Cham - Albums du Charivari/Promenades au Jardin d’acclimatation

Journal le charivari (2p. 187--).


Promenades
Promenades

AU

JARDIN D’ACCLIMATATION

par Cham
par Cham

— Comme elle est triste, c’te pauvre bête !
— Je crois bien, il ne lui reste plus que sa cuiller !
Quelque misérable lui aura volé sa fourchette !



Paris
Paris
MAISON MARTINET
172, rue de rivoli, et rue vivienne, 41
Les tourniquets de la place de la Bourse transportés au Jardin d’acclimatation pour y rétablir leur santé fortement compromise.
Cacatoès offrant leurs services à l’entrée du Jardin d’acclimatation aux personnes qui désirent un interprète pour causer avec les animaux.
UN GARDIEN, ANCIEN MILITAIRE.

— Huit jours de salle de police, pour abandon de ton poste !

Tous les jeudis, au Jardin d’acclimatation, conférences pour les jeunes avocats qui désirent apprendre à parler.
Miroirs sphériques destinés à corriger les personnes qui ont la manie de se regarder constamment dans une glace. De la difficulté de se rendre bien compte de la physionomie de certains canards dont l’éducation laisse à désirer.
LES CANARDS POLONAIS.

— Quelle horreur ! ils ne peuvent plus tenir sur leurs jambes, ces canards-là… tous ivres-morts !

— Parbleu ! ils sont polonais !

— La séquoia gigantesque de la Californie, s’il vous plaît ?

— Faites donc attention, vous allez marcher dessus !

— Viens donc, au lieu de rester auprès de cette oie rieuse !

— Mais laisse-moi donc tranquille ! on s’imaginera que c’est moi qui lui ai dit quelque chose de très-spirituel.

Le Jardin d’acclimatation cherchant à propager le canard armé. Comme ce sera agréable pour les chasseurs !
PASSAGE DE LA GROTTE
Les enragés ! Comme si le tourniquet ne leur suffisait pas !
Aspect de la ville de Paris, lorsque les propriétaires auront adopté l’ingénieux système exposé au Jardin d’acclimatation pour faire monter l’eau dans les maisons.

— Gardien, l’autruche vient d’avaler mon chapeau !

— Madame, il faut que vous alliez l’attendre de l’autre côté ; elle va vous le rendre tout à l’heure.

— Sapristi ! la grande Pénélope qui s’est pris le bec dans le nœud de ma cravate !

— Attends à ce soir ; Pénélope défait la nuit ce qu’elle fait le jour.

— C’est dégoûtant ! vois donc comme le zèbre m’a mordu !

— Dame ! ça l’ennuie d’être seul de son espèce ; il a voulu te zébrer aussi !

— Ah ! sapristi ! qu’est-ce qu’il a donc après moi, le zèbre ?

— Pardi ! avec tes brandebourgs, il te prend pour un pays !

Poursuivant M. Mélingue, parce qu’il lui a pris son rôle dans le Bossu.

— Pas possible ! il faut que tu lui aies dit quelque chose ?…

— Je l’ai appelé Mayeux !

Le Yack, — dont toute la force réside dans son odeur.

— Ils devraient bien ouvrir les grilles, pour donner de l’air ; ça sent bien mauvais, par ici !

Nouvelle espèce de rat pour la destruction des chats. — Reste maintenant à inventer un nouveau chat pour manger les nouveaux rats.

— Il est tellement rat, qu’il s’entête à se promener dans le même petit coin, dans la crainte qu’on ne lui fasse payer le terrain.

CHEVAL JAVANAIS.
Ou cheval de poche, pour les personnes qui désirent se soustraire à la taxe.
Douanier ouvrant la malle du propriétaire d’un cheval javanais.

— Je m’ennuie, à la fin, de cet animal de kangourou ! il a l’air de me prendre pour un pauvre ; il met la main à la poche chaque fois qu’il me voit !

— Comme si elle n’était déjà pas assez haut sur ses pattes, sans aller encore se percher sur la haute Égypte.

— Ah ! sapristi ! qu’est-ce qu’il a donc après moi, ce canard mandarin ?

— Parbleu ! il est furieux ; tu as la médaille de Chine !

M. Stanislas Julien, le célèbre professeur de chinois, se précipite dans la mare des canards mandarins pour aller traduire ce qu’ils ont sur le dos.

— Oh ! Goddam ! cette autruche été une impertinente ! elle faire la parodie de la manière de marcher du femme à moâ !

