bar -- bouil -- la, Ouich' -- ka! A -- vec sa vieill' cou -- ver -- 
te Et son sac à ta -- bac. Ouich' -- ka! Ah! ah! te -- na -- 
ouich' te -- na -- ga, Te -- na -- ouich’ te -- na -- ga, ouich' -- ka! 
 
}

 
C’était un vieux sauvage
Tout noir, tout barbouilla,
        Ouich’ ka !
Avec sa vieill’ couverte
Et son sac à tabac.
        Ouich’ ka !
Ahl ah ! tenaouich’tenaga,
Tenaouch’tenaga, ouich’ ka !
 
Avec sa vieill’ couverte
Et son sac à tabac.
        Ouich’ ka !
— Ton camarade est more,
Est mort et enterra.
        Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’tenaga,
Tenaouch’tenaga, ouich’ ka !

Ton camarade est more,
Est mort et enterra.
        Ouich’ ka !
C’est quatre vieux sauvages
Qui port’ nt les coins du drap.
        Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’tenaga.
Tenaouich ! tenega, ouich’ ka !

 
C’est quatre vieux sauvages
Qui port’nt les coins du drap,
        Ouich’{{lié}ka !
Et deux vieill’ s sauvagesses
Qui chant’ nt le libera.
        Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’ tenaga,
Tenaouich’ tenega, ouich’ ka !




autre version recueillie par M. J. A. malouin ;

 
Mon mari est en guerre,
Ne sait s’il reviendra
        Ouich’ ka !
Ell’ monta dans sa chambre,
Si haut qu’ell’  put monta
        Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’ tenaga,
Tenaouich’ tenega, ouich’ ka !

Regard’ par la fenêtre
Pour voir son beau pagea.

— Ah ! dis-moi donc beau page,
Quell’ nouvelle apporta ?

— Les nouvell’ s que j’apporte
Tes doux yeux pleurera.

Ton mari il est mort,
Et mort et enterra !
 
Il fut porté en terre
Par quatre-z-officias.

Trois, quatre vieux sauvages
Portaient les coins du drap.

Et deux vieilles sauvagesses
Chantaient le libera.