Catriona (Les Aventures de David Balfour, II)
Traduction par Jean de Naÿ.
Hachette (p. 1-12).


PREMIÈRE PARTIE

L’AVOCAT GÉNÉRAL


I

LE MENDIANT ENRICHI


Le 25 août 1751, vers deux heures de l’après-midi, moi, David Balfour, sortant de la Banque des Toiles Britanniques où je venais pour la première fois de toucher mes revenus, suivi d’un employé qui portait mon argent, je me vis saluer par les principaux commerçants qui, du seuil de leurs portes, me regardaient passer. Deux jours avant, et même pas plus tard que la veille au matin, je n’étais qu’un vagabond errant sur les chemins, vêtu de haillons et arrivé à mon dernier shilling. J’avais pour compagnon un proscrit, condamné pour rébellion et ma tête était mise à prix à cause d’un crime qui mettait tout le pays en rumeur. Aujourd’hui, je me trouvais tout à coup héritier des biens que je tenais de ma naissance, et même grand propriétaire. J’entrais dans la ville accompagné du porteur chargé de mon argent, des lettres de recommandation plein mes poches, enfin, comme dit le proverbe, avec tous les atouts dans mon jeu.

Cette belle médaille avait malheureusement son revers : d’une part, la difficile et dangereuse affaire que j’avais sur les bras ; d’autre part, l’endroit où je me trouvais. La grande ville noire, le nombre, le mouvement, le bruit des passants, tout m’apparaissait comme un monde nouveau après les marécages, les pentes abruptes et les calmes paysages qui m’étaient familiers. La foule des bourgeois surtout me déconcertait ; le fils de Rankeillor, qui m’avait passé ses habits, était petit et mince, ses vêtements joignaient à peine sur moi ; il était évident que je n’étais pas vêtu comme un rentier et je risquais d’attirer l’attention du public. Aussi, je résolus de me procurer sans retard des habits à ma taille et, en attendant, je me mis à marcher côte à côte avec mon porteur, lui glissant familièrement la main sous le bras comme si nous eussions été une paire d’amis.

J’allai d’abord me faire habiller chez un tailleur de Luckenbooths, sans luxe, car je ne voulais pas avoir l’air d’un mendiant enrichi[1], mais convenablement, afin d’être respecté. De là, je passai chez un armurier où je me munis d’une épée ordinaire et convenable à mon rang. Je me sentis aussitôt plus en sûreté avec cette arme, bien que, pour quelqu’un d’aussi ignorant que moi en matière d’escrime, ce fût plutôt un danger. Le porteur, qui était sans doute un homme de quelque expérience, jugea mon accoutrement réussi.

« Rien de voyant, me dit-il, mais un appareil simple et décent ; quant à la rapière, pas de doute qu’elle ne convienne à votre situation, mais si j’avais été à votre place, j’aurais fait un meilleur usage de mon argent. »

Et il me proposa de me conduire chez une de ses parentes qui confectionnait des culottes d’hiver inusables. Mais j’avais en tête des affaires autrement pressantes et il fallait m’orienter dans cette vieille ville fumeuse où je me trouvais pour la première fois, vraie garenne à lapins, soit par le nombre de ses habitants, soit par l’enchevêtrement de ses rues et de ses passages. C’était en vérité un endroit où un étranger ne pouvait se reconnaître et avait peu de chance de dénicher la demeure d’un ami étranger comme lui. Même en supposant qu’il arrivât à découvrir l’impasse cherchée, les gens vivent si entassés dans ces hautes vieilles maisons, qu’il pourrait bien courir tout un jour avant d’avoir la bonne fortune de frapper à la porte de son ami. Il y avait bien un moyen de se tirer d’affaire, c’était de prendre un guide qui vous menait où vous vouliez et ensuite vous ramenait chez vous ; seulement ces caddies ayant justement pour métier d’être très bien informés des personnes et des maisons de la ville, étaient devenus une vraie bande d’espions. Je savais, par les récits de M. Campbell, avec quelle curiosité enragée ils se communiquaient les nouvelles de leurs clients et comme quoi ils étaient les yeux et les doigts de la police. C’eût été folie, dans ma situation, d’avoir recours à eux et d’attacher de tels limiers à mes trousses.

