Cham - Albums du Charivari/Chasses et courses

Journal le charivari (4p. 135--).


CHASSES ET COURSES

Par

CHAM

1859

(Couverture absente du fac-simile)

— T’aimes autant un homme qu’un chien ?

— Un chien de chasse, s’entend ! Il faut qu’il rapporte.

— Lâche-le donc, ton chien de chasse !

— Ma chère, les chiens sont comme les hommes, faut les tenir.

— Je n’ose pas tirer sur ces bêtes-là !

— C’est comme si tu détruisais ton œuvre, n’est-ce pas vrai ?

Gibier qui a du savoir-vivre, et qui sait ce que l’on doit aux dames.
Excellent procédé pour habituer peu à peu les parisiens à affronter les dangers de la chasse au lion.
Un chasseur de la lionnerie obtenant d’excellents résultats en chargeant son arme avec de la poudre à gratter.
Membre de la lionnerie, Jules Gérard se trouvant fort embarrassé entre un lion qui veut le dévorer et un Kabyle qui aurait envie de lui couper la tête ; il ne sait auquel donner la préférence.
LA LIONNERIE DE JULES GÉRARD.

— Vous venez pour vous enrôler dans ma lionnerie ? Approchez !

— Pardon ! c’est que… votre tapis me fait peur.

LES CHASSERESSES.

— Ma chère, voilà un lièvre !

— Très-bien, je vais remettre mon fusil au domestique pour qu’il le décharge sur la bête, cela me ferait trop peur à moi.

— Il est drôlement dressé le chien que vous m’avez vendu, pas moyen de le faire marcher seulement devant moi !

— Je crois bien ! c’est un effet de sa bonne éducation ; il sait trop le respect qu’il doit à monsieur pour se permettre de passer jamais le premier devant monsieur.

— Vous croyez que votre pâté de lièvre se conservera dans ma cave ; mais les souris ?

— Oh ! vous pouvez être tranquille avec ce pâté-là.

— C’est comme si j’avais un chat dans la maison, pas vrai ?

Départ de la campagne pour Paris.
La recette Rarey n’ayant pas complètement réussi, le Charivari propose un moyen : mettre des gants de boxeurs aux chevaux rétifs.

— Diable ! vous avez dompté mon cheval, et le voilà qui vient de déchirer le pan de ma redingote et de l’avaler.

— Ça c’est simplement une affaire d’appétit, je ne me suis pas chargé de régler son estomac.

Grâce au système Rarey les chevaux, par leur docilité, finissent par remplacer les king’s-charles dans les salons.

— Je t’en supplie, dis-moi où tu as caché mes habits ; j’attends du monde à déjeuner, je ne peux pourtant pas les recevoir comme cela.

— Dis-moi le secret que t’a confié M. Rarey ; — je me moque du serment qu’il t’a fait prêter ; — tu n’auras pas tes effets avant.

— Vous appelez cela avoir dompté mon cheval ?

— Certainement ; ce sont les dernières ruades qui l’emportent, voilà tout !

— Monsieur, j’ai dompté votre cheval, il ne bougera plus.

— C’est vrai, voilà une heure que je suis dessus, impossible de lui faire faire un pas.

— Eh bien ! monsieur, ce sera comme ça toute sa vie ; il sera là dans vingt ans !

Erreur de M. Rarey : ayant dompté des chevaux, il se croit assez fort pour dompter autre chose. Les chevaux poussant dorénavant la complaisance jusqu’à tenir eux-mêmes leur jambe pour se laisser ferrer.
Les véritables courses d’automne. Les courses d’automne.
PRIX DU MOULIN.
Ces pauvres chevaux se sentant très-humiliés d’être obligés d’aller au moulin, ce rôle ayant été jusqu’alors réservé aux ânes seulement.
Souscripteur au secret Rarey cherchant à se rappeler la recette que son diable de cheval vient de lui faire sortir à l’instant de l’esprit par ses agaceries.
Comme quoi, quand on a tous deux la même idée, souvent on se rencontre.

— Ah ! saprelote ! mon coiffeur qui justement m’a mis de la graisse d’ours sur les cheveux ! S’il s’aperçoit de cela, je suis perdu !

— Tiens, voici le cerf, me voilà tellement troublé que je ne me rappelle plus l’air que je dois lui jouer ; ma femme me le joue sur le piano constamment, c’est étonnant que je l’aie oublié !

LE MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ PROTECTRICE DES ANIMAUX.

— Son fusil a crevé ! merci, ô mon dieu ! merci !

