Cham - Albums du Charivari/Album à aiguilles
— Mais, sargent, pourquoi faire des fusils à aiguille ? — Pourquoi qu’il y aurait pas des aiguilles, du moment qu’il y a des feux de file. |
— Ôte-toi donc de là ! je suis en train d’enfoncer le fusil prussien. Il n’a qu’une aiguille et j’en ai mis tout un paquet dans le mien. |
À L’ÉTUDE. Un arrosoir à balles. Que la guerre ce sera comme un vrai bouquet de fleurs. |
— Mais, sargent, le fusil à aiguille, ça va devenir une rage ! — Imbécile, ça peut pas devenir une rage, du moment que le fusil n’a pas de chien. |
LES POLITIQUEURS. — Si nous avons la paix, que feront ces fusils avec leurs aiguilles ? — Mais ils piqueront la curiosité. |
Madame Ponce-Pilate. |
— Imbécile ! tu arroses aussi le buste du colonel ? — C’est pour lui rafraîchir la mémoire, il m’a promis de me porter pour la médaille. |
— Quelle horreur ! ton fusil dans ma boite à ouvrage ! — Certainement, il est à aiguille. |
— Mais ce n’est plus un champ de bataille, c’est un atelier de couture ! des fusils à aiguille et des dés à coudre ! |
Après le fusil à aiguille, la balle-ciseau et ainsi de suite jusqu’à ce que toute la boîte à ouvrage y ait passé. |
Les brodeuses attachées désormais aux écoles de tir comme les meilleurs juges pour les travaux d’aiguille. |
— Pourquoi ne pas profiter également du fusil à aiguille pour lui faire donner l’heure ? |
— Je viens m’adresser à votre bureau de placement. — Pas le temps ! Faut que tous ces princes allemands passent avant vous, ils sont sans places aussi. |
— La bourse ou la vie ! — Pardon, monsieur, est-il à aiguille ? c’est que mon amour-propre serait sauvé ! |
— Pourquoi que le colonel nous fait jouer du Wagner pendant la bataille ? — Afin que les soldats ne supposent pas que les balles sifflent pour eux. |
— Pourvu que le portier ne laisse plus monter personne ! |
— Cher ami, enchanté que les choses se soient arrangées ainsi à l’amiable. |
— Bourgeois, vos lits sont durs, vous exposez la ville aux dernières sévérités. |
— Comment se fait-il que mes porcelaines de Saxe soient cassées ? — Madame n’ignore pas qu’on s’est battu de ces côtés-là ! |
— Votre bière de Bavière ne mousse pas ! — Je crois bien ! après tout ce qui se passe chez elle, si vous vous imaginez qu’elle va faire sa tête ! |
L’ÉCHÉANCE.
— Allons, il n’y a plus moyen de le renouveler, ce billet, il faut le payer cette fois. |
— Moi, vois-tu, avec une épingle comme cela, je me fiche des aiguilles. |
— Monsieur Babinet, vous avez eu une discussion avec notre télégraphe transatlantique. — Nous avons eu des mots ensemble. — Oui, monsieur. À 25 francs le mot, voici votre note. |
RÉFLEXION D’UN BON CŒUR.
— Le fusil à aiguille, c’est encore rien qu’on s’en serve pour la guerre ! Mais ce qui fait frémir, c’est de penser qu’on peut s’en servir un jour pour la chasse. |
— Mon ami, que savez-vous sur l’Amérique ? — Merci, si c’est moi qui doit répondre, c’est pas la peine d’avoir un câble transatlantique. |
— Dis donc, mon chéri, tu devrais me négocier cette valeur. — Ça une valeur ? c’est une vieille dépêche du câble transatlantique. — Justement, chaque mot a une valeur de 25 francs. |
— Que signifie… la dépêche est datée de Chien ? — Oui, monsieur. Chien pour Terre-Neuve, cela économise un mot de 25 francs. |
— J’ai cru que c’était 25 francs le mot ? — Oui, monsieur, mais vous envoyez des injures ; les gros mots se paient double. |
— Que t’es bête ! il n’y a rien d’humiliant, au contraire ; le nouveau monde et l’ancien sont fiers d’avoir pu se mettre dans notre position. C’est notre câble transatlantique. |
— Voici la bouteille d’huile de foie de morue que madame m’a dit de lui acheter. — Elle est de quatre francs ? — Oui, madame, et j’ai fait télégraphier à Terre-Neuve pour savoir si elle est bien fraîche, ça fait 404 francs. |
Neptune profite du câble transatlantique pour faire du trapèze, l’exercice de la voiture lui devenant impossible, depuis qu’il a mangé ses chevaux pour faire comme tout le monde.
