Cham - Albums du Charivari/Croquis contemporains
quand on veut se dérober à un créancier.
— Ouf ! me voilà débarqué ! Quand on a été enfermé cinq mois sur un vaisseau, on n’est pas fâché de se dégourdir un peu les jambes. |
— Majesté, les Français viennent de débarquer et de nous donner une raclée atroce. — Eh bien, qu’est-ce que ça me fait ? Ce sont les nouvelles de la. Sicile qui m’intéressent, imbécile ! |
— Tiens ! il mange avec un bâton ! il se promène donc sur sa fourchette ?… |
La question sicilienne absorbant toutes les autres questions pour le moment. |
— C’est une horreur ! s’égorger comme ça pour cette Cécile ! Ça doit pas être grand’chose que cette femme-là ! Si j’étais que du roi de Naples, je m’en occuperais plus, de la Cécile. |
— Tu ne mets donc pas ton chapeau neuf pour sortir ? — C’est pas la peine : tous les yeux sont fixés sur la Sicile ! |
Le mont Etna très-étonné de voir d’autres fumeurs que lui. | Pas moyen de filer tranquillement son macaroni dans ces temps-ci ! |
Les nouveaux coricolos en Sicile. | — Lazzarone royaliste, viens te battre avec moi ; seulement je ne me dérange pas ; viens me trouver. — Lazzarone garibaldien, viens toi-même, je ne me dérange pas non plus : c’est trop fatigant, arrive ! |
Garibaldi reconnaissant l’inconvénient de l’uniforme rouge adopté par ses soldats en voyant tous les troupeaux de bœufs se mettre du côté du roi de Naples.
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Le mont Vésuve se mettant en tête de bombarder le mont Etna. |
Le Napolitain Polichinelle dépensant tous les sous de M. Guignol pour se procurer les journaux et avoir les nouvelles de chez lui.
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— Saperlote ! et moi qui attends sa copie pour la publication de ses Mémoires ! ! ! |
Dumas apercevant un soldat napolitain qui offre une certaine ressemblance avec M. Auguste Maquet. | M. Alexandre Dumas rendant un notable service à l’armée de Garibaldi en amortissant tous les boulets ennemis dans sa chevelure.
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— C’est un fait accompli, il n’y a plus de Savoyards ; il n’y a plus que des Français ! — Ah ! mon Dieu ! me voilà joliment embarrassée ! Qui est-ce qui va ramoner mes cheminées ? |
— C’est le mont Blanc ? — Non, monsieur, il a échangé son nom avec une rue de Paris : il s’appelle maintenant le mont Chaussée-d’Antin. |
— Vous croyez, madame Pochet, que nous aurons moins froid les hivers ? — Parbleu ! madame Gibou, l’air de Nice qu’appartient à c’t’heure à la France. |
— Alélaïde, quel est ce monsieur ? — Tu es Français, c’est un Savoyard : par conséquent, toi ou lui, ça doit être la même chose pour moi depuis l’annexion. |
— Joseph, que portes-tu dans ton sein ? — Une marmotte, qui désormais ne me quittera plus. |
— Mon ami, tu m’avais donné le choix entre un cachemire de l’Inde et un voyage en Italie ; je choisis le cachemire : nous resterons en France, tu me mèneras à Nice. |
— Le pion t’a exempté de tes cinq cents vers ? — Oui, j’y ai fait accroire que j’étais Savoyard et qu’il allait me dégoûter de ma nouvelle patrie. |
L’allégresse se manifestant jusque dans les régions les plus élevées. |
— Mais, malheureux portier, qu’est-ce que cela vous regarde, la question de Savoie ? Vous n’êtes que concierge ; encore si vous étiez suisse ! |
— Ce n’est pas une petite affaire que d’inspecter le nouveau département du Mont-Blanc ! |
— Dites donc, madame Pochet, j’ai jamais vu un été si froid. — C’est pas étonnant : le mont Blanc avec sa mer de glaces qu’ils viennent de mettre en France, si vous croyez que ça réchauffe ! |
— Comment, mon brave Savoyard, vous ne croyez pas encore à l’annexion ? — Dame ! j’entre chau Théâtre-Franchais, et ils ne jouent pas chencore en langue chavoyarde ! Comment que cha che fait ? |
À L’EXPOSITION DES ANIMAUX
— Ne mets donc pas les doigts dans ton nez, malpropre ! — Maman, c’est tous cochons par ici ; c’est pour les flatter que je fais ça. |
— Ça vaut deux cents francs, un mouton comme celui-ci ; voyez-moi cette laine ! — J’en voudrais un meilleur marché ; cela m’est égal qu’il soit moitié coton. |
— Monsieur, faut que vous soyez bien cruel pour vous tenir comme ça devant ces pauvres moutons pour les humilier avec vos gigots ! |