NOUVELLE MANIÈRE DE FORCER UN CERF.
Révolution opérée par la vapeur dans le système des chasses.

la femme. — Hi ! hi ! hi ! Voilà déjà que ça commence ! La chasse vient de s’ouvrir, c’est le chien qui aura toutes ses caresses ! hi ! hi ! hi ! Que les femmes sont donc malheureuses à cette époque-ci !

— Ah ! mon dieu ! pourquoi cette tenue ?

— Ma chère, j’ai été obligée de quitter ma crinoline, le bruit qu’elle faisait en marchant effrayait le gibier.

— Comptez donc là-dessus et puis allez à la chasse, ensuite, vous verrez si c’est tranquille comme ça.

— Tiens, Lolo, voilà un lièvre, tire-le.

— Oui, papa.

— Tourne-toi de l’autre côté alors.

— Non, papa, sa vue me troublerait peut-être.

— Ah ! mon dieu ! l’ours qui vient d’avaler mon pauvre chien que j’aimais tant.

— Console-toi, mon ami, cette séparation ne peut être longue, tu vas aller le rejoindre tout à l’heure ; un peu de patience, un peu de patience !

— Père Mathurin, vous chassez sans chien ?

— Mais, oui ; avant de partir je me bourre avec de la soupe aux choux, quand vous avez ça dans le ventre, les lapins sont après vous toute la journée.

le garde. — Madame, vous n’avez pas de port d’arme, je vous mets la main au collet.

la dame. — Mon ami, je vous en défie !… Vous n’y arriverez jamais, mon cher !

— Allez-vous-en ! c’est trop tôt ! repassez dans huit jours.

— Mon amie, nous étions deux pour tirer ce lapin, nous en avons tué chacun la moitié.

— Chère amie, me voilà accrochée en voulant franchir la haie.

— Ne te tourmente pas, voici des messieurs qui vont te décrocher, ils arrivent par derrière.

— Par derrière !… Ah ! mon Dieu ! je suis perdue !

— Il n’y a pas à dire, tout le monde l’a, cette satanée grippe !

La chasse par trente-cinq degrés de chaleur.
L’ÉTIQUETTE ANGLAISE.

— Milord, voici un lièvre, tirez-le !

— Oh no ! il n’avait pas été présenté à moi !

L’ENFANT TERRIBLE.

— Ton papa ne veut donc pas venir tirer des oiseaux avec moi ?

— Non, monsieur, papa a dit comme ça qu’il n’en rencontrait jamais quand il chassait avec vous ; que vous étiez trop laid, et que ça leur faisait peur.

— Eh bien ! mon chien qui était là à l’instant qu’est-ce qu’il en a fait, cet imbécile-là ?

— Qu’est-ce que tu as donc à appeler la cuisinière ? Laisse-la donc tranquille ! Elle est occupée à me faire sécher sur le feu douze livres de poudre de chasse.

— Ah ! saprelote ! vous m’avez envoyé toute la charge dans le ventre !

— Ce n’est rien, ces choses-là arrivent fréquemment à l’époque de l’ouverture de la chasse.

le mari. — Voilà des messieurs qui chassent le cerf, je vais les saluer en passant.

la femme. — N’ôte pas ton chapeau, malheureux ! il pourrait t’arriver malheur !

— Votre lapin va être mis au procès-verbal.

— Vous ne savez pas les arranger, alors ! C’est aux choux que ça se met.

— Monsieur cherche du gibier ? Si monsieur veut m’accompagner dans ce bois, je lui ferai voir un lapin. J’ai idée qu’il y a un bon coup à faire.

— Saprelote ! je renverrai décidément mon garde, mon gibier est horriblement mal élevé !

— Il est assommant, mon chien ! voilà plus d’une heure qu’il me fait suivre une troupe de saltimbanques, sous prétexte qu’ils ont un lapin savant !

— Mais mettez donc vos lunettes, vous tirez sur mon chien !

— C’est votre chien ? Pourquoi se promène-t-il comme les perdreaux, alors ?

COURSE D’AUTOMNE POUR POULAINS.

— Mais, mon ami, qu’est-ce que cela veut dire ?

— Mais, c’est clair, ce sont des chevaux dans leur printemps qui courent l’automne.

— Le jockey vert vient de tomber dans l’eau !

— Dans l’eau ? Quel affreux défaut ! Passez-moi encore une autre bouteille.

COURSES DU BOIS DE BOULOGNE.
Prix de cascade.
Le souscripteur au secret Rarey suivi constamment par deux palefreniers masqués, chargés de le poignarder s’il témoignait la moindre envie de révéler la chose.