J’avais trois visites à faire, toutes également pressées et utiles : d’abord, je devais voir mon parent M. Balfour de Pilrig, puis M. Stewart l’avoué, qui était l’agent d’Appin, et, enfin, j’avais à me présenter chez l’avocat général procureur du Roi en Écosse, lord William Grant de Prestongrange.

La visite à M. Balfour n’avait rien de compromettant, et d’ailleurs, Pilrig se trouvant à la campagne, je me faisais fort de trouver le chemin tout seul avec l’aide de mes deux jambes et celle non moins utile d’une bonne langue écossaise. Mais il n’en était pas de même des autres visites et elles m’inquiétaient davantage : celle à l’agent d’Appin, au moment où l’on s’occupait encore du crime, était déjà une imprudence ; de plus, elle était incompatible avec l’autre.

Il était vraisemblable, en effet, que, de toutes façons, j’aurais un mauvais quart d’heure à passer chez l’avocat général, mais s’il apprenait que je venais chez lui en sortant de chez l’avoué d’Appin, cela n’arrangerait pas mes affaires et pourrait même causer la perte de l’ami d’Alan. Puis j’aurais l’air d’un homme « qui court avec le lièvre et chasse avec les chiens », ce qui n’était nullement de mon goût. Je me décidai, par conséquent, à en finir avec M. Stewart et le côté jacobite de mon affaire, et je pris le parti de profiter, pour trouver sa demeure, de la présence de mon porteur. Au moment où je venais de lui donner l’adresse, une averse survint tout à coup, et songeant à mes habits neufs, je cherchai un abri sous un auvent au haut d’une impasse.

Tout me paraissant nouveau et curieux en cet endroit, je m’avançai de quelques pas et je me mis à examiner les environs : l’étroit chemin pavé descendait en pente rapide ; des maisons d’une hauteur prodigieuse à mes yeux se dressaient des deux côtés de l’allée, les étages faisant saillie les uns au-dessus des autres à mesure qu’ils s’élevaient. Tout en haut, on apercevait seulement un mince ruban de ciel. Ce que l’on pouvait surprendre à travers les fenêtres et l’aspect respectable des personnes qui entraient et sortaient, faisaient penser que ces maisons étaient bien habitées et, malgré moi, je me sentais intéressé comme par un roman.

Tout à coup, un bruit de pas et d’armes me fit tourner la tête, je vis quelques soldats et, au milieu d’eux, un homme de haute taille vêtu d’un long pardessus. Il marchait un peu penché en avant comme par une sorte de grâce élégante, ses mains avaient une pose naturelle et son visage était beau et distingué. Il me sembla que son regard s’arrêtait sur moi au passage, mais je ne pus rencontrer ses yeux. Le cortège s’arrêta à une porte de l’avenue qu’un domestique en livrée vint ouvrir, deux des soldats suivirent le prisonnier à l’intérieur de la maison, tandis que les autres restèrent à l’entrée, mousquets en main.

Âme qui vive ne peut passer dans les rues d’une ville sans être suivi par les badauds et les enfants. Il en fut ainsi cette fois, mais le gros de la troupe s’égrena vite et il ne demeura que trois personnes.

L’une d’elles, une jeune fille, était habillée comme une dame et portait les couleurs des Drummond ; ses compagnons ou, pour mieux dire, ses suivants, étaient de simples montagnards déguenillés, tels ceux que j’avais vus par douzaines pendant mon séjour dans les Highlands. Ils parlaient tous trois en gaélique avec beaucoup d’animation ; cet accent me parut agréable à entendre, car il me rappelait Alan ; aussi, quoique la pluie eût cessé et que mon compagnon me fît signe de continuer notre route, je m’avançai au contraire pour les écouter. La dame paraissait faire de vifs reproches, les autres s’excusaient avec des signes du plus extrême respect, ce qui me donna la certitude qu’elle était de grande famille. Tous en même temps fouillaient leurs poches et, autant que je parvins à voir, ne purent réunir plus d’un demi-farthing. Je ne pus m’empêcher de sourire en voyant tous les Highlanders pareils pour la bourse vide et les belles manières.