— Tiens, la belle vache laitière ! Dis donc, Paméla, pourquoi n’as-tu pas exposé ton baron ? T’aurais eu un prix aussi avec ta vache à lait ! |
— Comme c’est ennuyeux ! tu n’as pas vu mon mari, que je cherche depuis une heure ? — Ma chère, tu dois le retrouver certainement par ici ! |
— Dis donc, papa, ? pourquoi qu’il porte pas des pantalons comme toi, dis ? ça y cacherait ses jambes comme à toi, dis ? |
— Qu’est-ce que tu caches derrière toi ? — Finis donc, tu vas me faire pincer par le gardien ! C’est mon couteau et ma fourchette : je voudrais prendre quelques échantillons ici pour faire voir à ma cuisinière. |
— Ceci, madame, c’est une machine de mon invention pour battre le blé. Madame a précisément des épis sur son chapeau, je vais lui faire voir la chose. |
— Qu’est-ce que c’est que c’te plante-là ? — Que t’es bête ! tu vois donc pas que c’est un grenadier : voilà son bonnet à poil qui pousse ! |
— Taisez-vous, Lolo, je ne vous mènerai plus jamais à l’exposition ! — Hi ! hi ! je veux que tu m’achètes ce ballon ! hi ! hi ! |
— Parait, mon cher, que vous avez tous les deux le même chapelier. |
APRÈS L’EXPOSITION DES CHAMPS-ÉLYSÉES Vieux cochon et sa truie pleurant de joie en voyant leur enfant revenir du concours de Paris chargé de prix. |
Justement ému par ces semblants d'obélisques qui s’élèvent dans Paris, l’obélisque de Luxor demande des explications au conseil municipal.
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Les géomètres chargés de la triangulation allant au jardin des Plantes pour voir comment ils devront s’y prendre pour grimper à leur cabinet de travail.
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Madame Saqui chargée de mettre les géomètres en communication les uns avec les autres pendant l’opération de la triangulation.
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Le comité d’artillerie se mettant à la disposition des géomètres chargés de la triangulation pour les envoyer dans leur cabinet de travail.
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L’administration des postes s’adjoignant des petits ramoneurs pour faire le service des lettres adressées aux géomètres triangulateurs dans l’exercice de leurs fonctions.
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Le cou de la girafe utilisé pour la triangulation du quartier du jardin des Plantes. |
Les géomètres chargés de la triangulation ayant la sage précaution de s’attacher un fil à la jambe pour le cas où il ferait grand vent le jour de l’opération.
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— Descendez ! on ne monte pas là haut ! — Ma femme et moi avons loué ces places à un monsieur pour voir les affaires de Sicile. |
— Pourquoi bouscules-tu tout le monde comme cela pour entrer dans les tribunes ? — Ma chère, je vois sur le programme des courses : Prix de tribune ; je vais tâcher de le gagner en entrant le premier. |
— Dis donc, est-ce qu’ils ne vont pas bientôt partir ? — Ma chère, ce sont les courses du printemps ! — Eh bien ? — Eh bien, ils attendent que le printemps se fasse sentir pour partir. |
— Pardon monsieur, je vous prierai de ne pas le retirer encore : ma femme n’a pas eu le temps de le bien voir. |
Aux courses de la Marche, ce qui saute encore le mieux, ce sont les bouchons ! |
— Être pressé de traverser la rue, et se voir contraint d’attendre la fin du défilé d’une robe à la mode ! |
Les robes à queue en omnibus. |
— Fais donc attention ! tu t’assieds sur ton chapeau ! — C’est exprès, ma chère, c’est pour lui donner la forme à la mode ! |
— Le concierge me trompe… Ernest n’est pas sorti ! Il est enfermé avec une femme ; je vois sa robe à queue ! |
— Si c’est la tunique, comment qu’est donc la veste ? |
— Atchi !… Il en a trop coupé, le maître tailleur ! je m’enrhume dans le bas du dos ! Atchi ! Atchi ! Atchi ! |
— Voilà juste le sac qu’il nous faudrait pour aller avec le nouvel uniforme. Si madame voulait avoir la bonté de le faire voir au colonel… |
— Excusez, caporal, c’est la nouvelle uniforme qui fait ça. Je me sens tellement légère dans cette tenue, que le moindre brin d’air ça me fait aller tout de travers ! |