Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome IV/Réunion extraordinaire à Clermont du 25 août au 6 septembre 1833


BULLETIN


DE LA


SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE


DE FRANCE



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RÉUNION EXTRAORDINAIRES


à


CLERMONT-FERRAND.


(DÉPARTEMENT DU PUY-DE-DOME.)


du 25 août 1833, au 6 septembre.


La Société géologique avait désigné la ville de Clermont pour y tenir sa troisième réunion extraordinaire d’été.

Voici les noms des membres qui ont assisté à cette réunion :

MM. Aymard, Baudin, Bertrand de Doue, Bertrand-Geslin, Boubée, Chauzenque, Constant Prévost, l’abbé Croizet, J. Desnoyers, Domnando, Dumas, Duval, Ferrary, de Genevèze, Grasset, Lacaze, Michelin, de Montalembert, de Montlosier, de Naylyes, Olivier, de Pâris père, Péghoux, Pissis, Revenaz, Rivière, Robert (Félix), Sedgwick (Théodore), Tournal fils, Vemard, de Verneuil, Viquesnel, Wafferdin, Webster-Fisher.

Parmi les personnes étrangères à la Société se trouvaient :

MM. Aubergier, Besse de Beauregard, procureur du roi ; Bayle-Mouillard, avocat ; Burdin, ingénieur des mines ; Cariol, maire de Clermont ; de Chazelle, substitut du procureur du roi ; Conchon, avocat, adjoint du maire ; Fleury, chirurgien en chef ; Gonod, bibliothécaire, vice-président de l’académie de Clermont ; de Laizer, Largé, inspecteur de l’Académie ; Lavorte, directeur de l’école de médecine de Clermont ; Lecoq, professeur d’histoire naturelle ; Vaissière, tous membres de l’Académie de Clermont ; MM. Boilly, J.-B Bouillet, de Caze (Auguste), ingénieur ; Courcier, Filhon, chef d’escadron au corps royal d’état-major ; Gaultier-Biauzat ; avocat, conseiller de préfecture ; Guibail, avocat ; Laplanche, Levêque, Libour, de Lostende, colonel au corps royal d’état-major ; de Montbrun, Née, professeur d’histoire naturelle ; Orry, employé des ponts-et-chaussées, de Pâris fils, l’abbé Pinault, professeur de mathématiques à Paris ; de Raymond, intendant militaire ; de Boissy (Saint-Ange), de la Tour, major de la garde nationale.

Ceux des membres de la Société arrivés à Clermont le 25 août, jour fixé ; jugèrent à propos, en attendant leurs collègues, de commencer le même jour leurs excursions. MM. Lecoq et Bouillet, si connus par leurs beaux travaux sur la géologie de l’Auvergne, eurent l’extrême obligeance de diriger la Société dans cette course ainsi que dans toutes les courses suivantes.

On visita d’abord le Puy-de-la-Poix, monticule de vackite bitumineuse enveloppant une masse de calcaire siliceux. Le bitume malte suinte en assez grande abondance au pied de la roche ; il est accompagné d’eau chargée de muriate de soude, et d’un dégagement sensible de gaz hydrogène sulfuré.

On traversa ensuite le plateau de Gandailliat, et une partie du Puy Long, composés de calcaire lacustre entremêlé d’amas de pépérite et de grès bitumineux, parmi lesquels on voit des couchés de calcaire concrétion né et de calcaire marneux, se délitant en fragmens sphéroïdaux.

Ayant examiné les diverses couches horizontales ou peu inclinées de calcaire et de pépérite qui prédominent dans la composition de ces plateaux, la Société se dirigea vers le Puy de Cournon, en passant au pied du Puy d’Anzel, où l’on aperçoit le calcaire en contact avec le balsate qui le recouvre. Le Puy de Cournon est formé d’un tuf marneux, pénétré dans tous les sens de petits nids et de veines de gypse exploités pour les besoins de l’agriculture.

Après avoir vu à Pont du Château le pépérite qui se délite en boules à couches concentriques, et qui est également remarquable par la présence du bitume et des concrétions de calcédoine, la Société visita, à Machal, sur la droite de l’Allier, un escarpement, dans lequel, au-dessus du calcaire d’eau douce marneux, on voit de nombreuses assises de cendres volcaniques, qui paraissent avoir été remaniées et stratifiées par les eaux. Vers la base de l’escarpement, et. dans une position douteuse relativement aux marnes calcaires et volcaniques de l’escarpement, se voient des calcaires compactes imprégnés de bitume, et contenant un grand nombre d’hélices.

Après le retour à Clermont, les membres de la Société, à la suite du repas, qui toujours les a réunis, ont tenu une première séance dans la salle que l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Clermont a bien voulu mettre à sa disposition. Les membres de cette Académie, dont quelques uns font partie de la Société géologique, se sont empressés d’assister à cette séance, pour les recevoir.

La Société a procédé ensuite à la formation de son bateau.

Ont été nommés :

MM. de Montlosier, président ;
Bertrand de Doue, vice-président ;
L’abbé Croizet, secrétaire ;
Peghoux, vice-secrétaire.


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Clermont, 25 août 1833.

M. de Montlosier étant absent, M. Bertrand de Doue, après avoir adressé ses remerciemens à la Société pour sa nomination, occupe le fauteuil.

Le président proclame membres de la Société :

MM.

Aymard (Auguste), négociant au Puy ; présenté par MM. Michelin et Bertrand de Doue ;

Duval (Louis-Victor), ancien élève de l’École polytechnique et de l’École des mines, à Senlis (Oise) ; présenté par MM. Michelin et Olivier ;

Ferrary, pharmacien, membre de l’Académie royale de médecine, de Saint-Brieuc ; présenté par MM. d’Abbadie et Bertrand-Geslin ;

Chauzenque, ancien capitaine du génie, etc., à Gontant, près Tonneins (Lot-et-Garonne) ; présenté par MM. Chaubard et Debaux.

La Société reçoit :

1o De la part de la Société d’histoire naturelle du Northumberland, de Durham et de Newcastle, le 1er vol. et la 1re partie du 2e vol. des Transactions de cette Société. In-4o avec planches.

2o De la part de M. Willam Henry Fitton : Notes on the progress of geology in England. In-8o, 48 p., 1 pl. Londres, 1833.

3o De la part du même auteur, une notice intitulée : a Geologocal sketch of the Vicinity of Hastings. In-8o, 94, p., 1 pl. Londres, 1833.

4o De la part de M. Lecoq : sa Description du Puy de Pariou. In-8o, 91 p. Clermont, 1833.

5o De la part de M. Cauchy : son Mémoire couronné en réponse à la question proposée par l’Académie de Bruxelles, sur la constitution géologique de la province de Namur. Un-4°, 148 p., 1 pl. Bruxelles, 1833.

6o De la part du même auteur : Note sur la pierre calcaire fournissant une chaux hydraulique que l’on extrait d’une carrière au lieu dit Humérée dépendant de la commune de Sombreffe, province de Namur. In-4o, 16 p.

7o De la part de M. Loudon : le no 52 de son Magasin d’histoire naturelle, etc. Londres, 1833.

8o Revue encyclopédique, publiée par MM. Carnot et Leroux. In-8o, 340 p. Paris, avril 1833.

9o Description des coquilles fossiles des environs de Paris ; par M. Deshayes. 31e livraison.

10o Les no 31 et 32, juillet et août 1833, du Mémorial encyclopédique et progressif des connaissances humaines, sous la direction de M. Bailly de Merlieux.

11° Le no 123 (août 1833) du Bulletin de la Société de géographie de Paris.

12° No 45 des Mémoires de la Société d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Aube. Troyes, 1833.

13° No 14 (avril 1833) du Recueil de la Société libre d’agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l’Eure.

14° De la part de M. Sismonda : Analyse d’une idocrase violette de la vallée d’Ala. In-4°, 8 p.

15° De la part de M. Bouillet : Catalogue des coquilles terrestres et fluviatiles vivantes, recueillies dans le département du Puy-de-Dôme, et déterminées d’après les ouvrages de MM. Draparnaux et Michaux.

16° Proceedindgs of the Geological Society of London. No 30, 1833.

17° Programme des prix proposés par la Société industrielle de Mulhausen, pour être décernés en 1834, 1835 et 1840.

18° No 7 à 14 de l’Institut, journal des Académies et Sociétés scientifiques de la France et de l’Étranger.

19° De la part de M. Laplanche : une Coupe géologique, manuscrite, des terrains traversés dans un sondage fait dans le parc de Randan.

20° De la part de M. Lefroy : son Mémoire sur les fourneaux fumivores.

La Société ayant témoigné à l’Académie de Clermont, par l’organe de son vice-président, sa reconnaissance pour l’honorable réception dont elle a été l’objet, lui fait hommage de la 1re partie du 1er volume de ses mémoires.

La Société règle ensuite l’ordre de ses courses, surtout d’après les indications des géologues du pays, et spécialement de MM. Lecoq et Bouillet ; elle décide que la première, celle du 26 août, aura pour but l’étude de Gergovia ; celle du 27, Volvic, le Puy de la Nugère, le Puy Chopine, le Puy des Gouttes, le grand et le petit Sarcouy ; celle du 28, le Puy de Pariou, le Puy-de-Dôme et ses environs.

Le 31, on partira pour le Mont-Dore, où seront fixées les autres excursions de la Société.


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Clermont, 26 août 1833.


Course de Gergovia.


Sous la direction de MM. Lecoq et Bouillet, la Société a visité la montagne de Gergovia au S.-E. de Clermont, après avoir rencontré sur la route, près de Beaumont, la coulée de lave qui provient du volcan de Gravenoire, et qui, avec la compacité des basaltes, présente aussi, comme eux, une décomposition fréquente en petits globules.

Gergovia réunit, à côté des divers étages du terrain lacustre de la Limagne, des roches variées, dont les unes semblent être le produit de sources minérales, et dont les autres doivent leur origine à l’action volcanique. L’ensemble présente un plateau de calcaire d’eau douce, couronné par une coulée de basalte irrégulièrement prismé, et traversé par de puissans filons de la même roche. Là où ce dernier phénomène n’a pas eu lieu, les couches conservent leur horizontalité primitive.

À l’est et au sud, points que la Société a particulièrement étudiés, on aperçoit une masse considérable, formant à peu près le tiers de la hauteur du plateau, qui se compose de wackes, de scories légères, de tufs volcaniques et de pépérites : dans ces derniers, le calcaire siliceux passe au quarz résinite qui se présente en amas et en petits filons, affectant toutes sortes de positions. Cette masse de roches si variées est percée par de puissans filons de basalte qui ont, au point de contact, plus ou moins dérangé les couches. Le calcaire qui, à l’état siliceux, présente de petis cristaux analogues à ceux de la dolomie, tapisse sous forme d’aragonite les cavités des wakes et des basaltes en décomposition.

Au-dessous de cette masse, on voit au S.-E. le basalte interposé horizontalement sur une épaisseur de plus de 50 pieds entre les couches calcaires ; mais ce basalte noir et compacte, se divisant en dalles et en gros blocs, ne reparaissant point de l’autre côté de la montagne, pourrait bien n’être que l’affleurement d’un dike ou puissant filon.

Dans les couches de calcaire lacustre, un membre a remarqué des empreintes végétales. En descendant le grand ravin, où l’étude de cette formation est très facile, on rencontre des hélices, des lymnées, des cypris faba, et sur d’autres points, des paludines et des tubes de friganes.

Enfin, dans le calcaire marneux et bleuâtre tout-à-fait inférieur (au-dessous du village de Romagnat), des ouvriers ont recueilli des écailles de crocodile et des os d’oiseaux aquatiques analogues au genre Anas, qui figurent dans le riche cabinet de M. l’abbé Croizet.

De retour de leur course, les membres de la Société se réunissent en séance, sous la présidence de M. Bertrand de Doue.


26 août (séance du soir).

M. le président proclame membres de la Société :

MM.

Grasset, maire de Mauriac (Cantal) ; présenté par MM. de Montloiser et Constant Prévost ;

Dumas (Emilien), de Sommières (Gard) ; présenté par MM. Desnoyers et Domnando.

M. Lecoq commence la lecture d’un Mémoire sur les Monts-Dores, dont l’analyse fera partie de la séance suivantes


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Clermont, 27 août 1833.


Course de Volvic, des Pays de la Nugère, Chopine, etc.

Le 27 août, la Société est allée visiter Volvic et le Puy de la Nugère, qui a fourni cette immense coulée de lave exploitée pour les constructions de Clermont et de Riom, et pour le dallage des trottoirs de Paris.

L’aspect général de cette coulée, et plusieurs des circonstances qu’elle présente, telles que les élévations, et les cavités de sa surface, l’état et l’arrangement relatif des divers matériaux dont elle est composée, fournissent à M.C. Prévost l’occasion de faire ressortir l’analogie complète qui existe entre les produits des volcans modernes de l’Auvergne, et ceux de l’Etna et du Vésuve, et d’exposer le résultat de ses observations relativement au mode d’écoulement des laves, et à la formation des scories en général.

Beaucoup de personnes sont portées à croire qu’une nappe de matière fondue et fluide, coulant sans obstacle dans une vallée, comme est celle de Volvic, a dû, en se refroidissant, offrir une surface unie et plane, et que, par conséquent, les anfractuosités profondes qui découpent le sol, ainsi que les nombreux coteaux qui le couvrent, doivent être les effets de dégradations postérieures ; il n’en est cependant rien, car les traînées de matières volcaniques que l’on voit descendre sur les flancs des volcans en activité ont exactement les mêmes dispositions.

Ce que l’on appelle ordinairement une coulée, et celle de la Nugère est dans ce cas, au lieu d’être le résultat de l’épanchement instantané d’un fluide qui, après avoir rompu les digues qui le retenaient, se serait avancé d’un seul jet, n’est que la somme d’écoulements successifs qui ont eu lieu par la même ouverture, et quelquefois par plusieurs, et dont chaque lame fluide a recouvert celle déjà plus ou moins refroidie qui l’avait précédée.

Lorsque les matières fondues, et incandescentes que rejettent les volcans commencent, en se déversant par les bords du cratère ou en sortant des fissures de ses parois, à former ce que l’on appelle une coulée, elles s’avancent avec une vitesse qui est en rapport avec la déclivité du plan sur lequel elles coulent, et avec la pression de la matière amassée dans le cratère, beaucoup plus qu’avec une puissance étrangère souterraine qui les pousserait.

La surface supérieure du premier épanchement, refroidie par le contact de l’air, ne tarde pas à tendre à se figer ; quelques points solides se forment ; leur nombre augmente, mais le mouvement de la masse s’oppose à ce qu’ils se réunissent pour composer une pellicule solide continue ; les premières parties figées deviennent le noyau de scories arrondies qui roulent les unes sur les autres avec un bruissement remarquable, et dans peu le fleuve de feu est entièrement, couvert d’une enveloppe opaque, dure et mobile qu’il porte avec lui. Un effet analogue a lieu au contact du sol, la lave se consolide de la même manière, en enveloppant souvent les cendres, les graviers sur lesquels elle marche, de telle sorte qu’à peu de distance de sa source la matière encore incandescente et liquide est entourée de toutes parts de scories, dont la quantité augmente sans cesse à ses dépens.

Qu’un léger obstacle arrête la marche des scories, celles-ci s’accumulent comme font les glaces que charrie une rivière contre les piles d’un pont ; elles se soudent entre elles ; elles établissent des arches, des aqueducs sous lesquels la lave continue à marcher, à moins que rencontrant elle-même des obstacles, elle ne reflue ou change de direction : dans ce cas, quelquefois, après avoir soulevé en monticules arrondis les scories amoncelées, elle se divise en plusieurs branches, et elle reparaît incandescente un moment pour se couvrir bientôt de nouvelles scories. La matière fondue, qui sans cesse ou d’une manière intermittente sort par la même bouche, s’avance sur les produits du premier épanchement, elle les pénètre, les recouvre, et elle remplit en partie les anfractuosités qu’elles lui offrent, pour, à son tour, se comporter de la même manière en se refroidissant.

De là, les passages insensibles de la lave compacte à la lave spongieuse et scoriacée, les alternances nombreuses et irrégulières de celles-ci avec des scories libres, tantôt globulaires, tantôt plates, les amoncellemens de fragmens à une élévation plus ou moins considérable, l’aspect d’un sol raviné, etc.

