Bulletin du comité historique des arts et monuments/Tome 1/2

Comité historique des arts et monuments
Imprimerie nationale (Tome 1p. 33-Gravure).

MINISTÈRE
DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES CULTES.

BULLETIN
DES
COMITÉS HISTORIQUES.

ARCHÉOLOGIE, BEAUX-ARTS

ACTES OFFICIELS.


I.

ARRÊTÉ.

(6 février 1849.)

M. Jeanron, directeur des Musées nationaux, est nommé membre du Comité historique des arts et monuments près le ministère de l’Instruction publique et des Cultes.


II.

Circulaire aux correspondants du ministère pour les travaux historiques.

Recherches sur les meubles et vêtements ecclésiastiques du moyen âge.
Paris, le 10 février 1849.

Monsieur, jusqu’ici les études archéologiques sur les arts du moyen âge ont eu presque exclusivement pour objet les grandes œuvres d’architecture, de sculpture et de peinture. Le comité des arts et monuments institué près le ministère de l’instruction publique et des cultes pense que le moment est venu d’étudier à leur tour les costumes et les ameublements du moyen âge, et qu’on ne saurait mieux inaugurer cette nouvelle série de travaux que par la recherche de tout ce qui peut exister encore d’anciens vêtements ecclésiastiques, d’insignes religieux et d’objets spécialement affectés au service des autels. De nombreuses demandes ont été adressées au comité par des membres du clergé et par les fabriques sur les meilleurs modèles à consulter pour la confection des ornements sacerdotaux et pour la fabrication des vases sacrés. C’est sur le zèle de ses correspondants que le comité a compté pour répondre à des questions qui intéressent à un si haut degré la dignité des cérémonies du culte.

Malgré les pertes que l’église de France a éprouvées, depuis deux siècles surtout, par suite de la réforme à peu près complète du costume ecclésiastique et de la dilapidation des trésors, il existe encore dans notre pays une quantité très-considérable de vêtements, de reliquaires et de vases sacrés appartenant aux différentes époques du moyen âge. Ces objets précieux sont dispersés ; il s’agit d’en centraliser au moins la description et la représentation : on arriverait facilement à reconstituer, au moyen des renseignements que les correspondants sont à portée de recueillir, des séries complètes de costumes et de meubles religieux en rapport avec les grandes divisions de l’art monumental. Les statues, les bas-reliefs et les peintures que le moyen âge a répandus dans nos églises et sur les châsses de nos saints avec une si abondante libéralité, fournissent déjà, sur le vêtement du prêtre et sur la décoration mobilière de l’autel, les indications les plus essentielles. Mais l’imitation sculptée ou peinte ne saurait suppléer entièrement à la présence des objets eux-mêmes ; il est à peu près indispensable, surtout pour en produire de pareils, d’avoir sous les yeux les œuvres originales, ou, du moins, des dessins qui en soient la parfaite image.

Les renseignements que le comité sollicite aujourd’hui viendront compléter ceux que le Bulletin a déjà portés à la connaissance des correspondants. Les églises de Saint-Étienne, à Sens ; de Saint-Quiriace, à Provins ; de Saint-Bertrand-de-Comminges ; de Saint-Sernin, à Toulouse, possèdent, on le sait, des chapes, des chasubles, des mitres, des crosses fabriquées dans les xiie, xiiie et xve siècles. La chasuble en soie de saint Regnobert, évêque de Bayeux ; l’étole et le manipule du même saint, tout tissus d’or et de perles ; l’étole de saint Pol, évêque de Léon, dont la broderie représente des chiens et des cavaliers ; la dalmatique de saint Étienne de Muret ; la chasuble et le calice donnés vers le milieu du xiiie siècle, par saint Louis, au bienheureux Thomas Élie, curé de Biville ; les ornements pontificaux de saint Edme, archevêque de Cantorbéry ; la chasuble de saint Rambert ; les insignes et quelques portions du vêtement d’Hervée, évêque de Troyes ; la mitre et la crosse de l’archevêque de Rouen, Jean de Marigny, frère du célèbre Enguerrand ; les précieuses crosses des abbayes du Lys et de Maubuisson, se sont conservés jusqu’à nos jours. Le Bulletin a publié la description de la chape de saint Louis, évêque, et ce travail peut être proposé comme un excellent modèle à suivre pour les monuments du même genre. L’ouverture de plusieurs anciens tombeaux à Jumiéges, à Saint-Claude, à Reims (dans l’église de Saint-Remy), a fourni des étoffes curieuses, comme on en avait trouvé dans les sépultures les plus anciennes de l’abbaye Saint-Germain-des-Prés. Dans certaines châsses, celle de saint Germain, évêque d’Auxerre, et celle de saint Exupère, évêque de Toulouse, par exemple, les reliques sont encore enveloppées de tissus remarquables, d’une origine très-ancienne, qui paraissent avoir fait partie de vêtements sacerdotaux. Les restes de Charlemagne, à Aix-la-Chapelle, et ceux de l’impératrice Richarde, à Andlau, avaient aussi été déposés dans des voiles de soie historiés, qui se sont retrouvés presque intacts. La cathédrale de Metz se fait gloire de garder religieusement une riche chape, qu’on appelle la chape de Charlemagne, et dont le tissu passe pour un ouvrage du viiie siècle. Une nappe brodée en couleur, dans la première moitié du xie siècle, par Élisabeth, femme de Wifred, comte de Cerdagne, a survécu à la ruine de l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou, dont elle recouvrait autrefois le principal autel.

La plupart des objets anciens en métal qui composaient la décoration des autels sont passés dans les collections particulières ; un ameublement moderne les a remplacés presque partout. Cependant, quelques-uns ont échappé à la profanation : on peut citer les calices superbes du trésor de Notre-Dame de Paris, les châsses magnifiques d’Ambazac, de Mauzac, de Saint-Taurin d’Évreux, du Coudray-Saint-Germer et de Jouarre. Le reliquaire portatif de l’abbé saint Mommole, à Saint-Benoît-sur-Loire, et les petites châsses émaillées de Saint-Sernin de Toulouse, sont aussi des monuments d’orfèvrerie bien précieux.

Le simple énoncé d’une pareille suite d’objets montre assez tout ce qu’on doit attendre de recherches dirigées avec persévérance, et entreprises simultanément sur tous les points de la France. Le comité ne fixe d’autre limite aux recherches de ses correspondants que la fin du xviiie siècle. En effet, si les formes anciennes avaient été complètement altérées bien avant cette époque, il n’en restait pas moins, dans les détails du costume et du mobilier ecclésiastiques, des vestiges intéressants à constater du système primitif d’ornementation. Des dessins exacts, ou même des moulages pris sur des objets mobiliers et des patrons taillés sur les vêtements, seraient ici plus nécessaires que jamais : les formes se représentent mieux qu’elles ne se décrivent.

Les points principaux sur lesquels le comité désire obtenir des renseignements sont résumés dans le questionnaire que je vous adresse ci-joint.

Pour seconder les vues du comité, je fais appel à votre active collaboration, et je vous prie de vouloir bien consigner sur le questionnaire les renseignements que vous pourrez recueillir, en y ajoutant, aussi souvent que possible, le dessin des objets que vous aurez signalés.

Recevez, Monsieur, l’assurance de ma considération très-distinguée.

Le Ministre de l’instruction publique et des cultes,
FALLOUX.

MEUBLES ET VÊTEMENTS ECCLÉSIASTIQUES.
QUESTIONS.

1. Existe-t-il dans la commune d………… des vêtements ecclésiastiques anciens, tels que chasubles, chapes, dalmatiques, aubes, ceintures, manipules, etc. ?

2. S’est-il conservé quelques insignes des dignités ecclésiastiques, des étoles, des mitres, des anneaux, des gants à plaques gravées ou émaillées, des agrafes, des boutons de chape, de crosses abbatiales ou épiscopales, des bâtons de chantre, des chaussures à l’usage des évêques, des chapeaux de cardinaux, comme on en voyait suspendus dans les églises en mémoire de prélats qui avaient fait partie du sacré collège ?

