Cham - Albums du Charivari/La Comédie de l’Exposition. I. Prologue
PROLOGUE
LE PUBLIC ADMIS À VISITER LES TRAVAUX DE LA SALLE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE.
— Pardon, madame, auriez-vous l’obligeance de me tenir ça une minute, que je monte parler à un camarade ? |
— Mais je ne vois rien ? — Un peu de patience, ma chère ! Attends seulement trois mois et tu verras comme c’est curieux, ce que l’on mettra là. |
— Quand on a fait ma photographie j’allais avoir ce petit garçon. — Madame, vous ne pouvez par entrer si vous ne vous mettez pas dans le même état. |
— Du moment qu’il est sur ma photographie, il a le droit d’entrer aussi. Je ne serais plus ressemblant sans lui. |
— Monsieur ! monsieur ! monsieur ! — Je suis à cheval dans ma photographie ! |
Le Charivari propose d’organiser à l’Exposition universelle des entrées de famille permettant de passer tous d’un bloc au tourniquet pour vingt sous. |
— En sus de votre bulletin, voici une pelle et une pioche pour dégager vos bagages en cas d’encombrement. |
— J’ai perdu ma photographie. Voudriez-vous la remplacer sur ma carte d’entrée par mon portrait à l’huile ? |
— Tu viens à l’exposition avec de la couleur sur le nez ! — Faut bien, ma chère, la photographie que j’ai sur ma carte d’entrée a été faite en hiver, j’avais le nez tout rouge. |
— Jaloux pour un monsieur ! Ah ! ben merci ! qu’est-ce que tu diras donc à l’époque de l’Exposition ? |
— Trois enfants ! Je ne m’en connaissais que deux ! — Tu reviens au moment de l’Exposition, lorsque tout a augmenté. |
L’ATTENTE D’UN ÉVÉNEMENT.
— Amélie, tâche qu’il soit beau ; nous l’enverrons à l’Exposition. |
— Ah ! saperlotte ! ma femme qui apprend des langues étrangères en vue de visiteurs qui vont arriver pour l’Exposition. |
— Madame Prud’homme, voici l’Exposition ; on n’aura de considération que pour les étrangers, et j’aime les attentions. |
— Va falloir démolir les fortifications pour la grande Exposition. — Ah bah ! — Mais certainement ; comment voulez-vous que les étrangers arrivent à Paris s’il y a des fortifications ? |
— Estimez-vous encore très-heureux. Tout va augmenter : au moment de l’Exposition vous en recevriez deux. |
SUR LES BOULEVARDS À L’ÉPOQUE DE L’EXPOSITION.
— Monsieur, il faut que vous attendiez votre tour : vous avez le numéro 4326. |
CLASSE DE GÉOGRAPHIE.
— Que savez-vous sur la Chine ? quels sont ses produits ? — M’sieu, je ne vous le dirai pas. Je veux vous laisser la surprise pour quand vous irez voir l’Exposition. |
— Le vilain malpropre ! tu ne changes donc pas de chemises ? — J’attends le moment de l’Exposition. |
— Votre dictée est pleine de fautes ; vous ne voulez donc pas apprendre le français ? — C’est pas la peine ; au moment de l’Exposition ce sera tous étrangers ; le français ne servira à rien. |
— Tu fais le malhonnête ! C’est bon, tu payeras ça à l’époque de l’Exposition ; tu seras à mes pieds et je ne te donnerai pas à manger. |
— Monsieur aime la viande ? Alors faudra venir chez nous. Il y a un chimiste pour le moment de l’Exposition qui nous imitera ça très-bien. |
— Que monsieur commande tout de suite son dîner pour le moment de l’Exposition, s’il ne veut pas attendre ! Nous aurons tant de monde !… |
— Le n° 8 ne veut pas de son beefsteak ; il ne le trouve pas frais. — Mettez-le de côté, il sera trop heureux de l’avoir au moment de l’Exposition. |
— Bilboquet qui comptait ne l’acheter que la semaine prochaine ! Quelle erreur ! plus il approche de l’Exposition, plus c’est cher ! |
AVANT L’EXPOSITION DE PEINTURE.
— Sapristi ! vous deviez m’encadrer mon portrait pour quinze francs, et vous en exigez aujourd’hui trente ? — Colonel, vous savez, on augmente les cadres de l’armée ! |
— Faut que je me serre beaucoup à cause de l’Exposition ? — Certainement ; faudra bien que monsieur fasse de la place ; il y aura tant de monde dans Paris à cette époque ! |
SYSTÈME D’UN CACHE-NEZ NOUVEAU GENRE POUR L’EXPOSITION.
Le cache-nez changeant de localité par suite de l’exiguïté des vêtements d’aujourd’hui. |
— Je m’en suis fait faire une exprès pour l’Exposition. Tu conçois ce que ça donnera, les ordures, dans ce moment-là ! Toutes les nations qui vont s’y mettre ! |
PROJET POUR L’ENLÈVEMENT DES ORDURES SUR LA VOIE PUBLIQUE.
