Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome IV/Séance du 4 novembre 1833
Présidence de M. de Bonnard.
M. le Président proclame :
- MM.
Geoffroy Saint-Hilaire, président de l’Académie des sciences, professeur au Muséum d’histoire naturelle, etc. ; présenté par M. Bory de Saint-Vincent et Virlet ;
Hoffman (Frédéric), professeur de géologie à l’Université de Berlin ; présenté par MM. Boué et C. Prévost ;
Raby (J.-A.), ingénieur civil, directeur de mines et usines, à Sion en Valais (Suisse) ; présenté par MM. Virlet et Guillemin ;
Rigault (Ch.), avocat, à Paris ; présenté par MM. Domnando et Boué ;
Austin (Robert-Tabor), membre de plusieurs Sociétés. savantes ; présenté par MM. Bertrand Geslin et Desnoyers ;
Bernard (Victor), propriétaire, à Paris ; présenté par MM. Pitois et Boué ;
Lefèvre (Louis-Marie), ancien élève de l’École des mines ; présenté par MM. Mutel Delisle et Domnando ;
Cailleau, membre de plusieurs Sociétés savantes, présenté par MM. Boué et Desnoyers.
La Société reçoit :
1o De la part de M. Walferdin, les ouvrages suivans :
A. 10 volumes du Journal des mines ; tom. 18 à 29, comprenant les années 1811 à 1815. Paris.
B. Relation d’un voyage fait dans le département de l’Orne, pour constater la réalité d’un météore observé à l’Aigle, le 26 floréal an II ; par M. Biot. In-4o, 48 p., 1 pl. Paris, thermidor an II.
C. De l’origine du monde et de la terre en particulier, par Wallerius, traduit par Jean-Baptiste Dubois. in-8o, 360 p., 1 pl. Paris, 1780.
D. Essai sur l’histoire naturelle des roches de Trapp, etc. ; par Faujas Saint-Fond. In-8o, 160 p. Paris, 1788.
E. L’action du feu central démontrée nulle à la surface du globe, contre les assertions de MM. le comte de Buffon, Bailly, de Mairan, etc. ; par M. de Romé de l’Isle. 2e édition, in-8o, 124 p. Paris, 1781.
F. Mémoires pour servir a l’histoire naturelle, et principalement à l’oryctographie de l’Italie et des pays adjacens ; par Albert Fortis. 2 vol. in-8o de 3 à 400 p. Paris, 1802.
G. Notice historique comparée sur les aqueducs des anciens,
et la dérivation de la rivière d’Ourcq ; par Petit-Radel.
In-8o, 92 p. Paris, 1803.
M. Course dans le bassin du Rhône, et à travers la Ligurie occidentale, contenant en particulier l’oryctognphie des monts Coiron (Corsa pel bacino del Rhodano e per la Liguria d’occidente, etc.) ; par Marzari Pencati. In-8o, 174 p, Vicence, 1806.
1o Rapport sur le tremblement de terre, qui a commencé le 2 avril 1808 dans les vallées de Pelis, de Cluson, du Pô, etc. ; par M. Vassali-Eandi. In-8o, 136 p. Turin, 1808
2o De la part de M. Virlet :
Des pierres tombées du ciel. Lithologie atmosphérique ; par Joseph Izarn. In-8o, 422 p. ; un tableau. Paris, 1803.
3" De la part de M. Domnando : Mémoire sur les Ammonites et leur distribution en familles, sur les espèces qui appartiennent aux terrains les plus anciens, et sur les goniatites en particulier ; par M. Léopold de Buch ; traduit de l’allemand, par M. Domnando. In-8o, 80 p. Paris, 1833. (Extr. des Ann. des sc. nat.)
4o De la part de M. Peghoux : Promenade au Cantal. In-8o, 25 p., 1 pl. (Extr. des Ann. sc. d’Auvergne.)
5o De la part de M. Girardin : Rapport fait à la Société libre d’émulation de Rouen sur l’appareil qu’il a établi à l’Hospice général pour l’extraction de la gélatine des os. In-8o, 26 p. Rouen, 1833.
6o De la part de M. Al. Brongniart : son Tableau de la distribution méthodique des espèces minérales, suivies dans le cours de minéralogie qu’il a fait au Muséum d’Histoire naturelle en 1833. In-8o, 48 p. Paris, 1833.
7o Les No 46 et 47 (2er et 3e trimestres de 1833) des Mémoires de la Société d’agricilture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube.
8o Annales des mines : livraisons 3° du tom. III et 1re du tom. IV. Paris, 1833.
9o Bulletin de la Société industrielle d’Angers, et du département de Maine et Loire. No 2 de l’année 1831, no 1 à 4 de l’année 1832, et no 1 de l’année 1833.
10o Recueil de la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Eure. No 15. Évreux, 1833.
11° Mémorial encyclopédique et progressif des connaissances humaines, sous la direction de M. Bailly de Merlieux. No 33 et 34 (septembre et octobre 1833).
12° Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse. No 28, 1833.
13° Revue anglo-française (historique et trimestrielle ; enrichie de gravures lithographiées et de vignettes), destinée à recueillir toutes les données historiques, et autres, se rattachant aux points de contact entre la France, l’Aquitaine et la Normandie, la Grande Bretagne et l’Irlande. Rédigée par une Société de savans et de littérateurs, et publiée à Poitiers, sous la direction de M. de la Fontenelle. 1re livraison, juillet 1833 In-8°, 84 p., 1 pl.
14° Bulletin de le Société de géographie de Paris. No 124 et 125 (août et septembre 1833).
15° Revue encyclopédique, publiée par MM. Carnot et Leroux. Paris, juin 1833.
16° L’Institut ; no 15 à 24.
17° Description des coquilles fossiles des environs de Paris ; par M. Deshayes. Livraisons 32 et 35.
18° Actes de l’Académe gioénienne des sciences naturelles de Catane. Tom. VI, 218 p., 18312.
18° bis. Rapport académique pour l’année viiie de l’Académie gioénienne des sciences naturelles de Catane (Relasione academica, etc.) In-8°, 26 p. Catane, 1832.