3. De quel tissu sont formées les étoffes ?

4. Les étoffes paraissent-elles de fabrication nationale ou étrangère ?

5. A-t-on quelques données précises, ou au moins quelques traditions, sur les fabriques d’où ces étoffes seraient sorties, et sur les artistes qui auraient concouru à les confectionner ?

6. Le tissu présente-t-il des inscriptions ou de simples marques ? Dans le cas où des caractères y seraient tracés, peut-on y trouver un sens, ou doit-on les considérer comme des imitations de caractères figurés sur des étoffes d’origine étrangère ?

7. Quels sont la forme, la coupe, le mode d’assemblage, la couleur de chacune des parties des anciens vêtements sacerdotaux ? Sont-elles enrichies d’orfrois ou accompagnées de plages ?

8. Trouve-t-on dans quelques églises des nappes et des parements d’autels, des voiles de calice, des pales, des corporaux, des bourses d’origine ancienne, des courtines et des tapisseries destinées à la clôture du sanctuaire ou à la décoration des murailles pour les jours de grandes solennités ? Sait-on quelles étaient les couleurs affectées aux différentes fêtes et cérémonies, et depuis quelle époque cette distinction est en usage dans le pays ?

9. Les vêtements ecclésiastiques conservés passent-ils pour avoir appartenu à quelque personnage célèbre ? Sont-ils l’objet d’une vénération particulière ? Le clergé s’en sert-il habituellement, ou les réserve-t-il pour quelques fêtes patronales ?

10. Ces vêtements sont-ils simples ou ornés ? Les ornements font-ils partie intégrante de l’étoffe, ou sont-ils seulement appliqués ? En quoi consistent-ils ? Sont-ce des feuillages, des animaux, des figures humaines ? Offrent-ils un sens symbolique facile à saisir ?

11. Les règles de l’iconographie sacrée ont-elles été suivies dans la disposition des personnages figurés et dans le choix de leurs attributs ?

12. A-t-on connaissance d’étoffes anciennes découvertes dans des tombeaux, ou employées dans des châsses comme enveloppes de reliques ?

13. Existe-t-il des confréries qui fassent usage d’un costume et d’insignes particuliers ? À quelle époque ont-ils été empruntés ?

14. Se sert-on, dans les processions ou dans quelque autre cérémonie, de vêtements, de costumes, ou même de masques et de mannequins, pour représenter des personnages de l’Ancien ou du Nouveau Testament ?

15. Quelques églises sont-elles demeurées en possession de vêtements ou de linges considérés comme des reliques, en raison des personnages auxquels ils auraient appartenu ? Les fait-on toucher aux malades, et leur attribue-t-on quelque vertu miraculeuse ?

16. Est-il resté quelque débris des objets autrefois employés à la décoration des autels, et particulièrement de ceux qui servaient à la célébration du sacrifice eucharistique ?

17. De quelle matière et de quelle forme sont les calices, les burettes, les plateaux, les aiguières, les patènes, les ostensoirs, les ciboires anciens ? quel en est le système d’ornementation ?

18. Y a-t-il des croix, des chandeliers, des candélabres, des lampes, des couronnes de lumière, des autels portatifs, des pierres sacrées enchâssées et conservées à part, des tabernacles, des reliquaires spécialement destinés à la parure de l’autel, des plaques historiées qui auraient été employées à la décoration du devant de l’autel ou du retable ? Conserve-t on des châsses importantes ? Sont-elles l’objet d’exposition, d’ostension ou de processions remarquables ?

19. Connaît-on des crosses ou des colombes employées à la suspense du saint sacrement, des pixides pour les hosties consacrées ou pour les saintes huiles, des appareils ou des vases autrefois en usage pour la communion sous les deux espèces, des fers pour la confection des pains d’autel, des paix, des clochettes, des flabellums, des navettes, des encensoirs ? Peut-on citer des exemples anciens de cartons d’autels et de pupitres pour la pose du missel ?

20. À défaut d’objets conservés en nature, pourrait-on relever dans les inventaires des anciens trésors quelque description précise et complète de costumes ou d’ustensiles sacrés remarquables par leur forme et par leur antiquité ?

TRAVAUX DU COMITÉ.


I.

Séance du samedi 10 février 1849.

Présidence de M. d’Albert de Luynes.

Sont présents : MM. d’Albert de Luynes, de Bastard, Bottée de Toulmon, Didron, Diéterle, de Guilhermy, Jeanron, de Laborde, A. Lenoir, Lock, de Paulis.

Le comité décide que les séances auront lieu dorénavant les second et quatrième lundis de chaque mois, à midi.

Le comité prie M. le ministre de nommer correspondant M. Tony Desjardins, architecte de la cathédrale de Lyon.

M. le Président renouvelle la commission des correspondants, qui se compose de MM. de Montalembert, de Laborde, Lenoir et Didron.

Le comité décide que M. le ministre sera prié d’envoyer à l’impression les Instructions sur l’architecture monastique, rédigées par M. A. Lenoir.

M. de Guilhermy soumet au comité des dessins exécutés avec un très-grand soin par M. Laval, et qui représentent le jubé, la chaire et le buffet d’orgues de Saint-Étienne-du-Mont.

Le comité examine ces dessins avec intérêt ; il verrait avec plaisir qu’un travail de ce genre fût exécuté par les soins de la direction générale des cultes dans toutes les églises de France.

M. Lenoir soumet au comité un projet de publication sur l’abbaye de Jumiéges par M. Jollivet.

M. Lenoir est chargé de faire un rapport au comité sur ce projet de publication.

M. Lenoir recommande la conservation d’un fragment, l’unique qui subsiste encore, de l’ancien château de Mortagne. Ce fragment est menacé par l’alignement projeté d’une rue.

Le comité prie M. le ministre d’écrire à ce sujet à son collègue de l’intérieur.

La séance est levée à une heure.

Ouvrages offerts.

Bulletin de la Société historique et archéologique de Soissons. Tome I. Un volume in-8o de 205 pages, avec 6 lithographies.

Rapport de M. l’abbé Poquet, correspondant, présenté à la Société historique et archéologique de Soissons, sur une visite faite par la Société à Mont-Notre-Dame et au palais de Quierzy. In-8° de 27 pages.

Cérémonial du sacre de Mgr  l’évêque de Soissons, par MM. Poquet et Daras, directeurs de l’institut de Saint-Médard. In-18 de 115 pages, avec le portrait de Mgr  de Garsignies, évêque de Soissons.

Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments historiques dans le grand-duché de Luxembourg. IIIe volume. In-4° de 200 pages et 4 planches.

Excursion pittoresque et archéologique en Russie, exécutée en 1839, sous la direction de M. Anatole de Demidoff. Dessins faits d’après nature et lithographiés à deux teintes par André Durand. 4e et dernière livraison ; 26 lithographies in-folio.


II.

Séance du lundi 26 février.

Présidence de M. de Montalembert.

Sont présents : MM. d’Albert de Luynes, Barre, de Bastard, de Guilhermy, Jeanron, de Laborde, F. de Lasteyrie, A. Lenoir, Lock, Mérimée, de Montalembert, de Paulis, Didron, secrétaire.

Le secrétaire donne lecture du procès-verbal, qui est adopté.

M. d’Albert de Luynes signale les excellents résultats obtenus au moyen du daguerréotype pour la reproduction sur papier des monuments de tout genre.

À la prière du comité, M. d’Albert de Luynes promet de rédiger une note qui sera insérée dans le Bulletin sur la manière d’opérer sur papier avec le daguerréotype.

M. de Montalembert appelle l’attention du comité sur le projet d’achèvement du Louvre et du déplacement de la Bibliothèque nationale.