La jeune fille tourna par hasard la tête de mon côté et je pus voir son visage. Rien de plus merveilleux que la façon dont la figure d’une jeune fille s’imprime dans l’esprit d’un jeune homme et y laisse son empreinte sans qu’on puisse expliquer pourquoi ! Il semble qu’elle vienne y occuper une place qui lui était réservée.

Celle-ci avait des yeux superbes, brillants comme des étoiles, et je m’imagine que les yeux sont bien pour quelque chose dans le phénomène que je viens d’indiquer ; pourtant, ce que je me rappelle le plus clairement, c’est la façon délicieuse dont ses lèvres étaient entr’ouvertes lorsqu’elle se retourna. Quoi qu’il en soit, je fus cloué sur place, troublé et ravi de sa beauté. De son côté, comme elle ne s’était pas doutée de ma présence, elle me regarda un peu plus longtemps et avec un peu plus de surprise qu’il n’eût fallu pour ne pas dépasser les bornes de la politesse. En vrai provincial que j’étais, il me vint à l’esprit qu’elle admirait mes habits neufs ; cela me fit rougir jusqu’à la racine des cheveux, et la vue de cette rougeur subite provoqua sans doute en elle quelques réflexions, car elle attira ses montagnards plus loin dans la ruelle, et renoua avec eux la dispute dont il ne me fut plus possible d’entendre un mot.

Il m’était certainement arrivé, avant cette aventure, d’admirer une belle jeune fille, quoique pas toujours si soudainement ni si fort, et mon habitude, dans ces cas-là, était plutôt de battre en retraite, car j’étais timide et je craignais beaucoup les railleries féminines. Vous pourriez donc croire que j’avais toute raison, cette fois, de poursuivre ma pratique ordinaire, je venais, en effet, de rencontrer cette jeune fille dans un quartier inconnu, suivant très probablement un prisonnier et accompagnée par de quasi-mendiants. C’en était assez pour calmer mon ardeur, mais ici se présentait une circonstance dont je devais tenir compte : il était clair que la dame croyait que j’avais écouté ses secrets et, avec mes habits neufs, mon épée, au début de ma nouvelle fortune de gentilhomme, cette pensée m’était insupportable. Je ne pouvais me résigner à être pris pour un espion ou, du moins, il ne me plaisait pas de passer pour tel aux yeux de cette femme.

Je la suivis donc et je levai mon chapeau neuf devant elle, du mieux que je pus.

« Madame, lui dis-je, je crois qu’il est loyal de ma part de vous déclarer que je n’entends pas un mot de gaélique ; il est vrai, cependant, que j’ai écouté votre conversation, car j’ai des amis dans le parti des Highlands et le son de cette langue m’était agréable en souvenir d’eux ; mais quant à vos affaires personnelles, je ne les ai pas plus comprises que si vous aviez parlé grec. »

Elle me fit une petite révérence très digne.

« Il n’y a pas de mal, dit-elle avec une jolie moue : un chien peut regarder un évêque. »

— Je n’avais pas l’intention de vous offenser, repris-je très ému, je n’ai pas l’habitude des belles manières : c’est aujourd’hui pour la première fois que je mets les pieds à Édimbourg. Prenez-moi pour ce que je suis, un simple campagnard, j’aime mieux vous le dire moi-même que de vous le voir deviner.

— C’est une chose un peu étrange, en effet, de voir deux inconnus causer sur le seuil d’une porte ; mais si vous êtes de la campagne, c’est différent. Je suis aussi une campagnarde, et je me trouve ici presque en pays étranger.

— Et moi, il n’y a pas encore une semaine que j’ai passé les montagnes et que j’étais sur les pentes de Baldwidder.