19°. Journal des mines russes (Gornoi journal.) 4 cahiers publiés en 1833 et qui contiennent les notes suivante :
Cahier I. Description des observations minéralogique faites en Moldavie et en Vallachie ; par G. Liseli.
Cah. II. 1° Description de la constitution géognostique du district de l’usine de Bogoslovsk ; par Karpinsk, avec une carte géologique ;
2° Les mines de sel gemme de la Transylvanie.
Cah. III. 1° Aperçu géognostique sur le district de l’usine
de Goroblagodatsk en 1830 ; par Archipov ;
2° Aperçu géognostique des rivières de Kourb, d’Onon et de Seleng ; par Slobin ;
3° Tableau comparatif des produits annuels des mines et salines de l’empire russe en Europe et en Asie, d’après des documens authentiques ; K.-Ph. Schmid.
Cah. IV. 1° Recherches géognostiques des environs des usines de d’Ekaterinbourg ; par Tchaikovsk, avec une carte géologique et une coupe ;
2° Sur les mines de houille du cercle de Tchelibinsk ; près du fort de Miassk ; par N. Redikortsev ;
3° Sur l’or et le platine produits en 1832 dans les usines de l’Oural ;
4° Or des Monts Altai.
20° Transactions of the Cambridge Philosophical society. Vol. V, part. 1. In-4°. 10 p., 11 pl. Cambridge, 1833.
21° The American journal of science and arts, sous la direction de M. Benjamin Silliman. Vol. 24, n° 2, pour avril, mai et juin 1833. In 8°, 192 p.
22° De la part de M. Haussmann : les vol. 1, 2 et 3 (1824 à 1833) des Etudes de la réunion des amis des mines de Goettingue (Studien des Goettingischen Vereins, etc.), publiées au nom de la Société, par M. Haussmann.
Le volume III contient les notices suivantes : (Pour les mémoires contenus dans les deux premiers volumes. Voy. Bulletin de la Société géol. Tom. II, p. 148.)
1° Sur l’étendue de la formation du calcaire tertiaire en Basse-Saxe et en Westphalie ; par le professeur Haussmann.
2° Sur l’étendue du calcaire tertiaire en Hesse ; par M. Schwarzenberg.
3° Corrections à sa description des bords du Weser ; par M. Haussmann.
4° Estimation des mines de lignite près de Cassel, et près de Wollrode ; par M. Schwarzenberg.
5° Observations sur les terrains secondaires récens des bords du Weser ; par M. Heuser.
23° De la part de M. Robert Bakewell : son ouvrage intitulé Introduction to Geology. in-8o, 590 pl, 8 pl. gravées, et beaucoup de vignettes sur bois. Londres, 1833.
24° The Magazine of natural history and journal ; par M. London. No 35.
25° The Athenœum, journal of English and foreign Litterature, Science, and fine arts. Cahiers 63 à 67. Londres, 1833.
26° De la part de M. Matteucci : les quatre notices suivantes dont il est l’auteur.
A. Observations sur la contraction éprouvée par les animaux à l’interruption du cercle électrique dans lequel ils se trouvent (sulla Contrazione provata dagli animali all’ aprirsi del circole electrico in che trovansi Osservazioni) ; par Charles Matteucci. In-8°, 8 p. Forli, 1831.
B. Examen des phénomènes présentés par l’action de la chaleur sur l’acétate neutre de plomb, et sur les produits qui s’en développent (Esame dei fenomeni presentati, etc.) In-8°, 8 p. Forti, 1830.
C. Discours sur l’influence de la chaleur sur le magnétisme. (Discorso sull’influenza del calore sul magnetismo). in-8, 12 p. Forli, 1831.
D. Observations sur la composition de l’acide végétal, et en particulier sur l’acide acétique. (Della composizione degli acidi vegetabili, etc.) In-8°, 16 p. Forli, 1832.
27° De la part de M. Boblaye :
A. Ses recherches sur les roches désignées par les anciens sous les noms de marbre lacédémonien et d’ophite. In-4°, 12 p. Paris, 1833. (Extrait de l’expédition scientifique de Morée.)
B. Un exemplaire de la carte de Morée en 6 feuilles, accompagné du canevas des opérations géodésiques, et de 2 feuilles de plans particuliers où figurent plusieurs topographies dues à M. le colonel Bory de Saint-Vincent.
28° De la part de M. Bouillet : son portrait lithographié.
29°. De la part de M. Mulot, d’Epinay : 6 exemplaires d’une coupe géologique d’un puits foré, fait par lui à Saint-Denis, chez MM. Geoffroy d’Epinay. Paris, 1833.
La Société reçoit aussi les collections suivantes :
1° De la part de M. Castel, de Caen : 47 échantillons de roches des environs de Vire.
2°. De la part de M. Farines, de Perpignan : 51 espèces de coquilles fossiles des marnes tertiaires du département des Pyrénées-Orientales, et 2 échantillons de ces marnes coquillières.
3° De la part de M. Rivière, de Bourbon-Vendée : 42 échantillons de roches du département de la Vendée.
Corresp. française. ─ M. A. Rivière, professeur au collège de Bourbon (Bourbon, 15 août 1833) annonce, en adressant à la Société une collection de 42 échantillons de roches du département de la Vendée, qu’il espère lui faire, l’an prochain, un envoi plus considérable, et l’accompagner de notices et de coupes géologiques.
M. Castel (Vire, 21 août) joint à l’envoi de 47 échantillons de roches anciennes des environs de Vire, une notice manuscrite sur le granite du Calvados.
M. Farines (Perpignan, 25 août) envoie une série de 31 espèces de coquilles fossiles des marnes tertiaires du département des Pyrénées-Orientales, ainsi que 2 échantillons de ces marnes. Il demande que la Société veuille bien déterminer ces espèces, et lui en adresser les noms avec l’indication des numéros correspondans à une série double qu’il conserve. Si la Société accède à cette demande, dont l’objet est e faciliter les travaux des naturalistes de province, M. Farines s’empressera de lui adresser de nouvelles suites des échantillons des fossiles de son département.