MM. de Montalembert, F. de Lasteyrie, L. de Laborde, Mérimée, exposent des considérations contre ce projet, qui doit avoir pour résultat la destruction de l’ancien palais Mazarin, unique vestige, à Paris, des grandes habitations françaises du xviie siècle et remarquable par sa décoration intérieure.

M. le président nomme, pour rédiger un rapport à M. le ministre sur le projet de translation, une commission composée de MM. de Laborde, de Guilhermy, Jeanron, Lenoir et Didron.

M. Mérimée rappelle que le comité a proposé, en 1848, de publier un recueil des inscriptions antiques et du moyen âge existant en France[1]. Avant de préparer les éléments d’un pareil recueil, il serait nécessaire que M. le ministre donnât son adhésion à la publication projetée.

Le comité décide que cette proposition sera soumise à M. le ministre.

Ouvrages offerts.

Considérations historiques et critiques sur les vitraux anciens et modernes et sur la peinture sur verre, par Émile Thibaud, de l’Académie de Clermont. In-8° de 127 pages, avec 3 planches lithographiées représentant des vitraux.

Royat, ses eaux et ses environs, itinéraire descriptif et historique, accompagné d’une carte de la vallée et d’un plan des nouvelles découvertes, par le même. In-8° de 74 pages, avec gravures sur bois représentant les monuments de Clermont et de l’Auvergne.

L’Auvergne au moyen âge, atlas de deux cartes et de planches in-folio, gravées sur métal, par le même. Première partie, comprenant les monastères de l’Auvergne.

Théophile, prêtre et moine. Essai sur divers arts, publié par M. Charles de l’Escalopier, conservateur honoraire de la bibliothèque de l’Arsenal, et précédé d’une introduction par J. Marie Guichard. In-4° de lxxii et 314 pages, avec fac-simile d’un manuscrit.

Précis analytique des travaux de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, pendant l’année 1848. In-8° de 334 pages. Envoi de M. Ballin, archiviste de l’Académie de Rouen.

La séance est levée à deux heures.

DOCUMENTS HISTORIQUES.


I.

Notice sur l’abbaye d’Orbais, par M. de Mellet, correspondant (Suite.)

§ 3. — De quelques anciens monuments.

« Il est à présumer qu’il y a eu autrefois plusieurs anciens monuments dans cette église, dont on n’a plus aujourd’hui aucune connaissance, les guerres, les incendies et autres malheurs nous en ayant dérobé la connoissance, de sorte qu’il ne nous reste que peu de choses de l’antiquité. On voit encore néanmoins un ancien monument fort considérable et fort respecté des personnes également pieuses et servantes : c’est la pierre sépulchrale ou tombeau soutenu de colonnes de saint Réole, notre premier fondateur, placée contre le mur du collatéral méridional, au-dessous d’une fenêtre, entre la chapelle de la sainte Vierge et celle de saint Nicolas, dans laquelle on tient par une ancienne tradition que le corps de saint Réole fut enfermé et mis en terre après sa mort. Suivant cette pieuse tradition, il est certain que notre saint fondateur a été inhumé dans l’église de cette abbaye ; car il ne faut pas s’imaginer que l’on ait transporté cette pierre d’une autre église pour la mettre icy en dépost.

« On ne trouve dans notre église que trois tombes de nos abbez réguliers : la première et la plus ancienne dans la chapelle de la sainte Vierge, devant la croisée méridionale, joignant le marchepied de l’autel, est d’un abbé appelé Guillaume. Il est représenté la tête en bas, nue, portant une grande tonsure ou couronne monachale, sans mitre, et les pieds tournez vers l’autel, selon l’ancienne pratique d’enterrer les morts, tenant sa crosse d’une main. On ne sçait ni le jour, ni le mois, ni l’année de sa mort. On lit seulement ces vers autour de la tombe.

Abbas Willelmus quo nostra…
A rebus mundi quæ causam dant pereundi,
Ad regnum cœli pervenit mente fideli.
Hoc sub sarcophago requiescit vir venerandus,

« On ne peut dire quand on a construit le gros pignon qui sépare la nef en deux, ni si la partie inférieure de la nef où il y a un second mur de séparation, et si les clochers ou tours et le portail ont été achevez ; ou quand la voûte et les clochers sont tombés, en cas qu’ils aient été achevez ; ni en quel tems, ni sous quel abbé on ait converti le bas de la nef et le portail en logis abbatial appelé ordinairement le château, à cause des tours et des meurtrières qu’on y voit encore.

« Il y a dans ce logis abbatial un autel : on voit encore au retable les armes de France modernes à trois fleurs de lys ; celles de l’église métropolitaine de Reims, peut-être à cause que ses archevêques ont eu depuis la fondation de cette abbaye, dont ils étaient les premiers fondateurs à cause de saint Réole, et longtems après, toute juridiction sur les abbez et religieux ; et les armes des comtes de Champagne, qui ont fait bâtir cette église et fait plusieurs donations, comme on a vu cy-devant.

« Dans la grande arcade extérieure du portail, du côté de la place ou halle du bourg, au-dessus de la grande porte et au milieu, on voit la figure d’un archevêque revêtu de ses habits pontificaux, avec le pallium fort long, selon l’ancien usage. Ce qui reste du portail marque qu’il était beau et magnifique, et ne cédait en rien à ceux des plus belles églises. On en peut juger par l’entrée et la porte conventuelle qui conduisent aujourd’huy au cloître et dans l’intérieur du monastère, et par où on entrait autrefois dans les collatéraux de la nef. Cete entrée est belle, noble, magnifique, bien voûtée, soutenue de belles colonnes d’une pierre extrêmement dure et polie, les ceintres enrichis de sculptures ; sur la droite du portail, il y a encore une entrée bouchée, mais semblable à la précédente.

« Dans la tour du portail vers le septentrion, on voit à la voûte une grande ouverture ronde et de cinq à six pieds de diamètre, pour monter des cloches. Mrs les anciens religieux prétendoient que les cloches qui sont aujourd’hui à Saint-Prix avoient été enlevées de nostre tour et vendues par les premiers commandataires. Ils ont bien vendu et dissipé d’autres biens et immeubles ; ce fait est digne de leur avarice et de leur insatiable cupidité à Orbaiz comme ailleurs.

« Enfin, en considérant la grandeur et la beauté de notre église, on peut conclure qu’il y a eu autrefois un nombre considérable de religieux, et que les assemblez pour les jubilés et Te Deum s’y faisoient. Le R. P. dom Pierre Mongé, prieur de ce monastère (après la démission volontaire de cette abbaye faite par Jacques de Pouïlly-de-Lançon, sur la fin de l’année mil six cens quatre-vingt seize, avec l’agrément du Roy et faveur de Jean-Louis de Fortia de Montréal, prêtre, docteur de la maison et société de Sorbonne et en droits), faisant réparer notre église en dehors et en dedans, en conséquence d’une transaction et bail de la manse abbatiale fait par ledit sieur de Lançon à notre communauté, le troisième jour de mars de l’an mil six cens quatre vingt sept, et voulant rendre les chapelles du rond-point plus claires, plus commodes et en quelque manière plus belles et plus grandes, fit aussi démonter les grandes cloisons de bois, et en fit mettre de plus basses pour les fermer ; il fit ôter les anciennes vitres peintes et fort épaisses, qui les rendoient fort sombres et obscures, et en leurs places des vitres blanches ; il fit aussi demolir les petits autelz, et reculer et transporter la menuiserie, les retables, colonnes, corniches, frontons et les anciennes pierres auparavant consacrées jusqu’au mur au dessous des fenêtres, sur une nouvelle maçonnerie. Dès aussitôt que ces nouveaux autelz furent rétablis, on y célébra la sainte messe pendant plus de deux ans, sans avoir fait consacrer de nouveau lesdites anciennes pierres d’autelz, ni avoir mis dessus icelles des pierres bénites, ou autelz portatifs, soit que l’on crût, que ces pierres cy-devant consacrées n’ayant été reculées que de quelques pieds, un si petit changement ne pouvoit leur avoir fait perdre leur première consécration, suivant cette maxime : « Parum pro nihilo reputatur, » ou supposé qu’elles l’eussent perdue par ce changement, que par le premier sacrifice qu’on eût offert dessus de bonne foy après cette démolition et au rétablissement, elles avoient été suffisamment consacrées. Mais dans la suite, quelques religieux prétendant que lesdites pierres avoient perdu leur consécration par ce déplacement, et qu’elles ne l’avoient point recouvrées par la célébration plusieurs fois réitérée des divins mystères, on cessa d’y célébrer, sans y avoir mis dessus une petite pierre bénite, et pour un plus grand eclaircissement, on proposa la difficulté en 1700, à Messieurs les docteurs de la maison de Sorbonne. »


II.