Mille causes secondaires viennent produire des effets variés à l’infini, mais qui tous se conçoivent parfaitement lorsque l’on a vu la nature opérer, et que l’on admet les explications précédentes, en faisant la part des effets des retraits, de l’écroulement des aqueducs après l’écoulement du liquide qu’ils enfermaient, de l’augmentation ou de la diminution de l’inclinaison du sol, du mélange avec les cendres et les fragmens rejetés par les éruptions concomitantes…

Arrivé au sommet du volcan de la Nugère, on examina son vaste cratère, ses ouvertures latérales, les relations et la direction de ses différentes coulées, et le monticole de scories qui est dans l’enceinte du cratère. On se rendit au Puy de Chopine, remarquable par le contact (jusqu’à son sommet) de domites et de roches primitives (granite et amphibolite), et par l’enceinte presque circulaire que forme autour de lui le Puy des Gouttes, configuration qui rappelle à peu près celle du Vésuve et de la Somma. De là, on passa entre le grand et le petit Sarcouy, où l’on vit que le premier était placé entre deux volcans modernes, le petit Sarcouy et le Puy des Gouttes, qui le serrent de près de chaque côté.

Après cette longue tournée, on rentra à Clément par Durtol, où l’on vit de grands amas de pouzzolane qui recouvrent la lave de Pariou.


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Clermont, 28 août 1833.


Course du Puy-de-Dôme.


Le lendemain, 28 août, la Société devait se rendre au Puy de Pariou, et de là visiter le Puy-de-Dôme et ses environs. Un ciel sans nuage favorisa cette excursion. Peu de temps après être sorti de Clermont, on traversa Chamaillère, et l’on atteignit Font-Mort, afin de pouvoir suivre en remontant le cours de la lave du volcan qu’on allait visiter ; et, en effet, on aperçut l’extrémité de la coulée s’élevant au-dessus du sol, et offrant un escarpement remarquable ; on croit voir encore des lames de matières fondues avancer les unes sur les autres, entraînant les blocs refroidis et brisés de la couche supérieure. Toutes ces lames, qui ne cessaient de se recouvrir, s’arrêtèrent à Font-Mort, et forment maintenant un rocher surplombé, près duquel on a bâti une maison de campagne, et dont la base donne issue aux sources magnifiques qui doivent maintenant à cette lave la fraîcheur qui les caractérise.

On trouve quelques fragmens de feldspath empâtés dans cette coulée, et comme à Volvic, les moindres fissures sont tapissées de lamelles brillantes de fer oligiste. On suivit longtemps le cours de cette lave, et on observa plusieurs fois les cendres grises et entièrement feldspathiques sur lesquelles elle repose.

Après avoir monté quelque temps par une ancienne voie, regardée dans le pays comme romaine, et tracée au fond d’une vallée granitique, on arriva à Villars, où l’on vit plusieurs carrières ouvertes comme à Volvic, pour l’exploitation de la lave. Au-delà de ce hameau la contrée s’élargit ; il s’est formé un amas de matières fondues, dont les fragmens sont épars a la surface du sol. La végétation y est à peine établie, et l’on voit dans cette localité un bel exemple de ce qu’on appelle en Auvergne une Chère, ou un désert de lave. On était encore à plus d’une lieue de Pariou ; mais tout annonçait déjà un vaste apport volcanique. Des tas de scories, des amas de pouzzolane, et les cônes réguliers qui bordaient l’horizon rappelaient les champs phlégréens et le sol bouleversé de l’Italie. On quitta un instant le courant de lave pour traverser Orcine, village bâti sur le gneiss. On rentra immédiatement sur le sol lavique, et en peu de temps on atteignit la grande route, où étaient déjà plusieurs membres de la Société, et un assez grand nombre de personnes habitant Clermont, qui se dirigeaient tous vers Pariou ; la Société, ainsi augmentée, continua sa marche vers les montagnes volcaniques qui s’élevaient en face d’elle.

Deux observations arrêtèrent la Société. La première était la présence du granite à une élévation de 1,000 mètres au moins, sur lequel ne reposaient pas les produits volcaniques, quoiqu’ils eussent cependant couvert le reste de ce plateau. La seconde retint la Société un peu plus long-temps ; une petite cavité, située au milieu du courant de lave, présente des scories et des roches, qui parurent d’une origine différente, et que plusieurs personnes regardèrent comme des Domites scorifiées, qu’une petite éruption aurait altérées, et en partie fondues. Après cet examen, on entra dans un des cratères de Pariou, car cette montagne en offre deux ; l’un très grand, qui a donné naissance à la coulée de lave ; l’autre parfaitement intact, mais bien plus élevé que le précédent. On examina avec soin ces parois éboulées, et dont la lave avait entraîné les débris ; on recueillit des échantillons de scories si fraîches et si semblables à celles que lancent encore les volcans contemporains. Cependant le géologue seul pouvait se croire dans un cratère, car une végétation vigoureuse couvrait partout ces rochers refroidis depuis si long-temps. Une pelouse émaillée de fleurs, conduisait jusqu’au cratère supérieur, où l’on apercevait déjà plusieurs personnes réunies ; enfin, on arriva sur le bord de cette coupe magnifique et profonde où les traces du feu ne paraissaient plus. Un déjeuner offert de bon cœur, et animé de la plus franche cordialité, avait été préparé par les soins de plusieurs membres de l’Académie de Clérmont, auxquels s’étaient réunies quelques personnes de la ville.

On descendit de Pariou pour gagner le Puy-de-Dôme, dont on atteignit le sommet en trois quarts d’heure. Le petit Puy-de-Dôme attira d’abord l’attention de la Société : c’est un volcan moderne bien caractérisé, et offrant une masse énorme de scories ; elles sont sorties, selon toute apparence, d’un cratère assez régulier, que l’on désigne sous le nom de nid de la Poule, et sur le bord duquel on se reposa un instant. Bientôt cessèrent les scories, et on se trouva sur le domite. Le Puy-de-Dôme est entièrement formé de cette roche poreuse ; mais elle est presque toujours recouverte par la végétation. Enfin, arrivé au sommet, on examina long-temps l’étendue du pays que domine cette sommité, et les détails intéressans qui étaient plus rapprochés du point d’observation.

Les Monts-Dores paraissaient en face : la neige n’avait pas encore blanchi leurs sommets, et le Cantal se dessinait sur l’horizon. Une série de cônes volcaniques se développaient au sud et au nord. On apercevait leurs cratères, leurs coulées, qui se déversaient, tantôt dans le bassin de l’Allier, tantôt dans celui de la Sioule, les montagnes du Forèz limitaient la Limagne à l’est ; on découvrait au nord les plaines du Bourbonnais ; à l’ouest, celles de la Creuse, et les côteaux granitiques de la Corrèze ; il est peu de points ou la vue soit aussi étendue qu’au sommet du Puy-de-Dôme ; il n’en est aucun d’où l’on puisse mieux juger la disposition et la chaîne des Puys. Ou apercevait environ cinquante cônes volcaniques, munis presque tous de cratères plus ou moins conserves.

On descendit rapidement par un des versans les plus inclinés de la montagne, et après ce coup d’œil général on se dirigea vers Fontannat. Avant d’y arriver, on vit une petite boursouflure volcanique, connue sous le nom de Chuquet-Genestoux ; c’est-un petit centre d’éruption, dont les scories contiennent du pyroxène ; on y rencontre beaucoup de fragmens de granite, plus ou moins chauffés, plus ou moins altérés, à mica bronzé, et toujours très friables ; quelques masses cependant étant plus dures, leur surface est vitrifiée, et l’on y trouve adhérentes de petites scories rouges.

On entra ensuite dans la vallée de Fontannat, où jaillissent des sources magnifiques ; on descendit à Royat, où de nouvelles sources s’échappent de la partie inférieure de la lave de Gravenoire ; mais l’heure avancée ne permettant pas d’étudier cette localité, on ne put voir ni les Arkoses du Puy de Châteix, ni les psammites alunifères qui bordent le chemin des voûtes.


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Clermont, 29 août 1833.


Le 29 août, après avoir visité le cabinet de la ville de Clermont, et ce qu’elle offre de plus intéressant sous le rapport de l’histoire naturelle et des antiquités, la Société se réunit le soir en séance, sous la présidence de M. de Montlosier.

M. le président proclame membre de la Société :

M.

Gay (Claude), naturaliste, voyageur français au Chili ; présenté par MM. Duclos et Michelin.

M. Boubée offre à la Société, et dépose sur le bureau un ouvrage intitulé : Promenade au Mont-Dore, pour l’étude de la question des cratères de soulèvement. In-18, 52 pag., 2 pl., 1833.

M. Lecoq termine la lecture de son Mémoire sur le Mont-Dore, dont voici l’analyse[1].

« Ce Mémoire est la partie topographique et géologique d’un ouvrage inédit sur le Mont-Dore : l’auteur s’occupe d’abord de l’élévation des montagnes, et de la direction des vallées, de leurs formes, des cours d’eau qui les ont agrandies. Il remarque surtout leur divergence, en prenant le pic de Sancy pour centre, et leur profondeur, ainsi que leur élargissement, plus considérable à leur naissance qu’à une certaine distance.

« Après cet examen, il décrit la constitution géognostique du Mont-Dore ; il parle d’abord des trachytes, dont il distingue deux sortes ; les trachytes en couches, et ceux qui forment des filons. Il place dans ces derniers celui du pic de Sancy ; ceux qui sont en couches se présentent fréquemment avec des divisions prismatiques.

« Les conglomérats alternent avec les trachytes, et sont par conséquent aussi anciens. Ils ont été percés en plusieurs points par des filons de trachytes. Ils paraissent souvent formés de débris amoncelés, sans que l’eau ait pris part à leur formation. D’autres fois, au contraire, la présence de lignites et de trass en couches régulières témoignent de la présence de ce liquide dans des bassins circonscrits.

« Les phonolites constituent de vastes plateaux encore peu connus, et que l’on a confondus avec les trachytes ; ils semblent avoir été percés par les basaltes.

« Ceux-ci occupent au Mont-Dore un plus petit espace que les trachytes, et semblent relégués sur les pointes extérieures. Ils reposent en général sur les conglomérats trachytiques.

« Les volcans modernes sont tous à une certaine distance du centre du Mont-Dore ; on les rencontre principalement au nord et au sud ; on retrouve aussi en différens lieux de petites pointes d’éruption moderne, qui sont caractérisées par la présence des scories et par l’altération des trachytes.

« Quelques produits sont postérieurs à ceux-ci : ce sont les dépôts des eaux minérales, les tourbes et les attérissemens. »

Dans cette partie du Mémoire, l’auteur donne une foule de détails sur les localités qu’il est impossible de reproduire, et qui prouvent qu’il a souvent parcouru les lieux qu’il décrit.

« La seconde partie est consacrée à la théorie du Mont-Dore : l’auteur y recherche la vérité en s’appuyant, autant que possible, sur des faits. Il ne conçoit pas que l’on puisse se faire une idée nette du Mont-Dore, sans y reconnaître plusieurs soulèvemens postérieurs à sa formation.

« Cette seconde partie est divisée en plusieurs périodes de formation : la première est celle des trachytes et de leurs conglomérats. Les roches paraissent s’être épanchées par des fentes avant qu’aucun autre produit volcanique ait percé le sol de l’Auvergne ; ils ont d’abord formé de larges nappes, qui, s’étant épanchées sur des plans peu inclinés, ont pu prendre par le refroidissement des formes prismatiques. Si le plan eût été aussi incliné qu’il l’est aujourd’hui, les trachytes auraient coulé, et n’auraient pu s’arrêter, et prendre des formes prismatiques sur un sol dont la déclivité était aussi grande. M. Lecoq assure que la coulée qui part du roc de Cuzeau, et qui descend pour former le plateau de Langle, à une pente moyenne calculée de 1 décimètre par mètre, et il a remarqué sur les couches de lave moderne de l’Auvergne qui sont évidemment en place, qu’une pente de 30 millimètres par mètre était plus que suffisante pour les empêcher de cristalliser ou de prendre des retraits prismatiques. Il est donc impossible, dit M. Lecoq, qu’à l’époque où cette nappe de trachyte s’est épanchée, le Mont-Dore ait déjà acquis l’élévation qu’il présente aujourd’hui, car non seulement le trachyte ne serait pas prismé, mais avec une pente de 1 décimètre par mètre, il ne se serait pas arrêté au point où nous le voyons maintenant ; il aurait continué de s’étendre.

« L’âge de ces trachytes est facile à déterminer ; leurs trass et leurs conglomérats entrainés par les eaux ou par les vents sont venus se déposer sur plusieurs points de la Limagne, et nulle part on ne les trouve recouverts par les calcaires ; partout, au contraire, ils sont déposés sur eux. Il paraît cependant que l’époque trachytique a suivi de près le dépôt du calcaire, car de véritables conglomérats, contenant des morceaux de trachyte assez volumineux pour qu’on ne puisse admettre que le vent les ait transportés, se retrouvent sur la rive droite de la rivière de l’Allier, dont le creusement a dû suivre de près la formation tertiaire ; en sorte que les éruptions du Mont-Dore auraient commencé immédiatement après les derniers dépôts de la Limagne, et avant que les eaux aient complètement abandonné la plaine ou elles séjournaient depuis long-temps.

« On trouve vers les points culminas du Mont-Dore des coulées d’un trachyte plus moderne que le précédent. Ces coulées, que Desmarest avait très bien distinguées, sont toujours placées au-dessus des autres ; elles sont divisées en une foule de fragmens, et renferment assez souvent du péridot. Le trachyte qui les compose diffère minéralogiquement des autres. Les coulées prouvent que le cirque qui forme le commencement de la vallée du Mont-Dore n’existait pas lors de leur formation ; car, n’éprouvant de ce côté aucune résistance, ces coulées se seraient épanchées dans ce cirque au lieu de se répandre du côté opposé.

« La seconde période est celle de l’apparition des nombreux filons trachtyiques, qui ne sont peut être que les fentes par lesquelles les produits volcaniques sortaient du sol, qui auraient été remplies. L’apparition de ces nombreux filons dut nécessairement donner une certaine secousse aux coulées qui étaient solidifiées, et c’est probablement de cette époque que date la première dislocation du Mont-Dore.

« M. Lecoq rapporte à peu près li la même époque la formation des phonolites qui paraissent plus anciens que les basaltes, et plus modernes que les trachytes. Il pense qu’une force puissante, agissant après leur formation, en a disjoint les masses en formant au milieu d’elles une sorte de cratère d’explosion, dont la présence serait assez confirmée par la grande quantité de scories qui se trouvent dispersées dans le fond de la vallée.

« La force qui aurait ainsi modifié la surface du sol aurait redressé les couches qui sont voisines du lac de Guery, et le point par où l’eau s’échappait aurait été changé par le redressement.

« Après les phonolites d’épanchement, ont apparu les basaltes en nappes moins inclinées que les trachytes, mais présentant encore une pente trop rapide pour avoir pu cristalliser dans cette position, en sorte que le soulèvement qui les y aurait placé serait postérieur à la formation basaltique.

« L’apparition des filons et dykes qui sont venus remplir les fentes par lesquelles les coulées basaltiques sont sorties, a dû produire encore une sorte de dislocation dans les coulées trachytiques, et il y a eu à cette époque un soulèvement bien marqué, que l’on peut constater à la Banne d’Ordenche, et sur plusieurs autres points.

« Enfin, M. Lecoq arrive à l’époque des volcans modernes, qui, selon lui, ont joué un grand rôle dans les soulèvemens du Mont-Dore et du Cantal. Les volcans modernes sont tous assez éloignés du centre du Mont-Dore ; cependant ils ont percé sur quelques points, et l’on trouve en plusieurs endroits des scories modernes qui attestent leur action. M. Lecoq leur attribue le soulèvement du Mont-Dore, en admettant comme point central la base du pic de Sancy. Il pense que la force volcanique s’est ensuite dirigée sur une même ligne vers les roches Sanadoire et Tuilière, où il y a eu soulèvement, et qu’elle a marqué son passage par le soulèvement des Puys de Haute-Chaux, de la Tâche, etc.

« M. Lecoq cite sur ces montagnes arrondies des scories modernes, et même de la lave.

