Chansons populaires du Canada, 1880/p070

Texte établi par Robert Morgan,  (p. 70-73).


quand j’étais chez mon père


Il y a tout lieu de croire que ces couplets sont fort anciens, si, comme je le pense, le mot « baron » y est employé pour exprimer, au générique, un grand seigneur :

.........
Mon petit cœur en gage
N’est par pour un baron.
.........
Par ici-t-il y passe
Trois cavaliers barons.
.........


« Chaque fois, dit M. Arbaud, que nos chants parlent d’un homme noble, puissant, ils l’appellent un baron, c’est-à-dire, un homme par excellence, comme le bar germanique dont il dérive. Et ne croyez pas qu’ils prennent ce mot dans son acception féodale ; non, car ils le donnent aux saints :

Lou baroun sant Alexi — se voou pas maridar…


ils le donnent aux plus hauts personnages :

Aperaquit passavo — los flou d’un rei baroun…

Mais quand la hiérarchie féodale constituée eut rejeté presque au dernier rang ce titre de baron, il perdit naturellement sa valeur superlative… » (Chants populaires de la Provence, page XVI de la préface.)

Cette chanson, à laquelle on attribue une origine normande, se chante dans toutes les parties de la France, mais avec des refrains et sur des airs que nous ne connaissons pas ici, sauf le refrain et l’air de Vive Napoléon ! que l’on verra plus loin.


xxOn chante dans le comté de Maskinongé :

..... M’envoi’-t-à la fontaine
xxxxxxPour pêcher du poisson .....


à Québec

..... M’envoi’-t-à la fontaine
xxxxxxPour emplir mon cruchon .....


et en France :

..... J’allais à la fontaine
xxxxxxPour cueillir du cresson .....

J’ai recueilli cette mélodie de la bouche d’une femme qui me l’a répétée un grand nombre de fois, et toujours telle que notée ci-dessous, avec tous les mi et les fa naturels.



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Quand j’é -- tais chez mon pè -- re, Quand j’é -- tais chez mon 
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pè -- re, Pe -- tite et jeun’ é -- tions, don -- dai -- ne, don, 
% Ligne 3
Pe -- tite et jeune é -- tions, don -- dai -- ne. 
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Quand j’étais chez mon père (bis)
Petite et jeune étions, (ou : Petite Jeanneton,)
xxDondaine, don,
Petite et jeune étions,
xxDondaine.

M’envoi’ -t-à la fontaine (bis)
Pour pêcher du poisson,
        Dondaine, don, etc.

La fontaine est profonde, (bis)
J’ me suis coulée au fond,
        Dondaine, don, etc.

Par ici-t-il y passe (bis)
Trois cavaliers barons,
        Dondaine, don, etc.

— Que denneriez-vous, belle, (bis)
Qui vous tir’ rait du fond ?
        Dondaine, don, etc.

— Tirez, tirez, dit-elle, (bis)
Après ça, nous verrons
        Dondaine, don, etc.

Quand la bell’ fut tirée, (bis)
S’en fut à la maison,
        Dondaine, don, etc.

S’assit sur la fenêtre, (bis)
Compose une chanson,
        Dondaine, don, etc.

— Ce n’est pas ça, la belle, (bis)
Que nous vous demandons,
        Dondaine, don, etc.

C’est votre cœur en gage, (bis)
Savoir si nous l’aurons,
        Dondaine, don, etc.

  
— Mon petit cœur en gage, (bis)
N’est pas pour un baron,
        Dondaine, don, etc.

Ma mère me le garde (bis)
Pour mon joli mignon,
        Dondaine, don,
Pour mon joli mignon,
        Dondaine.