— Baldwidder ! s’écria-t-elle, vous venez de Baldwidder ? Ce seul nom me fait bondir de joie ! Il n’est pas possible que vous ayez été longtemps là-bas sans connaître quelques membres de ma famille ou de mes amis.

— Je vivais chez un très brave et honnête homme nommé Duncan, répliquai-je.

— Eh bien, je connais Duncan, et vous ne faites que lui rendre justice, et s’il est honnête, sa femme l’est aussi.

— Oui, ce sont de braves gens et j’aime leur pays.

pourrait-on trouver un lieu qui puisse lui être comparé ? s’écria-t-elle ; c’est avec passion que j’aime l’odeur de ce sol et jusqu’aux racines qui y poussent ! »

Je ne pouvais m’empêcher d’être charmé par l’enthousiasme de cette jolie fille et je me hâtai de répondre :

« Je regrette de n’avoir pas apporté un brin de bruyère : je vous l’aurais donné ; et quoique j’aie eu tort de vous parler le premier, puisque nous avons découvert que nous avons de mutuelles connaissances, je vais vous adresser une prière, c’est de ne pas m’oublier. Mon nom est David Balfour, ce jour est pour moi un jour de bonne chance, car je viens d’être rétabli dans mes droits de propriétaire et, cela, après avoir échappé à de mortels dangers. Je vous prie de garder le souvenir de mon nom pour l’amour de Baldwidder, comme je garderai le vôtre en souvenir de ce jour et comme un porte-bonheur.

— Mon nom ne s’articule pas, répondit-elle avec beaucoup de hauteur : il y a plus de cent ans qu’il n’a passé sur des lèvres humaines, excepté sans doute pour un aveugle. Je suis sans nom comme les fées. Catriona Drummond est le nom que je porte. »

Je savais maintenant à quoi m’en tenir. Il n’y avait dans toute l’Écosse qu’un seul nom proscrit, c’était celui des Mac-Gregor. Cependant, bien loin de songer à fuir cette dangereuse personne, je m’empressai de continuer la conversation.

« J’ai habité avec quelqu’un qui était dans le même cas que vous, et je pense qu’il est peut-être un de vos amis. On l’appelle Robin Oig.

— Est-ce possible ! Vous connaissez Rob ?

— J’ai passé une soirée avec lui, répondis-je.

— C’est un oiseau de nuit, en effet, dit-elle.

— Il y eut une partie de cornemuses, un match, vous jugez si le temps passa vite[2].

— Il ne faut pas que vous soyez ennemis en tout cas, répondit-elle. Son frère était là il n’y a qu’un instant entouré des habits rouges. C’est à lui que je donne le nom de père.

— Vraiment ! seriez-vous fille de James More ?

— Sa fille unique, la fille d’un prisonnier. Et dire que, depuis un instant, j’oublie mon père pour causer avec un étranger ! »

Ici, l’un des montagnards, Gillies, l’interrompit avec ce qu’il savait d’anglais, lui demandant ce qu’il devait faire « pour le tabac ». Je fis alors quelque attention à cet homme et je constatai que c’était un petit, à grosse tête, à cheveux roux et qui avait les jambes torses. Je ne devais que trop le revoir dans l’avenir !

« On ne peut en avoir aujourd’hui, Neil, répondit la jeune fille ; comment acheter du tabac sans argent ? Cela vous apprendra à être plus soigneux à l’avenir et je pense que James ne sera pas content de Neil du tout ?

— Miss Drummond, dis-je en m’approchant, je vous ai dit que ce jour est pour moi un jour de chance. J’ai ici un homme qui porte de l’argent, rappelez-vous que j’ai reçu l’hospitalité dans votre pays de Baldwidder.

— Ce n’est pas ma famille qui a pu vous l’offrir.

— C’est vrai, mais je suis redevable à votre oncle au moins de quelques gambades au son des cornemuses. D’ailleurs, ne vous ai-je pas demandé votre amitié ? Vous ne me l’avez pas refusée.

— S’il s’agissait d’une grosse somme, vous pourriez en tirer vanité, mais je vais vous dire ce que c’est. James More végète dans sa prison, mais, souvent, à cette heure-ci, on le conduit devant l’avocat général procureur du Roi.