Églises de Meillet et de Coulandon, par M. Dubroc de Seganges.

À 8 kilomètres de Souvigny se trouve, près de la forêt de Messarge, une église romane du xiie siècle. Cette église, remarquable surtout par son clocher à deux étages, percé de baies géminées et surmonté d’une flèche, offre dans toutes ses parties des détails curieux à étudier. Au tympan du portail, on voit le Christ bénissant, avec le nimbe crucifère, dans une auréole ouvragée que semblent soutenir deux anges nimbés ; à droite et à gauche, dans des niches romanes, sont dix apôtres, l’artiste n’ayant pas eu probablement assez de place pour faire les deux autres.

1° Le chapiteau[2] fait partie de ce portail. Il représente à gauche un lion jouant du violon, et à droite un âne jouant d’un autre instrument ; le lion tient le violon de la patte gauche et l’archet de la patte droite. Le violon a trois cordes qui (autant que permettent de l’observer les dégradations du temps) semblent attachées à un chevalet ayant quelque rapport avec ceux de nos guitares modernes. Deux ouïes, en forme de demi-cercles, sont pratiquées dans le milieu de la table ; plus bas, deux trous paraissent également percés dans la table d’harmonie. Ce violon a la même forme que celui du chapiteau de Bocherville, forme qui a été constatée dans les manuscrits de la même époque.

L’instrument dont joue l’âne est d’une détermination plus difficile, en ce qu’il n’a d’analogue ni sur le chapiteau de Bocherville, ni dans les autres documents publiés sur cette matière. L’âne pince les cordes du pied gauche et tient du pied droit l’extrémité supérieure de l’instrument. L’instrument se compose d’une caisse sonore dans la forme d’une harpe, avec cinq cordes attachées diagonalement ; dans l’épaisseur de la caisse sonore, sont pratiquées deux ouïes, l’une circulaire, l’autre rectangulaire. Cet instrument diffère de la harpe par sa caisse sonore qui, est pleine, tandis que, dans la harpe, l’intérieur du triangle est vide. On pourrait donc (sauf meilleur avis) le classer parmi les rotes à cordes pincées, telles que les a décrites M. de Coussemaker.

2° Sous l’épais badigeon qui avait été pratiqué sur les parois de l’église de Meillet, on retrouve çà et là des traces de peintures du xiiie au xive siècle qui peuvent donner une idée de la décoration de ce monument[3]. Ces peintures ont été exécutées à fresque sur un enduit assez épais. Le motif A se retrouve sur toutes les clefs des voûtes, le motif B orne tous les arcs qui supportent les retombées des voûtes. Les pierres figurées décorées d’une étoile garnissent toutes les parois intérieures.

Dans la bulle qui énumère les églises, les prieurés et les chapelles que possédaient les bénédictins de Souvigny, se trouve : de Colundono, Coulandon, situé à environ 6 kilomètres de Moulins, sur la route de Limoges. La petite église, à une nef, par le travail grossier et de médiocre saillie de ses chapiteaux, pourrait bien appartenir au xie siècle. Cette église est sous le vocable de saint Martin, qui, suivant toutes les probabilités, est représenté sur le vitrail d’une chapelle latérale. Cette figure, reproduite sur deux baies de l’église avec le même dessin et quelques légers changements dans les couleurs, se retrouvait certainement sur les autres verrières qui ont été brisées. Ce saint, il est vrai, est ordinairement représenté à cheval, partageant son manteau dont il donne la moitié aux pauvres ; mais dans la légende du vitrail de la cathédrale de Tours, il porte exactement le même costume, celui d’évêque.

Le saint, nimbé et mitré, tient de la main gauche la crosse, dont la volute est tournée en dehors ; il bénit de la main droite, les doigts disposés suivant le rit latin. Une espèce de hausse-col ou collier apparaît sur la chasuble, terminée en biseau ; dessous, le pallium, attribut des archevêques, mais que le pape octroyait à certains évêques privilégiés ; enfin, sous le pallium, l’étole et l’aube ; la chaussure est en pointe.

Cette figure, haute de 44 centimètres, occupe la moitié du vitrail et date certainement du xiie siècle ; l’autre moitié, plus moderne, est peinte en grisaille. Des losanges sont figurés dans le milieu par les plombs ; à droite et à gauche, des moitiés de fleurs de lis peintes en grisaille sur un champ également en grisaille de traits verticaux et horizontaux.

La baie tout entière, haute de 1 mètre sur 0,18 centimètres de largeur, est formée par une niche ménagée dans l’épaisseur du mur.


III.

Monastère des Célestins du mont de Chastres, en la forêt de Cuise.

(Notes et dessins de M. Lassus, membre du comité.)
Compte de toutes les dépenses relatives à la construction et décoration d’une chapelle de Saint-Pierre, élevée en 1490, par ordre du duc d’Orléans, sur le flanc de l’église du monastère des Célestins du mont de Chastres.

Ce compte fournit les renseignements les plus complets sur toutes les opérations nécessitées par une construction de ce genre, depuis la provenance des recettes jusqu’aux moindres détails des travaux et dépends qui s’y rattachent[4].

A, Grande porte de l’église.
B, Vis en escalier de la chapelle ajoutée.

« Compte de Giles de Lengres, trésorier de la chapelle royal de Nostre Dame du Viviers en Brie, secretaire du Roy nostre sire et de monseigneur le duc Dorliens[5], commis de par mondit seigneur le duc sur le fait des repparacions recouvrement de ses domaines de la recepte et despense par lui faicte pour le fait des ouvraiges d’une chappelle qu’il a nagaires fait faire construire et ediffier joingnant de leglise des religieux Celestins du mont de Chastres[6] en la forêt de Cuise[7], par le commandement et ordenance dudit seigneur. Si comme par lettres closes dicellui seigneur sur ce faictes et envoyees audit messire Giles peut apparoir.

« Et premierement.

RECEPTE.
« De Jehan Poulain tresorier general de mondit seigneur le duc en argent comptant à Crespy en Valois par quictance dudit messire Giles donnee le xxiiiie jour davril l’an mil ccc. iiiixx xviii. mil frans qui valent 
 viiic. l. p.
« Dudit tresorier à Paris en argent comptant semblablement, par quictance dudit messire Giles donnee le ixe jour de may m. ccc. iiiixx. xix. iic. frans qui valent 
 viiixx. l. p.
« Dudit tresorier à Paris en argent comptant semblablement par quictance dudit messire Giles donnée le xixe jour de juing ensuiant audit an deux cens frans qui valent 
 viiixx. l. p.
« Dudit tresorier à Paris en argent comptant semblablement par quictance dudit messire Giles donnée le xve jour daoust ensuiant lan dessus dit iic frans qui valent 
 viiixx. l. p.
« De Giles Chastelain paieur des œuvres des chasteaulx de Pierrefons et de la Ferte Milon des deniers a luy ordenez et assignez pour le fait des dictes euvres en l’annee finie au derrenier jour de janvier m. ccc. iiiixx. xix en argent comptant à plusieurs foiz tant à Paris comme ailleurs par quictance dudit messire Giles de Lengres donnee le xviiie jour dudit mois de janvier xic livres tournois qui valent 
 viiic iiiixx. l. p.
« Dudit Giles Chastelain des deniers a lui ordenez et assignez pour le fait des euvres desdits chasteaulx semblablement pour un an commance au premier jour de fevrier derrenier passe m. ccc. iiiixx xix en argent comptant par quictance dicellui messire Giles donnee le xiie jour daoust ensuiant mil cccc 
 c. l. p.
« Summa totalis recepte hujus compoti
iim iic. ix. l. p.