Ayant égard, au nom de la Société, à la demande de M. Farines, M. le président désigne, avec leur consentement, M. de Roissy, archiviste, et M. Deshayes pour ces déterminations.
M. de la Fontenelle, secrétaire perpétuel de l’Académie de Poitiers (Poitiers, 5 septembre), adresse la 1re livraison d’un nouveau recueil scientifique, dont il est principal rédacteur, intitulé Revue anglo-française, trimestrielle. Il en propose l’échange contre les Mémoires de la Société. Renvoi ou conseil.
M. de la Fontenelle annonce aussi qu’à la réunion scientifique formée à Caen, en juillet de cette année, on a décidé qu’il y en aurait une seconde à Poitiers, en septembre 1834, et qu’il doit en être secrétaire général. Il invite la Société géologique de France à se réunir à Poitiers, à le suite du congrès. Ce pays, dit-il, offre sans doute moins de sujets d’étude que le sol de l’Auvergne ; mais il est encore susceptible de donner lieu à de nombreuses et curieuses remarques. En tous cas, M. de la Fontenelle pense que la Société géologique se fera représenter à ce congrès.
Cette invitation est également renvoyée au conseil.
M. Leymerie adresse une Notice géologique manuscrite sur la route de Troyes à Nogent, et sur le terrain compris entre Nogent et Resson (Aube). Un membre (M. le président) fait remarquer que cette notice ne peut être lue, se trouvant déjà imprimée dans les Mémoires de la Société de Troyes, n’ 47.
Correspondance étrangère. — M. Delvez, secrétaire perpétuel de l’Académie de Bruxelles (Bruxelles, 28 octobre) fait connaître que cette Société savante échangera volontiers ses Bulletins contre ceux de la Société géologique. Il annonce en outre l’envoi prochain de deux mémoires sur la province de Liège, qui ont obtenu le prix et l’accessit au concours de 1830.
M. Partsch, de Vienne, fait savoir qu’il espère terminer en 1835 son relevé de la carte géologique de l’archiduché d’Autriche, y compris des portions des pays environnans. Il a visité cette année des parties de la Styrie, de la Basse-Autriche, de la Moravie et de la Hongrie occidentale, et il continue de faire dessiner les fossiles de ces pays. Il compte publier son relevé sous trois formats, savoir : en colorant 20 feuilles de la carte détaillée de l’Autriche à. l’échelle d’un pouce pour 2,000 toises, puis la carte générale à l’échelle d’un pouce pour 4,000 toises sans tracé de montagnes, et comprenant 654 milles géographiques ; enfin, une parte à l’échelle d’un pouce pour 6,000 toison, qui comprendra plus de 1,100 milles géographiques, et montrera la liaison des Alpes et des Carpathes. Gratz, Comorn, Brunn et Linz en marqueront les limites. Les deux dernières cartes accompagneront la description géologique de ces contrées.
M. le professeur Wehrle, de Schemnitz en Hongrie, offre d’envoyer des suites de roches à la Société, et demande le mode d’envoi à suivre.
M. G. Fischer, de Waldheim (Moscou, 23 septembre) accuse réception du Bulletin de la Société géologique ; il annonce que la Société recevra prochainement, par l’intermédiaire du consul français, le Bulletin complet de la Société impériale des naturalistes de Moscou, et le dernier volume de ses Mémoires. M. Fischer regrette que le 6e volume du Bulletin, et le 3e volume des nouveaux Mémoires qui sont sous presse, n’aient pu être ajoutés à cet envoi.
M. Fischer annonce avoir trouvé dans le calcaire des environs de Moscou une Ammonite (Nautilus bidorsatus de Schlotth) accompagnée du petit Asaphus déjà figuré dans son Oryctographie ; il croit avoir aussi trouvé la valve supérieure de l’Orthotètes du même ouvrage ; elle est peu bombée, moins que celle du Terebratula Pecten.
M. le professeur Haussmann (Goettingue, 4 septembre), en adressant à la Société les trois volumes des Mémoires des Amis de l’art des mines de Goettingue, annonce qu’il continue de s’occuper avec zèle de l’étude des dépôts secondaires et tertiaires du N.-O. de l’Allemagne, et que ses élèves prennent grand goût aux recherches paléontologiques, ce qui lui donnera l’occasion de publier plus tard une édition revue de son dernier ouvrage. En attendant, il signale à la Société, que es nouvelles plantes fossiles découvertes dans le grès bigarré, et le keuper tendent à diminuer les différences que M. Ad. Brongniart avait cru apercevoir entre les flores de ces deux époques. Un des disciples de M. Haussmann a trouvé dernièrement dans le muschelkalk du mont Haimberg à Goettingue, la première impression de poisson qui y ait été vue ; et près de Dronburg, on a vu des restes distincts de poissons dans le grès bigarré.
M. F. Hoffmann annonce qu’il vient d’être nommé professeur de géologie à l’Université de Berlin, ce qui lui permettra de continuer activement l’étude de la géologie de l’Allemagne, et d’être utile à la Société géologique, aux travaux de laquelle il s’associe avec plaisir.
Au moment où il écrit (le 19 septembre), il était occupé à Gotha, à emballer la collection de fossiles. de M. de Schlotheim, qui a été achetée pour le Musée de Berlin, pour la somme de 5,500 thalers (environ 22,000 fr.). À cette acquisition, due surtout à la recommandation bienveillante de M. de Humboldt, est venue s’ajouter celle des fossiles de Pologne et de Gallicie, collection que M. Pusch avait formée à Varsovie ; ainsi, le Musée de Berlin va devenir un des plus complets pour la paléontologie.
Il s’occupe également à mettre en ordre ses observations sur l’Italie et la Sicile dans une publication ayant pour titre : Recherches géognostiques faites en Italie et en Sicile.
