Cham - Albums du Charivari/Baigneurs et buveurs d’eau
Ernestine à Vichy !… Tu trouvais donc qu’elle ne
t’en mangeait pas assez, que tu viens encore lui
fortifier l’estomac pour qu’elle t’avale le reste !
— Ma chère, viens donc aux eaux de Néris ; c’est très-bien porté les maux de nerfs cette année. — Tu te trompes, ce sont les maux d’estomac qui sont à la mode dans ce moment-ci ; allons à Vichy. |
— Dites donc, la bonne, vous n’avez pas mis d’eau pour que je puisse me débarbouiller ? — C’est pas la peine, madame va aux bains de mer la semaine prochaine. |
— Les eaux ici sont-elles ferrugineuses, sulfureuses ?… Quelle est leur nature ? — J’y vois Amanda… elles doivent être aurifères ! |
— Que signifie ce travestissement, madame ? — Eh bien puisque tu m’as dit que tu allais me conduire aux bains de mer, j’ai acheté un costume, et je l’ai mis, me voilà prête, partons. |
— Milord, vous prenez vos eaux de Vichy à Bade ? — Oh ! yes, je trouve que Vichy il est charmant à Bade ! |
— Dans quel endroit sommes-nous, brave Badois ? — Monsieur, vous êtes au Lichtenthal, à deux pas de l’ours. — Ah ! mon Dieu, allons-nous-en bien vite avant qu’il nous aperçoive ! |
La musique autrichienne de Bade exécutant une valse allemande. | — Je venais à Baden pour la santé à moâ. — Quelles eaux venez-vous prendre à la trinkhalle, nous y avons de toutes les eaux ? — Eh ! bien alors je vôlais prendre volontiers de l’eau-de-vie. |
À VICHY. Tiraillée entre son baigneur et son valseur. |
— Garçon, veuillez me remettre ma note d’hôtel. — Je la remettrai à monsieur après qu’il aura pris son bain de Vichy. — Je comprends ! afin que je puisse la digérer plus facilement, n’est-ce pas ? |
— Imbécile, tu as avalé un os ! — Dame ! j’ai entendu dire qu’à Vichy on pouvait manger de tout sans que cela fasse mal. |
— Faut-il que tu sois crétin de l’avoir engagé à dîner, mais malheureux ! il arrive de Vichy ! il va tout dévorer dans la maison. |
— Tiens ! vous ne buvez pas votre eau vous-même ? — Ma foi non, elle est trop mauvaise ; je la fais boire à mon domestique. |
À CONTREXEVILLE.
— Allons-nous-en, ma chère, il n’y a rien à faire pour nous par ici avec des hommes qui ont la pierre et qui, par conséquent, sont toujours à calculer ! |
Les eaux thermales perdant de leur efficacité lorsque la pluie les coupe par trop. | À BOURBONNE-LES-BAINS.
— Sergent, quel est le médecin qui vous a envoyé aux eaux de Bourbonne ? — C’est pas un médecin, c’est un grenadier russe pour ce bras-ci et un soldat autrichien pour cette jambe-là ! |
— Comment ! vous voulez aller à Saint-Amand !… mais vous ne savez donc pas que ce sont des bains de boue ! — Qu’est-ce que ça me fait… j’ai l’habitude de la boue… je demeure à Paris dans une rue macadamisée ! |
AUX BOUES DE SAINT-AMAND.
— Comment ! madame veut absolument rester en voiture pour prendre ses bains ?… — Mais, certainement ! je n’ai pas envie de me crotter. |
— C’est un baigneur que j’ai demandé ! — Mais, monsieur, aux boues de Saint-Amand le baigneur est un décrotteur. |
UN NOUVEAU GARÇON DE BAIN.
— Dame ! puisqu’il a des rhumatismes dans la tête, je suppose que c’est comme ça qu’il faut le placer dans son bain de boue. |
DANS LES PYRÉNÉES. Un monsieur revenant de boire ses quinze verres à la source des Eaux-Chaudes. |
Un monsieur profitant des Eaux-Chaudes pour s’y faire la barbe. |
À BARÉGES.
— Tenez, comme c’est, agréable ! voyez la couleur que m’a donnée le bain de Baréges ! — Madame aurait dû me prévenir qu’elle se maquillait avec du blanc de céruse. |
— Il y a des petits serpents dans les eaux de Saint-Sauveur ! — Ah ! mon Dieu ! cherche voir si tu n’en trouverais pas un à sonnettes avec lequel nous puissions appeler le baigneur à notre secours. |
EXCURSION AU PIC DU MIDI.
— Moi qui comptais m’asseoir pour me reposer en arrivant au sommet du pic du Midi ! Merci, que je vais me mettre là-dessus ! |
— Sapristi ! voilà quinze jours que je suis dans le pays basque, et les habitants courent toujours ! Impossible d’en arrêter un pour causer une minute en place ! |
— Mon ami, vois donc ; connais-tu ce baigneur-là ? — Il ne mange pas à mon hôtel. — Allons-nous-en, je crains qu’il ne mange ici ! |
— Pourquoi ne montez-vous pas à cheval dans les Pyrénées ? — J’aime mieux monter sur les chiens, ils sont plus grands. |
AUX EAUX DE LUCHON.
