Cham - Albums du Charivari/L’Âge d’argent

Journal le Charivari (5p. 229--).

L’AGE D’ARGENT
Album
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PAR CHAM.

— Dis donc papa, c’est-y la maison d’un costumier ça ?
— Non, mon enfant, c’est tout le contraire ! en sortant
de chez le costumier ce sont les amis qui ont du mal à
vous reconnaître, tandis qu’en sortant de là-dedans
c’est vous qui souvent ne reconnaissez plus vos amis.


À LA LIBRAIRIE NOUVELLE, BOULEVARD DES ITALIENS, 15 ;
ET AU BUREAU DU JOURNAL LE CHARIVARI,
16, RUE DU CROISSANT.
Paris — Imprimerie J. Voisvenel, rue du Croissant, 16

Le tourniquet nécessitant une nouvelle méthode de communication avec son agent de change.

— Le syndicat des agents de change vous paye pour entrer à la Bourse ?

— Oui, grâce à mon poids ! On espère que je casserai le tourniquet.

— Tenez, mon bourgeois, deux places pour voir la Bourse.

— La Bourse ! merci ! pour payer encore au tourniquet. Il n’y a pas de Bourse sans tourniquet.

— Voyons, puisque ta bourse est au service de tes amis, prête-moi cinq francs.

— Mon cher, je n’ai jamais plus de dix-neuf sous dedans, ma femme craint que je n’aille à la Bourse.

— Qu’est-ce que vous cherchez dans le tourniquet ?

— Je vous demandions pardon ! j’avions cru que c’était une table de nuit, excusez !

— C’est affreux ces tourniquets, vous passez dedans et ça marque…

— Quoi donc, ma chère ?

— Votre âge.

— Quelle indiscrétion !

— Docteur, je viens vous consulter pour mon ventre que je voudrais voir diminuer.

— Très-bien ! je vous ordonne d’aller trois fois par jour la Bourse pendant quatre mois.

— À cause de l’exercice ?

— Non, à cause du tourniquet !

— C’est en entrant que l’on doit payer à la Bourse ?

— Parbleu ! en sortant on n’a plus le sou.

EN HIVER.

— Faut-il attendre encore un peu ? Crois-tu qu’il soit entièrement pris ?

— Je crois maintenant que nous pouvons passer. Il me fait l’effet d’être entièrement gelé. Nos vingt sous sont sauvés !

— Voyons, monsieur, il est quatre heures, la Bourse ferme.

— Je vous en prie, plus qu’un petit million et je m’en vais.

— Monsieur, voilà la Bourse qui va finir ! Combien que j’ai gagné ?

— Mais, aviez-vous des actions ?

— Non, monsieur, mais j’avions donné une pièce de vingt sous à la porte.

— Achetons quatre cents chemins, on ne paye pas d’avance.

— Oui, mais c’est vingt sous pour entrer !

— Ah ! diable ! nous ne pouvons pas faire l’affaire alors.

— Toi qui reçois une foule d’adorateurs, tu ferais fortune si tu voulais…

— Les écouter ?

— Non, mettre un tourniquet à ta porte.

Les employés du tourniquet ayant reçu l’ordre de ne pas graisser les ressorts de la machine, afin de rendre l’entrée à la Bourse encore plus difficile.

— Rendez-moi mes vingt sous ; j’avions payé pour voir travailler les agents de change, et ils n’ont rien fait pendant tout le temps que j’avions été là.

Portrait en pied d’un boursier pour l’exposition prochaine.
CONSÉQUENCE DU TOURNIQUET.

— Sortez de la Bourse, s’il vous plaît, pour venir me parler un instant.

— Très-bien, madame, ce sera vingt sous que cela vous coûtera.

— Tu n’y penses pas, mon ami, envoyer ton fils à la Bourse pour faire tes affaires !

— Justement ! c’est un enfant, il ne payera peut-être que demi-place pour entrer.

La ville de Paris se faisant un assez bon rapport en plaçant des tourniquets devant tous les monuments indispensables.

M. GOGO. Vous m’avez fait prendre des actions dans une exploitation de pierre. Où se trouve la carrière ?

LE GÉRANT. Elle n’est pas dans une carrière, elle est simplement dans la vessie d’un de mes amis.

Le financier Castorine, voulant faire manger toute la presse sans exception, porte son dîner à domicile chez les journalistes qui sont retenus chez eux par une cause quelconque.

— Mon bon monsieur Castorine, je n’ai pas dîné !

— Êtes-vous journaliste ? Non, eh bien ! laissez-moi tranquille !

— Le financier Castorine, notre maître, en perdra la tête, avec sa Bourse et ses dîners, il confond tout ensemble ; il m’a dit de lui acheter quinze cents truffes dont deux sous.