« Il examine ensuite les volcans modernes les plus approchés du centre du Mont-Dore ; il s’occupe du lac Pavin, des volcans de Mont-Chalme, et de celui du mont Sineyre. Il considère Pavin comme un cratère d’explosion datant de l’époque des volcans modernes ; il fonde sa date sur le recouvrement de la coulée de Mont-Chalme par les débris lancés hors du lac par l’explosion qui l’a formé ; il donne la même origine et la même date aux lacs de Servière et de la Godivelle.

« M. Lecoq donne ensuite des détails très circonstanciés sur l’inclinaison des coulées trachytiques, sur l’élargissement des vallées, et sur les différens faits qui viennent appuyer la théorie du soulèvement du Mont-Dore. Puis il examine les chaînes volcaniques du Mont-Dôme, où il trouve encore des soulèvemens dans le Puy-de-Dôme, dans le Puy de Sarcouy, et surtout dans le Puy de Chopine, où le sol primitif a été soulevé avec le domite.

Il résume ce qu’il a développé en rappelant la dernière page d’un mémoire lu, le 25 novembre 1827, à l’Académie de Clermont, et publié en février 1828, avant qu’on ait appliqué au Mont-Dore la théorie des soulèvemens sur lesquels M. Élie de Beaumont n’avait pas encore appelé l’attention des géologues.

« Les Puys feldspathiques des Monts-Dômes se rattachent essentiellement aux Monts-Dores, et je suis, dit-il, tenté de croire que l’élévation de ces derniers a en lieu en même temps que celle des Monts-Dômes. Les volcans modernes cherchant à se faire jour à travers le sol, dûrent nécessairement se porter vers les lieux où ce sol avait déjà été entr’ouvert par des éruptions qui avaient dès long-temps précédé les leurs ; mais ici (au Mont-Dore), la masse énorme des matières entassées les unes sur les autres opposèrent une résistance qui, était en rapport avec leur poids et leur épaisseur, et leurs efforts réunis ne purent que soulever l’ensemble de ces matières. La croûte supérieure fut crevassée en plusieurs endroits, et les gerçures de cette immense calotte y produisirent plusieurs sommets plus ou moins escarpés, et séparés par des précipices, dont les uns furent comblés, et les autres agrandis par les torrens qui en descendent.

« C’est à ce mode de formation qu’il faut attribuer l’espèce d’abaissement proportionnel qui a lieu à mesure que l’on s’éloigne d’un côté ou de l’autre du sommet des Puys trachytiques du Mont-Dore, et qui se remarque surtout sur les plateaux de basalte., Ceux-ci, sur quelques points, offrent des scories récentes qui datent de la même époque, et qui se sont formées sur les points où le foyer intérieur a pu s’ouvrir quelques soupiraux.

« Rarement les matières fondues ont pu se faire jour à la surface ; cependant on en voit des exemples à Mont-Chalme et à Mont-Sineyre. Le foyer volcanique se dirigeant alors vers le nord s’ouvrit d’abord à Monteynard, puis forma les Puys de l’Enfer, de la Rodde, de la Vache, de Lassolas, etc., avec les laves qui en sont sorties, et continuant dans la même direction, souleva le Puy-de-Dôme et ses analogues, et ne s’arrêta qu’au Puy-de-Chalard, après s’être épuisé en vomissant une foule de coulées, parmi lesquelles on remarque principalement celles de Côme, Pariou, Louchadière et la Nugère.

« Peut-être tous les sommets trachytiques, qui sont en général extrêmement élevés, sont-ils dus à la même cause ; et selon des circonstances accessoires, ils ont pu se crevasser fortement comme, le Mont-Dore ; très peu, comme le Puy-de-Dôme ; ou pas du tout, comme Sarcouy, Clierzou ; et je crois qu’il faut attribuer aux volcans modernes que je distingue des contemporains, non seulement les effets visibles que personne ne conteste, mais d’autres au encore qui ne se montrent pas entièrement à la surface du sol, ou qui sont tout-à-fait cachés[2]. »

« M. Lecoq termine ce Mémoire en faisant remarquer l’alignement des Puys volcaniques modernes, du Mont-Dore et du Cantal. Il a observé que tous ces volcans se sont fait jour sur plusieurs lignes parallèles, dont la principale est un long filon, ou plutôt une large couche d’amphibolites qui forment en général le point de partage des eaux, et auxquelles il attribue le soulèvement du sol primordial avant toutes les éruptions volcaniques.

« Telles sont les principales idées émises dans ce Mémoire, qu’il est du reste presque impossible d’analyser. Il est assez long, et rempli de détails sur les localités, ce qui rend son étude nécessaire à ceux qui voudront s’occuper du Mont-Dore, et de la question des cratères de soulèvement. L’auteur est entièrement pour le soulèvement ; mais il attribue aussi aux érosions une grande part dans le creusement des vallées. »

À la suite de la lecture de ce Mémoire, M. l’abbé Croizet demande la parole. Tout en applaudissant à la partie descriptive du Mémoire, il se prononce contre ce qu’il appelle la partie théorique, après avoir fait observer que des alluvions saisies par les volcans modernes n’auraient pas pu former un cône de 500 mètres comme le Puy-de-Dôme ; il entre dans quelques détails relatifs au peu d’énergie qu’ont déployée ces volcans modernes dans la chaîne du Mont-Dore, tandis qu’elle a été très puissante dans celle des Monts-Dômes. Deux ou trois cratères seulement ont vomi des coulées autour des Monts-Dores ; ces feux étaient sur le point de s’éteindre : comment auraient-ils soulevé cette masse énorme qui a plus de deux lieues de longueur, et qui s’élève à plus de 600 mètres au-dessus du cratère de Mont-Chalme ?

Sur une observation de MM. Lecoq et de Laizer, relativement à la force expansive des gaz, M. Croizet répond : que ces agens pourront bien produire un cratère d’explosion tel que celui du lac Pavin, mais qu’ils ne soulèveront pas les Monts-Dores, et que la cause que l’on assigne à ces prétendus soulèvemens ne lui paraît nullement en rapport avec l’effet qu’on lui attribue.

M. Constant Prévost ne partage pas l’opinion de M. Lecoq sur les soulèvemens du Mont Dore et du Puy-de-Dôme par les volcans modernes. Il entre à ce sujet dans les détails suivans :

Que peut-on entendre, dit-il, par les expressions de volcans modernes ? Faut-il ne comprendre par là que la cause ou la force qui aurait produit, postérieurement au soulèvement supposé, les cônes à cratères et les coulées de lave qui entourent le Puy-de-Dôme, et qui se voient dans quelques points au pied du massif trachyto-basaltique du Mont-Dore ; ou faut-il entendre les montagnes volcaniques elles-mêmes ? Dans le premier cas, qui est le seul supposable, on demanderait : mais cette cause, cette force inconnue, par quels agens immédiats a-t-elle élevé les masses sur lesquelles on présume qu’elle a agi ? Est-ce par des gaz ?… Une fois que ceux-ci auraient vaincu, pour s’échapper, l’obstacle qui les comprimait, les parties soulevées seraient retombées. Est-ce parties matières solides ou pâteuses ? Quelles sont ces matières ? où les voit-on ? Car ce ne peuvent être les scories et les cendres dont sont formés les cônes à cratères, ni les nombreuses coudées qui se sont épanchées en sortant de la bouche et des flancs de ceux-ci. Les unes et les autres n’ont été produites que successivement et lentement, et elles ne peuvent pas être la cause d’un acte subit, pas plus qu’elles ne sont la preuve de l’existence de cette cause.

En effet, si l’on cherche à analyser les phénomènes qui ont élevé presque sous nos yeux les cônes volcaniques du Vésuve et de l’Etna, et par conséquent ceux de Pariou, de la Nugère, de Come, etc., dont la forme et la composition indiquent évidemment une semblable origine ; si l’on assiste à une éruption de cendres et de scories ; si l’on suit la marche progressive des laves, on ne peut reconnaître dans aucun de ces actes les effets d’une puissance capable de soulever des masses de plusieurs mille pieds d’épaisseur.

Pour mettre à même de comparer les phénomènes encore observables dans les terrains volcaniques de l’Auvergne avec ceux qui ont lieu dans les volcans en activité, M. C. P. donne quelques détails sur les faits qu’il a eu l’occasion de constater récemment pendant son voyage à l’ile Julia, en Sicile et en Italie, et après avoir décrit les circonstances d’une éruption dont il a été témoin au Vésuve, il ajoute, en se résumant, que, loin d’être un agent de soulèvement, un volcan n’est que le produit passif d’une action qui agit, non pas d’une manière subite, mais successive, et son élévation au dessus de sa base jusqu’à 8 et 10,000 pieds, comme à l’Etna, est le résultat de l’accumulation de matières diverses, qui, à plusieurs reprises, ont été rejetées par une ou plusieurs ouvertures : rien ne conduit à démontrer que ces ouvertures elles-mêmes, que ces solutions de continuité dans le sol, aient été déterminées par les matières qu’elles rejettent.

La lenteur avec laquelle s’élève la lave dans les canaux qui lui donnent issue ; le mécanisme presque extérieur au moyen duquel, lors des éruptions, les cendres, les scories et les fragmens les plus volumineux sont projetés dans l’atmosphère ; la marche peu accélérée des laves lorsqu’elles suivent des plans peu inclinés ; leur sortie par des fentes dont elles agrandissent à peine les premières dimensions, et qui ne sont nullement en rapport avec la quantité de matière dont, en définitive, est composée une même coulée… tous ces faits annoncent que, dans aucun des phénomènes observés dans les volcans brûlans, on ne peut voir les résultats d’une force qui aurait commencé par soulever et fracturer le sol sur une grande étendue et à une grande hauteur : aussi par analogie, sans nier pour le moment que le Mont-Dore et le Puy-de-Dôme aient été soulevés, on peut croire que ce n’est ni à la cause qui a produit les volcans modernes de l’Auvergne, ni à plus forte raison ces volcans eux mêmes, que l’on pourrait attribuer les soulèvemens supposés, puisque M. Lecoq en admet de plusieurs époques.

M. Lecoq répond : qu’un volcan n’a plus de force expansive dès qu’il s’est établi une libre communication entre l’intérieur et l’extérieur du sol ; ce qui a lieu chaque fois que la lave s’en échappe ; mais qu’avant cette communication sa force est considérable, et peut produire de très grands effets. Ainsi, les tremblemens de terre qui se font sentir autour des volcans en activité précèdent toujours les éruptions, et ne les suivent jamais. Ils cessent aussitôt que la lave s’épanche de leur cratère, ou se fait jour au pied de la montagne volcanique. M. Lecoq compare l’action de la force volcanique à une chaudière à vapeur, dont la soupape est ouverte ou fermée. Il persiste a croire que les volcans modernes durent d’abord chercher à se faire jour au Mont-Dore par les fissures qui avaient déjà donné des produits volcaniques, et qu’étant fortement comprimés par la masse énorme de produits qui s’y trouvaient accumulés, ils ont eu assez de force pour soulever, sans se faire jour, les larges nappes de trachytes et de basaltes qui couvrent maintenant les fentes du Mont-Dore avec une inclinaison qu’elles n’auraient pu conserver si elles s’y fussent épanchées dans cette même situation.

Quant aux Puys domitiques, M. Lecoq ne pense pas que la roche qui les constitue ait pu couler ; elle aurait toujours été au moins pâteuse, si, étant sortie dans cet état, comme on le suppose généralement, elle avait formé en s’accumulant les dômes trachytiques qui existent aux environs de Clermont ; elle n’aurait pu former la grande nappe de domites qui recouvre la majeure partie du plateau, et à travers laquelle presque tous les volcans modernes se sont fait jour. Si, d’un autre côté, ces volcans avaient réellement donné des coulées, elles auraient dû être en obsidiennes, comme celle que cite M. C. Prévost dans la Sicile, et non en domite.

M. Boubée demande comment il se fait (en admettant la formation de fissures et de vallées produites par un soulèvement dû aux volcans modernes) qu’il n’existe aucune lave dans les vallées du Mont-Dore.

M. Lecoq fait observer qu’aucun volcan moderne n’existant près des coulées du Mont-Dore, il ne peut pas y avoir de lave dans cette localité ; mais qu’à une certaine distance des volcans se sont fait jour, et il cite les longues coulées du Tartaret, de Mont-Chalme et du Mont-Sineyre, dont les laves ont coulé dans deux vallées creusées antérieurement au soulèvement général du Mont-Dore.

M. de Montlosier observe que le Mémoire de M. Lecoq, tout en renfermant des faits très intéressans, laisse entrevoir qu’il a été conçu dans un esprit de système, et que, selon lui, on devrait faire une plus grande part à l’action des eaux, et aux érosions dans les phénomènes que présente le Mont-Dore.

M. Croizet fit ensuite un Mémoire sur les débris fossiles de l’Auvergne, dont voici l’analyse[3].

« Après avoir parlé des lumières que répand sur la géologie la connaissance des débris végétaux et animaux que recèlent les différentes couches de la surface du globe, l’auteur du mémoire présente successivement les diverses époques géognostiques, les différentes formations de chaque époque, et il donne une idée des dépouilles fossiles de l’un et l’autre règnes, enfouies dans les terrains de l’Auvergne.

« Les terrains de la première époque, de l’époque actuelle, qui sont la terre végétale, les éboulemens, les attérissemens, des alluvions modernes, des tourbes et des tufs calcaires ou travertin qui se forment encore, ne présentent en général que des restes organisés, analogues aux plantes et aux animaux qui existent aujourd’hui sur la terre ; cependant il est incontestable que certaines espèces ont disparu depuis la présence de l’homme dans les contrées méridionales de la France comme ailleurs.

« M. l’abbé Croizet entre ici dans des détails propres à jeter du jour sur la formation des cavernes, et les moyens divers par lesquels ont pu s’y introduire les fossiles qu’on y trouve, et il conclut ainsi : « L’examen approfondi des diverses localités et des diverses circonstances qu’elles présentent, conduira les géologues à la vérité, mais ce sera alors que, réunissant toutes les opinions raisonnables, ils abandonneront les idées absolues et reconnaîtront que la même théorie ne peut pas s’appliquer à toutes les cavernes, »

« Après avoir parlé d’un squelette humain[4], trouvé à peu de profondeur dans un travertin qui se forme encore à Saint-Martial, près des Martres de Veyre, et d’une planche couverte de ciment romain, et toute pénétrée d’aiguilles d’aragonite, laquelle servait dans un ancien établissement de Saint-Nectaire, M. Croizet passe aux fossiles que présentent les terrains de la seconde époque connus sous le nom de diluviens, d’alluvions anciennes, etc., et leur applique, comme plusieurs géologues, le nom de terrains quaternaires[5], par la raison qu’à cette époque ne se rapportent pas seulement des terrains transportés par les eaux, mais encore les produits volcaniques de l’Auvergne, des tourbes et certains tufs calcaires ; car les travertin dans cette contrée se trouvent faire partie de trois époques géologiques.

L’auteur du mémoire parle d’abord de plusieurs gisemens, et en particulier de celui de Dorat près de Thiers, lesquels lui ont fourni un grand nombre de plantes fossiles, dont les genres du moins existent encore pour la plupart en Auvergne.

Il parle ensuite des mollusques avec leur test et des oiseaux que recèlent ces terrains.

« Mais c’est aux alluvions volcaniques que nous sommes redevables d’un grand nombre de pachydermes, de ruminans, de carnassiers, de rongeurs. et même d’édentés dont les espèces n’existent plus, et qui diffèrent de celles qu’a décrites le célèbre Cuvier.

« Ces animaux sont de huit ou neuf espèces, des grands pachydermes, des éléphans, des rhinocéros, des mastodontes, des sangliers, des tapirs, des chevaux, des hippopotames.

« Vingt-huit espèces de ruminans ; savoir : vingt-deux cerfs, quatre bœufs, et deux espèces d’antilopes, quatre espèces du genre felis, deux du genre sténéodonte, genre entièrement détruit ; trois du genre hyène, des ours ; deux du genre canis, une marte ou mangouste, une loutre, un castor, un agouti, un lièvre, un campagnol, un édenté voisin du tatou, et deux oiseaux[6].

« L’auteur de ce mémoire passe ensuite aux restes organisés fossiles, que lui ont fourni les terrains de la troisième époque géologique, c’est-à-dire les terrains lacustres tertiaires de la Limagne.