Ce naturaliste adresse à la Société les communications suivantes :
M. de Dechen a présenté à la réunion des naturalistes d’Allemagne, à Breslau, un tableau-modèle de coloration pour les cartes géologiques ; essai auquel a pris part M. de Buch, et qu’il s’agirait de coordonner avec le mode de coloration adopté par M. Brochant, et celui proposé par M. Buckland à la réunion des savans anglais à Oxford. La discussion du tableau en question a été renvoyée à la prochaine réunion des naturalistes d’Allemagne, qui aura lieu à Stuttgardt, en septembre 1834, et à laquelle on se flatte de voir un bon nombre de savans français, ce qui facilitera l’adoption générale d’un plan quelconque. M. Hoffmann va adresser à la Société un exemplaire du tableau-modèle de M. de Dechen.
M. de Buch, parti pour visiter la Grèce, est encore en Italie.
M. Keferstein va publier un Traité de géologie en 2 volumes.
On prépare une troisième édition corrigée de la carte
géologique de l’Europe centrale, publiée par Simon Schropp
et compagnie, à Berlin.
M. Hoffmann envoie, pour être lu à la Société, un mémoire manuscrit Sur les dolomies et les porphyres de Lugano.
M. le docteur Reichenbach, de Blansko en Moravie, annonce l’envoi très prochain de sa Description géologique de la Moravie centrale, et envoie un mémoire manuscrit intitulé : Sur l’origine du pétrole, et ses rapports avec les houilles et l’huile térébenthine.
M. Boué a bien voulu faire la traduction de ces deux Mémoires.
M. Michelin donne connaissance qu’il a visité : 1° à Rouen un puits artésien creusé dans le faubourg Saint-Sever, et qui, à une profondeur d’environ 175 pieds, a donné des eaux jaillissantes salées. Il annonce en même temps que M. Girardin, membre de la Société, doit faire parvenir de nouvelles observations sur cette source, ainsi que l’analyse de l’eau.
2° à Montiers (arrondissement de Clermont, département de l’Oise), plusieurs puits forés dans les jardins de M. Félix Lagarde. Ces puits ont donné de l’eau à 75, 95, 125 et 150 pieds. Ces eaux montent avec une telle force, qu’elles servent à remplir une rivière de 30 pieds de large sur 3 pieds de profondeur, et qu’elles bouillonnent à un pied au-dessus. Une d’entre elles donne son eau avec une courte intermittence. En creusant ces puits, M. Lagarde a traversé la craie blanche jusqu’à 80 pieds environ, et ensuite la craie jaune que M. Grave a reconnue dans le nord du département de l’Oise, et que M. Michelin a reconnue également constituer une partie des collines des communes de Méry, la Taule et Gournay sur Aronde. Cette craie jaune présente de l’analogie avec celle qu’on trouve à Varangeville (Seine-Inférieure), et elle est quelquefois en forme de brèche crayeuse.
Mi Michelin fait connaître aussi qu’à peu de distance des puits de Moutiers, il existe une mare nommée dans le pays Somme Dore. Le niveau de l’eau est ordinairement à 3 ou 4 pieds au-dessous du sol, mais à des intervalles indéterminés de plusieurs années, elle s’élève au-dessus de ses bords, et forme un ruisseau pendant quelques mois. À l’occasion de cette intermittence, il annonce que M. Auguste Le Prévost, membre de la Société, lui a fait connaître que les puits des environs de Lisieux, qui, ordinairement, dans les années sèches, s’élèvent de plusieurs pieds au dessus de leur niveau ordinaire, sont montés cette année à plus de 15 pieds.
Le secrétaire donne lecture de la note suivante sur l’Écueil reconnu dans la Méditerranée, à la place qu’occupait l’île Julia.
« Une exploration hydrographique, faite avec assez de soins pour qu’on ait confiance dans ses résultats, a donné, sur l’état actuel du fond de la mer dans ces parages, les détails suivans, dont la connaissance est importante aux navigateurs qui peuvent avoir à passer entre la Sicile et Malte.
« À la place qu’occupait l’île volcanique, se trouve aujourd’hui un bas-fond, dont l’étendue est de mille mètres environ, et dont le plus grand diamètre est dans la direction du S.-S.-E. au N.-N.-O. Sa superficie est un peu moindre que ne l’était la partie visible de la base de l’île ; ce bas-fond, à sa partie supérieure, est principalement composé de pierres noirâtres ou d’un jaune foncé, toutes pareilles à celles qui se voyaient près du cratère. Il y a de petits espaces clair-semés où le fond est mêlé de sable.
« Au centre, est une roche noire de 26 brasses environ de diamètre, sur laquelle il y a seulement 10 pieds d’eau, et même dans deux points qui se trouvent sur une ligne du N.-E. au S.-O, il n’y a que 8 pieds. À 60 brasses de distance de la partie centrale, il existe deux et demi, trois, quatre, cinq, et six brasses d’eau ; puis la profondeur va en augmentant à mesure qu’on s’éloigne.
« À soixante-quinze brasses de distance du roc central de
la direction du S.-O., il existe un petit roc détaché, sur lequel
il y a seulement 15 pieds d’eau. Dans toutes les directions autour
de ce danger, la profondeur est considérable. » (Extrait
du journal le Temps du 4 novembre 1833.)
M. Coupery communique l’article suivant extrait du journal le Voleur, du 31 octobre 1833.
« La plus curieuse des découvertes fossiles qui aient été faites depuis long-temps est, sans contredit, celle de huit canots entièrement fossilisés qu’on a trouvés à Martin-Meer, dans le Lancashire. Sept autres canots, dans l’un desquels il y avait une massue, ont été aussi découverts à Loch-Doon. Leur structure ressemble parfaitement à celle des pirogues sauvages d’Amérique. Ils sont creusés dans des troncs de chêne de 23 pieds de long sur 3 pieds et demi de large, et ils ont 2 pieds et demi de profondeur. »
M. C. Prévost annonce que c’est M. Mulot, membre de la Société, qui va entreprendre le premier puits foré que la ville de Paris vient de mettre en adjudication.
