Cham - Albums du Charivari/Revue fantaisiste

Journal le Charivari (5p. 197--).

REVUE
FANTAISISTE



ALBUM
DE

SOIXANTE CARICATURES

PAR

CHAM
CHAM





PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

La science cherchant à savoir si la distraction n’amènerait pas d’heureux résultats pour combattre la trichinose.

— Comment, Joseph ! te voilà maintenant charcutier ?

— Oui, madame, la charcuterie a besoin aujourd’hui de gens de cœur pour faire face à la situation que lui fait la trichine.

Bien contents, grâce à la trichine, de pouvoir mourir tranquillement dans leur lit au nez et à la barbe de messieurs les charcutiers.

— Je n’achète pas un jambon comme ça ! faut que j’écrive d’abord dans son pays pour avoir des renseignements sur sa famille et ses relations. J’ai pas envie d attraper la trichinose.

— N’approchez pas de mon cochon, vous avez peut-être mangé du jambon, vous allez lui communiquer la trichine.

— Comment, toi, Joseph Prudhomme, tu t’es fait juif !

— Oui, madame, pour éviter la trichine.

Les savans cherchant à s’assurer si la trichinose ne proviendrait pas d’un sentiment de dépit, les lions occupant seuls l’attention du public depuis quelque temps.

— On parle d’un impôt sur les chats ?

— Farceur ! il y a longtemps que vous le levez, cet impôt là !

L’IMPÔT SUR LES CHATS

Pauvres souris, ce n’est pas la peine de tant vous réjouir, on maintient les souricières !

Perdant toute pudeur et venant guetter les contribuables à la porte de la mairie.

Ils vont se rencontrer à la porte de la mairie. Ça va être du gentil.

Stratagème à employer pour attirer les nouveaux contribuables au bureau de la mairie.

— Que voulez-vous ? on a mis un impôt sur les chats, j’ai reporté mes affections sur les rats.

— Tu n’as fait que regarder ce monsieur blond tout le temps du sermon.

— Mon ami, on prêchait sur l’amour du prochain.

— Un instant ! votre quittance des contributions ?

— François, je vous avais dit de vous informer s’il y aurait un sermon.

— J’ai pas osé le dire à madame dans la crainte que ça ne lui fasse de la peine. On prêchait sur le maigre.

— Joseph, pourquoi n’assistez-vous jamais au sermon ?

— J’ai bien assez des galops que je reçois de madame.

— Mon ami, nous n’avons rien à démêler ensemble. Là où il n’y a pas gras je ne fais plus mes affaires.

— C’est effrayant une corpulence pareille ! pourquoi donc qu’il se fait voir ?

— Pour prêcher le carême !

— Baptiste, je vous conduis au sermon et c’est comme cela que vous arrangez votre livrée ! tout le galon d’or est arraché !

— Madame on prêchait sur le mépris des richesses.

— Tu vas aller tout de suite chercher le linge de la comtesse que je me dépêche de le laver. J’ai pas de chemise brodée à mettre pour le bal des blanchisseuses jeudi prochain.

— Vous ne pouvez pas me donner mon linge la semaine prochaine ?

— Impossible, faut que j’étudie le pas des Lanciers, c’est jeudi prochain not’bal.

— Mesdames, descendez !

— Allons donc, c’est notre droit ! les cocotes dans la voiture des poules.

— Chère amie, voyez donc ! c’est vraiment édifiant. Faut-il qu’ils suivent bien le carême pour se trouver dans un état pareil.

Ah dam ! quand on est resté cinq mois sans rien faire on se rouille bien un peu.

— Tu me mèneras voir ça ?

— Faut que j’en cause avant avec mon médecin.

Galilée découvre que la terre tourne ! Pourvu qu’il ne vienne pas à s’apercevoir un jour que la chance tourne aussi.

Partant bien vite faire leurs malles pour Versailles.

La machine balayeuse faisant preuve d’intelligence dans sa façon de nettoyer la voie publique.

— Avez-vous vu les nouvelles balayeuses ?

— Non, et vous ?

— Moi non plus !

— Parait qu’il en est des balais comme des clous, un balais chasse l’autre.