« Despense de ce present compte faicte par Regnault Chartier clerc pour et au nom de messire Giles de Langres dessus nomme pour le fait des ouvraiges dicelle chappelle en la maniere qui en suit.
 
« Et premiers apparaulx[8] de matheres pour le fait des diz ouvraiges
 
« A Jaquet Lochon carrier et voicturier pour avoir traict en la carriere de Rotieres dessus Martimont, charie et livre sur le lieu de la dicte chappelle depuis lascencion Nostre Seigneur m. ccc. iiiixx. xviii. jusques au xiiiie jour de juing en. suivant oudit an viixx. x. quartiers de pierre tendre de iii piez de long chacun, pie et demi de lit en teste sur ung pie de hault qui ont este emploiez es ouvraiges de maconnerie dicelle chapelle au pris de xvi. l. p. le cent par marche fait à lui valent xxiiii. l. p.
 
« Audit Jaquet pour avoir traict en ladicte carriere et livre sur le lieu de la dicte chappelle oudit an semblablement vic. pierres doubles de deux piez de long. i. pie de lit en teste sur. i. pie de hault qui ont este emploiez esditz ouvraiges au pris de iiii. l. p. le cent valent xxiiii. l. p. Pour tout xlviii. l. p. si comme par lettre testificatoires de honnorable homme et saige maistre Jehan Lenoir[9], macon du roy nostre sire ou baillage de Senliz donnees le xxiiiie jour de juing dessus dit peut plus a plain apparoir. Pour ce paie par les dites lettres certifficatoires, mandement dudit messire Giles et quictance dicellui Jaquet Lochon renduz ycy 
 xlviii. l. p.
« Audit Jaquet Lochon pour avoir trait en la carrière de Chielle charie et livre sur le lieu de ladicte chappelle depuis ledit xiiiie jour de juing jusques au xiie. jour de novembre m. ccc. iiiixx xix. Ung millier lxii quartiers de ladicte pierre tendre de iii piez et demi de long chacun ii. piez de lit en teste sur ung pie de hault qui ont este employez esdiz ouvraiges au pris de xx. l. p. le cent, valent iic. xii. l. viiis. p.
 
« A lui pour avoir trait en ladicte carriere et livre sur le lieu de ladicte chappelle oudit temps semblablement iim. viiic. pierres doubles de deux piez de long chacune, i. de lit en teste sur. i. pie de hault au prix de iiii l. p. le cent valent c. xii. l. p.
 
« A lui pour avoir trait en ladicte carriere et livre sur ladicte chappelle oudit temps semblablement xiiiic. pendans pour faire les voultes de ladicte chappelle au pris de xlviii. s. p. le cent. valent xxxiii. l. xii. s. p.
 
« A lui pour xviii journees dun tombereau a iii chevaulx quil a livre pour arriver tout le sablon quil a convenu pour convertir ladicte chaux en mortier au prix de vi. s. p. chacune journee valent cviii. s. p. Pour toutes ces parties 
 lviii. l. xvii. s.
x. d. p.
« A Mahieu Quarre pour son salaire davoir fait et fait faire bien et deuement la pionnerie[10] et vvidange des fondemens pour asseoir la maconnerie de ladicte chappelle et de loratoire et viz servans a ycelle contenant xxxii toises quarrees au pris de iiii. s. p. la toise valent vi. l. viii. s. p.
 
« A lui pour avoir fait faire par plusieurs manouvriers les chemins tout autremont la montaigne dudit lieu de Chastres du coste devers Choisy pour plus aisieement charier et admener la pierre dure dessus dicte cviii. s. p. Pour tout xi. l. xvi. s. p. 
 xi. l. xvi. s. p.


« Maconnerie et ouvraige de plastre.
 
« A Mahieu Quarre et Jacob du Taillis macons, pour leur peine et salaire davoir fait et parfait bien et deuement de leur mestier, depuis lAscension Nostre Seigneur m. ccc. iiiixx. xviii la maconnerie du corps de ladicte chappelle par la maniere qui ensuit.
 
« Premiers ladicte chappelle[11] a v toises de long sur iii toises de le, de dehors en dehors, et ont les murs dicelle chappelle v toises de hault, a mesurer depuis le commancement des fondemens jusques au dessus des entablemens des costez dicelle chapelle.
 
« Item en chacune areste du costé de ladicte chappelle devers le souleil de midi a ung pillier de pierre en triangle pardehors[12] euvre.
 
« Item oudit coste entre lesdiz pilliers a deux autres pilliers[13] espassez portans chacun iii piez de col[14] et deux piez despoisse tous lesquelz pilliers se vont admortir dessoubz lentablement dudit coste.
 
« Item ou pignon de dessus lautel de ladicte chappelle a une fourme[15] de maconnerie sur deux mayneaulx, bouee[16] d’un membre par dedans euvre et chanfraincte par dehors euvre.
 
« Item ou coste dessusdit entre lesdiz pilliers a iii fourmes de maconnerie sur ung maynel[17] chacune, bouees et chanfraintes pareillement comme celle dudit pignon.
 
« Item en lautre pignon[18] de ladicte chappelle a une huisserie[19] bouee et couverte dun lintel revestu dun archet[20]. Et si y a une reprinse[21] pour asseoir ung ymaige. Et aux deux costez a deux escuz armoyez des armes de monseigneur le duc.
 
« Item audit pignon au dessus dudit ymage a une forme de maconnerie sur ung maynel pareille et semblable aux iii formes qui sont ou coste dessus dit. Et en la pointe dicellui pignon tout au dessus a ung ymaige de Saint Michiel.
 
« Item lautre coste de ladicte chappelle qui fait coste a leglise dudit lieu, a este reffendu du long dicelle chappelle et de son hault[22]. Et en ce lieu sont esligez deux pilliers estrayers et deux dosserez qui portent iii ars empointiez[23] bouez a ung lez et a lautre lesquelles ars soustiennent les combles dicelle eglise et chappelle.
 
« Item ladicte chappelle est volue de iii croisiees dogive[24], bouees, qui partent de dessus les reprinses[25] en telle maniere que lespoisse des voultes arrase le dessus des entablemens d’icelle chappelle. Et entre deux croisiees a ung arc doubleau[26]. Et tout au pourtour de ladicte chappelle a formerez[27] qui recoivent les tremuyes[28] desdictes voultes.
 
« Item est ycelle chappelle ordonnee dautel a chanter et de pessine bien et suffisamment.
 
«Pour ce par marchie[29] de main ferme fait aux diz macons pour leur peine seulement parmi ce que len leur a livre aux fraiz de mondit seigneur le duc toute mathere sur le lieu a ce faire vvidanges de fondemens cintres cordes et engins cloyes et merrien pour eschaffauder iiic. xx. l. p.
 
« Ausdiz macons pour avoir fait audit temps semblablement la maconnerie dun oratoire, ordonne pour revestiaire et dune viz de pierre servans a ycelle chappelle tesez[30] et mesurez par maistre Jehan Lenoir dessus nomme en la maniere qui ensuit :
 
« Premiers ledit oratoire a v toises de pourtour a mesurer les iii pans dicellui sur ii toises demie et le tiers dun pie de hault, a mesurer depuis le commencement des fondemens jusques au dessus valent xii toises demie x piez quarrez.
 