M. Boué présente un aperçu des observations géologiques contenues dans un Journal de voyages faits à travers toute la chaîne des Carpathes, en Bukowine, en Transylvanie, et dans le Marmarosh ; par feu M. Lill, de Lilienbach.
Parmi les coupes laissées par ce savant, M. Boué, a fait choix de trois grandes coupes théoriques, de trente-trois coupes naturelles, et de deux plans ; enfin, il y a joint une carte géologique de la Transylvanie, et un plan de Vorospatak.
M. Boué a cru utile de faire précéder ce travail d’un coup d’œil d’ensemble sur les Carpathes, le Marmarosh, la Transylvanie, et certaines parties de la Hongrie, résumé accompagné d’une carte des principales directions des chaînes et des couches de la Hongrie, et de la Transylvanie.
Après avoir détaillé la bifurcation subie par les Alpes orientales, la liaison des Carpathes avec une des branches des Alpes, et les divisions des Carpathes en petites Carpathes (près de Presbourg), Beskides et Carpathes orientales, M. Boué commence à décrire les diverses chaînes de la Hongrie et de la Transylvanie, leur constitution géologique générale et leur direction.
Dans ce grand arc de cercle formé par les Carpathes se trouvent comprises des ramifications schisteuses de la branche septentrionale des Alpes et des groupes particuliers de montagnes granitoïdes des (Tatra, etc.), serpentineuses, porphyriques et trachytiques. Chacune de ces masses de montagnes affecte une direction particulière, savoir : du N.-O. au S.-E., du N.-E. au S.-O, d’O.-S.-O. à E.-N.-E., de l’O. À l’E. ou du N. au S. ; dernières directions qu’affectent aussi des fendillemens. Dans la Transylvanie il y a, outre les Carpathes orientales, deux grandes chaînes schisteuses, celle de Fagaras sur la frontière de la Valachie, et celle qui sépare la Hongrie de la Transylvanie ; de plus, une chaîne trachytique forme une muraille de séparation entre ce pays et la vallée des Hongrois Szecklers, tandis que des hautes crêtes porphyriques en isolent le comitat de Marmarosh.
M. Boué retrouve encore en Transylvanie quatre directions générales contrastantes.
La Hongrie et la Transylvanie paraissent comprises en entier dans la bifurcation orientale des Alpes, espèce de muraille liée au moyen de la chaîne transylvaine et moldave, et renfermant des chaînons moins considérables, dont l’un (montagnes du lac Balaton) divise la Hongrie en deux vastes bassins, tandis qu’un autre sépare ce pays de la Transylvanie.
M. Boué passe ensuite à l’étude comparative des directions des chaînes, de leurs vallées longitudinales et transversales, et de leurs couches.
Le grand système secondaire des Carpathes présente un des exemples les mieux caractérisés d’une chaîne décrivant une grande courbe ; car le groupe cristallin du Tatra est évidemment le point de départ de masses dirigées dans des sens totalement opposés. Toutes les roches tertiaires et secondaires à l’ouest ont la direction du N.-E. au S.-O., tandis que celles à l’est prennent la direction du N.-O. au S.-E. Les chaînes, les principales vallées ou les grandes rivières se conforment entièrement à ces deux espèces de stratification, et il en est de même lorsqu’on vient à examiner les autres chaînes citées ci-dessus. D’une autre part, si, dans le cas des Carpathes, la direction des couches est la même que celle des crêtes, cette règle parait souffrir des exceptions pour la chaîne occidentale de la Transylvanie.
M. Boué entre dans des détails circonstanciés à l’appui de ces propositions, et les démontre successivement pour chaque chaîne, en employant à cet effet la carte, où les directions différentes sont indiquées par diverses teintes.
La disposition des vallées transversales est très remarquable en Hongrie et en Transylvanie, puisque les directions de toutes semblent rentrer dans celles du S. au N. ou de l’O. À l’E., et si les rivières qui occupent ces vallées s’éloignent plus ou moins de ces deux directions, cette déviation momentanée ou locale ne parait, au fond, due qu’à la rencontre de quelques sillons longitudinaux d’une des chaînes principales, courant du S.-O. au N.-E., ou du S.-E. au N.-O., ou O.-S.-O. la E. N.-E., au plus rarement du S.-S.-O. au N.-N.-E.
L’exemple le plus frappant de tous est offert par la rivière de Poprad, la seule qui coupe toutes les Carpathes. Ce n’est qu’au moyen d’une vallée longitudinale dirigée du N.-O au S.-E. qu’elle passe d’une vallée longitudinale dirigée dans un sens totalement différent, à une fente courant du N. au S. De plus, placée sur les limites de deux directions de redressement, la vallée longitudinale qu’elle occupe, avant de se déverser dans le Dunajec, fait avec le sillon longitudinal contenant cette dernière rivière, avant cette réunion, un angle, qui est précisément la somme de la différence de direction entre le système dirigé du N.-O. au S.-E., et du N.-E. au S.-O.
Le cours seul de cette rivière devait donc déjà faire soupçonner dans les Carpathes deux grands systèmes opposés de direction, dont des indications semblables se retrouvent du reste dans les bifurcations du Raba, à Mszana-Dolna, dans le concluent du Skawa et du Skawica, et dans celui du Koszarawi et du Sola ; sillons tous placés au-devant du groupe granitique de Tatra.
M. Boué donne encore de nombreux exemples de ce changement subit dans le cours des eaux, et appuie en particulier sur les failles, qui permettent à l’Aluta de s’échapper en Walachie à travers les montagnes de Fagaras, sur celles qui facilitent la sortie de la Transylvanie au Maros et Samos, sur les défilés trachytiques, donnent du côté S. et N. un écoulement aux eaux du pays des Szecklers, etc. Il termine par l’indication d’autres vallées transversales dont la position et la réunion paraitraient démontrer des fendillemens moins considérables. Si çà et la des chaînes avaient été coupées en entier, ailleurs la force destructive n’aurait pu produire que des déchirures sur les deux versans ou seulement sur un. La chaîne méridionale et occidentale de Transylvanie en offre de bons exemples.
