Cham - Albums du Charivari/Ces jolis messieurs et ces charmantes petites dames

Journal le Charivari (5p. 385--).

Ces jolis messieurs
Ces jolis messieurs

ET CES
CHARMANTES PETITES DAMES
ALBUM
Par Cham
Par Cham


Couturière essayant une robe, à la course.




Paris
Paris
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55

— Une dame n’entre pas seule au Concert-Musard.

— Mais, monsieur, je suis veuve !

— Eh bien ! alors, rentrez chez vous vous remarier et revenez ensuite.

— Que fais-tu au Concert-Musard, toi qui détestes la musique ?

— Je viens uniquement pour me faire une réputation de femme honnête…

— il a un caractère détestable !

— Mais comment t’y es-tu laissé prendre ?

— Que veux-tu ! j’ai vu ses gigots, je l’ai pris pour un mouton.

— Faites donc attention, garçon !… Voyez ce que vous avez renversé sur mes gigots !

— Monsieur, ça ne peut pas faire mal sur des gigots ! ce sont des haricots.

— Mesdemoiselles, voulez-vous bien finir, et ne pas prendre ma robe à queue pour sauter à la corde !

— Concierge, je voudrais une chambre !

— Madame a bien tort… Avec cette robe-là, madame serait bien mieux logée dans un corridor.

La robe à queue vous permettant de faire l’économie d’une corde pour promener votre chien.

— Tiens ! la queue d’une dame ! Veux-tu que nous remontions voir sa figure ?

— Je n’ai pas le temps, c’est trop loin.

Avantage de la robe à queue si l’on veut dormir à son aise dans la campagne. Le Concert-Musard refusant ces dames dans la crainte de leur entourage.

— Tiens ! qu’est-ce qu’il a donc à me faire des signaux le cantonnier tout là-bas ?

— Parbleu ! il prend la robe à queue pour un train !

— Mon cher, c’est étonnant ! tu as toujours bien soin de ta raie ! Eh bien, tu as beau être rayé, tu n’en as pas plus de portée pour ça !

Aspect donné jadis à la promenade de Longchamp par les crinolines. Ces pauvres domestiques n’ayant rien vu de Longchamp, grâce à la crinoline de madame.

— Ces dames qui vont voir le Petit chaperon rouge !

— Parbleu ! elles n’ont encore vu que le loup.

— Ventre de biche ! fallait-il que je fusse bête de la mener hier au soir au Vaudeville voir la Rédemption, d’Octave Feuillet ! Me voilà aujourd’hui mis à la porte ! La pièce a produit son effet.

— Madame est-elle rentrée chez elle ?

— Pas encore tout à fait, monsieur ; vous voyez…

Le Jardin d’acclimatation n’ayant pas jugé à propos de se pourvoir de singes, la race paraissant suffisamment acclimatée.

— Comment, commissionnaire, vous me rapportez le sac de bonbons que je vous avais chargé de porter chez Mme Durand ?

— Mochieu, je l’ai porté de votre part chez Durand. Son mari m’a prié de le porter chez Mme Lancret, dont le mari me l’a fait porter chez Mme Bonacieux que le mari connaît votre dame qu’il m’a prié de le porter chez vous.

— Quel ennui ! l’aloès du Jardin des Plantes qui ne fleurit que tous les cent ans, et tu ne m’as pas menée voir cela !

— Ne te tracasse pas, bichette, je te promets que nous irons le voir la prochaine fois !

Inconvénient de trop tourner autour des objets pour les examiner quand on a une robe à queue.

— Tu vois comme c’est incommode ces nouvelles robes à queue ; voilà un monsieur sur ta robe !

— Au contraire, c’est admirable ! je vais l’entraîner chez moi.

— Eh bien ?… et ma robe !…

— Je ne peux pourtant pas porter trois parapluies !

LA REDINGOTE DE MONSIEUR ET LA ROBE DE MADAME.
Il faut bien que monsieur fasse des économies pour compenser les dépenses de madame.
Les voitures prenant toutes la même route depuis que les messieurs se laissent conduire par ces dames. Les dames ne se contentant plus de conduire les hommes en voiture.
Ces dames remplacent aujourd’hui les cochers, demain elles voudront remplacer les postillons.

— Ah ! mon Dieu ! Joséphine, fais donc attention, tu viens d’accrocher !

— Laisse-moi donc tranquille ! c’est cette Adèle que j’ai en horreur !

— Monsieur, les gants en peau de chien sont piqués.

— Je crois bien ! les malheureuses bêtes ont assez de puces pour cela !

