Cham - Albums du Charivari/Les français en Chine
crier après leurs logements ; faut que je leur écrive qu’ils
viennent par ici.
AU DÉPART.
— La difficulté, vois-tu, c’est de trouver un bon mouillage. — Merci ; avec ça que c’est difficile par le temps qu’il fait ! Moi, je suis mouillé depuis longtemps. |
— Dis donc, Pacot, je t’engage à ne pas te plaindre de ta nouvelle tunique pendant que nous naviguerons avec c’monsieur. |
— Vous ne tenez pas sur vos jambes ; ça provient de ce que vous n’avez pas le pied marin. — C’est donc que j’ai le nez marin, que je suis dessus comme ça à chaque roulis. |
— Mais, sargent, pourquoi que la Garde n’y va pas, en Chine ? — Mon ami, parce que pour aller en Chine faut qu’on passe la ligne. |
L’empereur de la Chine demande à réfléchir avant de s'engager dans une guerre. Car enfin, s’il allait se fourrer le doigt dans l’œil, ça serait grave avec des ongles pareils !
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— Nom d’un tonnerre ! c’est moi qui le recevrai le boueux chinois quand il viendra au jour de l’an prochain me demander des étrennes ! |
— Excusez ! monsieur l’insurgé… paraît que nous venons lui dire tous les deux la même chose, à ce brave empereur. |
L’empereur de la Chine se faisant passer à la carteronine, lui et tous ses soldats, avant d’aller au feu. |
— Hé ! mon vieux, en voilà assez des ombres chinoises ! Je viens pour te faire voir les grandes marionnettes. |
— Mais, imbécile ! qu’est-ce que tu comptes donc me faire avec ça ? Mais j’en reçois comme ça toute la journée de l’Amour, qui m’attrape en plein ; c’est ma santé. |
— Imbécile de Chinois, toi aussi tu m’aurais attrapé à c’te distance-là, si t’avais accepté les progrès de la civilisation. |
— Fais donc attention ! voilà les Chinois qui t’envoient des prunes, et tu restes la bouche ouverte ! — C’est exprès, parbleu ! toutes les prunes des Chinois sont à l’eau-de-vie ! C’est connu, ça ! demande plutôt à la mère Moreau ! |
— Mon ami, je suis dans une crise !… Toi, qui as été en Europe, tu n’aurais pas une recette pour me tirer d’affaire ? — Si fait, Majesté, je vais écrire une brochure. |
Les rênes de l’empire chinois. |
— Si tu veux faire les yeux avec cette Chinoise, mets-toi au moins en face d’elle ! — Qu’est-ce que ça fait que je sois par derrière ? les yeux des Chinoises sont tellement fendus, que ça leur fait le tour de la tête ! |
— Qu’est-ce que tu m’apportes là ? — Mais, capitaine, vous m’avez dit d’aller à la provision de bois : ça en est. — Imbécile ! tu ne vois donc pas qu’il y a un Chinois dedans ! |
— Cristi ! le tamtam, je n’aime pas ça ! Je ne sais pas si je lui traduis bien ma pensée. |
Sacrifice chinois. |
Sur la trace d’un Chinois. | — C’est commode tout de même qu’ils aient une bretelle de fusil comme ça pour les emporter. |
— Ah ! brigand ! c’est toi qui as eu l’infamie d’inventer le macadam ? Je ne te pardonnerai jamais celle-là, par exemple ! |
— Saperlotte ! Il ne devient pas encore jaune, ce fleuve ! nous ne sommes pas près d’arriver à Péking ! |
— Tiens ! un marchand de plumes… comme ça se trouve, moi qui justement voulais écrire à ma payse ! |
— Cré nom ! je ne veux pas présenter mon billet de logement… j’ai pas envie de loger avec l’habitant ! |
— Quel crétin que ce Chinois ! je lui demande du feu, et il me tire un feu d'artifice qui dure depuis deux heures ! |
— Je ne sais pas quelles sont les intentions du major, mais je doute qu’il puisse se coiffer à la mode de ce pays-ci ! |
— Pensez-vous que cet hiver soit gai ? — Mais oui, brave Chinois ; je crois qu'on vous fera danser ! |
Le grand éléphant blanc changeant de couleur et se trouvant mal en apprenant le triomphe des Français. |
— Tiens ! les Chinois qui mangent les chiens ! — Merci, je ne veux plus appeler mon sac Azor… ils seraient dans le cas de me l’avaler. |