LE MAÎTRE D’HOTEL. Pardon, monsieur Castorine, il reste encore un journal à placer, et la table est au complet.

CASTORINE. Bah ! c’est un journal qui a deux avertissements, il ne faut pas se gêner avec lui ; vous le mettrez à la petite table.

Le financier Castorine dégoûté de donner des dîners aux artistes en trouvant sa caricature plein la nappe du dîner.
Le financier Castorine faisant atteler sa table pour aller maintenant faire manger les journalistes de province.
Le financier Castorine donnant à dîner aux astronomes, dans l’espoir de se mettre bien avec la nouvelle planète et de voir épargner son hôtel le 13 juin.
À CAUSE DU CARÊME.
M. Castorine donne relâche aux estomacs de la presse.

— Madame, vous m’avez permis de vous conduire au spectacle ! Puis-je vous offrir encore quelque chose ?

— Mais, monsieur, depuis que j’ai vu la Question d’argent j’accepterai volontiers du 3 %.

Dumas fils mettant un faux nez pour aller acheter de la rente à la Bourse avec l’argent que lui a rapporté sa pièce.

— Quel est ce monsieur si gras ?

— C’est un de nos plus célèbres financiers.

— Et cet autre monsieur si maigre ?

— C’est un de ses actionnaires.

— Monsieur Hume, vous devriez bien aller là-dedans pour faire voir les mains.

— Quelles mains ?

— Celles qui sont dans le sac.

— Je vais inaugurer cette ligne de chemin de fer.

— Sans t’informer où elle va ?

— Pourquoi faire ? un chemin qui inaugure va toujours à un buffet, ça me suffit.

— La ligne de chemin de fer que j’ai inaugurée l’autre jour valait mieux que celle-ci.

— Elle était mieux construite ?

— Ça n’est pas cela, le champagne était meilleur.

MADAME GIBOU. Comment ! ils se laisseront mécaniser par une étoile de rien du tout, tandis qu’ils parviennent à faire des trous à la lune, qu’est bien autrement robuste. CHŒUR DES AGENTS DE CHANGE. 500 actions au pair si vous nous laissez tranquilles ! 600, 1 500, 2 000, 3 000 ! le titre d’agent de change honoraire !

— Tu as loué ce costume andaloux ? Mon cher, tu vas te faire une mauvaise affaire avec M. Mires.

— Ah bah !

— Certainement, tu t’es permis de faire, toi aussi, un emprunt espagnol.

Le Crédit mobilier essayant divers travestissements.

— Si vous voulez bien me le permettre, madame, j’aurai l’honneur de vous présenter un de mes amis, un Espagnol.

— Un Espagnol ! du tout, il n’aurait qu’à m’emprunter de l’argent ; on ne voit que cela dans mon journal !

Le chemin de fer russe chargeant à toute vapeur les valeurs qui se trouvent sur la place, espérant ainsi les écraser.
Le chemin de fer romain nécessitant quelques changements dans le tableau de Léopold Robert représentant la campagne de Rome.
CHEMIN DE FER ROMAIN.
L’Apollon du Belvédère approprié à la circonstance.
Vue de Saint-Pierre de Rome et du Colisée pris en chemin de fer, train express. La Corbeille de la Bourse pendant la saison d’été.
Les employés du chemin de fer russe sont déjà entrés en fonctions, ils n’attendent plus que de voir commencer les travaux.
CHEMIN DE FER EN RUSSIE.

— Monsieur, vous êtes prié de descendre pour reconnaître…

— Mes bagages ?

— Non, monsieur, les voyageurs de votre connaissance qui ont été gelés pendant la route.

CHEMIN DE FER ALGÉRIEN.
Arabe manquant le train… avec sa carabine.
Cantonnier du chemin de fer de l’Euphrate ayant des démêlés avec un voyageur des troisièmes classes.
STATION DU CHEMIN DE FER PYRÉNÉEN.
Attendant messieurs les voyageurs.
RÉSEAU PYRÉNÉEN.
Aspect d’un chemin de fer dans les Landes.

— Monsieur, vous pouvez descendre, le chemin de fer pyrénéen s’arrête ici.

— Ah ! saperlotte ! À vous dire le vrai j’en suis bien aise ; j’avais une peur atroce qu’il n’allât plus loin.

LA BOURSE EN 1860.

— Pour aller à la Bourse, s’il vous plaît ?

— Monsieur, vous allez passer à ce tourniquet, qui vous donnera droit d’entrer au second, que vous prendrez pour avoir droit d’entrer au troisième, ainsi de suite jusqu’au dernier, qui vous fera entrer à la Bourse.