Chansons populaires de la Basse-Bretagne/Chansonnette d’amour


CHANSONNETTE D’AMOUR
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   Lorsque, au cours de mes études, je me mis à contempler le monde,
Je remarquai un point qui me troublait l’esprit :

   Il me semblait l’entendre parler,
Ma maîtresse, avec une voix qui était mélancolique.

   Lorsque ma maîtresse chante une chanson,
Les échos dans la montagne répétaient l’air ;

   Les poissons de la mer se réjouissaient,
Et les matelots sur le pont dansaient.

   Les rochers, dans la montagne, par le milieu se fendaient,
En entendant sa voix, et en voyant sa beauté.

   Quand je jette les yeux pour contempler ma maîtresse,
Il me semble voir la reine de toutes les filles.

   Ses mains sont mêlées de rouge et de blanc,
Ses yeux sont brillants comme deux étoiles ;

   Ses deux joues sont roses, d’une couleur naturelle,
Ses lèvres sont douces comme le miel pur.

   — Et bonjour à vous, ma maîtresse ; à deux genoux,
Voire bénédiction je demande, pour me faire capucin.

   Votre bénédiction je demande, pour me faire récollet,
Au couvent de Saint-François, dans la ville de Morlaix.

   — Oh ! assez de récollets sont à Saint-François,
Et assez de prêtres sont à Morlaix ;

   Il y a bien assez de prêtres partout, à travers le pays ;
Épousez qui vous aime, et Dieu vous aimera.

  Si vous vous faites récollet, au couvent de Saint-François,
Moi, j’irai au Calvaire, me faire religieuse ;


   De là nous entendrons les cloches de nos couvents,
Là nous chanterons à Dieu des louanges.

   Là nous chanterons, avec la voix la plus haute :
Le Gloria in excelsis et le Salve, Regina !


Chanté par Marianne Le Bèr, couturière à
Plouguerneau, écrit par L. Sauvé,
août 1871.


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