— Mais, sargent, il n’y a donc pas d’autres théâtres que les ombres chinoises dans ce pays-ci ? — Certainement, imbécile ! du moment que c’est le céleste empire, il ne peut y avoir qu’un théâtre Séraphin ! |
— J’en suis fâché… mais fallait pas inventer le macadam ! J’ai pas envie de me crotter dans les rues de Péking ! |
— Vous m’avez promené toute la journée dans Péking, je vais vous payer. Voici trois sous ! c’est ce que je payais dans les omnibus de Paris. |
— Bigre ! parait qu’ils me supposent un rude tempérament ! |
— À votre place, sire, j’irais me cacher bien loin. — Merci ! c’est justement là que leurs diables de canons rayés vous attrapent le mieux. |
— Gredins de Chinois ! nous font-ils grimper ! — Dame ! faut bien monter, puisqu’ils n’ont pas eu la prévenance de laisser leur clef en bas chez le concierge ! |
— Comment, général, vous voilà à cheval sur un manche à balai ? — Hélas ! Votre Majesté n’ignore pas que toute sa cavalerie a été détruite par les Français ! Nous sommes obligés maintenant de nous monter comme nous pouvons. |
— Tiens ! ces farceurs de Chinois ! parait qu’ils n’en veulent qu’à notre tambour-major ! |
— Le casse-tête est un jeu chinois, mais ils doivent trouver que nous avons joliment perfectionné le joujou ! |
— Je ne suis pas du Jockey-Club, et pourtant je m’en occupe, de la race chevaline ! |
— Tiens ! sont-ils petits !… Parait qu’en Chine on ne monte pas à cheval, on y descend ! |
— Qu’est-ce que vous me donnez là ? J’ai pas l’habitude de tricoter pendant le dîner ! |
— Pourquoi donc faire que son domestique apporte un fagot ? — Parbleu ! pour changer les fourchettes pendant le dîner. |
— Vois donc ! une muraille rien qu’en porcelaine ! Il aura fait couler toutes les demi-tasses du pays pour s’en faire des fortifications ! |
— Dites donc, prévôt, je vas vous lâcher et prendre les yeux de cette Chinoise pour maître d’armes : vous ne vous fendez pas encore comme ça ! |
Soldat français venant de s’emparer d’un cavalier chinois. | — En fait de tunique, il en a peut-être trop ! mais il a raison : moi, j’en ai pas assez ! |
— Dites donc, major, voilà un gaillard qui ne me fait pas l’effet d’être manchot. — Ma foi, j’ai bien envie d’en faire mon brosseur. |
— Pauvre femme ! Vois donc ses pieds ! elle ne sera pas fâchée de changer de maîtres. — Elle aimerait mieux encore changer de cordonnier. |
Dites donc, major, ils ne doivent pas être grands, les hommes de six pieds, à juger du pied d’après ceux de madame ! |
— Tiens ! qu’est-ce qu’il a donc sur le dos ? — Mais ça me fait l’effet d’être un monument Rambuteau ! — Sapristi ! c’est joliment incommode alors ! Je ne pourrai jamais arriver là-haut… j’aime encore mieux me faire mettre à l’amende par les sergents de ville chinois. |
— Ces pauvres domestiques ! doit-on les sonner dans ce pays-ci ! |
— Caporal Chin-Chin, nous sommes perdus ! Notre mandarin qui examine sa tunique ! il va peut-être nous la faire adopter ! |
— Mes pauvres canons ! mes pauvres citadelles ! Et ils appellent ça arranger les affaires de la Chine ! Comment feraient-ils donc s’ils voulaient les abîmer ?… |
— Dis donc, cuisinier, je ne sais pas si j’aurai assez pour dîner… — Votre Majesté attend du monde ? — Je n’ai pas engagé les Français ; mais je crains qu’ils ne viennent tout de même. |
Le nouveau maître d’écriture de l’empereur de la Chine en train de lui faire la dictée. | — Vous êtes mon vainqueur, vous avez le droit de tout emporter. |
— Cha-per-lo-te ! tous mes effets qui sont restés à Péking ! |
— Vous lui portez un almanach ? il ne demeure plus ici, l’empereur de la Chine, nous lui avons donné congé. |
— Farceur d’empereur de la Chine ! il s’en va juste au moment des étrennes. |
— Mais partez ! 1860, partez donc ! — Me voilà partie… je n’ai plus qu’un dernier mot à dire à monsieur. |