Catéchisme du diocèse de Sens/Des moyens d’avoir une bonne contrition

Brown & Gilmore, imprimeurs de la Province (p. 139-141).

§ V.

Des moyens d’avoir une bonne Contrition.

D. QUe faut-il faire pour avoir une véritable Contrition ?
R. Deux choſes. 1. En demander à Dieu la grace avec inſtance. 2. Coopérer à cette grace avec fidélité.
D. Que faut-il faire pour bien demander à Dieu la grace de la Contrition ?
R. Il faut employer les Prières, le ſaint Sacrifice de la Meſſe, et même faire quelques bonnes œuvres dans la vuë de l’obtenir.
D. Que faut-il faire pour coopérer fidèlement à la grace de la Contrition ?
R. Il faut s’y exciter par la conſidération de quelqu’un des motifs capables de nous inſpirer le regret d’avoir offenſé Dieu.
D. Quels ſont ces motifs ?
R. Il y en a ſept principaux.
D. Quel eſt le premier ?
R. C’eſt la laideur épouvantable du péché qui nous rend plus horribles aux yeux de Dieu qu’un corps mort et pourri ne l’eſt aux yeux des hommes.
D. Quel eſt le ſecond ?

R. Les peines que mérite un ſeul péché mortel dont il eſt impoſſible de comprendre la rigueur, et qui dureront toute l’Eternité.
D. Quel eſt le troiſiéme ?
R. Les biens que le péché mortel nous fait perdre ; ſcavoin, en ce monde la grace de Dieu & le repos d’une bonne conſcience ; & dans l’autre, les délices éternelles du Paradis.
D. Quel eſt le quatriéme ?
R. C’eſt la Paſſion de Jeſus-Chriſt qui nous a tant aimé, et dont nos péchez ont cauſé la mort.
D. Quel eſt le cinquiéme ?
R. C’eſt l’ingratitude dont le péché nous rend coupables envers Dieu, qui nous a tant fait de bien pour le corps et pour l’ame.
D. Quel eſt le ſixiéme ?
R. C’eſt l’amour de Pere avec lequel ce Dieu, que nous avons offenſé, prend ſoin de nous en ce monde, et nous prépare en l’autre ſon Royaume celeſte.
D. Quel eſt le ſeptiéme ?
R. C’eſt la bonté infinie de Dieu conſideré en lui-même, qui, quand il ne nous auroit jamais fait de bien, eſt ſi bon et ſi aimable, que nous devrions mourir mille fois plûtôt que de jamais l’offenſer.
D. Entre tous ces motifs, quels ſont les plus parfaits et ceux auſquels il eſt plus à propos de s’arrêter ?
R. Ce ſont ceux qui nous portent à l’amour de Dieu, et particulierement c’eſt le dernier.
D. Y a-t’il des Chrétiens, qui allant à Confeſſe, n’ont point une véritable Contrition, quoi-qu’ils croyent l’avoir ?
R. Oui, il y en a pluſieurs, comme ceux qui s’imaginent avoir une vraye Contrition, quand ils en ont prononcé un Acte du bout des lévres.
D. Y a-t’il quelques marques pour connoître ſi la Contrition qu’on a, eſt véritable ?
R. Il y en a trois.
D. Quelle eſt la premiere ?
R. C’eſt quand on ſe ſent ſi touché qu’on voudroit pour beaucoup n’avoir jamais offenſé Dieu.

D. Quelle eſt la ſeconde ?
R. C’eſt quand on s’eſt approché du Confeſſeur avec une diſpoſition ſincere de ſe ſoumettre de bon cœur à tout ce qu’il ordonnera, ſoit pour la Pénitence, ſoit pour le retardement de l’Abſolution.
D. Quelle eſt la troiſiéme ?
R. C’eſt quand on a le déſir et le ſoin d’expier ſes péchez par la Pénitence, et les bonnes œuvres.