En résumant les détails donnés, M. Boué arrive à la conclusion suivante :
« En faisant abstraction de la direction des rivières dans les plaines comme trop accidentelle, les montagnes de la Hongrie et de la Transylvanie indiqueraient des redressemens et des fendillemens ayant eu lieu du S.-O. au N.-E. (Carpathes occidentales, chaînes schisteuses cristallines de la Hongrie septentrionale), du N.-O au S.-E. (Carpathes orientales, groupe schisteux cristallin de la Bukowine en partie), de l’O.-S.-O. à E.-N.-E. (chaîne de Fagaras), du S.-S.-O. au N.-N.-E. (chaîne occidentale de la Transylvanie), et des fendillemens sans redressemens ou des failles, produits en général du N. au S. (chaîne trachitique de Transylvanie), ou de l’ouest à l’est.
Parmi les directions de redressement, les deux premières sont seules communes au sol schisteux primaire et aux couches secondaires, et même celle du S.-O. au N.-E. est plutôt rare dans les schistes anciens. D’un autre côté, les fendillemens N. et S. paraîtraient correspondre avec l’apparition de roches trachytiques ou syénitiques, tandis que celles de l’E. à l’O. seraient très récentes, ou quelquefois en relation avec l’apparition des porphyres métallifères. Les observations tendent à prouver que ces derniers sont sortis de terre après la formation crétacée, ou au moins certainement après celle du grès vert, tandis que les éruptions trachytiques tombent dans la période tertiaire supérieure, et les syénites probablement dans une des époques secondaires.
Il faut ajouter que dans les plaines alluviales et tertiaires de la Hongrie et de la Transylvanie, les rivières offrent encore les mêmes directions que dans les montagnes ; pour quelques unes, telle que l’Aluta, etc., cette particularité dépend probablement de fentes produites par suite de redressemens ; mais dans d’autres, comme celles coulant dans la plaine orientale de la Hongrie de l’E. à l’O., etc., on ne peut guère se permettre cette idée, Vu le peu de profondeur du lit de ces rivières et les variations qu’il peut subir, et qu’il a subies en conséquence de la parfaite horizontalité de ce pays bas et marécageux.
On ne peut guère préciser l’inclinaison générale des couches de chaque système de redressement, parce qu’on remarque à cet égard beaucoup de variations, et que d’ailleurs les observations ne sont pas assez nombreuses, néanmoins, dans les Carpathes secondaires, l’inclinaison générale est au N.-O. ou S.-E. dans la parue occidentale, où les couches courent du S.-O. au N.-E, et au N.-E. et S.-O. dans la portion orientale où les couches courent du N.-O. au S.-E. Les couches des monts carpathiques, ainsi que les molasses à leur pied, masses déposées horizontalement ou sur un plan peu incliné, ont subi un refoulement d’un côté du S.-E. au N.-O., et de l’autre du S.-O. au N.-E., ce qui a produit une multitude de contournemens, d’inclinaisons opposées et de sillons longitudinaux. Les fentes transversales ont été formées soit en même temps, soit plus tard.
L’entrecroisement des systèmes a lieu surtout dans trois points, savoir : la rencontre des systèmes S.-O. N.-E. et N.-O. S.-E., au centre des Carpathes septentrionales, surtout au-devant du Tatra, icelle des systèmes N.-N.-E., S.-S.-O. et O.-S.-O. E.-N.-E dans la partie méridionale du Bannat, et celle du système N.-N.-E., S.-S.-O. avec ceux de N.-O., S.-E., enfin il y a probablement encore un autre entrecroisement sur les frontières de la Bukowine et du Marmarosh.
Les masses des Carpathes appartenant au grand système crétacé de l’Europe méridionale, leur redressement tombe nécessairement dans l’époque tertiaire ; mais les couches de la molasse, surtout le pied nord des Carpathes, ont pris part à ces mouvemens de bascule ; donc cette révolution est au moins postérieure au dépôt du terrain tertiaire inférieur.
D’une autre part, les deux lignes de fracture produites par ce redressement unique ayant des directions diamétralement opposées, ou les Carpathes décrivant un arc de cercle, je le répète, la théorie de M. de Beaumont se trouve tout-à-fait en défaut : car il faut reconnaître qu’un seul et même redressement a formé quelquefois des lignes de fracture non parallèles, puisque les molasses ont été aussi bien affectées par le mouvement du N.-E. au S.-O. que par celui du N.-O. au S.-E. Les lignes de fractures du S.-0. au N.-E. appartiendraient, d’après M. de Beaumont, à une révolution antérieure à l’existence du grès vert, et celles du N.-O. au S.-E. à une autre révolution entre la période du dépôt de la craie et la période des terrains tertiaires : or, ni l’une ni l’autre de ces suppositions ne serait applicable au redressement plus récent des Carpathes : bref, la structure de ces montagnes renverse à elle seule la doctrine du parallélisme de tous les redressemens d’une même époque.
Pour déterminer l’âge des révolutions qui ont redressé les chaînes schisteuses, il nous manque des données suffisantes ; car le sol crétacé n’en est pas séparé par des dépôts secondaires, et quelques uns de ces groupes ont pu subir les effets de plusieurs redressemens. Ainsi, si toutes paraissent avoir été bouleversées au moins avant la période crétacée, la chaîne primaire de la Bukowine, et même le groupe du Tatra, ont pu prendre part au mouvement de bascule, qui a redressé les couchés carpatiques. Le soulèvement de ces montagnes peut même nous indiquer la place des centrés d’action. D’autres groupes ont pu subir partiellement les influences des éruptions tertiaires. Les observations devront être dirigées dans ce sens.
D’un autre côté, les chaînes de la Hongrie occidentale n’étant que le prolongement des Alpes, le calcaire jurassique et même des grès rouges couvrant quelquefois en stratification discordante le sol alpin ancien, on pourrait être tenté de placer l’époque de redressement des montagnes en question du moins avant la formation des couches jurassiques et même de quelques grès rouges secondaires.