« Après avoir fait observer que, le premier, en 1824, il avait divisé les terrains volcaniques auxquels il applique aujourd’hui la dénomination de quaternaires en quatre formations, celle des trachytes, deux des basaltes et celle des volcans modernes, il divise les dépôts lacustres en trois grandes formations, la supérieure, où domine le calcaire marneux, et à laquelle se rapportent des travertin, des schistes bitumineux ; l’intermédiaire qui est gypseuse en plusieurs localités, et l’inférieure, qui est composée d’argile rouge et verte ainsi que d’arkoses.

« La première a offert beaucoup d’espèces éteintes, dont les genres sont encore conservés ; la seconde des genres éteints pour la plupart, et analogues à ceux du bassin de la Seine et de plusieurs autres. La troisième n’a fourni que peu de débris organiques.

« C’est dans la première formation que se trouvent plusieurs couches de lignite et plusieurs empreintes végétales qui ont leurs analogues dans le bassin de Ménat, ce qui a porté M. Croizet à penser que ce bassin pourrait bien contenir des végétaux de la troisième époque géologique ; on y a reconnu plusieurs espèces de saules, des feuilles de tilleul, de tremble, de châtaignier, celles de quelques graminées, de rosacées, de fucacées, ainsi que les traces de plantes arborescentes qui n’existent pas en Europe.

« Ce curieux gîte de Menat, dit M. Croizet, dont le schiste bitumineux met en activité une branche d’industrie qui sera probablement utile à l’agriculture comme engrais, nous montre une partie de la végétation dont se nourrissaient les ruminans et les grands pachydermes de l’époque qui nous occupe, comme celui de Dorat, que je viens de découvrir, nous offre celle de l’âge des mastodontes. On n’y trouve pas seulement des branches, des tiges, des feuilles et des fruits, il présente encore des insectes et un grand nombre de poissons, tantôt couchés sur un feuillet du schiste, tantôt dans des masses de fer sulfuré, de forme alongée et comprimée.

« M. Lecoq rapporte ces poissons au cyprinus papyracœus. M. l’abbé Croizet y a observé deux espèces de cyprins, l’une analogue au cyprinus leucicus, l’autre au cobitis dont on a reconnu une espèce dans les empreintes fossiles du schiste d’Œningen près de Constance ; mais il fait remarquer que les cyprins n’ont qu’une nageoire dorsale, et que leurs mâchoires sont dépourvues de dents (ils n’en ont qu’aux os pharyngiens), tandis qu’un grand nombre des poissons de Menat présentent une double dorsale avec des rayons épineux, et que les plus gros ont les mâchoires armées de dents recourbées ; il les regarde comme des espèces perdues qui se rapportent à la famille des percoïdes.

« La végétation de cette époque se trouve en plusieurs autres lieux, et en particulier près de Ravel dans un grès supérieur ciment calcaire. Là abondent aussi les empreintes de graminées, de joncs, de feuilles de charmes, de châtaigniers, de noyers, etc. On y voit des fruits de conifères, des noix dont l’amande est parfaitement conservée et entièrement pétrifiée. Ce qui est digne de remarque, dit l’auteur du Mémoire : « C’est que le noyer que nous cultivons nous vient de la Perse, et que le juglans fossile de Ravel se rapproche bien plus d’un noyer de l’Amérique septentrionale que de notre juglans regia. »

« Cette formation supérieure contient en abondance des friganes (indusia tubulata), le cypris faba, des gyrogonites et des potamides, ainsi que plusieurs espèces de lymnées, de planorbes, d’hélices, de bulimes et de cyclostomes. Mais elle a surtout, enrichi le cabinet de M. Croizet d’un grand nombre de vertébrés. Les vertébrés appartiennent pour la plupart à des espèces perdues, mais à des genres qui subsistent encore ; ce sont des pachydermes, parmi lesquels trois espèces de rhinocéros plus ressemblans à ceux qui vivent maintenant dans les Indes qu’à celui des terrains plus récens, deux ruminans analogues au moschus (chevrotin) ; des rongeurs dont les uns se rapprochent du genre mus, d’autres de cabiai, d’autres du castor, mais extrêmement petits ; des carnassiers, les uns insectivores, analogues aux musaraignes, dont l’un est de la taille du sorex gigantcus, les autres du genre canis, dont l’un avait les mâchoires plus courtes et plus épaisses ; enfin un felis, voisin des panthères.

« La formation intermédiaire et gypseuse a fourni des palœotherium, des anoplotherium, des anthracotherium, un petit pachyderme à dents mamelonnées, tous de genres perdus ; des crocodiles, des tortues, ainsi que d’autres petits reptiles, et des oiseaux analogues au genre anas, avec des œufs, dont quelques uns sont bien conservés. On y rencontre aussi, outre des friganes, des cypris et des mollusques univalves, comme dans la formation précédente, des coquilles bivalves différentes des anodontes.

« La troisième formation, qui est composée d’argiles rouges et vertes et d’arkoses ou grès granitoïdes ne faisant point effervescence, n’a offert jusqu’à présent que de faibles débris d’un quadrupède, quelques restes de petits reptiles, et des empreintes végétales de dicotylédones.

« M. l’abbé Croizet explique pourquoi il rapporte cette formation aux dépôts lacustres tertiaires, et déduit plusieurs conséquences de ses observations et de ses découvertes, entre autres qu’on ne peut plus soutenir avec l’immortel Cuvier que tous les animaux trouvés dans les bancs réguliers appartiennent à des genres perdus, tandis que ceux des alluvions anciennes viennent seulement d’espèces éteintes et de genres conservés.

« M. l’abbé Croizet termine son Mémoire par quelques considérations sur la première végétation du globe, et en particulier sur les empreintes nombreuses et de plusieurs espèces encore inédites que présente le grès houiller ou psammite des environs de Langeac (Haute-Loire).

M. Peghoux présente quelques observations à l’occasion du Mémoire de M. l’abbé Croizet, et tout en rendant un hommage mérité à ce travail, il croit devoir faire les rectifications suivantes relativement à la position des arkoses, et à la fixation des étages du terrain tertiaire de la Limagne.

Relativement aux arkoses.

« Elles doivent être distinguées du terrain tertiaire, et rapportées à l’âge des terrains secondaires. Il suffit de comparer l’état de dislocation du terrain d’arkose avec l’horizontalité parfaite des couches tertiaires, pour les différencier nettement. En ne regardant les choses que sous le rapport minéralogique, on peut bien rencontrer à la partie inférieure du terrain tertiaire quelques grès, ressemblant aux arkoses par leurs élémens et leurs apparences ; mais la majeure patrie des arkoses granitoïdes est constamment redressée sur les bords du bassin primordial, dans une position qui approche quelquefois de la verticale, et se montre, en d’autres points, tellement en désordre, qu’à côté de couches qui gisent près de la plaine, se voient des lambeaux suspendus à 200 mètres plus haut (Coudes et Four-la-Brouc).

« L’énumération que M. Peghoux fait d’un grand nombre de points où l’on peut observer des lambeaux du terrain d’arkose, confirment cette disposition générale.

« Au-dessus de Chamalières, les arkoses, sous la forme de grès bitumineux, sont fortement redressées vers les pentes granitiques, au point que, pour se rendre vers ce dernier terrain on est obligé de marcher successivement sur les tranches de leurs couches ; et que si on prolongeait par la pensée les lignes des strates horizontaux tertiaires situés près de Clermont, on les verrait rencontrer sous des angles divers les plans d’inclinaison de ces mêmes couches d’arkoses.

« À l’est de la Limagne, les arkoses se relèvent en sens opposés vers les roches primitives qui forment les premiers gradins de la chaîne du Forez.

« Au N.-O. de Durtol, dans le voisinage de Clermont, un lambeau de terrain d’arkose gît isolé sur le bord du bassin, et n’a aucun rapport avec les calcaires des Côtes qui sont placés en face.

« À Saint-Myon, une source minérale vient à jour dans une déchirure des grès secondaires, dont les bancs reposent sans concordance de hauteur et de position, sur le granite qui forme les deux côtés du vallon.

« Il serait facile de multiplier les exemples.

« Les couches tertiaires se comportent d’une manière toute différente. À l’exception des dérangemens très restreints effectués par les points d’éruption basaltique, ou par des affaissemens accidentels, ces couches montrent un ensemble régulier et une généralité de stratification horizontale qui ne dévie jamais même du voisinage des bords du bassin.

« À Gergovia, où les membres de la Société géologique ont vu les perturbations que l’éruption basaltique a fait éprouver aux couches calcaires, ils se sont également assurés qu’à quelques pas de ces points, où tout semble en confusion, le terrain tertiaire reprend de suite son assiette régulière et horizontale. »

Relativement aux divers étages du terrain tertiaires.

« Les arkoses étant séparées de ce terrain, il doit encore être divisé naturellement en trois étages :

« a. L’inférieur, caractérisé par la présence du gypse et de quelques couches de silex ; par des lymnées et des planorbes, plus abondantes dans ces couches que dans celles qui se sont formées postérieurement ; et, en outre, par un état d’altération des couches qui semblent avoir été fréquemment traversées par des émanations minérales, en rapport avec des épanchemens plutoniques et la sortie de sources thermales. La formation du gypse parait due à ces actions ignées. Les puys de Coran et de Saint-Romain offrent le type de cet étage du terrain tertiaire.

« b. L’étage intermédiaire que compose le calcaire marneux qu’on pourrait appeler calcaire de la Limagne, à cause de sa manière d’être toute spéciale. Ce calcaire forme une masse presque homogène, se divise en fragmens sphéroïdaux, et se fait remarquer par la rareté des empreintes des coquilles fossiles. On peut citer comme des bons exemples de cette formation, les calcaires des Côtes et de Chanturgues, près Clermont.

« c. L’étage supérieur, caractérisé par l’indusia tubulosa, le cypris faba, et par la présence de petites paludines. Dans un autre mémoire lu à la Société de Clermont, le 4 juillet 1825, par suite de recherches faites de concert avec M. de Montlosier, M. Peghoux avait séparé cette formation de celles qui lui sont antérieures, et avait donné une idée de l’étendue des points qu’elle occupe, depuis les environs de Saint-Amant-Tallende, où elle commence à se montrer en bancs continus, jusqu’aux environs de Vichy, où elle prend une grande puissance et peut être étudiée avec un grand intérêt. Le travail que renfermait cette étude des grès supérieurs de la Limagne et des calcaires à friganes, avait été fait a l’occasion d’un gite d’ossemens fossiles (celui de Marcoris, près Volvic) qui fut alors pour la première fois signalé à l’attention des naturalistes. »

M. le docteur Peghoux pense, comme M. Alexandre Brongniart, que les arkoses se trouvant en certains lieux en masses irrégulières, pourraient bien se rapporter aux terrains secondaires.

M. l’abbé Croizet répond que sur les bords du grand bassin on les trouve quelquefois en grosses masses ; mais qu’au milieu de ces dépôts en apparence irréguliers, et en certains endroits, à Coudes, par exemple, de minces couches très régulières, horizontales, et ces arkoses alternent en d’autres lieux avec des bancs de calcaire inférieur ; un membre en infère que les arkoses inférieures peuvent se rapporter aux terrains secondaires, et que les supérieures sont de l’âge des dépôts tertiaires. M. l’abbé Croizet observe qu’il l’avait dit dans son Mémoire ; seulement il les avait rapportés tous aux terrains tertiaires, comme MM. Lyell et Murchison, à cause de la concordance et de l’alternance des couches, et de l’impossibilité de les séparer géologiquement.

M. Constant Prévost demande si des indications de mouvemens subite et désordonnés correspondent aux diverses modifications que présentent les étages du terrain tertiaire.

M. Peghoux rappelle que les dislocations du terrain d’arkose séparent l’époque de la formation de ces roches de celle des dépôts tertiaires. Le dépôt tertiaire lui-même a éprouvé des changemens notables et des interruptions lors de la formation de chacun des étages qui le composent. Ainsi, l’étage inférieur a été entamé et morcelé avant l’apparition de l’étage intermédiaire, et les marnes et les grès de l’étage supérieur se sont également déposés dans les anfractuosités des terrains stratifiés plus anciens. On voit des restes de ce terrain ancien s’élever comme des îles au milieu des sédimens plus récens. Tel est le cas de la butte gypseuse de Montpensier, qui appartient aux calcaires inférieurs, et qui est comme enveloppée par la belle formation à cypris et friganes de Chaptuzat.


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Clermont, 30 août 1833.


À l’ouverture de la séance, M. le président proclame membres de la Société géologique :

MM.

Robert (Félix), membre de la Société d’agriculture du Puy ; présenté par MM. Bertrand de Doue et Rivière ;

Sedgwick (Théodore) ; présenté par MM. Boubée et Bertrand de Doue ;

Fisher (William Webster), de Cambridge, docteur-médecin ; présenté par MM. Michelin et Bertrand de Doue.

M. Bertraud-Geslin fait la communication suivante :

« Dans la course géologique que M. de Montalembert et moi venons de faire en Dauphiné, nous avons en pour but d’étudier les intéressantes découvertes de notre savant confrère M. de Beaumont, sur la superposition du granite au lias dans le Champsaur. Munis des instructions de M. de Beaumont, nous avons visité toutes les localités qu’il nous a indiquées.

« Parmi celles-ci, le point qui nous a paru le plus clair et le mieux caractérisé, est le vallon de Touron, qui débouche dans la vallée du Drac, près le village des Borels, commune de Champoléon. Dans ce vallon de Touron, un peu plus loin et plus haut que le point indiqué par M. de Beaumont, nous avons pu examiner une coupe évidente de la superposition du granite sur le soliste argilo-calcaire rapporté au lias. Ce schiste va en s’enfonçant sous le granite de 35° vers le N.-N.-O.

« Cette superposition du granite sur le lias se continue jusqu’au-dessus du village des Pearois au bas du val de Touron, et de là retourne vers les villages des Baumes et des Gondoins dans la vallée du Drac, telle que M. de Beaumont l’a figurée pour ces dernières localités.

« Ainsi, la coupe que je présente à la Société n’est qu’un fait de plus tendant à établir d’une manière plus générale la postériorité et la superposition du granite sur le lias.

« Relativement aux autres localités de Villard d’Arène et du vallon de Beauvoisin citées par M. de Beaumont, nous n’avons pu y voir la superposition, du granite au lias aussi clairement qu’il la figure ; il nous semblerait qu’il y aurait plutôt ici une espèce d’apposition du lias au granite, que superposition réelle de celui sur le lias. Malgré nos doutes à l’égard de ces deux dernières localités, nous ne balançons pas à admettre complètement, avec M. de Beaumont, le soulèvement du lias par le granite dans le Champsaur, et nous nous proposons de présenter plus tard à la Société un travail détaillé sur notre course en Dauphiné. »

M. Domnando fait connaître un gisement d’Anoplotherium et d’autres débris fossiles appartenant à des espèces inconnues, que M. Geoffroy Saint-Hilaire a découvert à Saint-Gérand-le-Puy. M. Domnando fait cette communication pour attirer sur ce gite les recherches des membres de la Société qui habitent le pays.

M. C. Prévost développe quelques observations sur le Puy de Chopine.

La discussion ayant été ouverte de nouveau sur le Mémoire de M. Lecoq, MM. Lecoq, Pissis et Boubée y ont pris part.


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Clermont, 31 août 1833.


Présidence de M. Bertrand de Doue : M. Peghoux, secrétaire.

On procède à la nomination de trois commissaires qui seront adjoints aux secrétaires, pour coordonner les procès-verbaux des séances et des courses de la Société dans le département du Puy-de-Dôme. Ces commissaires, désignés par M. le président, sont MM. Domnando, de Verneuil et Desnoyers.

M. Peghoux lit le commencement d’un Mémoire sur les terrains cristallisés de l’Auvergne. L’étude de ces terrains se divise en trois parties, correspondant à trois époques différentes[7] :

1° L’époque des micaschistes, gneiss, et stéaschistes ;

2° L’époque des éruptions granitiques ;

3° L’époque des eurites, des protogines et des porphyres.

M. Peghoux donne communication à la Société des observations relatives à la première époque ; les propositions qu’il développe dans cette lecture sont les suivantes :

« Les gneiss, micaschistes et stéaschstes sont les roches les plus anciennes du sol de l’Auvergne.