— L’avocat général ? m’écriai-je, est-ce que cette maison serait…

— C’est la maison de l’avocat général Grant de Prestongrange, dit-elle ; là, on amène fréquemment mon père. Pour quelles raisons ? Je n’en ai pas la moindre idée, mais il paraît qu’il y a quelques lueurs d’espoir pour lui à l’horizon. Cependant, on ne me laisse plus le voir ni même lui écrire ; alors, nous venons ici attendre et quand il passe, nous lui glissons, tantôt du tabac, tantôt quelqu’autre chose. Et voici que cet homme de malheur, Neil, fils de Duncan, a perdu ma pièce de quatre pence destinée à acheter le tabac. James More va être obligé de s’en passer, et il croira que sa fille l’oublie. »

Je pris dans ma poche une pièce de « six pence » et la remis à Neil, en lui disant d’aller faire son emplette, puis me tournant vers miss Drummond :

« Cette pièce me vient de Baldwidder, lui dis-je.

— Ah ! Vous êtes donc un ami des Gregara ?

— Je ne voudrais pas vous tromper, je ne connais presque pas les Gregara et encore moins suis-je au courant des affaires de James More ; mais, depuis que je vous vois, il me semble que je sais quelque chose de vous-même. Si vous voulez seulement me nommer votre ami, je ferai en sorte que vous ne vous trompiez pas.

— L’un ne va pas sans l’autre.

— J’essaierai, dis-je.

— Mais que penserez-vous de moi, s’écria-t-elle, en me voyant accepter de l’argent du premier étranger venu ?

— Je ne penserai rien, si ce n’est que vous êtes une fille dévouée.

— Il faudra que je vous rembourse : où demeurez-vous ?

— À dire vrai, nulle part pour le moment ; il n’y a pas trois heures que je suis dans la ville, mais si vous voulez me dire votre adresse, je prendrai la liberté d’aller y chercher moi-même la pièce de « six pence ».

— Dois-je y compter ?

— N’ayez aucune crainte là-dessus.

— Souvenez-vous que James More ne voudrait pas toucher à son tabac sans cela. J’habite au delà du village de Dean, du côté nord de la « Water », chez Mme Drummond Ogilvy d’Allardyce, qui est ma très chère amie et qui sera contente de vous remercier.

— Eh bien, soyez sûre que vous me verrez aussitôt que mes affaires me le permettront », lui dis-je. Et le souvenir d’Alan me revenant à l’esprit, je me hâtai de prendre congé.

Je ne pus cependant m’empêcher de penser, même en lui disant adieu, que nous étions devenus bien intimes pour une si courte rencontre, et qu’une sage jeune fille se serait peut-être montrée plus réservée. Le porteur contribua aussi à me mettre cette mauvaise pensée en tête.

« Je croyais, me dit-il dans son argot, que vous étiez un jeune homme de quelque sens. Vous ferez si bien, que nous n’arriverons jamais à destination. Vous n’êtes qu’un vert-galant, s’écria-t-il, et un vicieux encore, courant après des cotillons !

— Osez encore parler ainsi de cette demoiselle et vous verrez ! commençai-je d’un ton de menace.

— Demoiselle ! s’écria-t-il, Dieu nous garde ! Quelle demoiselle ! Vous appelez cela une demoiselle ? La ville est pleine de ses pareilles, vous savez ! On voit bien que vous venez de débarquer dans Édimbourg ! »

Un accès de colère me prit.

« Voyons, lui dis-je, menez-moi où je vous ai dit et fermez votre bec. »

Cela ne l’empêcha pas de continuer à grommeler et à chanter d’une voix fausse :

Molly Lee descendit dans la rue et son capuchon s’envola ;
Elle jeta un coup d’œil derrière elle pour jouir encore de la vue de cet objet de toilette,
Et nous sommes tous allés courtiser Molly Lee.



  1. A beggar on horseback : allusion à une ballade écossaise.
  2. Voir les Aventures de David Balfour, chap. xxv.