Cham - Albums du Charivari/En Pologne

Journal le charivari (2p. 155--).


EN






— Mais allez donc les séparer !
— Oh nô ! il faisait trop froid maintenant pour
sortir les mains des poches à moâ !




MAISON MARTINET
72, rue de rivoli, et boulevard des capucines, 12
Le Phœnix renaissant de ses cendres.
DÉMOLITION POUR CAUSE D’UTILITÉ PUBLIQUE.

— Gare là-dessous !

— Grand Dieu ! la Vérité ! ne la laissons pas passer, nous serions perdus !

Tâchant de se diriger au milieu d’un brouillard.
Voulant marcher en avant en s’appuyant sur le traité de 1772.

La Prusse. — Mon amie, je ne puis plus vous caler ; l’opinion publique est trop contre moi !

La Russie. — Ah ! sapristi ! je suis perdue !… On va s’apercevoir que je ne suis pas solide sur mes jambes !

LA SITUATION.

— Mon brave Moscovite, vous le voyez, vous avez tout intérêt à ne pas me faire reculer !

DERNIÈRE DÉPÊCHE RUSSE.
« Nous avons le dessus ; le Polonais est terrassé ! »

Le Cosaque. — Par saint Nicolas ! je crois que j’aimerais encore mieux prendre part à la souscription qui doit lui acheter un fusil !

— Ma chère, il faut changer de vêtement ; celui-là ne vous garantit plus de rien !

— Mais ce sont des enragés ! ils l’ont donc tous lu, ce fameux discours !

— Sont-ils bêtes, ces Polonais ! À quoi diable cela peut-il servir, des mécaniques comme ça !

À VARSOVIE.

— Ces brigands de Polonais, à force de m’agacer, me feront mourir !

— Cher ami, j’ai prévu le cas ; aussi, j’ai acheté une jolie robe rose pour porter ton deuil ; tu as défendu le noir.

— Misérable ! tu cires mes bottes avec du blanc d’Espagne !

— Mais puisque monsieur a défendu le noir !

— À l’amende ! le deuil est défendu !

— Tu vas conduire ce malade à la citadelle !

— Mais, général, il n’est pas habillé en noir…

— Il a une médecine noire dans le ventre, cela me suffit !

Se démenant contre l’horizon politique qui, en dépit de ses ordonnances, s’est mis en noir.
L’ordonnance concernant les lanternes mettant le gouverneur dans la nécessité de faire d’abord comprendre à ses soldats la différence qu’il y a entre des vessies et des lanternes.

— Nourrice, vous allez me suivre à la citadelle !

— Mais, j’ai une lanterne et mon nourrisson aussi

— C’est possible, mais la poupée de votre nourrisson n’en a pas !

Le gouverneur se promenant le soir éclairé intérieurement d’après le système Godillot, afin de donner l’exemple aux habitants de Varsovie.
Le Patron de la Pologne obligé d’avoir sa lanterne tout comme les autres.
Regrettant son décret des lanternes en reconnaissant que cela pourrait bien leur tenir chaud pendant l’hiver.

— À la citadelle, misérable !

— Mais j’ai une lanterne !

— Une lanterne comme chiffonnier ; mais il t’en faut encore une autre comme Polonais !

— Par saint Serge ! voilà plus d’une heure que je crie après votre lanterne, qui n’est pas allumée !

— Cela ne m’étonne pas ! c’est une lanterne sourde.

LE POLONAIS MALGRÉ LUI.

Palmerston. — Que m’apportez-vous là, monsieur John Bull ?

John Bull. — Un costume polonais.

— Mais, mon ami, la Politique…

— Endossez le polonais.

— Mais…

— Allons, je vois qu’il faut vous aider à le mettre.

— Monsieur John Bull, la Pologne sonne à votre porte.

— Laisse-la sonner ; apporte-moi encore du bois !

— Les objets chauds sont interdits en Pologne.

— Ce n’est pas une raison pour prendre ma montre !

— Si fait, je la considère comme bassinoire.

La Prusse ayant voulu mettre le doigt entre l’arbre et l’écorce.
Le président des États-Unis faisant faire un tour de promenade à l’amiral russe pour lui faire voir les produits du pays.