— Mâtin ! je ne t’ai jamais vu si crâne que dans ce pays-ci ! tu insultes tout le monde ! — Il n’y a aucun danger qu’ils bougent, les drôles ! ils sont tous perclus de rhumatismes. |
AUX EAUX DE BAGNOLI (NAPLES.)
— Ciel ! un brigand qui s’est caché au fond de ma baignoire ! |
— Eh bien ! vous êtes poli ! c’est pour moi que vous vous tenez ainsi ? — Ne faites pas attention, c’est une habitude que j’ai contractée aux bains de Baréges. |
RETOUR DES EAUX DE FORGES.
— Ah ! mon Dieu ! à qui tous ces moutards ? — Mais à toi, mon ami, les eaux de Forges font des miracles ! |
À AIX (EN SAVOIE.)
— Ventrebleu ! baigneur ! faites-donc attention, vous me raclez le dos trop fort. — Excusez, mon bourgeois ! c’est que, voyez-vous, dans ma jeunesse j’ai été ramoneur ! |
— Il n’y a que les sources françaises qui me fassent du bien, aussi je ne viens à Aix en Savoie que depuis l’annexion. |
— Ventrebleu ! vous ne me donnez seulement pas le temps de me déshabiller ! — Oh ! monsieur, ça n’en finirait plus, alors ! Je n’aurais pas le temps de doucher les autres, faut que je me dépêche. |
Terreur d’un baigneur qui sort d’un bain térébenthiné à la vue d’un monsieur qui s’approche de lui le cigare allumé à la bouche.
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AUX EAUX DE BARBOTAN.
— Monsieur, veuillez je vous prie vous tenir tranquille dans la Piscine ! — Monsieur, je suis à Barbotan, c’est pour barboter. |
À LA PISCINE DU MONT-DORE (AUVERGNE.)
— C’est une horreur ! je ne me baigne pas avec les messieurs ! — Fouchtra ! en Auvergne n’y a ni hommes ni femmes, touches auvergnats ! touches dans la même baignoire ! |
À MARIENBAD. Inconvénient de prendre un bain d’acide carbonique trop chargé. |
Les eaux de Sedlitz. |
Fausse interprétation du traitement de Cauterets. | — Tu crois, ma chère, que les bains sulfureux te feront maigrir ? — Mais, certainement ! c’est avec du soufre qu’on fait les allumettes ! |
— Qu’est-ce que cette vieille bavarde est venue faire à Cauterets ? — Parbleu ! elle est venue y faire des fagots ! |
— Comment ! tu reviens d’Hombourg avec un ventre pareil ? — Hélas ! j’ai eu l’imprudence de le mettre sur un numéro qui est sorti, et j’ai gagné trente-six fois ma mise ! |
— Comment, malheureuse ! tu n’as pas eu honte d’aller te baigner avec un cuirassier ? — Mon ami, le médecin m’a ordonné des bains d’eau ferrée. |
Un monsieur indiscret abuse de ce qu’une dame sort d’un bain ferrugineux pour la faire venir à lui au moyen d’un morceau d’aimant.
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— Monsieur, je vais commencer par y aller doucement, j’arriverai graduellement… — À m’assommer ! |
— Je vois la douche qu’il faut à monsieur ! Monsieur besoin qu’on lui remonte les nerfs ! |
— Je vous donnerai quelque chose avant de partir ; mais, je vous en préviens, vous ferez en sorte qu’elle ait un autre goût que ça, votre eau de source. |
À WIESBADEN. Ces eaux sont légèrement excitantes. |
— Monsieur le chef d’orchestre, elle n’est donc pas à deux temps la valse que vous jouez là ? — Non, mademoiselle, nous avons beaucoup de rhumatisants ; nous sommes obligés de jouer une valse à trente-quatre temps pour qu’ils aient celui de tourner. |
— Je vais prendre un bain ! faut-il demander un peignoir ou des serviettes ? — C’est inutile, tu iras simplement faire un tour au salon de conversation ; tu seras promptement à sec. |
LES EAUX DE SEINE.
— Il y a trop de monde dans votre bain ! — Oui, monsieur, aussi ceux qui vont au fond, nous les y laissons pour faire de la place ! |
— Caroline qui vient de couler, faut avertir le maître nageur ! — Ce n’est pas la peine, cette fille-là remonte toujours sur l’eau. Ainsi, cet hiver elle n’avait plus le sou ; un mois après elle roulait sur l’or. Je ne crains pas pour elle, n’y a pas de danger. |
CONVERSATION SOUS-MARINE.
— Vous ne remontez pas ? — Ma foi, non, j’ai reconnu un de mes créanciers dans le bain ! |
— Vous ne repêchez pas ce baigneur qui vient de couler au fond ? — Monsieur, je désire qu’il ait le temps d’admirer le fond de bois de notre établissement ! Un travail superbe, monsieur, faut voir ça ! faut voir ça ! |