L’adoption de cette conclusion conduirait donc encore à une supposition incompatible, soit avec la doctrine du parallélisme, soit avec les déductions théoriques de M. de Beaumont. En effet, un redressement aurait été produit dans le même instant sur une ligne courbe allant de O.-S.-O, à E.-N.-E., et ensuite du S.-O. au N.-E. : or, d’après M. de Beaumont, la production de la première partie de cette ligne appartiendrait à une révolution de l’âge des dépôts d’alluvion, et la formation de la seconde ligne à une époque postérieure au dépôt du calcaire jurassique.
Après cela, M. Boué indique succinctement les formations composant les Carpathes, le Marmarosh, la Bukowine et la Transylvanie, savoir : 1° les schistes cristallins ; 2° les roches granitoïdes, serpentineuses et siénitiques ; 3° un grès secondaire et du calcaire jurassique ; 4° les grès carpatiques divisés en deux masses, dont la supérieure est caractérisée par des fossiles crayeux et des calcaires à hippurites, tandis que d’autres roches semblables à ammonites, bélemnites, etc., se trouvent sur la limite des deux dépôts ; 5° les porphyres métallifères sortis du milieu des grès précédents et les ayant altérés ; 6° le sol tertiaire composé : A, de molasse argileuse, salifère, gypsifère et à lignites et fossiles divers ; B, de sables, de grès et de calcaire très coquillier ; C, enfin de calcaire à nummulites et à coraux ; 7° les dépôts trachytiques avec d’énormes masses d’agrégats feldspathiques ou ponceux, dont certaines parties se lient aux couches tertiaires même salinières, et parmi lesquelles se remarque surtout une espèce d’agrégat trachytico-ponceux très fin et à impressions de plantes. On sait qu’une espèce de solfatare et des cratères existent dans le sol trachytique de la Transylvanie ; 8° les alluvions.
Le Journal des voyages de M. Lill se divise en six parties : la première, la moins considérable, a pour objet les petites Carpathes, leurs roches granitoïdes, schisteuses et calcaires, et leurs mines d’or et d’antimoine.
La seconde partie est intitulée Observations sur les bords du Wang entre silein et le pied nord du Tatra, et de là à Èperiès de Hongrie. Outre les détails de la distribution géographique du grès carpatique, du calcaire jurassique, du grès rouge, du granite, etc., ce mémoire est important par des données sur les endroits dans les Carpathes où l’on a voulu utiliser et où l’on a même utilité des sources salées. Y a-t-il réellement des bancs salifères dans le grès secondaire récent de ces montagnes, ou y a-t-on confondu çà et là avec les sources salées diverses eaux minérales salines : telle est la question qu’on y trouve en partie éclaircie. Ensuite, on y lira aussi avec intérêt la découverte de traces de mercure au milieu du grès carpatique dans le voisinage du trachyte de Kroscienko.
La troisième partie contient les Observations faites si soigneusement par M. Lill sur toutes les salines et un grand nombre de sources salés du pied septentrional des Carpathes, de Wieliczka jusqu’en Bukowine. Dans chaque saline ce savant a non seulement observé par lui-même, mais il a encore copié les détails officiels des divers sondages, et, sans prendre pour ainsi dire part. à la question de savoir si ces dépôts salifères sont tertiaires ou secondaires, partout il semble donner gain de cause à la première opinion par le simple exposé des faits. Les salines sont toutes dans des bas-fonds ou des plaines ; les argiles salifères n’y sont recouvertes que d’alluvions, et rarement de grès tertiaires, quelquefois coquilliers, et ça et là redressés ; enfin à Kossow, Maniawa, Delatin, les coupes et les coquilles calcinées tertiaires des argiles muriatifères achèvent de porter la conviction dans l’esprit du lecteur.
La quatrième partie du journal est formée par les Observations concernant Les hautes et sauvages montagnes de la Bukowine.
Sur les frontières du Marmarosh, de la Moldavie et de la Transylvanie, il y a un groupe schisteux ancien, contenant des bancs calcaires, divers minerais de fer et de cuivre, et même, dit-on, du granite. Ce massif est flanqué de grès carpatique avec son calcaire, ainsi que de grès vert incontestable avec de roches pétries de gryphées colombes ; au S.-E., il se prolonge le long de la grande chaîne trachytique de la Transylvanie occidentale. Telles sont les découvertes principales que M. Lill a recueillies de ses courses et bivouacs aventureux au milieu de ce monde jusqu’ici inconnu au géologue.
La cinquième portion des voyages de M. Lill a pour objet la Transylvanie, et n’est pas moins riche en faits intéressans, puisque, avec l’assistance du gouvernement et des officiers du cordon militaire, il a pu parcourir une bonne partie des frontières extrêmes et inhospitalières de la Transylvanie occidentale et méridionale. Ainsi, il communique des détails tout nouveaux sur l’étendue du grès carpatique récent, ses agglomérats et ses calcaires avec du sans hippurites, soit sur les bords de la Moldavie, soit au sud de Kronstadt. De belles coupes viennent ajouter au mérite de ces relevés. D’un autre côté, ses courses dans les montagnes élevées et presque entièrement désertes de Fagaras sont précieuses pour la connaissance de la distribution géographique des roches schisteuses cristallines et leur contact avec le grès carpatique récent.
Ses voyages dans le bassin tertiaire ou le centre de la Transylvanie ont permis à M. Lill de nous donner d’utiles renseignemens sur la position des amas salifères les plus considérables. Les coupes des environs de Paraid, de Thorda, de Kunkel, de Korond et de Szowata viennent encore mettre hors de doute l’âge tertiaire du sol de ce pays, ainsi que la liaison de l’argile salifère avec la molasse et les agrégats trachytiques et ponceux. Enfin, le journal de M. Lill renferme des observations curieuses, et des coupes sur les districts porphyriques et métallifères ; en particulier sur Zalathna, Vorospatak, Offenbanya, Faczebanya, Nagybanya et Felsobanya.