« Item ladicte viz a vi toises demi pie de hault a mesurer depuis le commencement des fondemens jusques au dessus de lentablement comprins ens la saillie dicelui entablement des enchappemens[31] et du soubassement sur iiii toises iiii pieds de pourtour valent xxviii toises xiiii piez quarrez.
 
« Item xlvi marches qui sont en l’emplaige[32] dicelle viz ont ix toises iiii piez et i. tiers de pie de hault sur iiii piez de le a mesurer parmi le milieu d’icelles valent vi toises xvii pieds et le tiers dun pie quarrez.
 
« Item le prouveau[33] (promiau ?) quarre assis au dessus dicelles marches a une toise de hault sur iiii piez de le valent demie toise vi piez quarrez. Pour tout xlviii toises xi piez et le tiers dun pie quarre au pris de xl. s. par chacune toise par marche fait aux diz macons comme dessus parmi ce que len leur a livre aux fraiz de mondit seigneur le duc toute mathere sur le lieu vvidanges de fondemens cintres cordes engins et cloyes avec merrien pour echaffauder valent iiiixx. xvi. l. xii s. vi d. obole p.
 
« Ausdiz macons pour avoir fait une huisserie par ou lon entre de ladicte chapelle oudit oratoire qui n’est pas de leur marche iiii l. p.
 
« Pour tout iiiic xx. l. xii. s. vi d. obole p. 
 iiiic xx. l. xii. s.
vid. obole p.
« A Thomas Prevost plastrier demourant a Compiengne pour sa peine et salaire davoir fait bien et deuement de son mestier louvraige de plastre dune cloison[34] de vii toises de long et iiii toises de hault entre ladicte eglise et chappelle pour tenir ycelle eglise en seurte jusques ad ce que les ouvraiges de ladicte chappelle feussent parfaiz, par marche fait a lui xl. s. p.
 
« A lui pour avoir livré audit lieu de Compiengue, vii muis iiii sextiers de plastre, qui ont este emploiez tant a faire ladicte cloison, comme a paver[35] l’un des planchers des maisons dicelle église ou ont esté faiz les trez de la devise[36] des ouvraiges dicelle chappelle, au pris de xv s. p. le mui valent cxv s. p. pour tout vii l. xv s. p. 
 vii l. xv s. p.
« A Jaquet Lochon, voicturier, pour avoir charrie a sa voicture et chevaulx dudit Compiengne audit lieu de Chastres les vii muis iiii sextiers de plastre devant diz par marche fait a lui liiii s. p. 
 liiii s. p.
« Audit Thomas Prevost pour sa peine et salaire d’avoir bien et deuement pave de pierre et de plastre laire par terre de ladicte chappelle et oratoire, et aussi laire de dessus les voultes dicelle chappelle contenant tout xxiii toises de pavement au pris de iiii s. p. la toise, par marché fait a lui valent iiii l. xiis. p.
 
« A lui pour avoir fait plusieurs troux et assis a fiche et a plastre plusieurs gons pour pendre et tourner ix huys qui sont en ladicte chappelle oratoire et viz par marche fait a lui xviii s. p.
 
« A lui pour viii muis iiii mines et demie de plastre cuit battu et covree[37] quil a livre audit Compiengne pour faire les diz ouvraiges au pris de xv s. pour le muy valent vi l. v s. vi d. obole parisis.
 
« A lui pour vi journees dun chariot a v chevaulx quil a livre pour admener ledit plastre dudit Compiengne audit lieu de Chastres, au pris de xii s. p, pour jour valent lxxii s. p. pour tout xv l. vii s. vi d., obole parisis 
 xv l. vii s. vi
obole p.
« A Jehannin le Mareschal Colin le Liegois Jossaquin de la Valée, Jehanin le Mercier, Wyet de la Venue Gilet Oliphart Baudet de Mauloy Michaut Testart et Adam le Sade tous manouvriers pour leur peine et salaire davoir nectoye et aouvye[38] laire de ladite chappelle et oratoire dune petite court qui est devant ycelle chappelle et de la grant court dudit lieu de Chastres et desdits lieux avoir oste plusieurs terraux gravois et ordures qui y estoient demourez après l’assoumission et perfection des ouvraiges de maconnerie dessusdiz, et yceulx avoir porté hors en hottes, xvii l. ix s. p. cestassavoir audit mareschal pour xxvi journees quil a vacqué a ce faire au prix de ii s. p. pour jour valent lii s. p. Audit Liegois pour xvi journées quil a vacqué audit pris valent xxxii s. p. Audit Jossequin pour xvii journées au dit pris valent xliiii s. p.
 
« Audit Mercier pour xix journées audit pris valent xxxiii s. p. Audit Wyet pour xxvi journées audit pris, valent lii s. p. ; audit Gilet pour xxv journees audit pris valent l s. p. Audit Baudet pour xxiijournees audit pris, valent xliiii s. p. ; audit Michaut pour xii journees audit pris, valent xxiiii s. p. Audit Adam pour vi journees audit pris valent xxii s. p. Et a eulx tous pour deux esquippars[39] quilz ont livre a ce faire xxii d. p.
 
« Pour ce paie par lesdites lettres certifficatoires, mandement dudit messire Giles et quictance des dessus diz Mareschal, Liegois, Jossequin, Le Mercier, Wyet et Gilet, tant en leurs noms comme eulx faisans fors desdits Baudet, Michaut et Adam leurs compaignons renduz ycy 
 xvii. l. ix. s. p.
« A Jehan Tuffier macon pour sa peine et salaire d’avoir demoli et reffait bien et suffisamment quatre creux[40] de maconnerie denviron i toise de long et une toise de hault chacun qui avoient este faiz es lieux cy après declerez pour passer et aler la procession autour de ladicte chappelle a la dedicasse dicelle cest assavoir lun ou coste de leglise dudit lieu endroit la pessine du grant autel l’autre ou pignon dune chambre qui est derriere ladicte chappelle, l’autre ou coste d’icelle chambre et l’autre ou coste de ladicte eglise empres luys dicelle chappelle par marche fait à lui pour sa peine seulment si comme il est plus a plain contenu et declere es lettres certifficatoires de maistre Jehan Aubellet macon de mondit seigneur c s. p. pour ce ycy par quictance dudit Tuffier cy rendue avecques lesdictes lettres testifficatoires 
 c s. p.


« Ferronnerie et ouvraige de voirre[41].
 
« A Philppe de Peronne serreurier demourant a Compiengne pour avoir fait de son for et livre audit lieu de Compiengne v grans barreaux de fer garniz de loquetiers[42] et tous blanchiz au net pour mectre et asseoir au travers des v formes de maconnerie de ladicte chappelle[43] tous pesans ensemble cxix l. de fer ouvre au pris de xiiii d. p. la livre, par marche fait à lui valent vi l. xviii s. x d. p.
 
« A lui pour deux autres barreaux de fer loquetez quil a livrez audit Compiengne pour porter le corps des deux formes de maconnerie des pignons dicelle chappelle trois fers loquetez et ung sercle rond[44] pour l’o[45] de la grant forme de maconnerie de ladicte chappelle avec ix barreaux loquetez pour asseoir les voirrieres dicelles formes tout pesant ensemble iiiixx l. et demie de fer ouvre au pris que dessus valent iiii l. xvii s. v d. p.
 
« A lui pour cxiii verges de fer de plusieurs longueurs et xii barreaux de fer de ii piez et demi de long chacun et tous loquetez et blanchis au net quil a livrez audit Compiengne pour mectre et emploier a tenir le voirre des formes de maconnerie dicelle chappelle, tout pesant ensemble cxiii l. de fer ouvre audit pris, valent vii l. ii d. p.
 
« A luy pour iiic paillettes[46] de fer qu’il a livrées pour fermer le voirre es loquetiers desdiz barreaux de fer, au pris de iiii s. p. le cent, valent xii s. p.
 