« Leur ensemble représentait dans l’origine une enveloppe continue, qui maintenant est tellement disloquée et morcelée, qu’elle ne se montre que dans certains districts, et même, quelque fois, en lambeaux épars. Les perturbations que cette formation a éprouvées sont principalement dues aux éruptions granitiques et porphyriques.

« Les gneiss et stéaschistes sont des modifications ignées des micaschistes.

« Ces mêmes roches feuilletées sont généralement redressées, et repliées autour des grands massifs montagneux. Telle est leur disposition par rapport au plateau granitique qui forme la partie occidentale du département du Puy-de-Dôme, et par rapport aussi aux montagnes de la Lozère et du Forez.

« À l’occasion des lignes de séparation existantes entre les granites et les formations de gneiss et de micaschiste, lignes suivant lesquelles se sont élevées plusieurs séries volcaniques, M. Peghoux entre dans une digression sur les épanchemens qui s’étaient faits dans ces longues crevasses avant l’époque des éruptions volcaniques. Prenant pour exemple la chaîne des Monts-Dômes, il fait voir que ce sont des amphibolites, des protogynes, et des porphyres qui ont d’abord rempli l’intervalle entre le gneiss et le granite ; plus tard, les basaltes se sont élevés par la même fissure, et enfin les actions volcaniques modernes sont venues agir sur cette salbande composée, et l’ont modifiée de diverses manières en mettant au jour une ou plusieurs des roches qui la composent. Aux Puys de Monchar et de Chopine, les matières primitives de ce vaste filon se montrent soulevées et modifiées. À la base du Puy de Chopine, du côté de l’est, le basalte ancien forme une demi-ceinture. Ce même basalte constitue une forte gibbosité, attenant à la base méridionale du Puy-de-Dôme ; au Puy des Goules, il est mélangé sous la forme de grosses masses sphéroïdales avec des déjections scoriacées modernes ; sur toute la ligne des Puys, ses nombreux fragmens, éparpillés çà et là, indiquent la direction de son épanchement primitif.

« Aux deux extrémités de la chaîne des Monts-Dômes, les forces volcaniques ont agi sur les épanchemens basaltiques qui recouvraient la surface du sol. M. Lecoq avait très bien fait voir dans son Mémoire sur le Mont-Dore, le résultat de cette action dans la formation du lac Pavin. Mais, outre qu’on la peut suivre plus loin de ce côté jusqu’au superbe appareil volcanique de Montsineire, et au cratère-lac de la Godivelle, cette action a encore marqué d’une manière tout-à-fait analogue sur les dépendances de la Roche-Sauter, masse de montagnes basaltiques qui jouent pour l’extrémité septentrionale des Monts-Dômes le même rôle que le Mont-Dore pour l’extrémité méridionale. Le Mont-Dore et la Roche-Sauter rejettent symétriquement vers l’est les coulées modernes, qui, dans le milieu de la chaîne, suivent généralement le versant occidental du plateau primitif.

« À la ligne volcanique qui s’étend depuis les environs de Pontgibaut jusqu’à la base du Mont-Dore, et que l’on avait remarquée à cause de son parallélisme avec la chaîne des Monts-Dômes, M. Peghoux ajoute une ligne également parallèle qui borde toute la lisière du plateau granitique occidental, et dont les cônes principaux sont du nord au sud : le Puy de la Bannières près Volvic, le Puy de Channat, les cônes à scories et à cratère, de Clerzat, un large cratère affaissé qui a servi de point de départ aux basaltes de Prudelles, le Puy de Charade, celui de Berzé, le cône de Nadaillot, d’où a procédé la superbe coulée basaltique de la Serre.

« En regard de ces trois lignes volcaniques modernes, modernes en ce sens que les formes d’éruptions sont conservées et reconnaissables, M. Peghoux croit devoir en établir une autre également moderne, celle des éruptions de basaltes, de wackes et de pépérites qui ont traversé le dépôt tertiaire de la Limagne, et qui l’ont modifié d’une manière si intéressante à étudier, dans une ligne de douze lieues d’étendue. »

M. Constant Prévost expose comment, suivant son opinion, des volcans qui éclatent sous les eaux d’une mer ou d’un lac peuvent avoir des formes d’éruption peu prononcées, et être de la même époque que des volcans qui, brûlant à l’air libre, ont vu se développer dans toute leur intégrité leurs cratères et leurs cônes de scories. Lorsque les déjections volcaniques se font jour au milieu des eaux, il est rare que les matières légères projetées puissent se tenir régulièrement déposées autour des bouches qui les ont vomies. Battues et entraînées par le mouvement ondulatoire des vagues, elles vont se déposer plus ou moins loin sous la forme de couches stratifiées. Des effets semblables n’ont-ils pas été produits lors des éruptions qui ont agi à travers le dépôt tertiaire de la Limagne, et dans le lac qui en déposait les produits ; et n’est-ce pas à cette circonstance que sont dues les différences entre les dépôts volcaniques de la Limagne, et ceux de la chaîne centrale ?

M. Peghoux dit qu’effectivement on remarque dans les dépôts tufacés de la Limagne, les caractères mixtes d’éruptions plutoniques et de stratifications aqueuses. Le monticule sur lequel est bâti Clermont, par exemple, présente des couches de tufs évidemment déposés à l’aide d’un liquide : mais l’abondance des scories très fraîches dont il est parsemé, et le relèvement des couches tertiaires autour du monticule, indiquent suffisamment l’éruption à laquelle il doit son origine.

M. Lecoq demande la parole sur la question relative aux volcans, dont les éruptions eurent lieu sous les eaux, et sur les limites de l’ancien lac qui couvrait la Limagne.

« Plusieurs volcans, dit-il, semblent avoir rejeté sur les eaux des matières scoriacées, que les eaux ont modifiées, et qui se sont entassées pèle-mêle avec des fragmens de calcaire, sur le point d’où ils sont sortis.

« M. Lecoq considère le Puy de Crouelle, situé à une lieue de Clermont, au milieu de la plaine, comme un des exemples les plus curieux de ce genre. C’est une butte isolée, composée de débris volcaniques, et de petits fragmens de calcaire quelquefois siliceux. Au sud et au sud-ouest de la petite montagne, on remarque des cavités assez profondes, et généralement horizontales, disposées par gradins depuis le sommet presque jusqu’au pied de la montagne ; les parois en sont lisses, et aussi unies que peut le permettre le grain dont la roche est composée. M. Lecoq pense que ces cavités sont dues à des vagues qui venaient frapper ce monticule. Il rappelle à ce sujet les érosions et les cavernes, quelquefois très profondes, dues aux flots de l’Océan lorsgu’ils viennent frapper des falaises qui peuvent céder à leurs efforts réitérés. Ces cavités de Crouelle auraient la même origine, et leur position étagée attesterait l’abaissement des eaux de l’ancien lac.

« Deux causes, dit M. Lecoq, ont pu concourir à creuser ces cavités d’un même côté : d’abord l’action des vents ; en examinant avec soin la disposition des alluvions volcaniques, on voit que toutes celles qui ont pu être entraînées par le courant d’air sont venues se déposer au nord et à l’est des montagnes ignivomes, en sorte qu’on peut en conclure, avec quelque raison, que les vents régnans à cette époque reculée étaient ceux qui sont encore dominans de nos jours dans cette contrée : ceux du sud et de l’ouest. Les vagues, obéissants l’impression, devaient par conséquent venir frapper la partie sud de Crouelle, et y creuser les cavités que nous y retrouvons aujourd’hui ; des courans ont pu agir secondairement, et il est probable qu’il en existait de puissans avant l’écoulement des eaux de ce grand lac. Un de ces courans est peut-être celui qui a donné naissance à l’Allier, et séparé autrefois deux montagnes qui étaient réunies par leur base ; le Puy de Saint-Romain et le Puy de Coront. La coupure a mis à découvert des deux côtés de petites couches de plâtre au milieu des masses, et leur concordance est telle qu’on ne peut s’empêcher d’y reconnaître une simple activité d’érosion. Aussitôt que ce courant a pu se frayer ce passage, il a dû rencontrer la masse entière du Puy de Saint-Romain, qui a dû faire prendre une direction qui l’amenait au sud-est de Crouelle. Cette seconde cause a dû contribuer à la formation de ces singuliers enfoncemens.

Outre les données que Crouelle présente, pour trouver le niveau des eaux de l’ancien lac, on en trouve de nouvelles dans le dépôt des arkoses immédiatement superposées au granite, et formant, presqu’à la même hauteur, des couches inclinées sans avoir été soulevées, et indiquant aussi toute la limite ouest des eaux du lac ; mais ce sont surtout les calcaires à phryganes qui présentent sous ce rapport les faits les plus curieux. On les rencontre dans un grand nombre de localités, et à des hauteurs très différentes qui indiqueraient que le Léman d’Auvergne aurait éprouvé des changemens notables dans la hauteur de ses eaux. »

M. C. Prévost demande si l’on peut conclure de la présence des phryganes a des hauteurs variées, des abaissemens et des élévations successifs dans la surface du lac, et si les phryganes que l’on rencontre paraissent toutes de même espèce.

M. Lecoq répond que l’on peut admettre des abaissemens successifs, mais que l’on ne peut affirmer qu’il y ait eu des cours d’eau assez forts et assez prolongés pour élever la surface de l’eau de manière à ce qu’elle soit indiquée par une formation quelconque.

« Les calcaires à phryganes qui sont évidemment concrétionnés, ne sont en général, dit M. Lecoq, recouverts par aucune formation, mais on trouve cependant au milieu des calcaires marneux, des masses concrétionnées que l’on peut voir à Gergovia, et qui ne contiennent pas de tubes dans leur intérieur ; ces masses sont placées les unes à côté des autres de la manière la plus régulière, on les retrouve en abondance à Chaptuzat, à 8 lieues de Gergovia, présentant les mêmes caractères, et toujours recouvertes par de nouveaux calcaires. Dans cette dernière localité, ces calcaires concrétionnés prennent des formes variées ; ils ressemblent surtout à des choux-fleurs en masses alongées, arrondies, et mamelonnées à leur partie supérieure, rétrécies à leur base. Toutes ces masses sont placées de telle manière que leur grand axe est vertical, comme si elles avaient végété dans l’eau, et comme si la matière calcaire s’était déposée autour de végétaux à tiges simples et droites à racines implantées dans des dépôts inférieurs, de telle sorte que ces végétaux étaient incrustés avant d’avoir le temps de croître. Souvent ces espèces de choux-fleurs se raccourcissent, deviennent de véritables boules toujours concrétionnées, ou même des grains si petits et si ronds, qu’ils ressemblent au plomb de chasse, et servent au même usage ; enfin ils se transforment en oolithes et constituent de petites couches régulières au milieu de ces formations.

« Si l’on parvient à découvrir une petite partie de la surface de ces masses concrétionnées et verticales, leurs sommets rapprochés et nivelés forment une sorte de mosaïque si parfaite et si horizontale, que l’on est forcé d’admettre que leur accroissement a été limité par la surface de l’eau. Dès lors, les calcaires qu’ils recouvrent souvent à une assez grande hauteur ont dû être déposés par une élévation des eaux.

« Toutes ces masses concrétionnées sont souvent séparées entre elles par des couches entières de cypris faba, au milieu desquelles on trouve de nombreux débris de mammifères et d’oiseaux, ainsi que des hélices arrondies, recouvertes d’incrustations calcaires, et qu’un séjour prolongé dans une dissolution légèrement acide débarrasse de la partie terreuse qui recouvre leur coquille.

« M. Lecoq parle ensuite de la grande formation supérieure des calcaires à phryganes. On les trouve à une assez grande hauteur, puis successivement à des niveaux plus bas ; il parait que ces insectes se développèrent en immense quantité dans les eaux de cette époque ; comme celles qui existent actuellement dans nos ruisseaux, elles préféraient les eaux échauffées par les rayons solaires aux eaux froides des sources et des ruisseaux des montagnes. Comme les larves de nos phryganes, elles rassemblaient au fond des eaux, ce qui pouvait contribuer à donner de la solidité à leurs fourreaux. Ainsi les tuyaux d’écorce, les coquilles mortes qui tombaient en abondance sur la vase, étaient aussitôt recueillies, liées par quelque fil de soie, et devenaient, après avoir protégé leur propre animal, l’abri sous lequel ces vers se dérobaient la leurs ennemis. C’est surtout une petite espèce de paludine qui a servi à revêtir les fourreaux de toutes ces phryganes, et maintenant que nous les trouvons incrustés et calcaires, ces paludines bien conservées forment ordinairement la couche extérieure. Les Phryganes n’ont pu se développer que sur les bords du lac, dans des eaux peu profondes qui s’échauffaient rapidement, et où pouvait croître un grand nombre de plantes aquatiques ; elles se multipliaient partout sur la rive ouest du lac ; elles s’emparaient des îles dont la pointe était à fleur d’eau, formaient des ceintures autour de celles qui s’élevaient beaucoup au-dessus des vagues, et suivaient long-temps l’abaissement du lac ; enfin, quand celui-ci, déjà sec en Auvergne, n’offrait plus que quelques bassins encore alimentés par des sources minérales, la majeure partie des environs de Vichy et de Gannat, tous les lieux qui avoisinent Aigueperse et Saint-Pourçain, enfin une grande partie du Bourbonnais, se couvraient de phryganes qui ont presque uniquement formé les seules pierres de construction que l’on y rencontre. La multiplication excessive de ces insectes ne permet pas de supposer que l’incrustation ait jamais pu les faire périr ; aussi il faut supposer assez de lenteur au dépôt des calcaires pour que les phryganes aient eu le temps de se développer à l’état de larve, de se changer en nymphes et de quitter ensuite leurs fourreaux pour venir voltiger à l’état parfait au-dessus des eaux qui réunissaient et recouvraient alors leurs fourreaux abandonnés ; il fallait donc que pendant l’espace de deux mois environ la quantité de matières calcaires déposées ne fût pas assez grande pour envelopper l’insecte. Cette quantité serait assez grande dans cet espace de temps pour incruster une phrygane à Saint-Allyre. Il fallait en outre, ou que les eaux d’alors déposassent les calcaires plus lentement, ce qui n’est pas présumable, ou que les phryganes se développassent plus vite qu’elles ne le font actuellement ; ou enfin, ce qui est plus probable, qu’elles se tinssent pendant leur vie près des sources calcarifères, qui, comme on le sait, ne commencent à déposer qu’à une certaine distance.

« Maintenant de nombreuses phryganes vivent encore dans les ruisseaux de la Limagne ; elles rassemblent encore les paludines, les planorbes et les cyclades, dont les coquilles deviennent vacantes parla mort de l’animal ; de nombreux cypris habitent avec elles ; les cours d’eaux y amènent aussi des hélices, mais le calcaire ne s’y forme plus, et tous ces débris confondus dans la vase qui se dépose journellement ne préparent plus aux géologues futurs dans ces localités les recherches qu’exigent les dépôts plus anciens.

« M. Lecoq se réserve de donner de nombreux détails et quelques conclusions sur ce sujet dans un mémoire général sur le bassin tertiaire de la Limagne, et pour lequel ses recherches ne sont pas terminées. »

M. Peghoux dit qu’il possède des tubes, et des incrustations à peu près semblables, que déposent actuellement les eaux minérales de Rambaut dans les environs d’Issoire. Il pense que les traces d’usure qui se montrent sur les flancs du Puy de Crouelle, et qui ont été si bien décrites par M. Lecoq, pourraient bien avoir été produites par le choc des eaux de l’Allier, autrefois plus abondantes, et dont le cours a successivement changé en se transportant de l’Occident à l’Orient, et en subissant des abaissemens proportionnés de niveaux.


départ pour le mont-dore.


Premier jour. — 31 août.


Malgré l’incertitude du temps, la société se met en route pour le Mont-Dore.