La pauvre lionne de Batty ne reconnaissant plus ses lionceaux depuis qu’ils ont été allaités par une chienne.

— M. Batty est actuellement chargé de solder mes comptes. Vous le trouverez tous les soirs de neuf heures et demie à dix heures dans la cage aux lions.

— Quel ennui ! les bains de mer qui me font tant de bien ! voilà qu’ils vont se mettre à la travailler ; elle n’aura plus rien de naturel.

Émerveillé de la magnifique réclame que vient de lui faire Victor Hugo, Neptune lui abandonne son trident pour qu’il en fasse un porte-plume.

— Hein ? Que penses-tu de Barbe-Bleue ? Un homme avec cinq femmes !

— À cette époque-là ! Mais aujourd’hui nous avons interverti les choses.

— Grand Dieu ! comme mon mari me regarde ! il revient de Barbe-Bleue. Cette pièce lui aurait-elle ouvert des horizons ?

— Je suis votre mari, madame ! vous ne sortirez pas sans moi, le mariage est une chaîne…

— Oui, monsieur, une chaîne Benoîton ! Je sors de mon côté.

— Diable de chien ! sauter ainsi après mon chapeau pour qu’on s’aperçoive que je lui ai pris sa chaîne pour m’en faire une coiffure Benoîton.

Le choléra obligé de venir lui-même les réveiller pour les décider à s’occuper de ses affaires.

— Messieurs, le choléra que nous sommes chargés d’étudier se trouve dans l’air : par conséquent, allons-nous promener.

M. Gérome apportant quelques petites modifications à son costume d’académicien.

M. Jules Janin s’habille en Turc en voyant combien ce costume a réussi à M. Gérome qu’il a fait admettre à l’Institut.

Don Juan obligé d’avoir une voiture pour faire toutes ses courses.

Ce pauvre commandeur ne sachant plus chez lequel don Juan aller souper.

Pouvant seul souffler la question de droit qui se déroule dans la pièce d’Hèloïse Paranquet.

— Paméla, je viens de me ruiner à la Bourse.

— Oscar, l’auteur d’Héloïse Paranquet, vient de se faire connaître. J’ai toujours cru, vicomte, que la pièce était de vous. Je ne puis me faire à cette désillusion. Tout est fini entre nous.

— Combien votre billet ? huit francs comme l’autre soir ?

— Non, monsieur, quatre francs ! on connaît l’auteur.

— Qué que tu fais comme ça sur le pont de Grenelle toute la journée ?

— C’te bétise ! J’y fais des économies ! on ne paie plus.

— Je vous donnerais bien dans la rue, mais pas sur le pont de Grenelle ! Je veux jouir du plaisir de n’y rien payer.

— C’est une horreur ! Si tu as des reproches à m’adresser, c’est pas la peine de me les faire tout haut dans la salle Valentino.

— Si, ma chère, c’est afin de m’exercer à y parler devant le public.

— Mais qu’as-tu donc ? Tu passes toutes les soirées comme un hébété sans dire un mot.

— À la salle Valentino, j’ai pris l’habitude de parler en public. Fais monter les gens qui sont dans la rue si tu veux que je cause.

Le mari et la femme ne pouvant plus se donner le bras convenablement, l’un s’étant fait vacciner au bras droit, l’autre au bras gauche.

— Pauvre cher homme ! où donc qu’il pourra se faire vacciner.

L’armée française prise à son tour par le Trocadéro.

Le directeur des Italiens bien obligé d’ouvrir sa caisse devant la Patti. Quelle est la serrure qui résiste au rossignol ?

La coiffure du lampion pouvant joindre l’utile à l’agréable.

— Ma chère, ils vont faire du spiritisme là-dedans ; parait que le fauteuil de M. Camille Doucet va parler et qu’un autre fauteuil va lui répondre.

Soulouque profitant de son séjour à Curaçao pour se payer un hausse-col.

— Vous venez pêcher dans les bureaux du journal.

— Oui, m’sieu, à cause de la taxe. On veut me faire payer 10 francs la ligne, tandis que chez vous c’est cinq sous.