Cham - Albums du Charivari/Allons-y gaiement
LA VITRINE À L’EXPOSITION.
— Attends voir, Dumanet, je te vas dire tout de suite, si ces payses sont z’en bois. |
— Viens donc, t’auras bien le temps de voir ça après l’Exposition. |
ÉCOLE PRIMAIRE DE VILLAGE.
— Les parents ayant la fâcheuse habitude de ne pas y envoyer leurs enfants, l’architecte a jugé inutile de mettre une porte d’entrée. |
PLATS GENRE PALISSY DE PULL.
Pour dégoûter du manger les personnes ayant une tendance à l’embonpoint. |
PORTE D’ANVERS.
— Plus souvent que j’irais demeurer avec mes filles dans une maison où les portiers ne seraient pas vêtus plus que ça ! |
— Nous voudrions bien voir fonctionner votre machine. — Passez votre chemin, imbécile ! c’était bon avant la distribution des récompenses. |
Le monsieur myope qui a été fourrer son nez dans la machine à fabriquer la dentelle. |
— Regarde ; voilà l’isthme de Suez venu à Paris pour voir l’Exposition. Quel succès pour la France ! |
— On ne s’assoit pas dans mon arithmomètre ! — Mais, monsieur, le calcul que je veux vous soumettre est dans ma vessie. |
Se sentant blessés, tous les médaillés de bronze vont se réfugier dans les voitures d’ambulance du colonel de Breda. |
Perruque imitant la nature, avec loupes pour compléter l’illusion. |
— Cocher, vous allez me conduire à l’Exposition. — T’es marié ? Tu n’as rien à faire dire à ta veuve ? |
S’apercevant que la paix universelle n’est qu’un poisson d’avril, le congrès choisit un lieu de réunion approprié à la circonstance. |
— Mon pauvre vicomte, c’est bien triste de n’avoir plus de but dans la vie ! |
— Vous venez m’emprunter de l’argent ? Désolé, cher monsieur, ma caisse a fermé le même jour que la prison de Clichy. |
— À Clichy, j’avais un factionnaire à ma porte, comme un colonel, tandis qu’aujourd’hui, rien ! Quelle chute ! |
UNE CURE.
— Trente mille tonnerres ! levez-vous de suite, sinon je f… le feu à votre cambuse ! |
— En temps de paix, je fais quitter les béquilles, en temps de guerre je les fais prendre. |
— Vous ne faites rien prendre à l’intérieur ? — Les drogues, ça m’est défendu ; mais, comme zouave, je puis vous introduire mon sabre dans le ventre. |
Les médecins obligés de s’habiller en zouaves pour inspirer désormais de la confiance à leurs malades. |
— Pardon, gendarme, je vous ai envoyé chercher parce que j’ai plus de confiance en vous que dans les zouaves pour arrêter ma maladie. |
— Ah ! mon Dieu ! dans quel état tu reviens ! — J’ai pas pu marcher sans mes béquilles, il a cru que j’y mettais de la mauvaise volonté, et il m’a administré une bonne raclée. |
— Comme si qu’il n’y avait que les zouaves ! Vous allez obéir aussi à la ligne et quitter vos béquilles tout de suite, sinon que nous considérons la chose comme un affront. |
— Si le trombone guérit les rhumatismes, que pourrais-je bien guérir, moi, une grosse caisse ? Parbleu ! les maladies de peau. |
— Comme tu es poli avec les zouaves ! — Dame ! on ne sait pas, on peut avoir des rhumatismes ! |
— Je vous avais défendu de recevoir des militaires dans votre cuisine pendant mon absence. — Oh ! madame, pendant l’absence de madame je l’ai reçu dans le salon. |
— Mais où avez-vous fait vos premières cures ? — Mais j’ai d’abord commence en Crimée, où j’ai fait marcher les Russes, puis en Italie où j’ai fait marcher les Autrichiens. Alors je me suis dit : Je peux faire marcher tout le monde. |
— Chère amie, je reviens des eaux, guéri de mes rhumatismes. — Quel ennui, je ne saurai plus maintenant quand le temps va changer ! |
— M’man, le proviseur m’avait confisqué ma pipe. — Il te l’a rendue ? Quelle horreur ! — Oui, m’man, parce que je lui ai dit qu’elle était à toi. |
PRÉOCCUPATION GÉNÉRALE.