On arriva bientôt à la butte de Charade, vaste plateau basaltique, dont la roche renferme une assez grande quantité de péridot. Sur le versant du côté du plateau, et du côté de Clermont, est sorti le volcan de Gravenoire, qui ne présente aucune trace de cratère, mais qui est très remarquable par la fraicheur de ses scories, par leur forme variée, par leur morcellement, et surtout par cette grande quantité de larmes ou bombes volcaniques qui sont dispersées à sa surface. De vastes amas de pouzzolane ont été lancés par Gravenoire ; on les trouve au pied du cône, stratifiés par les eaux pluviales qui les ont entraînées. Ce sont ces sables ou graviers noirs qui ont fait donner le nom à la montagne,

M. Lecoq développe quelques détails sur ce volcan : Gravenoire est élevé de 830 mètres, élévation bien moins grande que celle des autres montagnes ignivomes des environs ; l’inclinaison des pentes est d’environ 45 degrés. Du milieu des marnes scoriacées, est sortie la lave qui s’est fait jour à travers la base de la montagne à l’est et au nord. Après avoir formé sur le sol plusieurs protubérances, que la Société a étudiées pendant quelque temps, cette lave s’est partagée en-deux branches. Le Puy de Montaudou, petite butte basaltique, placée en face, s’opposa au passage de la coulée, et fut sans doute la cause qui la força de se diviser.

Une des deux branches est allée s’arrêtera l’Oradoux ; l’autre est descendue jusqu’à Royat : la pente de ces deux coulées est de 0m 037 pour la première, et de 0m 071 pour la seconde.

On apercevait une partie de ces détails du point où la Société se trouvait, et l’on allait passer sur le flanc du cône lui-même, pour gagner le Mont-Dore, quand une tempête, précédée de tourbillons de poussière, et accompagnée de pluie violente, força de rentrer à Clermont.


Second jour. — 1er septembre.

Le lendemain, un temps plus calme présageait moins de pluie, et la Société se mit en route de bonne heure. Ayant déjà observé Gravenoire, on prit la grande route, que l’on devait ensuite abandonner pour reprendre la traverse. On s’arrêta quelques instans pour visiter le basalte de Prudelles ; il forme un escarpement assez considérable qui avance sur le versant d’une vallée, et qui a évidemment coulé. Une couche de sable, et de petites scories le séparent du granite ; on y voit aussi des couches de cendres grises. Dans le fond de la vallée, à une assez grande distance, passe la coulée de Pariou, que la Société avait déjà eu occasion d’étudier dans une de ses courses précédentes.

M. C. Prévost exprima l’opinion que la coulée de basaltes avait pu s’arrêter d’elle-même, quoique sur une pente aussi rapide ; il pense que la vallée était déjà creusée quand le basalte est arrivé, et que le refroidissement seul l’a empêché de s’étendre davantage. Quelques cavités profondes et arrondies qui se présentent à la partie inférieure du basalte ont été décrites par MM. Lecoq et Bouillet comme des moules qu’auraient laissés des arbres entraînés sous la masse de lave, et carbonisés par elle. M. C. Prévost fait observer que l’on n’y remarque ni charbon, ni lignite, et que ces cavités pourraient bien n’être que des conduits formés dans la lave déjà solidifiée, et donnant issue à d’autres laves encore liquides, comme on l’observe souvent à l’extrémité des coulées contemporaines. M. Lecoq persiste à les regarder comme des pseudomorphoses, les trouvant trop petites pour avoir pu servir à l’écoulement de la lave ; il dit que les ouvertures actuellement visible ont pu être découvertes pendant que la lave était encore incandescente, et que les arbres charbonnés qui s’y trouvaient contenus ont dû se consumer dès qu’ils ont pu avoir le contact de l’air.

Une pluie abondante empêcha de pousser plus loin les recherches géologiques ; on suivit la route du Mont-Dore, laissant à droite le Puy-de-Dôme, le Puy de Salomon, celui de Montchié avec ses beaux cratères, et l’on se dirigea vers Laschamp au milieu des pouzzolanes, et en traversant une des coulées de lave de Montchié.

Au-delà de Laschamp, on vit la montagne volcanique qui porte le même nom, et qui est couverte d’une belle forêt de hêtres ; une petite coulée s’en est épanchée ; on la traversa en sortant du village ; les sables volcaniques forment ensuite la base du terrain jusqu’au Puy Noir ; on traversa une longue coulée feldspathique qui s’étend jusqu’à Fontfroid, et l’on se retrouva de nouveau sur de grands amas de pouzzolanes d’un beau noir, au milieu desquels on rencontre des cristaux de pyroxène de formes variées, à surface rugueuse et demi-vitrifiés, présentant quelques rapports avec la surface des aérolithes. On trouva ensuite la grande nappe de lave que les Puys de la Vache et de Lassolas ont laissé sortir de leurs grands cratères égueulés, et dont les parois fendues ont été entraînées avec elle.

Au milieu de ce désert on aperçut des champs cultivés, des plantations, des prairies, et de longs bâtimens destinés à une grande exploitation agricole : c’était l’habitation de M. de Montlosier.

M. de Montlosier attendait depuis la veille les membres de la Société géologique et ceux de l’Académie de Clermont, qui avaient bien voulu les accompagner ; il avait fait préparer dans l’un de ses grands bâtimens ruraux un repas, qu’il s’était proposé de leur offrir, si le temps l’eût permis, dans le plus beau cratère de son voisinage.

On visita l’intérieur de l’établissement ; on recueillit de la bouche de M. de Montlosier le récit des difficultés inouïes qu’il avant eues à surmonter pour établir une telle exploitation agricole, au milieu d’un désert élevé d’environ 1,000 mètres au dessus de l’Océan, et où il lui avait fallu tout créer, avec une persévérance et un courage étonnans.

L’hospitalité bienveillante du respectable président de la Société géologique fit oublier pendant quelques heures le temps affreux qui continuait de contrarier les courses de la Société.

Quelques éclaircies avaient permis de voir les deux grands cratères de la Vache et de Lassolas, ainsi que le Puy de Vichâtel, dont la lave s’est réunie comme contingent à la grande coulée que l’on avait traversée en arrivant, et qui, dans son cours, est allée former les digues du lac d’Aidat. On aperçut ensuite le Puy de la Taupe, de Combegrasse, celui de la Rodde, si connu par l’abondance et la régularité de ses cristaux de pyroxène ; enfin, le Puy de l’Enfer et Monteinard, dernière bouche volcanique de la chaîne des Puys. Un brouillard épais cachait la cime de tous ces cônes de scories, et le Mont-Dore était complètement enveloppé de nuages blancs qu’un vent violent ne pouvait entraîner. On marcha longtemps sur les trachytes et sur la pelouse qui les recouvre ; on traversa le hameau de Pessade, bâti sur la même roche ; et après avoir longé le Puy de Baladon, on descendit à la Croix-Morand ; la neige et la grêle obscurcis saut l’horizon, empêchèrent de voir aucune de ces hautes sommités qui avoisinent la Croix-Morand ; on atteignit bientôt le bois de la Channeau, où la verdure des vieux sapins, et les lichens barbus qui tombent de leurs branches contrastaient avec les flocons de neige qui les enveloppaient, tout en laissant entrevoir un dernier rayon de soleil qui colorait encore la vallée de la Dordogne.


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Mont-Dore. ─ Course du 2 septembre dans les environs du village des Baies.


Malgré l’incertitude du temps, et quoique tous les sommets fussent couverts d’une couche d’un ou deux pouces de neige, phénomène, qui depuis un temps immémorial ne s’était pas manifesté dans ces montagnes à une époque aussi peu avancée, la plupart des membres de la Société géologique commencèrent dès ce jour une première excursion, toujours guidés par MM. Lecoq et Bouillet.

On visita d’abord la grande cascade et les bords du ravin d’érosion dans lequel elle se précipite. On y observa les trois assises de trachyte porphyrique à peu près semblables alternant avec les tufs et conglomérats trachytiques, ainsi que les matériaux très variés, soit d’origine volcanique, soit provenant de roches plus anciennes qui forment ce conglomérat.

Au sommet de la cascade sous la couche trachytique supérieure, on examina des cendres grises provenant de la décomposition de cette roche, et contenant des cristaux de feldspath mâclé. On marcha ensuite sur le plateau trachytique qui borde la rive droite de la vallée des bains.

En montant au roc de Cuzeau, on traversa des amas de blocs nombreux d’un trachyte qui, se relevant vers cette sommité, paraît, selon M. Lecoq, plus récent que les grandes nappes, et paraît aussi plus évidemment avoir coulé à la manière des laves modernes.

Du haut de cette cime on put très bien observer l’espèce de vaste demi-cirque formé vers la naissance de la vallée du Mont-Dore par les sommets du Sancy, de la Grange, de Cacadogne, et où affluent de tous côtés les eaux qui ont pu contribuer à augmenter ces profondes excavations ; on observa le redressement des nappes de trachyte vers le pic de Sancy, ou elles semblent converger comme vers un centre, soit d’éruption, soit de soulèvement.

Après cette course au roc Cuzeau, la Société se sépara ; plusieurs membres descendirent visiter la partie supérieure de la vallée des Bains et les vallons de La Cour et des Enfers, dont la forme et les roches volcaniques (à l’état de dickes trachytiques, de coulées poreuses de même nature, et de cinérites) firent naître à quelques uns (MM. Bertrand de Doue et Desnoyers) l’idée de bouches latérales, au pied du grand cône démantelé du système volcanique du Mont-Dore, dont le pic de Sancy pourrait être considéré comme la plus haute sommité conservée.

Huit membres de la Société, guidés par M. Bouillet, se dirigèrent vers le pic de Sancy : la neige qui couvrait toutes les hauteurs qu’ils parcoururent les empêcha d’en étudier la composition ; ils recueillirent seulement à l’E. du pic de Sancy quelques échantillons de trachyte scoriacé et d’une espèce de pouzzolane. Enfin, après deux heures environ d’une route sans danger, mais non sans fatigue, ils atteignirent la base de la dernière sommité du pic de Sancy. Là quelques membres remarquèrent que les montagnes, dont les escarpements presque verticaux forment le cirque qui termine la vallée des Bains, affectent, avant d’atteindre la crête, une disposition horizontale d’abord, puis inclinée, de manière à présenter un deuxième cirque en retraite sur le premier, mais cirque à parois moins élevées et à pentes moins rapides.

Le pic de Sancy, élevé de 1887 mètres au-dessus de la mer, est un des points où l’on peut le mieux juger la forme et l’ordonnance de la partie la plus haute des Monts-Dores, dont il est le point culminant. De ce massif, divergent, comme d’un centre, trois vallées à escarpements très abruptes, les vallées des Bains, de Chaudefour et de la Tranteine, vallées de déchirement selon les uns, vallées d’érosion selon, les autres. Les abords du pic de Sancy du côté du S.-O. sont hérissés d’aiguilles, et entamés par de profondes crevasses, conséquence du soulèvement dont ce massif serait à peu près le centre pour quelques géologues, et que d’autres expliquent par des dykes dénudés des matières incohérentes au milieu desquels ils s’étaient fait jour.

Les membres qui avaient pris part à cette course redescendirent vers le village des Bains par le vallon de la Craie, celui des Enfers et la vallée des Bains, n’ayant pu suivre les crêtes de la rive gauche de la vallée, vers le Capucin.

La plus grande partie des membres avait suivi M. Lecoq, et était redescendue dans la direction de la coulée de trachyte, signalée par ce géologue comme plus moderne. On se dirigea vers la cascade de Quereilh au nord du village des Bains, et la on rechercha l’origine et la disposition du massif basaltique le plus voisin du Mont-Dore.

Quelques inductions portèrent à le considérer comme étant recouvert d’une coulée trachytique et de conglomérat de même nature ; le basalte de cette cascade s’appuyant latéralement sur un tuf ponceux ou cinérite agglutinée, parut être la tête d’un filon vertical recouvert par le trachyte au sommet de la cascade.


Mont-dore, séance du 2 septembre 1833.


Présidence de M. Bertrand de Doue. M. Peghoux, secrétaire.

Cédant à l’invitation qui lui en est faite par M. le président, M. Lecoq fait un résumé de la course de la journée. Cette improvisation détermine la direction du reste de la séance, où plusieurs membres ont communiqué les impressions et les idées que la première vue du Mont-Dore leur avait fait éprouver.

M. C. Prévost fait observer que, puisque les coulées de trachyte moderne qui dominent la vallée du Mont-Dore suivent les pentes des plateaux qui les supportent, et qu’elles descendent vers la vallée actuelle, on ne peut dire que celle-ci a été formée par le soulèvement et l’écartement du sol, car dans ce cas les coulées seraient inclinées dans un sens opposé.

M. Lecoq pense que ces coulées étant sur le bord immédiat de la vallée, celle-ci ne devait pas exister lors de leur émission, soit qu’elle ait été produite par érosion ou par soulèvement.

M. C. Prévost est d’avis que ces courans ont bien coulé en leur place actuelle, et que l’inclinaison de toutes les nappes trachytiques représente bien leur disposition primitive. Il lui serait impossible de concevoir la superposition de coulées et de conglomérats sans une inclinaison quelconque. Toutes les fois qu’un cône volcanique s’est formé, la première éruption a fait un bourrelet par-dessus lequel la deuxième s’est épanchée ; la troisième a suivi la pente formée par les deux premières, et ainsi de suite. L’inclinaison en sens divers autour du foyer d’éruption une fois admise comme condition indispensable, il paraît bien singulier que le soulèvement supposé ait eu lieu précisément au centre de cette sommité naturelle du sol volcanique préexistant.

M. Lecoq pense que l’agglomération des blocs de ces coulées indique des dislocations.

M. C. Prévost répond que la coulée trachytique d’Ischia de 1302, épanchée dans une vallée, n’est qu’une agglomération énorme de blocs qui semblent n’avoir aucun rapport les uns avec les autres : et qu’elle atteint une épaisseur de 80 à 100 pieds. Suivant M. Bertrand Geslin, une coulée de trachyte, à Pouzzol, reposant sur des cailloux roulés, à une inclinaison plus grande que celle du roc de Cuzeau et analogues.

M. Boubée fait observer que les coulées du Mont-Dore paraissent plus épaisses à mesure qu’on approche du centre d’éruption, et, en opposition à l’idée de M. Lecoq, qui regarde le renflement du roc de Cuzeau comme produit par un dycke, il soutient que ce prétendu dycke offre du trachyte en strates bien horizontales.

M. Pissis fait la remarque qu’aux environs du pic de Sancy, les vallées qui viennent s’y joindre sont plus élargies à mesure qu’elles approchent du point central, ce qui ne devrait pas être si elles avaient été produites par érosion.

M. C. Prévost répond que ces vallées n’aboutissent cependant pas au point central, qui, selon la théorie, aurait du être le foyer des fractures, et que la plupart des vallées citées ont pour origine un ancien cratère d’éruption.

M. Michelin dit que dans cette partie du Mont-Dore il y a une réunion de petits cirques ou cratères qui donnent l’apparence indiquée par M. Pissis. À l’extrémité de la vallée des Bains, après avoir traversé une masse de trachyte, au-dessus du ravin de la Craie, il y a une espèce de cratère qui jadis a formé un lac.

M. Bertrand de Doue prend la parole : « Ce n’est, dit-il, que très dubitativement que l’on peut, après une journée passée au Mont-Dore, rendre compte des impressions que produit un premier coup d’œil sur les masses trachytiques qui composent ce groupe de montagnes. Toutefois ces masses lui paraissent provenir en très grande partie d’un ou plusieurs points d’éruption placés auprès du pic de Sancy. Il ne croit pas qu’il soit nécessaire, pour rendre compte de la direction des vallées qui prennent naissance au-dessous de ce point, et qui découpent aujourd’hui le massif trachytique, de recourir à d’autres causes qu’à un premier déchirement ou écartement tels que ceux qui ont lieu à la proximité des volcans lors de leurs éruptions, ou même à l’existence de lignes de plus grande pente le long desquelles se réunissent les eaux pour creuser plus tard des vallées telles que celles des Bains et de Chaudefour.

« Prenant celle des Bains pour exemple, il pense que sa profondeur et sa largeur actuelle sont en rapport avec le volume et la rapidité des eaux qui la parcourent, avec le peu de consistance des agglomérats qui alternent avec les trois coulées trachytiques, que présentent ses bords ; enfin avec la haute antiquité de leur épanchement. Il croit aussi que l’espèce de cirque qu’on remarque à l’extrémité supérieure de la vallée des Bains a pour cause la réunion sur ce point des divers cours d’eau qui descendent des ravins des vallées adjacentes.