— J’ai oublié de lui acheter deux sous de pain de seigle. Bah ! ces bêtes-là ont un si bon estomac ! je vais lui faire avaler la pièce de deux sous, cela reviendra au même.

M. Biétry obligé de s’exercer à la course pour être à même d’apposer sa marque de fabrique sur les nouveaux lapins cachemires.
La découverte du lapin cachemire forçant les fabricants de châles à ménager la chèvre et le chou.


— Qu’est-ce que vous faites donc là, madame Barbanchu ?

— Je m’exerce à me tenir comme c’te bête ; je dépenserai moitié moins de chaussure !

— Je te dis de regarder marcher celle oie et tu me regardes l’œil ?

— Dame ! c’est que j’y vois la patte d’oie.

— Grand Dieu ! le petit malheureux n’a pas lâché son pain de seigle à temps ! nous allons lui descendre tous les trois dans l’estomac !

LE LIBRE ÉCHANGE AU JARDIN D’ACCLIMATATION.

— Je t’ai payé un pain de seigle ; tu vas me donner une plume pour mon chapeau !

LE PÉLICAN DÉVORE SES FLANCS POUR NOURRIR SES ENFANTS.

le mari (à part). — Quelle chance que ma femme n’ait pas été pélican, tous mes enfants seraient morts d’indigestion !

LA POULE HUPPÉE.

— Tiens ! on dirait qu’elle attend quelqu’un ?

— Ça ne peut être que son coiffeur.

PROMENADE DE NOCE AU JARDIN D’ACCLIMATATION.

Le marié devient soucieux !

— Monsieur, qu’est-ce que vous donnez au grand lama ?

— Je lui donne ma carte ; il m’a craché à la figure !

LE CORMORAN.

— Tu crois que le cormoran sort de table ?

— Mais certainement ; tu ne vois donc pas qu’il se promène avec son rince-bouche !

Le Jardin d’acclimatation prenant toutes ses mesures pour que le flamant puisse résister aux rigueurs de l’hiver.

— Lolo, pourquoi pleures-tu à la vue de ce mouton nain ?

— Hi ! hi ! c’est qu’il n’y aura pas assez à manger ! Hi ! hi !

— Qu’est-ce qu’il nous veut donc, ce canard domestique ?

— Pauvre diable ! il demande probablement que nous lui cherchions une place.

— Mon ami, ne t’en occupes pas avant d’avoir vu ses certificats.

LA SERRE CHAUDE.

— Adolphe ! qu’est-ce que tu as donc à crier ?

— Maman ! c’est cette vilaine plante ; j’ai peur qu’elle ne me morde !

À L’AQUARIUM.

— Dis donc, ma bonne, qu’est-ce que c’est donc qu’un aquarium ?

— Parbleu ! c’est le théâtre Guignol des poissons.

— Ma femme qui a la rage de me faire faire maigre ; je ne serai pas fâché de la dégoûter du poisson.

Excellents résultats obtenus pour l’acclimatation des goujons ; poissons inconnus jusqu’ici en France. Prochainement la fermeture pour cause de décès.

— Le cerf d’Aristote !… faut-il qu’il ait peu de cœur, pour gambader comme ça, tandis que ce pauvre cher homme d’Aristote est mort !

— Mon ami, est-il vrai que cela fait mourir de regarder la tête de l’Antilope Gnu… Pline l’a dit !

— Il n’y a pas de danger ! il ne faut pas écouter ces bêtises-là !

Notaire attaché au Jardin d’acclimatation pour y rédiger le testament des personnes qui ont envie de regarder la tête de l’Antilope Gnu dont la vue fait mourir.
Moyen bien simple pour neutraliser les dangereux effets du regard.

— Tiens ! z’une fabrique de pompons !

— Parbleur ! c’est pour l’infanterie de marine.

— Mais ôte-toi donc de là ! tu vois bien que tu leur fais peur ! ils te prennent pour une baleine !

— Quelle horreur ! des vrais hommes, ma chère ! les gros qui dévorent les petits !

— Vois donc, papa, toutes ces démolitions dans l’intérieur de l’aquarium ! est-ce que les poissons vont avoir des boulevards ?

— Le tapir ! c’est l’ambition, qui l’a défiguré ! Il voulait passer éléphant, et il n’a jamais pu pousser les choses assez loin pour y arriver ; c’est bien fait !

— Tiens ! ils se boudent donc, les frères Girot ?

LA SERRE CHAUDE.

— Maman, Laisse-moi lui acheter un pain de seigle, à cette plante ?

— L’antilope Nigaud ! je crois bien ! cette imbécile-là ne sait seulement pas où ce qu’on porte sa barbiche !