— Dites donc, mon cher, ça va être joliment commode pour vous : on va éclairer les numéros des maisons ; vous pourrez y allumer vos cigares !

Le danger de porter en été des jupons garnis de tiges en acier. Les dames ayant l’honnêteté de ne plus chercher à tromper le monde.
AUX COURSES DE LONGCHAMP
Inconvénient de monter un cheval qui n’aime pas la société.

— Regarde donc ce jockey, quel accroc il vient de se faire dans le dos !

— C’est exprès, je vois sur le programme des courses : Prix d’ouverture.

Prétendant avoir des droits au prix du moulin.

— Prix de Saint-Cloud !

— Ah ! sapristi, un mirliton !

— Quelle chance ! j’aperçois dans la tribune M. Babinet ; je vais lui demander s’il parie pour ce cheval-là, parce qu’alors je parierais pour l’autre.

— Tiens, il y a donc un cheval de course qui s’appelle Cartouche ?

— Oui, le voilà précisément derrière vous : faites attention à votre foulard !

COURSES DE LONGCHAMP EN 1860.
Cavaliers et piétons ayant des droits égaux à gagner le prix des Cascades.

— As-tu gagné aux courses ?

— Mes diables de chevaux n’ont pas voulu bouger.

— Bah ! rien n’est parti ?…

— Si fait, mon vin.

— Mon ami, que mettrais-tu pour sortir ?

— Ma foi, de ce temps-ci, je prendrais un peignoir, et deux serviettes !

— Madame a son baigneur ?

— Oui, mon ami, j’ai 1860 à l’année.

NOUVEAU QUADRILLE DE SAISON CHEZ MABILLE.
— Attention !… Changez vos dames, mais gardez vos parapluies !
MODES PARISIENNES POUR 1861.
En attendant que la ville de Paris ait augmenté le nombre des voitures de balayage.
AUX BAINS DE MER DE TROUVILLE.

— C’est dégoûtant comme ils font mal le macadam, par-ici ! Il ne leur viendra donc jamais en tête de passer le rouleau !

— Madame, faut payer son bain à l’avance, la mer n’est pas bonne par ici !

— Dites donc, baigneur, tâchez de me porter mieux que cela !

— N’ayez pas peur, madame ! avant d’être baigneur j’étais commissionnaire ; c’est moi qui portais tous les paquets dans la ville. J’ai l’habitude !

— Saperlotte ! nous voici à la fin d’octobre et ma femme vient de prendre encore un abonnement de vingt-quatre bains ! Je la ramènerai une autre fois aux bains de mer !

— Vous arrivez des Eaux d’Allemagne ; il parait que vous avez eu mauvais temps ?

— Bah ! il a beau pleuvoir, on en revient toujours à sec.

— Madame, vous avez eu la bonté de m’engager à venir faire réveillon ; j’ai pensé que c’était sans cérémonie…

— Mon loulou, je te la souhaite bonne et heureuse, et accompagnée de beaucoup d’autres qui…

— Saperlotte ! Quoi de beaucoup d’autres ? Votre phrase ne me paraît pas claire ! Adélaïde, vous m’effrayez !

— Chère amie, j’ai fait les Rois dans une maison où j’ai eu la fève !

— Imbécile ! tu ne pouvais pas profiter de ce que tu étais roi pour faire un emprunt ! Tu sais qu’il n’y a pas le sou à la maison…

SUR LE LAC DU BOIS DE BOULOGNE.

— Le petit vicomte qui a donné un cygne à Joséphine !

— Tiens ! c’est pour qu’on ne les croie plus ensemble ; on ne la verra plus avec une oie !

— Cette grande sèche de Félicie qui vient de tomber… elle s’est peut-être fait mal !

— Impossible, ma chère, c’est pas à elle.

— Tiens, ce monsieur… il écrivait avec ses patins sur la glace ! Qu’est-ce qu’il fait donc maintenant ?

— Parbleu ! Il a fini sa lettre… il est en train d’y mettre son cachet !

— Le petit baron qui ne patine que sur une jambe !

— Je le reconnais bien là ! Il est si avare ! ça doit être une économie !

— Faut-il qu’un homme soit indiscret !

— Ohé ! n’entrez pas, m’sieu, il y a du monde !

AU BAL DE L’OPÉRA.

— Excusez-moi, monsieur, mais, voyez-vous, quand je n’ai pas l’honneur de connaître bien les gens, j’ai une difficulté énorme à vaincre ma timidité !

— Olympe qui vient en bébé qui fait ses dents !

— C’est pas elle d’abord qui les fait. Je connais le dentiste qui les lui fabrique.