« A lui pour xiii graffes de fer[47] d’un pie et demi de long, entre deux retours et ung barreau de fer de ii piez de long quil a livrez audit Compiengne, cest assavoir lesdictes graffes pour graffer les entablemens de la viz dicelle chappelle et ledit barreau pour atacher limaige qui est dessus lun des pignons de ladicte chappelle tout pesant ensemble lxxiii de fer ouvre au pris dessus dit valent iiii l. v s. ii d. p.
 
« A lui pour iii verges a banniere ou il a crosses et pommeaux garnies de iii viroles et ix coings de fer[48], mi croissans, mi gons et ung verroul fourni de vertevelles[49], quil a livrez audit Compiengne. Cest assavoir l’une desdictes verges garnie d’une virolle et iii coings pour mectre et asseoir sur le poincon de ladicte viz l’autre verge garnie semblablement pour mectre et asseoir sur le poincon de la lucarne du comble de ladicte cbappelle l’autre verge garnie semblablement pour mectre et asseoir sur le poincon de loratoire dicelle chapelle. Et lesdiz croissans, gons, verroul et vertevelles pour pendre les huys bastars[50] de ladicte chappelle. Tout ce pesant ensemble vixx xii et demie de fer ouvre au pris dessusdit valent vii l. xiiii s. vii d. p.
 
« A lui pour une ferreure a bosse[51] garnie dune clef, ung verroul et deux vertevelles quil a livree pour asseoir en lun desdiz huys bastars vi s. p.
 
« A lui pour avoir ferre et lie iii bannieres darain[52] mises et assises sur les iii verges de fer des iii poincons dessusdiz au pris de iiii s. p. chacune banniere valent xii s. p.
 
« A lui pour avoir fait mener et porter toutes les choses dessusdictes dudit Compiengne audit lieu de Chastres a plusieurs fois et par plusieurs parties xvi s. p. Pour tout xxxii l. ii s. ii d. p.
 
« Pour ce paie par lesdictes lettres mandement dudit messire Giles et quictance dicellui Philippe de Peronne. Renduz ycy 
 xxxii. l. ii. s.
ii. d. p.
« A Watier Poiselart chauderonnier demourant à Compiengne pour avoir fait et livre les iii bannieres darain devant dictes contenant chacune ii piez demi et iii doye de long pour mectre et asseoir sur les iii poincons d’icelle chappelle oratoire et viz au pris de xviii s. p. chacune banniere valent liiii s. p.
 
« A lui pour avoir fait paindre lesdictes bannieres et armoyer des armes de mondit seigneur le duc au pris de xvi s. p. chacune banniere valent xlviii s. p. Pour tout c. ii s. p.
 
« Si comme par lettres certifficatoires de maistre Jehan Bouree charpentier maistre des euvres[53] de mondit seigneur le duc en ses contez de Valois et de Beaumont donnees le xixe jour de mars m. ccc. iiiixx peut plus a plain apparoir. Pour ce paie par lesdictes lettres mandement dudit messire Giles et quictance dudit Watier. Rendus ycy 
 c. ii. s. p.
« A Philippe de Peronne dessus nomme pour avoir ferre de son fer neuf huys enchassillez[54] qui sont en ladicte chappelle oratoire et viz chacun huys de v. liens fournis de clous deux crampons ii. fiches i. tirouer i. petit verroul et ung cliquet a palette[55] au pris de xvi, s. p. chacun huys par marche fait a lui valent vii. l. iiii. s. p.
 
« A lui pour v. ploustres[56] fourniz de verroux vertevelles cloux crampons et de deux clefz chacun quil a livrez et assis en v des huys dessusdiz au pris de vii. s. p. chacun ploustre valent xxxv. s. p.
 
« Audit Philipppe pour avoir ferre deux chassis doubles qui sont en la lucarne du comble de ladicte chappelle de liens a paumelle[57] de verroulx et dune potence qui tient fermes lesdiz chassis pour les vens au pris de xx. s. viii d. p. chacun chassis valent xli. s. iiii. d. p.
 
« A lui pour viii verges de fer a pacte qu’il a livrees pour atacher le voirre desdiz chassis au pris de xii. d. p. chacune verge valent vii. s. p.
 
« A lui pour ung grant barreau de fer[58] quil a livre et assis au travers de huys de lentree de ladicte chappelle avec deux potences assises es deux jambes dudit huys pour fermer les deux ventaux dicellui. Ensemble deux graffes de fer scellees ou mur et ung fer loquette de iiii piez de long qui est assis au travers de larchet de la lucarme dessus dicte. Tout pesant ensemble xlvii et demie de fer ouvre et blanchy tout au net au pris de xiiii. d. p. la livre valent lv. s. v. d. p.
 
« A lui pour avoir fait porter toutes les choses dessus dictes de Compiengne audit lieu de Chastres a plusieurs fois viii. s. p. Pour tout xiiii. l. xi. s. v. d. p 
 xiiii. l. xi. s.
ix. d. p.
« A Philippe Blanquart voirrier[59] demeurant a Soissons pour avoir fait bien et deument de son mestier lemplaige de voirre de neuf formes de maconneries qui sont en ladicte chappelle en la maniere et de la devise[60] qui en suit premiers en la grant forme de maconnerie qui est sur lautel de ladicte chappelle ou il y a iii espasses a en lune deux ymages lun de Nostre Dame et lautre de saint Jehan levangeliste, en l’autre limaige de Nostre Seigneur en la croix. Et en la tierce le personnaige de mondict seigneur le duc a genoulx arme et armoye de ses armes. Et en losteau[61] de dessus ladicte forme est l’imaige de NOSTRE SEIGNEUR mis ou sepulcre les iiii Maries autour dudit sepulcre et en vi demi rons qui sont autour dudit osteau a vi angeloz.
 
« Item en la seconde forme ensuivant qui est au coste d’icelle chappelle dessus luys[62] dudit oratoire a ung ymage de sainte Katherine le personnage de madame la duchesse a genoulx devant ledit ymage. Et limaige de sainte Marie Magdelene qui la presente.
 
« Item en la tierce forme ensuivant qui est audit coste sont les ymages de saint Jehan Bapbtiste et de saint Jehan levangeliste.
 
« Item en la iiiie forme en suivant qui est en ycellui coste sont les ymages de saint Pierre et de saint Pol.
 
« Item en la ve forme ensuivant qui est sur luys de lentree de ladicte chappelle est lannunciacion Nostre Dame et la Trinite au dessus.
 
« Item en lune des formes dudit oratoire seant dessus lautel dicellui qui est la vie est limage Nostre Dame tenant son enfant et le couronnement de Dieu et de Nostre Dame.
 
« Item en lautre forme dudit oratoire qui est la viie est ung ymaige de saint Loys de France.
 
« Item en la viiie forme qui est au pignon dessus lautel du galatas dicelle chappelle sont les ymages de Nostre Seigneur et de la Magdelene.
 
« Item en la ixe forme qui est en lautre pignon de ladicte chappelle audit galatas sont les ymages de saint George et de saint Michiel armez.
 
« Item en ladicte lucarne cest assavoir en iiiii penneaux de voirre qui y sont les ymages des iiii evvangelistes. Et au dessus diceulx chassis est le timbre de mondit seigneur le duc avec ung escu de ses armes et deux angeloz qui tiennent ledit timbre.
 
« Tout ce contenant ensemble xixx. x piez et demi quarrez de voirre ouvre de pourtraictures et de fines couleurs au pris de xvi. s. p. le pie par marche fait audit Philippot Blanquart valent ixxx iiii. l. vii s. p.
 
« A lui pour avoir fait porter tout ledit voirre a plusieurs fois et par plusieurs parties de Soissons audit lieu de Chastres xxxii. s. p.
 
« Pour tout ixxx. vi. l. p 
 ixxx. vi. l. p.[63]


(La suite au prochain numéro.)