Forcer chacun à enlever ses propres ordures, ou à ne plus les faire (à moins d’y être forcé par la nécessité). |
— Va-t-il y en avoir de ces étrangers à Paris ! Vont-ils en courtiser de ces Parisiennes, et j’en suis une ! |
— Dis-lui donc de se couvrir ! — Où ? J’ose pas ! |
— Voilà pourtant comme je serai si je fais mes affaires pendant les quatre mois d’Exposition ! |
C’est dégoûtant cette Exposition ! les pik-pockets anglais qui viennent dévaliser les voleurs français ! |
Nouveau système pour les patineurs se décidant comme dernière ressource à aller patiner chez Tortoni. |
— Madame se trompe… l’Exposition ne doit pas commencer avant le printemps. |
SYSTÈME DE PATINS.
Recommandé par le Charivari. De cette façon, les patineurs n’auront pas la lumière dans les yeux. |
EXPOSITION DE PATINS.
— Quatre francs de location vos patins ? Hier ce n’était que deux francs ! — Aujourd’hui la glace est moins solide, j’ai plus de chance de ne pas les voir revenir. |
— Vous n’avez pas pu trouver un médecin ? — Impossible, monsieur, ils sont très-occupés dans ce moment-ci à composer de nouvelles maladies pour l’époque de l’Exposition. |
— Mon pauvre mari est bien mal ! — Qu’il se dépêche, ma chère. Voici bientôt l’Exposition, les médicaments vont augmenter comme le reste. |
— Pleure donc pas, imbécile, on t’assomme mercredi ; mais, si t’avais vécu jusqu’à l’Exposition, tu aurais eu l’affront d’être digéré par des estomacs étrangers. |
Henri IV bouchonnant lui-même son cheval pour être présentable à l’époque de l’Exposition. |
Le Jardin des Plantes mettant tous ses animaux en toilette au moment de l'Exposition, quelques-uns offriront des bouquets aux dames. |
— Ah ! grand Dieu ! j’aurais dû m’y attendre, au moment de l’Exposition universelle ! Voilà Zémire qui va faire la connaissance d’un Danois. |
EXPOSITION.
Projet de tribune à quatre places pour accélérer les débats. — Rejeté à cause de la nécessité coûteuse de quatre verres d’eau sucrée. |
AUTRE PROJET PROPOSÉ PAR UN MAUVAIS PLAISANT.
EXPOSITION. Une plaque en fonte rigoureusement chauffée servant de plancher à la tribune, afin d’empêcher que l’orateur abuse de la patience de la Chambre. |
Un système de pointes pour empêcher que l’orateur, entraîné par un mouvement d’éloquence, frappe sur la tribune et l’abîme. |
1867 pouvant maintenant exposer un beau produit de plus. |
Les gens timorés étant d’avis d’une tribune qui ne s’élève que petit à petit, afin de ne rien brusquer en fait de libertés. |
Pourvu qu’il ne vienne pas un Iroquois à l’époque de l’Exposition pour le mettre dans un cruel embarras ! |
EXPOSITION CHORÉGRAPHIQUE.
NOUVEAU QUADRILLE DU FUSIL À AIGUILLE. — Le cavalier seul ? Qui finit par disparaître à son tour à la figure suivante. |
EXPOSITION POLITIQUE. L’entente générale pour faire suite à l’entente cordiale. |
— T’as déjà vu 1867 à Paris ? — En 1814. |
— À l’époque de l’Exposition, on veut donner une grande idée des richesses de la France. — Bah ! — Oui ; on va changer nos nez en argent contre des nez en or. |
EXPOSITION DE NOUVEAUX FUSILS.
— Qu’est-ce que vous attendez pour vous lever et prendre votre fusil ? — Mais j’attends le fusil d’aujourd’hui. On en invente un tous les jours, celui d’hier ne peut plus me servir. |
EXPOSITION DE NOUVEAUX FUSILS.
— Qu’est-ce que ça me fiche, Voltaire ! il n’a pas inventé de fusil ! — Erreur ! il y a eu un fusil à rouet, il ne peut être que de Voltaire : c’était son nom ! |
EXPOSITION DES NOUVEAUX FUSILS.
— Très-bien ; ne bougez pas, vous n’en avez pas pour une minute. Je vous ai tous fait monter pour essayer les effets du nouveau fusil que je viens d’inventer. |
— Ne pouvant mieux honorer les soldats des milices étrangères venant visiter Paris qu’en leur cédant les tours de faction. |
À l’époque de l’Exposition, la garde nationale parisienne mettant son hôtel à la disposition des milices étrangères… le vrai moyen d’en sortir elle-même. |
Bien gênant pour ce pauvre Atlas, tout le monde qui va se porter sur le même point à cause de l’Exposition. |