La dernière partie de son journal est formée du notes prises sur les Salines du Marmarosh et les environs des alunites de Mumkacs en Hongrie.
Pour rendre les deux dernières portions de ce travail plus parfaites, M. Boué, non content d’y joindre l’esquisse d’une carte géologique de la Transylvanie et du Marmarosh, a intercalé des notes dans le texte et ajouté toutes les observations qu’il avait faites sur les parties S.-O. et N.-E. de la Transylvanie, et celle du Marmarosh que M. Lill n’a pas parcourues.
Une notice inédite sur les mines de Rezbanya, par M. J. Behl, directeur de ces mines, vient encore compléter ce coup d’œil géologique sur la Transylvanie, et toutes ces additions sont soigneusement distinguées d’avec le journal de M. Lill au moyen de signes particuliers.
M. C. Prévost fait remarquer qu’il paraît y avoir la même relation géologique entre l’âge des terrains d’où sortent les sources salées du N.-E. des Carpathes et le gisement des mines de sel et de gypse de Sicile, qui avaient d’abord été regardées comme appartenant, aux terrains secondaires, et qu’après une assez longue incertitude, il a rapportées aux terrains tertiaires inférieurs.
On lit la note suivante de M. Castel, sur le granite du Calvados.
« Le granite n’occupe qu’un espace peu considérable à l’angle S.-O. du département ; il s’étend dans les cantons de Vire et Saint-Sever, et est entouré d’une zone de roches à grains fins, particulièrement formée d’eurites et de micaschistes. Le gneiss bien caractérisé manque entièrement.
« Le granite se compose de deux variétés très distinctes, tant par la couleur et les propriétés que par le gisement.
« La première variété forme la masse principale du terrain ; le granite qui la compose est jaunâtre, jouissant de la propriété d’être soumis à une température élevée, probablement parce que son feldspath est altéré, mais rempli de fissures, par petits fragmens fendillés, et même entièrement décomposé jusqu’à des profondeurs qui varient depuis un mètre jusqu’à quinze.
« La seconde variété étant beaucoup plus curieuse sous le rapport géologique, et plus intéressante à cause de son emploi dans les arts qui en firent un parti si avantageux, il importe de la décrire, et d’en bien déterminer le gisement.
« Ce granite, qui ne jouit pas de la propriété d’aller au feu, mais qui résiste fort bien aux influences atmosphériques, est d’un gris plus ou moins clair. Il est composé de petites paillettes de mica noir ou bronzé, de cristaux de quarz et de feldspath blanc. Il parait étranger au terrain qui le contient, puisqu’il ne s’y trouve qu’en blocs, dont beaucoup sont supérieurs à la surface du sol. Ces blocs gisent au milieu du granite jaunâtre ou altéré sans faire corps avec lui. Dans quelques endroits ou n’en rencontre qu’un seul ; dans d’autres, il en existe plusieurs ; mais ils sont isolés, et entièrement indépendants les uns des autres.
« À la première inspection des blocs qui recouvrent le sol, on serait assez porté à croire qu’ils ont été transportés par les eaux ; leur forme, eu égard aux dimensions, étant presque semblable aux cailloux roulés ; mais en voyant ceux qui ne sont pas en contact avec les agens atmosphériques, encore pourvus d’angles et d’arêtes tranchantes, on ne tarde pas à reconnaître que leur présence est duc à une autre cause. D’ailleurs, quelques uns sont d’un volume tel qu’on ne peut supposer un courant assez rapide pour avoir pu seulement les soulever. Il y a des blocs qui pèsent plus de 500 mille kilogrammes.
« Il est une autre considération qui ne permet pas d’attribuer à des courans la présence des blocs de granite pur ; c’est la position qu’ils occupent presque constamment ; les lieux élevés en contiennent beaucoup plus que les vallées. Ceux qu’on rencontre dans celles-ci sont évidemment descendus des coteaux qui les environnent, la configuration du sol ne peut laisser aucun doute à cet égard. C’est surtout sur le revers des collines qu’on les trouve en plus grande quantité. Ils y sont quelquefois en masses énormes.
« L’opinion de M. d’Aubuisson et de quelques autres géologues, qui attribuent ces blocs à des parties plus dures de la masse granitique ayant résisté è la décomposition, me semble aussi peu admissible que l’hypothèse de leur transport par des courans ; d’abord parce qu’ils manquent dans beaucoup d’endroits, qu’ils n’adhèrent pas au granite jaunâtre, qu’ils reposent seulement au milieu de lui comme dans un berceau ; ensuite, parce qu’on en rencontre sans presque aucune trace d’altération dans des alluvions qui les ont recouverts.
« En considérant attentivement les blocs de granite pur, l’état désordonné de leur forme et de leur gisement témoigne, selon moi, qu’ils sont dus à un redressement des couches inférieures. Sont-ils contemporains du granite qui les entoure, ou bien ont-ils été mis au jour par une révolution subséquente ? Je n’hésite pas à me déclarer pour cette dernière opinion. L’un me semble avoir été produit à l’état de fluidité, et avoir subi de grandes modifications par le refroidissement ; l’autre paraît, au contraire, être venu au jour à l’état solide par une révolution subite et violente. Les blocs sont entassés en désordre les uns sur les autres sans aucune adhérence entre eux. Souvent on en rencontre deux ou un plus grand nombre qui ont été fendus par le choc, dont les parties ne sont pas éloignées d’un centimètre, sans pourtant se joindre en aucun point. Ces phénomènes me paraissent confirmer pleinement l’idée que les blocs n’ont subi d’autres modifications, depuis leur apparition, que celles des agens atmosphériques, qui ont détruit les angles en contact avec eux, et un peu rouillé leur surface.
En admettant l’opinion ci-dessus comme la plus probable,
étant plus en rapport avec les faits, je suis loin de la présenter
comme mathématiquement démontrée ; c’est une hypothèse que
je présente aux observations des géologues, et à l’examen de la
Société géologique.
La Société entend la lecture des procès-verbaux des séances et des courses en Auvergne. Cette lecture sera terminée dans la prochaine séance.