Cham - Albums du Charivari/Chassepotiana

Journal le charivari (7p. 187--).

CHASSEPOTIANA

filet
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ALBUM
DE 60 CARICATURES
PAR
CHAM

Les officiers de la mobile comptant sur le dévouement de leur famille pour s'exercer, en attendant qu’ils aient leurs soldats

PARIS
ARNAULD DE VRESSE, ÉDITEUR
55, RUE DE RIVOLI, 55
Retour au culte des idoles. Rachat de tous les orgues de Barbarie pour exercer l’armée française à tourner la manivelle des mitrailleuses.

— C’est étonnant, il a un fusil à tabatière et il ne sent pas le tabac !

LE SOLDAT BUREAUCRATE.

— Toujours la même demande ! Revenez, et je vous fais fusiller par mon garçon de bureau !

Pouvant s’en servir pour lorgner les danseuses le jour où le fusil à lunette sera adopté. EN TEMPS DE PAIX.
Les mitrailleuses mises à la disposition des fabricants de gruyère pour faire des œils à leur fromage.

— Mais, brigadier, pourquoi qu’on tire les mitrailleuses rien que la nuit ?

— Parce que c’est un outil destiné à mettre fin aux jours.

L’ÉDUCATION DU JOUR.

— Quelle horreur ! à la pension de ma fille aussi ! ! !

Le comité d’artillerie étudiant le Vésuve pour voir s’il n’y aurait pas moyen d’amener nos engins à ce degré de perfection.
TACTIQUE CONTRE LE FUSIL-LORGNETTE.
Mettre à côté de soi une cocotte postiche pour que l’ennemi la lorgne de préférence.
La découverte du fusil à lorgnette permettant de porter l’arme comme un lorgnon. Le canon du Palais-Royal remplacé par une mitrailleuse tirant les douze coups de midi.

— Ton bulletin de conduite, une plaque de tir ?

— Oui, papa ; avec nos chassepots, il faut que nous marquions nos bons points là-dessus.

Distribution de prix l’année prochaine dans les lycées.
La Mitrailleuse, nouveau cadrille[sic] pour cet hiver. Dernière figure.

— Mais, maman, ça fait maintenant partie de mes leçons pour le collège.

Fleurs des quatre saisons ;

— Le quinzième lavement que vous m’administrez depuis une demie-heure !

— Nous essayons un nouvel armement.

— Ah ! ben merci ! j’aime encore mieux avoir froid que de me mettre devant ce feu-là !

— Oh non ! je vous en prie ! Depuis qu’il y a des fusils à lorgnette je n’aime pas qu’on me lorgne.

INCONVÉNIENT DE PRÉSENTER LES ARMES AVEC LE FUSIL À TABATIÈRE.

Atchi ! atchi ! atchi !

— Monsieur Dumanet, quelles manières depuis votre retour de Châlons !

— Ah dame ! on s’est perfectionné dans l’attaque.

QUE C’EST DONC BON UN LIT APRÈS TROIS MOIS AU CAMP DE CHÂLONS !

— Ordonnance, vous viendrez me réveiller dans huit jours !

LE NOUVEAU FUSIL À TABATIÈRE
Une prise d’arme.

— Ce n’est pas un fusil à tabatière ?

— Vous voyez bien que non : le mien c’est un fumeur.

Levée en masse de tous les joueurs d’orgues pour le service des mitrailleuses, sur l’air : Mourir pour la patrie, c’est le sort

— Voici votre armement : un fusil à tabatière.

— Capitaine, je vous en supplie… le tabac me fait mal.

— Capitaine, pendant que je tourne la mitrailleuse, que fait l’ennemi ?

— Il tourne aussi, mais de l’œil.

— Dites donc, militaire, votre fusil est-il à tabatière ? je prendrais bien une prise.

Conséquence de la suppression du pince-nez dans l’armée prussienne.

— Je me trouve très-bien de vos eaux ; elles m’ont ouvert l’appétit !

— Allons, voyons, un bon mouvement : sautez-moi là-dedans.

— J’ai pas de remplaçant, moi ! Je suis pas l’époux de madame.

Le factionnaire de la mobile devant se mobiliser même avec sa guérite.

— Faut absolument qu’on m’admette dans la mobile, sans quoi les femmes vont se douter de mon âge !

— Te voilà un militaire, dis, papa ! Tu vas embrasser ma bonne alors ?

Modification apportée dans le service de la garde nationale sédentaire afin d’établir une démarcation avec le service de la mobile.

— Rends lui donc ses soldats à c’te enfant !

— J’en ai besoin pour m’exercer ; j’ai pas encore les miens !

— Grand-père, t’es pas de la mobile ?

— Non, mon enfant.

— Pourquoi que tu branles la tête comme ça alors ?

— C’est ma manière de tailler mes plumes. Je suis dans un bureau ; mais aussi, dans la mobile, il faut que je m’habitue à me servir de mon sabre.

— N’approche pas ! elle est peut-être explosible ! Ils ne savent qu’inventer aujourd’hui comme moyen de destruction !

Bien difficile d’empêcher un Grec d’embrouiller les cartes.
Le Juif errant, doyen des marcheurs, nommé premier grenadier de la mobile. Les frères Gréco-Siamois-Turcs demandent à être opérés, leur position devenant intolérable.
Serait-ce le choix qui l’embarrasse ?

— Vous avez aboli l’esclavage pour lui, mais prenez garde maintenant qu’on ne le rétablisse pour vous.

— Décidez-vous ! Voulez-vous de moi, oui ou non ? Je vous en préviens, on me demande ailleurs.

Montée sur l’âne de ce pauvre Buridan.

JANUS. — Sapristi ! qu’on se décide à quelque chose ; je ne puis pas rester toujours avec ma porte entr’ouverte, ça m’enrhume.

LE GÉNÉRAL JOURNALISTE.

— Je vous tiens quitte de me présenter les armes si vous me trouvez un sujet d’article.

EN ESPAGNE.
Retirant après lui l’échelle que lui ont tenue les autres.

— Je n’aime pas trop votre carte du jour ; je préfère composer mon menu moi-même.

La dernière course de taureaux. EN ESPAGNE.
Un rude carrefour.

— Le général Prim ?

— Il ne reçoit personne ; il est en train de faire son article.

— Gagnes-tu de l’argent avec ta harpe ?

— Non, m’sieu : depuis les affaires d’Espagne on ne donne plus qu’aux guitares.

— Quelle bêtise ! ne quittez donc pas encore votre balai.

— Excusez, en v’là une de paternité : un enfant reconnu par tout le monde.

— J’ai tant de peine à le nettoyer ! j’ai bien envie de ne plus rien mettre dessus.

— Croyez-moi, tenez vous-même la queue de la poêle et mettez-moi ça dedans si vous voulez faire de la bonne cuisine.


Clichy. — Imp. Maurice Loignon et Cie, rue du Bac-d’Asnières, 12.