« Un argument en faveur de l’hypothèse du soulèvement postérieur des Monts-Dores a été tiré de la pente rapide des massifs trachytiques qui en occupent les parties supérieures. il a paru à M. Bertrand que l’accroissement de pente que présentent ces parties pouvait tenir à ce que certaines coulées Partant des sommités qui environnent le pic de Sancy, ne sont descendues qu’à peu de distance de leur point de départ, et ont ainsi augmenté l’épaisseur des masses qui formaient le pourtour d’un cratère principal aujourd’hui démantelé. »

Il termine par diverses observations qui le porteraient à placer ce cratère un peu au-dessous du pic de Sancy du côté de la vallée des Bains.

M. Bouillet serait assez disposé à adopter l’ensemble de cette explication. Il pense aussi que plusieurs pics trachytiques peuvent être des dyckes qui ont persisté à raison de leur consistance, tandis que les cinérites et les conglomérats auront pu être plus facilement entraînés par les eaux.

M. Boubée revenant sur les formes élancées du vallon de la Cour et des vallons voisins, croit que le relèvement dans cette partie tient à la présence constante des filons verticaux, combinée avec l’absence de coulées.

M. C. Prévost entre dans quelques détails sur des ressemblances que présente la disposition du terrain volcanique de la chaîne du Mont-Dore, avec les volcans en activité. Le cône de l’Etna, de 10,000 pieds de haut, est formé de matières inclinées, se rapportant à un centre. Entre l’Etna et la mer, est le Val di Bove, qui forme un cirque de plus de 2,000 pieds de profondeur, lequel est le résultat d’un enfoncement. Ce cirque est adossé au cratère actuel. Si le bord opposé de ce cratère s’abattait, on aurait deux vallées adossées, deux cirques où les eaux se porteraient, assez analogues à celles qui convergent vers le pic de Sancy. La Caldera, dont le cirque produit un escarpement intérieur de 4,000 pieds, aboutit à une vallée qui va se rendre elle-même à la mer. Ces deux faits peuvent servir de commentaires à une foule d’explications et de détails.

M. Michelin pense que les grands éboulemens au sol peut vent avoir produit ces grands cirques.


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Mont-Dore. ─ Course du 3 septembre.


Une partie de la matinée fut employée à visiter l’établissement thermal, dont la bonne administration fait connaître les soins intelligents du directeur.

La Société partit ensuite pour une course dont le but était d’explorer les plateaux phonolitiques situés au nord du village des Bains, et dont fait partie le système des roches Sanadoire, Tuilière et Malvial.


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Mont-Dore. ─ Séance du 3 septembre.


Présidence de M. Grasset, choisi à l’unanimité pour remplacer M. Bertrand de Doue, forcé de s’absenter. M. Pissis, remplissant les fonctions de secrétaire.

M. le président prie M. Lecoq, qui a bien voulu servir de guide dans la course de ce jour, de résumer les faits observés en allant à la roche Sanadoire.

La Société est partie le matin du Mont-Dore, et s’est dirigée vers les roches Sanadoire, Tuilière et Malvial, en passant par le lac de Guery. Après avoir traversé une partie de la vallée des Bains, elle est arrivée sur les bords du ruisseau de Chanot, où se montrent des escarpemens formés par des tufs ponceux ; de là, elle est montée sur le plateau où se trouve situé le lac de Guery. Ce plateau présente de nombreux affleuremens de basaltes ; on y observe aussi des scories pyroxéniques, tout-à-fait semblables à celles des volcans modernes. Le lac, par sa forme arrondie, donne l’idée d’un cratère dominé par le Puy de Loueire ; il est situé au milieu d’une enceinte composée de phonolites et de basaltes. Les phonolites se montrent principalement sur les plateaux qui font face à l’ouest.

Avant d’arriver à la roche Sanadoire, on descend dans une profonde vallée sur les bords de laquelle on observe des conglomérats trachytiques, qui s’étendent jusqu’au pied de cette roche. Le granite se montre dans la partie la plus inférieure de cette même vallée, et paraît y être en place.

Les roches Sanadoire, Tuilière et Malvial sont entièrement composées de phonolites disposés en prismes, qui tantôt (a la Tuilière) se dirigent verticalement, et tantôt (à la Sanadoire) semblent partir d’un point central, et se diriger dans tous les sens avec de nombreux contournemens. Le phonolite de la Sanadoire contient de la haüyne, de l’amphibole et du titane silicéo-calcaire. Le phonolite n’existe pas seulement dans cette localité : on le rencontre encore sur les plateaux environnans, où il semble passer au trachyte.

M. Lecoq pense que la différence qui existe dans la disposition des prismes des roches Sanadoire, Tuilière et Malvial indique que ces roches n’ont pu être réunies, mais il ne pense pas qu’elles aient pu être le centre d’un cratère de soulèvement.

M. Constant Prévost, qui, avec MM. Grasset, Domnando et Dumas, après être descendu au pied de la Sanadoire pour en faire le tour, est allé visiter la Tuilière, et est remonté sur le plateau de Guery, par le vallon étroit et escarpé qui sépare les deux roches, communique les observations suivantes :

Les deux massifs phonolitiques, particulièrement du côté où ils se regardent, sont formés de deux variétés de roches très distinctes. Le phonolite de la Sanadoire se rapproche beaucoup plus des trachytes dont est formé le Puy de Loueire, et de ceux qui s’étendent en grandes nappes sur la plaine élevée de Guery ; dans sa pâte compacte d’un gris bleuâtre, il enveloppe de petits cristaux de feldspath vitreux, tandis que le phonolite gris-verdâtre de la Tuilière est homogène dans sa composition, et qu’il a l’apparence feuilletée et cireuse.

Divisés l’un et l’autre en prismes souvent très réguliers, les deux massifs diffèrent encore en ce que les prismes de la Tuilière, parfaitement verticaux et à peu près d’égale grosseur, se subdivisent en nombreux feuillets transversaux, tandis que les prismes de la roche Sanadoire, d’inégal volume, et nullement fissiles, affectent des directions divergentes, à partir de plusieurs centres qui figurent des espèces de nœuds.

Par leur forme, leur aspect général, leurs rapports naturels, les roches Tuilière et Sanadoire rappellent jusqu’à un certain point les îles des Cyclopes qui sortent de la mer au pied oriental de l’Etna. M. C. Prévost a trouvé adhérens, dans quelques cavités irrégulières du phonolite de la Tuilière, de petits cristaux blancs transparents, dont il présente des échantillons à la Société, lesquels paraissent être de l’analcine, minéral que l’on trouve particulièrement aussi dans les îles volcaniques des Cyclopes.

Dans l’opinion de M. C. Prévost, la disposition des deux pics isolés que forment la Sanadoire et la Tuilière, les agglomérats, les fragmens ; les cendres et les scories qui les entourent, indiquent probablement l’un des foyers d’éruption de l’époque de l’épanchement des coulées trachytiques que l’on voit aux environs.

Les roches Sanadoire, Tuilière et Malvial ne seraient enfin que la lave trachytique refroidie dans les cheminées d’éruption, et sur les bords d’un cratère démantelé. Les passages insensibles qui lient les phonolites et les trachytes annoncent que ces variétés proviennent de la même source, et qu’elles ne diffèrent que par les circonstances particulières de leur gisement ; les uns étant encore en masse solidifiée près du foyer de l’incandescence, et les autres ayant coulé en tables plus ou moins épaisses à la surface du sol.

Immédiatement au-dessous de la Sanadoire, on voit le granite à l’entrée de la vallée de Rochefort, et on le retrouve également en place, à peine dérangé, mais un peu altéré, dans le vallon qui sépare les deux rochers volcaniques, dont l’émission a eu lieu à travers le sol primitif, sans le disloquer d’une manière sensible, car on retrouve le granite intact sur une grande étendue, entre ce point et le haut plateau qui conduit à la Banne d’Ordenche.

Loin d’attribuer aux phonolites de la Tuilière et de la Sanadoire une origine plus récente que celle des trachytes et des basaltes dont ils auraient soulevé les masses lors de leur apparition, M. C. Prévost pense que ces roches appartiennent plutôt aux premières manifestations des phénomènes volcaniques, et que les basaltes qui se voient sur les plateaux environnans ont au contraire percé les masses et nappes phonolitiques ou trachytiques, ainsi que leurs conglomérats, pour se répandre en larges coulées à leur surface.

M. Boubée dit avoir observé sur le plateau d’Ourdine des fragmens de quarz et d’autres roches primitives à l’état de galets, et offrant jusqu’à 3 pouces de diamètre. Il insiste sur l’importance de ce fait, signalé aussi par M. Bouillet, pour prouver l’action d’eaux extraordinaires diluviennes, qui auraient arrondi et entassé ces galets aussi bien que les fragmens de roches primordiales empâtés dans les conglomérats trachytiques. M. Boubée s’oppose à ce que l’on considère le Sancy, le Capucin, le roc de Cuzeau et les autres sommets analogues, comme produits par des soulèvemens partiels. Il s’appuie principalement sur l’épaisseur de la partie solide du globe, qui ne pourrait être soulevée en un point sans que les parties environnantes ne fussent soulevées à une grande distance ; tandis que dans ces localités on n’observe aucune inclinaison sensible, ni de dislocation, dans les coulées de trachytes, comme on en voit dans le système des montagnes, dont les couches ont subi de véritables redressemens.

M, Lecoq fait observer que rien ne prouve que la force agisse à la partie inférieure de la croûte du globe, et qu’il serait très possible que les roches d’épanchement en fondissent une grande partie avant de la soulever. Il observe en outre que les coulées trachytiques ont une inclinaison considérable.

M. Bertrand-Geslin rappelle à M. Boubée qu’il lui a montré une coulée trachytique très sensiblement inclinée, entre la grande cascade et le roc de Cuzcau. Suivant M. C. Prévost, les coulées de trachytes n’ont pas été continues, et alors les espaces qui les séparaient auraient fourni aux eaux les moyens de s’introduire pour entraîner les matières meubles non recouvertes et celles sur lesquelles reposent les laves trachytiques.

Boubée prétend qu’il a fallu de eaux extraordinaires pour transporter les blocs qui constituent les conglomérats.

MM. Lecoq et Bouillet donnent des renseignemens sur les courses du Mont-Dore à Saint-Nectaire, et de Saint-Nectaire à Issoire, route que plusieurs membres de la Société devaient suivre le lendemain pour se rendre à Issoire où était fixée la dernière réunion.


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6 septembre. — Course aux environs d’Issoire.


La mur de Boulade, point très rapproché de la ville, fut la seule localité que le temps permit de visiter. Un pont suspendu et une route nouvelle avaient obligé d’entamer un peu la montagne, et mis à découvert quelques faits dignes d’être recueillis.

Ce qui frappe le plus, en arrivant près la rivière de l’Alllier, c’est de voir l’escarpement que ses eaux ont dénudé en entraînant une partie du sol. Des argiles rouges et vertes alternent dans cette localité ; elles reposent sur le granite, dont elles ne paraissent séparées par aucune période ; elle ne contiennent pas de fossiles ; on les regarde comme appartenant au terrain tertiaire. L’eau les dégrade facilement ; les parties les plus dures résistent davantage, et rien n’est plus singulier que les formes bizarres que présentent alors ces masses argileuses. Un filou de basalte a traversé toutes ces couches, s’est fait jour au dehors, et a formé cette petite montagne, où l’on trouve encore les débris d’un vieux fort, dont les murs ont ta pieds d’épaisseur. Ce basalte, coupé pour le passage de la route, a présenté de superbes masses de mésotype blanche et bacillaire ayant tout-à-fait l’aspect de certains plombs carbonatés. La plupart de ces masses, de la grosseur du poing, sont composées d’une infinité de faisceaux partant tous de l’extérieur pour se diriger à l’intérieur, et formant ainsi un entrecroisement de masses solides et fasciculées, d’un blanc nacré. Outre cette mésotype, on rencontre aussi de la chaux carbonatée, tapissant des cavités, et des cristaux d’analcime trapézoïdale.

Quelques membres recueillirent aussi près du pont, au contact du basalte et de l’argile, des masses de chaux carbonatée, fibreuse, dont la texture compacte et la cassure vitreuse rappellent les caractères du quarz. On croyait rencontrer ici le même phénomène qu’à Brioude, du quarz fibreux qui s’était substitué à des aragonites ; mais l’examen du calcaire, complètement soluble dans l’acide nitrique, éloignait complètement cette supposition.

Quelques observations sur les longs plateaux de Perrier et du Broc que l’on apercevait au-delà de la ville, sur les pics basaltiques d’Usson et de Nonette, qui dominent la contrée, terminèrent cette promenade, qui fut la dernière que la Société fit en commun.


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6 septembre. ─ Séance de clôture à Issoire.


M. Grasset, président ; M. Croizet, secrétaire.

M. le docteur Peghoux fait hommage à la Société de son Mémoire sur des faits géognostiques observés aux points de contact des laves et des basaltes avec les terrains stratifiés. In-8°, 52 p., 2 pl. Clermont, 1829. (Extrait du tome II des Annales de l’Académie de Clermont).

M. Peghoux continue la lecture de son Mémoire sur les terrains primordiaux de l’Auvergne.

« Il passe des généralités qui avaient fait l’objet de la première lecture, à l’étude spéciale des terrains de gneiss et de micaschistes qui gisent dans le département du Puy-de-Dôme, savoir celui de Pontgibaut, celui de Menat, et celui qui repose sur la déclivité du plateau granitique entre les Monts-Dômes et la Limagne. Chacun de ces terrains à un caractère particulier. À Pontgibaut, le terrain schisteux, après avoir éprouvé un dérangement en grand par l’épanchement d’un granite ancien qui forme la base des montagnes primitives entre l’Allier et la Sioule, a été plus tard traversé, et injecté par une abondante émission d’un granite plus moderne. Le terrain de Menat a éprouvé l’effet des deux éruptions granitiques ; mais en outre, un granite porphyritique plus récent l’a modifié, et soulevé en deux séries de renflemens qui forment la petite chaîne des montagnes de Combrailles. Les gneiss de Menat et de Pontgibaut, autrefois unis l’un à l’autre, ont été séparés à une époque plus récente que celle des éruptions précédentes, par un grand épanchement porphyrique, que l’on remarque surtout le long de la Sioule, à Châteauneuf[8].

« Quant au gneiss déposé sur la lisière granitique aux environs de Clermont, au lieu de former un terrain continu comme les précédents, il est tellement morcelé et éparpillé, que jusqu’à ce jour il n’avait pas été aperçu, et avait été confondu avec le granite sous-jacent. Ce granite lui-même, on l’avait également pris en bloc, et on n’y avait pas fait la distinction des deux éruptions qui l’ont formé : la plus ancienne à laquelle se rapporte un granite porphyroïde à gros grains, la plus récente qui a fourni un granite serré, à petit grains, intercalé dans le précédent. Au reste, il n’est pas étonnant que ces distinctions n’aient pas encore été faites, le travail de M. Peghoux étant le premier où l’étude des terrains primitifs de l’Auvergne ait été essayée d’une manière sérieuse et spéciale, l’attention des naturalistes qui ont observé ce pays s’étant généralement portée sur les terrains volcaniques ou sur les restes fossiles des terrains tertiaires. »

Il est donné lecture de la notice suivante de M. le professeur Studer, de Berne, dans laquelle il rend compte de ses nouvelles recherches sur le canton du Tessin et la Valteline.

« Après avoir traversé le Saint-Gothard, je me suis rendu d’Airolo au mont Sainte-Marie et au Mont-Lukmanier en passant l’Alpe Piora. Cette route suit le prolongement du gypse, et de la dolomie du val Canaria et du Mont-Lukmanier ; ces roches sont recouverts par les mêmes schistes grenatifères qui renferment des bélemnites sur le Mont-Nufenen, à l’ouest d’Airolo. Après de longues recherches faites dans la première localité, je fus assez heureux pour trouver une bélemnite empatée au milieu des grenats du schiste en question. Le Mont-Lukmanier est le point le plus oriental de la ligne gypseuse, qui commence dans le Valais, et traverse le Mont-Nufenen et le val Canaria.

« Sur les bords du lac Lugano, j’ai revu soigneusement la contrée entre Campione et Capo-Lago, et je dois avouer que j’ai dû adopter sur les rapports mutuels du porphyre rouge ou quarzifère, et du porphyre noir ou pyroxénique, des idées différentes de celles de M. de Buch, et d’autres géologues.