— Comment faites-vous donc pour vous entendre ? Vous voulez qu’on traite les nègres comme des blancs, et lui traite les blancs comme des nègres !

— Eh bien, nous cessons de nous battre ?

— Il n’y a plus de plaisir, on ne nous regarde plus ; tout le monde regarde faire les Polonais !

— C’est pas gentil de s’occuper rien que des Polonais ! nous avions donc oublié ces pauvres petits Circassiens, mon chéri ?

Les nouvelles de Pologne changeant un peu le cours de leurs idées.

— Une idée ! si nous prêtions nos canons aux Polonais ?

— Ma foi ! ce serait peut-être moins bête que de nous en servir contre nous-mêmes !

— Je veux m’en aller, vous abusez de ma personne ! Cela devient stupide, à la fin ! vous serez cause qu’on se dégoûtera complètement de moi ; j’ai mieux à faire ailleurs !

Le Nord et le Sud finissant par tomber d’accord sur un point.

— Bonhomme Hiver, j’ai déjà eu recours à toi en 1812 ; tu me reconnais ?

— Je crois bien ! toujours le même.

— Général, d’après vos ordres, tous les vêtements chauds sont arrêtés à la frontière.

— Très-bien ! j’aperçois deux chemises ; c’est très-chaud, deux chemises ! j’interdis l’entrée des chemises.

— Mon ami, la Russie ne désire pas votre mort ! vous pouvez aller chez votre tailleur vous commander des habits de Nankin.

— Ah ! qu’on est donc bien ! quand on pense que les Polonais sont sans couvertures !

Se mettant couturière et marchande de modes afin que les dames de Varsovie soient bien habillées à sa fantaisie.

— C’est décourageant ! en lui défendant les vêtements chauds, je n’ai fait que l’aguerrir au froid ; tandis que moi, je ne cesse de m’enrhumer !

Prenant tous les moyens possibles pour essayer d’en finir avec les Polonais avant le printemps.

— Mon mari Radama n’est pas mort ! se serait-il caché chez vous ?

— Impossible, majesté, le noir y est défendu ?

Cet excellent général faisant fabriquer tous les fonds de chapeaux polonais d’après celui de Bertrand de l’Auberge des Adrets, dans la crainte qu’ils n’aient chaud à la tête l’hiver.

— Cinquante coups de fouet à celui-là ! il n’a pas sa lanterne.

— Vite en Sibérie, le noir est prohibé.

— Mais c’est mon charbon…

— Il ira en Sibérie aussi.

— Le voilà en arrêt, nous tenons les Polonais ! Vite une dépêche à Saint-Pétersbourg pour demander du renfort !

— Sus aux Danois ! aux armes ! Sus au Holstein !

— Je vois ce que c’est ! il vient de se griser avec ça !

— Je suis éreinté ! je viens de fêter l’anniversaire de la victoire de Leipzig.

— Mon vieux, vous avez le temps de vous reposer ; vous n’avez que cette victoire-là à fêter dans toute l’année !

La Saxe et le Hanovre se disputent l’honneur de remplir la mission dont les a chargés la Confédération germanique.

— Gare au Danois ! Méfiez-vous !

— Joseph, un peu de charlotte russe.

— Jamais, madame, jamais ! plus rien de commun entre eux et moi !

— Qu’est-ce que vous venez réclamer ? vous n’êtes pas dans la catégorie des ouvriers cotonniers.

— Dame ! il me semble que la question du servage et de la Pologne me fait filer un bien mauvais coton !

— Et ton Russe ?

— Ma chère, je lui ai donné huit jours pour se faire naturaliser Polonais.

— C’est une horreur ! tu as donné une tripotée à mon Russe !

— Ma chère ! ça fait partie de mon costume !

— Ne mettez pas votre paletot noisette, ou je mettrai ma criméenne.

— Mon brave, vous versez des larmes sur la Pologne ?

— Elle a fait bien autre chose pour nous ! elle a versé son sang !

Ce joujou-là l’ennuie, qu’on lui donne autre chose.

— Mais venez donc ! je la vois parfaitement, la question polonaise ! elle est là dedans ; faut pas la chercher ailleurs !