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— Vingt-cinq francs le mot ! que dépêche monsieur ? — Je me dépêche de m’en aller. |
— Monsieur est allé au télégraphe transatlantique causer avec l’Amérique. — Ah ! mon dieu, vingt-cinq francs le mot ! et mon mari est bavard, nous sommes ruinés ! |
— Monsieur, auriez-vous l’obligeance de casser le carreau et tirer la sonnette d’alarme. Vous avez une figure qui ne m’inspire aucune confiance. |
LA SONNETTE D’ALARME.
le conducteur, arrêtant — Pourquoi sonnez-vous ? le voyageur. — Ne faites pas attention, je suis acteur, je répète mon rôle du Sonneur de Saint-Paul que je vais jouer en province. |
— Pourquoi avez-vous agité la sonnette ? — Je rêvais que j’étais maitre-d’hôtel, je sonnais le dîner. |
Tout le monde mettant aussitôt la tête à la portière, tirez la sonnette d’alarme afin de savoir si vous avez des figures de connaissance dans le train.
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— Pourquoi sonnez-vous ? — Il va faire de l’orage et chez nous on a l’habitude de sonner les cloches ! |
— Ah ! mon dieu, voici un accident ! — Je ne crois pas, madame, nous aurions été prévenus par la sonnette d’alarme. |
— Avant de le tirer, faut que je relise mon journal pour voir s’il n’est pas compris dans l’armistice. |
Pourquoi n’enverrait-on pas au camp de Châlons des jeunes diplomates qui s’exerceraient à s’interposer entre des armées belligérantes ?
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(Traduit du lapin) — Pour lui c’est fini ; pour moi ça commence ! et pas de puissance médiatrice pour me tirer de là ! |
Le camp de Châlons amenant le tambour-major à déplorer ce que la nature a fait pour lui. | — Tu es censé l’ennemi. — Toi la France alors ? Comme elle est généreuse, tu vas me payer la goutte. |
— Vous désirez la croix du 15 août. Mon dieu, monsieur, c’est bien simple, je vais vous donner la recette. — Vous n’en auriez pas une plus simple que celle-là ? |
— J’ai gagné la montre ! ousque sont donc les aiguilles ? — Que t’es bête ! elles sont en Allemagne, à faire la guerre. |
Retour de la fièvre du mois d’août. | — T’as pas la croix ! mais ta femme te reste. — Justement ! une croix m’aurait consolé de l’autre. |
— Présentez-lui donc les armes ! il a la croix. — Je ne la vois pas. — Elle est au Moniteur. |
— C’est moi que j’ai dégraissé le mat de cocagne ! je pourrais être utile à madame. |
— Mais c’est une horreur ! elle n’avait pas ces manières-là avant que son frère le collégien vînt en vacances ! |
— Le premier lundi d’octobre, si ça pouvait donc tomber un dimanche, ça nous ferait un jour de vacances de plus. |
— Monsieur, accordez-lui le prix de piano ; si vous saviez comme il a travaillé à la maison ! quatre locataires en sont devenus fous. |
— Mon bon ami, tout est à la paix ! — Oui. merci ! On voit bien que vous n’avez pas des collégiens en vacances chez vous. |
— Papa, à mon collège, j’ai l’habitude d’être levé à cinq heures ! Je ne veux plus que tu dormes, vient faire une partie de balle. |
— En dehors du grec et du latin que vous lui montreriez pendant ses vacances, comme cet enfant sera seul avec vous à la campagne, je vous demanderai si vous êtes fort aux billes et au cheval fondu. |
— Tu as eu le prix de dessin pour cette tête ? Mais elle n’a pas d’yeux ! — La maîtresse de pension ne veut pas que nous fassions l’œil. |
— Voyons, mademoiselle, vous n’avez plus à être jalouse de votre frère. Vous avez eu aussi votre distribution de prix ! — Hi hi ! il n’y avait pas de discours latin comme à lui. |
— Mais travaille donc, au lieu de lire le journal… Tu n’obtiendras jamais une bourse à la rentrée. — Si, maman, je serai boursier, je pioche le cours de la Bourse. |
NE VOULANT PAS ROUGIR DEVANT LEURS ENFANTS.
— J’ai parfaitement compris le discours latin, madame votre mère aussi. Vous remercierez votre professeur de la charmante matinée qu’il nous a fait passer. |