« Depuis que des voyages répétés dans ce pays ont amené à la conclusion que le porphyre noir est en filons dans le porphyre rouge, le géologue est d’abord étonné de voir dominer le porphyre noir, tellement qu’on peut presque dire qu’il forme avec le calcaire secondaire des sommités, le principal dépôt de la contrée. Depuis les bords du lac de Lugano jusqu’à Arogno, situé à 1,000 pieds su-dessus de son niveau, et depuis Campione jusqu’au Capo di Lago, on ne voit que du porphyre noir, et dépourvu de quarz.

« Ce n’est que tout en bas, sur le bord de la route de Melano à Rovio, que le porphyre quarzifère rouge prend la place du noir sur une étendue qu’on met tout au plus dix minutes à parcourir. C’est dans ces lieux que de petites portions de porphyre noir, au milieu de la roche rouge, présentent les apparences d’un gisement en filons, quoique la petite portion de rochers à découvert permette difficilement de décider si l’on n’a devant soi que des blocs de porphyre noir, ou bien si les deux roches sont de formation contemporaine, et un dépôt du même âge que le porphyre rouge

« Un profond ravin, derrière Melano, me parut très propre à éclaircir la question ; je l’avais déjà visité en 1825, mais non pas avec autant de détails que cette fois ; je le trouvai en effet, sans contredit, le point le plus instructif de la contrée (voy. pl. 1, fig. 1).

« La masse dominante et inférieure dans ce ravin est encore le porphyre noir, qui est recouvert par une espèce de tufa ou brèche porphyrique à fragmens de porphyre noir, et quelquefois rouge. Sur cette roche, vient une brèche calcaire, composée de morceaux angulaires du calcaire que je vais signaler en place sur un plan plus élevé ; néanmoins, ou y trouve mélangés aussi des débris de porphyre. Enfin, on arrive au calcaire secondaire (jurassique) bien stratifié, en gisement contrastant, incliné au sud, et en contact transgressif avec le tufa.

« Il est très remarquable d’observer entre la masse inférieure du porphyre noir et le tufa porphyrique, une masse, proportion gardée, fort étroite, de porphyre rouge, qui décrit une zone ondulée entre les deux roches, en présentant au porphyre noir, une surface très inégale et à limites angulaires très prononcées, tandis qu’elle plonge fortement a l’ouest sous le tufa et le calcaire. On reste dans l’incertitude de savoir si l’on a devant soi le dernier reste du dépôt originaire de porphyre rouge, ou si c’est une masse qui s’est introduite postérieurement sous la forme d’un filon. Néanmoins, si on arrive sans idées préconçues, on sera bien plus porté à embrasser la dernière opinion que la première (voy. pl. 1, fig. 2).

« Il est très probable que ce filon est le prolongement septentrional du dépôt qui traverse la route entre le Melano et Rovio, et que les parties qu’on pourrait prendre dans ce lieu pour des filons de porphyre noir ne sont que les portions angulaires supérieures de la masse de cette dernière roche, placée plus inférieurement.

« Si la rive occidentales ravin en question est si instructive, le côté septentrional ne l’est pas moins, car on y voit le porphyre noir s’étendre au loin en même temps qu’une petite masse de porphyre rouge s’y insinue sous la forme d’un filon ascendant, et se termine brusquement vers sa partie supérieure au milieu du rocher noir. Plus avant dans le ravin, le porphyre noir est coupé subitement par une masse de porphyre rouge, qui a 40 pas de puissance, et s’élève à côté de lui avec une inclinaison forte à l’ouest. Ensuite, il y a un rocher de porphyre noir ayant à peu près la moitié de l’épaisseur précédente, et enfin l’escarpement du calcaire, qui s’enfonce presque verticalement à côté du porphyre (voy. pl. 1, fig. 3).

« Voilà donc des faits qui contredisent l’assertion que le porphyre noir est un dépôt plus récent que le porphyre rouge, et qui fait sortir le premier à travers le second.

« Dès 1825, pendant ma première visite avec M. de Buch, nous avions été frappés de la position apparente de plusieurs masses de porphyre rouge entre Maroggio et Bissone, masses qui paraissaient former des filons dans le porphyre noir. Le temps nous manqua pour examiner à fond cette localité, et les apparences opposés sur la route de Rovio nous semblèrent alors si décisives, que nous fûmes disposés a ne voir dans cette localité douteuse qu’un bouleversement local. Cependant la forme de ces masses de porphyre rouge demandait un examen approfondi, puisqu’elles présentent encore plus qu’à Melano les conditions requises d’un gîte de filons traversant verticalement le porphyre noir(voy. fig. 4). Heureusement les roches de cette localité ont été mises a nu jusqu’à une hauteur de plus de 1,000 pieds par les contours de la nouvelle et belle route de Maroggia à Arogno ; je me hâtai donc de poursuivre mes recherches le long de ces coupures.

« À mesure qu’on monte cette route ondulée, on revoit à chacun de ses contours les masses de porphyre rouge ayant de 10 à 12 pieds de puissance ; on les suit jusque près d’Arogno, et en s’élevant depuis là sur les crêtes dominant ce village, et s’étendant entre lui et Campione, on y remarque encore, à environ 1,500 pieds sur le lac de Lugano au milieu de la masse dominante du porphyre noir une crête de porphyre rouge de 15 pieds de puissance, et courant du S.-O. au N.-E.

« Je laisse aux géologues expérimentés de la Société géologique à décider quel nom on doit donner à des masses n’ayant qu’une si faible épaisseur, et une étendue verticale de 1,500 pieds ; je me contente d’ajouter que les limites des deux porphyres sont partout tranchées, qu’il ne s’établit nulle part des passages de l’un à l’autre, quoique assez souvent les deux roches à leur contact soient très décomposées ou altérées sous la forme d’une espèce de wacke.

Cette position du porphyre rouge dans la roche noire me parut d’autant plus importante qu’elle me rappelait étonnamment des rapports tout-à-fait semblables entre le granite rouge du Mont-Mulatto et le porphyre pyroxénique, ou les roches trappéennes noires de Predazzo en Tyrol. (Voy. mon Mémoire sur les Alpes méridionales dans le Zeitschrift f. Mineralogie, 1829). Le porphyre rouge du lac de Lugano est très différent de celui de la partie sud-est des Alpes, par exemple, de celui de Neumarkt, dans la vallée de l’Adige ou de la route de San-Pellegrino, tandis que la nature de son feldspath et de son quarz, et tous ses caractères extérieurs ne le font guère différer d’avec le granite rouge du Mont-Mulatto, ou plutôt n’y font reconnaître qu’une variété de cette dernière roche. De plus, le granite du Mont-Mulatto est certainement le même que celui qui existe à l’ouest de Lugano au Mont-Salvadore, dans le val Gana, et près de Baveno.

« D’après toutes ces particularités, il me paraît fort probable qu’une seule formation comprend toutes ces roches avec du feldspath compacte ou lamelleux, rouge-clair ou foncé, avec beaucoup de quarz blanchâtre, le plus souvent cristallisé, avec peu de mica, et des druses assez fréquentes, recélant des cristaux de quarz, de feldspath, d’albite, de tourmaline et de fluore. Or, si l’on n’est pas disposé à la faire contemporaine de la sortie du porphyre noir, parce que l’absence des passages d’une roche à l’autre semble s’y opposer, on devra du moins la considérer comme une formation plus récente que celle du porphyre noir, et ayant traversé ce dernier sous la forme de filons.

« Je me permettrai encore d’ajouter quelques corrections, peu importantes il est vrai, à la carte géologique des bords du lac Lugano, telle que le monde savant la doit à M. de Buch, et telle qu’on la trouve dans la carte géologique d’Allemagne de MM. Scbropp et compagnie. Il résulte des observations précédentes que le porphyre noir se prolonge de Campione à Capo di Lago, et sur la rive occidentale du lac jusqu’à un point au nord de Riva. Sur le porphyre, et se liant à cette roche, on trouve une brèche porphyrique, puis du grès secondaire rouge et blanc avec des agglomérats, et tout-à-fait supérieurement le calcaire secondaire : c’est la même suite qu’au val Gana, près de la Madonna de Varese, si ce n’est que dans le dernier lieu, du porphyre et du granite, tous deux rouges, supportent les grès.

« Dans la carte de MM. Schropp et compagnie, on s’est trompé en portant le porphyre dans la direction du nord-est jusque vers Porlezza, puisqu’il est limité à la rive sud est du lac, et ne s’étend pas au-delà d’Arogno et de Rovio, comme M. de Buch l’a bien indiqué sur sa carte. Les deux côtés du lac de Lugano, de cette ville jusqu’à Campione et Porlezza, sont de roches calcaires, qui forment sur le bord nord une chaîne considérable, qui se prolonge à l’est de Porlezza sur le côté septentrional de la route jusqu’au lac de Côme. Cette grande formation comprend probablement le gypse de San-Abondio, qui est placé entre le calcaire et le sol primaire.

« Après ces courses dans le canton du Tessin, j’ai visité avec M. le docteur Horner fils, de Zurich, jeune géologue donnant de grandes espérances, les montagnes bordant le bord oriental du lac de Côme.

« Cet examen a été facilité prodigieusement par les travaux gigantesques entrepris par le gouvernement autrichien, pour établir une route entre Lecco et la Valteline.

« Une longue série de galeries, toutes creusées dans la roc vif, font franchir au voyageur les grands escarpements entre Varenna et Bellano, et sont aussi instructives pour le géologue que les autres coupes mises à nu par cette route, qui conduit, comme l’on sait, au col du Mont-Stilvio, à 6 ou 7,000 pieds d’élévation absolue. La roche formant les bords mentionnés du lac de Côme est un calcaire gris foncé, cassant, semblable à celui de Lauterbrunn dans l’Oberland bernois, ou à celui qui recouvre le sol cristallin à Saint-Maurice en Valais.

« L’inclinaison des couches y est au S.-0.—Vers Bellano, ce calcaire repose sur des dolomies alternant avec des argiles rouges ; ensuite vient inférieurement un grès quarzeux très dur et fort puissant, puis un agglomérat rouge, à fragmens de porphyre rouge et noir, de gneiss, de quarz, etc., enfin du gneiss, interrompu bientôt par une assez grande épaisseur de quarzite ou grès quarzeux et d’agglomérats de quarz. Enfin, on rentre dans le sol du gneiss alternant avec du micaschiste.

« D’après la direction des couches, nous devions nous attendre à trouver les roches précédentes bien développées dans le Val-Sassina ; en effet, nous y rencontrâmes d’abord, sur son côté méridional, un puissant dépôt de dolomie avec toutes ses variétés ordinaires, depuis la compacité complète jusqu’à l’apparence bréchoïde et à la corgneule ou rauchwacke. Du talc s’y remarque assez fréquemment, et il y a aussi les mêmes masses subordonnées d’argile bigarrée et de quarzite ou grès quarzeux. Le côté septentrional de la vallée est occupé, vers son extrémité supérieure, par les agglomérats rouges, en masses plus ou moins puissantes, de manière que, près d’Introbbio, ils forment à eux seuls une chaîne particulière, qui vient se placer à côté des montagnes calcaires, situées plus au S., et qui se prolongent à l’E. dans le Bergamasque, entre ces dernières et la chaîne septentrionale de gneiss et de micaschiste.

« Nous traversâmes la chaîne arénacée dans toute sa largeur, en remontant le Val-Brembana, et montant au col appelé Passo di San-Marco, d’où nous nous rendîmes dans la Valteline. Les sommités nues, qui descendent à l’E. dans le Val-Torta, rappellent tout-à-fait les colosses dolomitiques du Tyrol méridional. Dans le fond, la stratification est distincte, tandis qu’elle disparaît vers les hauteurs, qui sont aussi dépourvues de végétation. Depuis Olmo on monte pendant une heure et demie le long du Brembo, avant d’avoir traversé ces montagnes de dolomie, et être arrivé aux dépôts plus anciens. Près du pont au-dessous de Mezzoldo, on trouve du porphyre gris clair, divisé en plaquettes et recouvert par la dolomie sous la forme d’un cône élevé. Bientôt après ces masses inférieures augmentent en puissance, la dolomie disparaît, et il se développe ce dépôt d’agglomérat riche en talc et lié étroitement au porphyre. Ces roches formant de hautes montagnes, sont la plupart verdâtres ou rougeâtres, et renferment surtout des fragmens de porphyre rouge, violet, etc. Elles ont la plus grande ressemblance minéralogique avec les agrégats de la vallée de Sernft ou de Mels, en Suisse,

La limite septentrionale de ce dépôt ne se trouve qu’au pied du dernier échelon de la pente septentrionale de cette chaîne, à Al Acqua ; plus au N. on rencontre des schistes gris ou noirs, qu’on aurait appelés jadis des grauwackes schisteuses. Ils inclinent au N. et alternent avec des marnes schisteuses et des rauchwackes, et se prolongent jusqu’à San-Marco, très près du bas de la crête la plus élevée des montagnes. Ils y sont recouverts par des talcschistes grenatifères ainsi que des micaschistes, ayant la même inclinaison au N., et occupant tout le pays jusqu’à Morbegno.

« L’existence de ce dépôt puissant d’agglomérat, entre les lacs de Côme et d’Iseo, me parait un fait nouveau. Il me semble hors de doute que l’aggrégat de San-Martino, au pied du Mont-Salvadore près de Lugano, fait partie des mêmes masses et n’en est que l’extrémité orientale. Néanmoins il ne faut pas oublier que près de Lugano ces roches reposent sur du micaschiste, tandis que sur le chemin de San-Marco, ce dernier a l’air de recouvrir l’agglomérat. Il aurait été fort intéressant d’examiner soigneusement cette contrée et de poursuivre le prolongement de la limite septentrionale de la chaîne calcaire dans le pays de Brescia ; mais nous devions nous hâter d’arriver à la réunion annuelle de la Société helvétique qui a eu lieu à Lugano.

« Comme il n’y a pas de collections à visiter à Lugano, on s’y est dédommagé par l’examen des beautés et des curiosités naturelles des environs. Entre autres décisions arrêtées, cette année, je dois citer la reprise du plan de lever une carte topographique de toute la Suisse, la nomination d’une commission pour dresser sous la présidence de M. Schinz, de Zurich, une Faune helvétique ; enfin la publication, d’un côté, des Mémoires de la Société, chacun séparément à mesure de l’achèvement de l’impression ; et de l’autre, celle de profils, de cartes, et de planches de fossiles, isolément et même sans texte. La Société a élu Lucerne pour son rendez vous de 1834.

« Je puis ajouter encore que je suis occupé de l’impression de ma description géologique de tout l’Oberland bernois, je viens d’en revoir les trois premières feuilles, qui s’impriment à Heidelberg. Cet ouvrage sera accompagné d’un atlas. »

Avant de se séparer, la Société géologique vote de nouveaux remerciemens aux géologues de ce pays, et spécialement à MM. Lecoq et Bouillet, pour l’extrême complaisance avec laquelle ils ont bien voulu l’accompagner, et le plus souvent la diriger dans ses courses au milieu d’une contrée si riche en faits géologiques du plus grand intérêt, et que leurs utiles travaux ont contribué à bien faire connaître.



  1. Cette analyse a été donnée par l’auteur.
  2. Recherches sur l’origine et la constitution des Puys feldspathiques des Monts-Dômes. Annales scientifiques de l’Auvergne. Tome I, pag. 65-97.
  3. Cette analyse a été donnée par l’auteur.
  4. Voir un rapport sur ce squelette, par M. Peghoux, dans les Annales d’Auvergne de janvier 1830.
  5. On peut voir dans les Annales des Sciences naturelles, t. XVI, la valeur différente que M. Desnoyers attachait ce mot en l’appliquant le premier à un grand nombre de dépôts, jusque là confondus avec les terrains tertiaires parisiens, et qu’il proposa de distinguer ainsi des autres formations géologiques.
  6. La plupart de ces fossiles sont conservés dans le riche cabinet de M. l’abbé Croizet, ainsi que dans ceux de MM. de Laizer et Bouillet.
  7. Analyse donnée par l’auteur.
  8. « La localité intéressante de Pontgibaut mériterait, dit M. Peghoux, d’être décrite dans une monographie particulière. Personne ne serait plus en état d’entreprendre un semblable travail que M. Fournet, ex-directeur des mines de Pontgibaut, qui a été en position d’étudier ces lieux de la manière la plus fructueuse. Je me plais à reconnaître que les indications que M. Fournet a bien voulu me donner m’ont été très utiles dans les recherches que j’ai faites aux environs de Pontgibaut. »