Planche I, chapiteau de l’église de Meillet
Planche II, peintures de l’église de Meillet
  1. Voir Bulletin archéologique, t. IV, p. 548, 568.
  2. Voir planche I.
  3. Voir planche II.
  4. Le compte original, provenant de la chambre des comptes, se trouve aux Archives de la République (section historique, K. 272).

    On a cru devoir supprimer, en imprimant ce document, les formules répétées identiquement à la fin de chaque article et renvoyant aux marchés, quittances et autres pièces justificatives.

  5. Le duc Louis d’Orléans, frère de Charles VI, celui qui fut assassiné en sortant de l’hôtel Barbette, où demeurait la reine. Les armes du duc étaient sculptées sur les clefs de voûte de la chapelle dont il est question en ce compte.
  6. Ce monastère était situé dans la forêt, à deux lieues de Compiègne, sur une montagne où, s’il faut en croire la tradition, les Romains avaient construit trois châteaux forts (Castra). Ce lieu porte encore le nom de Saint-Pierre en Chastre. Aujourd’hui, les quelques bâtiments qui subsistent encore, sont transformés en ferme d’exploitation. On trouve en cet endroit plusieurs sources d’eau ; mais, depuis longtemps, il ne reste plus aucune trace des constructions romaines.

    Les dessins reproduits en gravure sur bois, représentent les ruines de l’église et de la chapelle, il ont été exécutés d’après nature par M. Baudrimont, architecte.

  7. Ancien nom de la forêt de Compiègne.
  8. Fournitures.
  9. Maître de l’œuvre, architecte.
  10. Fouilles, travaux de terrassement.
  11. Toisé détaillé.
  12. Éperons d’angle.
  13. Éperons ou contre-forts.
  14. De saillie.
  15. Arc de fenêtre.
  16. Taillée en forme de moulure par dedans et en doubles biseaux en dehors.
  17. Le maynel indique seulement ici le montant vertical (meneau).
  18. Pignon de façade.
  19. Baie de porte.
  20. Petit arc, peut-être tribolée.
  21. Cul-de-lampe, support d’une statue.
  22. L’ancien mur latéral de l’église a été démoli et remplacé par deux piliers surmontés de trois arcades.
  23. Ce nom indique évidemment la forme aiguë, l’arc nommé aujourd’hui en ogive.
  24. Voûtée de trois croisées d’ogive.

    Dans tous les anciens traités de construction, depuis Philibert de Lorme jusqu’à Frézier, dans tous les lexiques et dictionnaires, depuis celui du père Monet jusqu’au vocabulaire de de Wailly, le mot ogive s’applique uniquement aux nervures diagonales qui se croisent dans une voûte. Ducange l’explique par arcus decussatus, en X. Ce nom n’indique jamais un arc aigu ; il y a plus, il désigne souvent un plein-cintre, ou même un arc surbaissé, comme dans le présent compte à l’article charpente, où il est question de croisées d’ogives en ence de pannier.

    Dans les anciens titres et ouvrages, le mot ogive est écrit indifféremment par au ou par o ; dans le premier cas, il doit évidemment dériver du latin augere, d’où est venu le mot roman auger, augmenter, accroître ; l’orthographe adoptée dans le second cas peut être expliquée par les vers suivants qui se trouvent dans le supplément latin de Ducange.

    « Rex regum mundi venerabilis ille Philippus
    « Catholicæ fidei calidus defenser et ogis.

    Le mot ogive ne désignait donc nullement la courbure d’un arc ou d’une voûte, mais bien une partie renforcée, un support ; encore aujourd’hui, dans le département du Doubs, on donne le nom d’ogive à un éperon et à un contre-fort. Ainsi, au xiiie siècle, on appelait voûtes croisées, les voûtes d’arêtes simples, celles que l’on retrouve dans les monuments romains et celles qui sont en usage dans les constructions romanes ; et voûtes croisées d’ogives celles dans lesquelles les arêtes étaient remplacées par des nervures saillantes ou branques d’ogives. (Comptes de la terre et seigneurie de Lucheu, archives de M. de Luynes.)

  25. Culs-de-lampes ou chapiteaux.
  26. Nervure placée entre deux voûtes.
  27. Arcs collés contre les murs, et nommés quelquefois portants, parce qu’ils supportent les moellons des voûtes.
  28. Remplissage entre les nervures, formé de petits moellons nommés pendants.
  29. Ce marché ne concerne que la main-d’œuvre.
  30. Composée.
  31. Empatement.
  32. Développement.
  33. Est-ce le couronnement de l’escalier ?
  34. Pour clore l’église.
  35. Aire pour les épures.
  36. Tracés des épures.
  37. Très-probablement passé, tamisé.
  38. Peut-être dressé le sol.
  39. Pioche, bêche, binette. (Dictionnaire du vieux langage français, par Lacombe.)
  40. Quatre brèches de 6 pieds carrés pour le passage de la procession, le jour de la dédicace.
  41. Serrurerie et vitraux peints.
  42. Nilles pour recevoir les clavettes.
  43. À la naissance des arcs.
  44. Cercle de fer pour maintenir les vitraux.
  45. L’o ou l’osteau est le grand cercle à rendents placé dans la partie supérieure d’une fenêtre à meneaux.
  46. Clavettes pour fixer les panneaux de vitres, et qui entrent dans les loquetieres ou nilles.
  47. Chaînage de l’entablement.
  48. Il s’agit ici de la ferrure de trois bannières ou girouettes, chacune d’elles composée d’une verge avec crosses ou crochets en plomb, pommeaux ou boules, d’une virole ou bague, enfin de trois coins ou forts clous pour fixer la verge après la charpente.
  49. Ferrure de porte, trois pentures en forme de croissants, trois gonds et un verrou à vertevelle, verrou placé dans des anneaux de fer. (Dictionnaire de Pomey.)
  50. Pour ferrer les deux vanteaux de la porte de la chapelle.
  51. Serrure en saillie, souvent ornée.
  52. Girouette en bronze.
  53. Autre maître de l’œuvre, ou architecte.
  54. Ajustés dans un châssis ou bâtis de bois.
  55. Ferrures de portes.
  56. Serrure à vertevelle. (Ducange, Roquefort.)
  57. En forme de croissant, souvent terminé par des ornements forgés.
  58. Fermeture de la porte principale, à l’intérieur.
  59. Peintre verrier.
  60. Suivant le dessin.
  61. Grand cercle à rendents au-dessus des meneaux.
  62. La porte.
  63. Cette première partie montre déjà qu’on suivait alors, pour l’exécution des travaux, une marche toute différente de celle qui est adoptée aujourd’hui. Ainsi il n’y avait pas d’entrepreneur général, pas d’intermédiaire, et par conséquent pas de doubles bénéfices prélevés sur les matières premières. C’est toujours le maçon de mondit seigneur, le maître de l’œuvre, l’architecte enfin, qui passe directement les marchés avec les carriers et autres fournisseurs ; c’est lui qui achète la pierre, la chaux, le sable, le plâtre, enfin tous les matériaux nécessaires à la construction. En outre, il trace les épures (la devise), établit le toisé d’après les usages reçus (page 55), et, de plus, rédige, arrête et certifie les comptes dressés par lui, conformément aux marchés.

    Quant à l’exécution des travaux, on voit qu’ils sont faits au toisé et presque jamais à la journée. D’ailleurs, en général, les marchés ne comprennent que la main-d’œuvre ; ainsi, dans le compte des maçons ou tailleurs de pierre, page 55, après avoir fait faire la fouille, on leur fournit encore, en outre de tous les matériaux, des cintres, cordes, engins et échafauds ; bien plus, à la fin des travaux, on fait enlever les gravois par des ouvriers à la journée, page 57.

    Le mode de toisé est appliqué, dans ce compte, même aux vitraux peints, qui sont évalués au pied superficiel.