— Msieu ! m’sieu ! — Qu’est-ce que c’est, polisson ? — M’sieu, croyez-vous à la guerre ? |
— Quel bonheur, tout l’argent de papa qui était placé en actions, il n’a plus le sou pour me remettre au collège. |
PEU RASSURANT POUR LES PARENTS QUI VIENNENT À PARIS METTRE LEURS ENFANTS AU COLLÈGE.
— Oh ! la, la, maman, si on allait me couper la tête aussi ! |
La rentrée des classes évitant à la ville l’emploi du rouleau sur les voies avoisinant les lycées. | EN VACANCES.
— Mon ami, si nous faisions un peu de latin ensemble ? — Oui, m’sieu, attendez une minute que je vous fasse une petite place sur cette branche, elle n’est pas très-solide, mais ça ne fait rien. |
— Charles, qu’as-tu donc à pleurer ? — Hi ! hi ! c’est humiliant ; un passant, me voyant habillé en collégien comme le petit mendiant, vient de me glisser un sou dans la main. |
— Mais c’est une horreur ! ce n’est pas mon fils que vous avez vu jouant de la harpe dans les rues. C’est son costume de collégien qui vous trompe. |
— Ne faites pas attention, mes enfants sont en vacances, toutes mes chaises sont déjà cassées. |
— Tu te couvres la figure pour aller chercher un fiacre ? — Pour m’assurer la politesse du cocher ; il me prendra pour l’homme masqué qui tombe les athlètes. |
L’homme masqué s’avance un peu trop en acceptant une prise de tabac. |
L’HOMME MASQUÉ.
— Ah ! saperlotte ! ma femme a l’air de le reconnaitre ! Et pourtant on ne lui voit pas la figure. Connaitre un monsieur tant que ça : c’est pas amusant pour moi ! |
AFFREUX À VOIR.
Aïssaouas passant sa langue sur des charbons ardents et autres choses brûlantes. |
REPRÉSENTATION DES AÏSSAOUAS.
— Mosir, faire l’honneur de mangier charbon ardent avec moi ? — Ne refuse pas, mon ami, il trouverait peut-être cela malhonnête. |
— Qu’est-ce que tu fais donc là, Charles ? — M’man, je me chauffe les mains, il vient d’avaler des charbons ardents. |
— Satané Aïssaouas, je le mène au café et il m’avale une glace de Saint-Gohain de la valeur de 3 000 francs. |
L’avaleur de sabre profite des querelles entre journalistes pour se garnir le ventre. |
RETOUR AU PANTALON.
— Quelle chance ! j’avais des gigots, on vient de me rendre des jambes. |
— Plus qu’un rang de boutons entre lui z’et moi ! mais où allons-nous, grand Dieu ! où allons-nous ? |
— Brosseur, il n’y a plus un bouton à mes chemises. — Dame ! capitaine, c’est le moment des grandes manœuvres pour les boutons. Le gouvernement les met sur deux rangs, et les blanchisseuses les envoient en tirailleurs. |
Les inspecteurs de l’Université, trompés par l’uniforme, les interpellent en latin pour leur reprocher leur conduite. |
— Tu joues ce morceau d’un ton trop haut. — Jamais trop haut ! Je l’ai joué l’autre soir sur l’impériale d’un omnibus. |
— Dis donc, ton petit crevé n’a pas l’air de s’amuser à Peau d’Âne. — Je crois bien, on joue sa peau. |
Que se serait-il donc passé, mon Dieu ! s’ils avaient tenu un congrès de la guerre ? |
Désolé d’arriver trop tard pour donner, lui aussi, sa note comme pacificateur. |
— Votre client ! C’est la première fois que je le vois à Paris à cette époque de l’année. — Hélas ! je n’ai pas pu lui faire faire sa saison à Clichy. |
— Ah ! mon Dieu ! un homme qui s’introduit dans ma chambre ! — Pardon, madame, je suis chroniqueur en voyage. Vous n’auriez rien à me raconter ? |
— De retour ? Eh bien ! vous êtes-vous amusés à Bade ? — Nous sommes restés couchés tout le temps pour tâcher de rêver un numéro. |
— La somme que vos abonnés ont votée pour la statue de Campistron n’était pas suffisante, je n’ai pu exécuter que le piédestal. — Cela suffit, c’est moi qui monterai dessus. |
— Arrangez-vous de façon à ce que le grand homme auquel je fais élever une statue me ressemble. |
— Je ne peux pas, cher ami, le pain de seigle a augmenté. |
Venant s’assurer s’il n’aurait pas aussi changé son armement. |