tenaouiche tenaga, ouich’ka !
Si j’étais de la force de M. Ernest Renan, je découvrirais sans doute un sens profond dans les mots : Tenaouiche tenaga, ouich’ka ! qui composent le refrain de ces couplets, et j’en tirerais des conséquences d’une belle perfidie entourée de miel, aux acclamations des badauds émerveillés de ma science profonde. Mais comme je suis loin d’être d’une pareille force, j’avouerai tout bonnement que je
n’entends rien à ce baragouin.
Au reste, ces mots étranges ne sont, probablement, que
de l’imitation de sauvage, comme savent en faire tous les
jeunes enfants, et comme j’en ai entendu faire souvent
moi-même par mes petits camarades, lorsque, imitant
l’homme des bois dans son commerce avec les blancs, ils
se vendaient gravement entre eux le fruit de leur dernière
chasse : dix mille peaux de castors, cent mille orignaux, cinq cents mille caribous, représentés par des jointées de noisettes, de bluets ou de cerises à grappes.
La deuxième version de cette chanson, que l’on verra
plus loin, est à mon sens, très-intéressante. Ce n’est rien
autre chose qu’une variante canadienne de Malbrough.
Le tenaouiche et les vieux sauvages sont placés là pour la couleur locale.
C’était un vieux sauvage
Tout noir, tout barbouilla,
Ouich’ ka !
Avec sa vieill’ couverte
Et son sac à tabac.
Ouich’ ka !
Ahl ah ! tenaouich’tenaga,
Tenaouch’tenaga, ouich’ ka !
Avec sa vieill’ couverte
Et son sac à tabac.
Ouich’ ka !
— Ton camarade est more,
Est mort et enterra.
Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’tenaga,
Tenaouch’tenaga, ouich’ ka !
Ton camarade est more,
Est mort et enterra.
Ouich’ ka !
C’est quatre vieux sauvages
Qui port’ nt les coins du drap.
Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’tenaga.
Tenaouich ! tenega, ouich’ ka !
C’est quatre vieux sauvages
Qui port’nt les coins du drap,
Ouich’{{lié}ka !
Et deux vieill’ s sauvagesses
Qui chant’ nt le libera.
Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’ tenaga,
Tenaouich’ tenega, ouich’ ka !
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autre version recueillie par M. J. A. malouin ;
Mon mari est en guerre,
Ne sait s’il reviendra
Ouich’ ka !
Ell’ monta dans sa chambre,
Si haut qu’ell’ put monta
Ouich’ ka !
Ah ! ah ! tenaouich’ tenaga,
Tenaouich’ tenega, ouich’ ka !
Regard’ par la fenêtre
Pour voir son beau pagea.
— Ah ! dis-moi donc beau page,
Quell’ nouvelle apporta ?
— Les nouvell’ s que j’apporte
Tes doux yeux pleurera.
Ton mari il est mort,
Et mort et enterra !
Il fut porté en terre
Par quatre-z-officias.
Trois, quatre vieux sauvages
Portaient les coins du drap.
Et deux vieilles sauvagesses
Chantaient le libera.
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