Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome III/Séance du 21 janvier 1833


Séance du 21 janvier 1833.


Présidence de M. de Bonnard.

M. de Bonnard remercie la Société du choix qu’elle a fait de lui pour président.

Sur la proposition du président, des remerciemens sont votés à M. Brongniart, président sortant, pour l’intérêt et l’empressement qu’il a mis à présider les travaux de la Société.

Des remerciemens sont également votés à M. Boué, pour les nombreux services qu’il a rendus à la Société pendant les deux ans et demi qu’ont duré ses fonctions de secrétaire pour l’étranger.

Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la dernière séance, M. le président proclame membres de la Société :

M. Charles Lyell, secrétaire de la Société géologique de Londres, et professeur de géologie à Londres ; présenté par MM. Boué, C. Prévost et Desnoyers.

M. Valenciennes, professeur au Jardin-du-Roi ; présenté par MM. Élie de Beaumont et Boblaye.

M. Du Jay, membre de plusieurs Sociétés savantes à Paris ; présenté par MM. Héricart de Thury et Desnoyers ;

M. Ambroise Tardieu, membre de la Société de géographie à Paris ; présenté par MM. Duperrey et Desnoyers ;

M. M. de Garidel, capitaine du génie ; présenté par MM. Élie de Beaumont et Desnoyers.

La Société reçoit les ouvrages suivans :

1° De la part de M. Lyell, le deuxième volume (2e édit.) de ses Principes de géologie (Principles of geology being an attempt to explain the former changer of the earth’s surface. etc.). In-8°, 536 pag., 2 planches. Londres, 1833.

2° De la part de M. Élie de Beaumont, le mémoire de M. Léopold de Buch, sur les Ammonites, sur leur division en familles, etc., et sur les Goniatites en particulier (Uber Ammoniten, über ihre Sonderung in Familien, etc. und über Goniatiten insbesondere). In-4°, 56 pag., 5 pl. Berlin, 1832.

3° De la part de M. Girardin : son Rapport sur la culture de la betterave à sucre dans les environs de Fécamp, etc., présenté à la Société centrale d’agriculture du département de la Seine-Inférieure. In-8°, 38 pages. Rouen, 1832.

3 bis. De la part du même membre un très grand tableau représentant la nomenclature chimique adoptée par M. Girardin dans le cours qu’il fait à l’école de chimie de Rouen.

4° Le n° 25 (tome V) du Bulletin de la Société industrielles de Mulhausen. In-8°, 1832.

5° Le n° 23 (janvier 1833) du Mémorial encyclopédique des connaissances humaines, par M. Bailly de Merlieux.

6° De la part de M. Keilhau, le premier cahier du premier volume de la nouvelle série du Magasin d’histoire naturelle de Christiania (Magazin for Naturvidens-keberne). In-8°, 160 pag., 3 pl., août 1832.

Ce cahier contient un mémoire et 2 cartes sur le système d’intensité magnétique terrestre, par M. Chr. Hansteen, et un voyage dans le jemtland et le bailliage septentrional du Drontheim, dans l’été de 1831, par M. Keilhau. Ce dernier mémoire accompagné d’une planche géologique et de 10 coupes.

Il est aussi fait hommage à la Société des collections suivantes de roches et de fossiles :

1° De la part de M. Ravergie, 138 échantillons de roches de Finlande et de l’Oural ;

2° Par M. l’Eveillé, une collection de 115 espèces de fossiles du calcaire de transition, et des terrains supérieurs (craie et sable vert) des environs de Tournay, de Mons et d’Avesne. La plupart de ces fossiles sont nouveaux et seront décrits par M. l’Eveillé.

3° Par M. de Verneuil, une fort belle plaque, recouverte de fossiles, du calcaire de Dudley.

4° Par M. Boué, un échantillon de muschelkalk, avec fucoïdes, des environs de Saverne.

M. Boué communique les livraisons 5, 6, 7 et 8 de l’ouvrage de M. Zilten sur les pétrifications du Wurtemberg (Die Versteinerungen Wurtembergs). Ces livraisons comprennent la fin des ammonites, les univalves, les térébratules et les huîtres.

La Société reçoit une lettre du secrétaire de la Société de physique et d’histoire naturelle de Genève (juillet 1832), qui annonce l’envoi du cinquième volume de ses Mémoires, et demande, à la Société d’échanger ce recueil contre les mémoires de la Société géologique. — Renvoi au conseil.

— On lit deux lettres écrites de Londres par M. Lehmann, officier des mines de Russie. Dans l’une de ces lettres il annonce à la Société qu’il lui adresse, de la part de M. Lyell, le second volume de ses Principes de géologie ; dans la seconde, il fait connaître que M. Téploff s’est chargé de le remplacer à Paris, et qu’il tiendra la Société au courant de tous les travaux qui se publieront en Russie. Il annonce en outre qu’il a assisté à une séance de la Société géologique de Londres, qui a été remplie par la description que M. Mantell a faite d’un animal nouveau qui tient le milieu entre un crocodile et un lézard, et qu’il a trouvé à Tilgate en Sussex, dans le même Iron sand où il a découvert son Iguanodon.

— M. P. Partsch propose d’envoyer, pour les mémoires de la Société, son travail sur les fossiles d’Autriche, accompagné de 6 à 8 planches in-4o. Il demande aussi si la Société juge convenable qu’il lui envoie un moule d’une mâchoire de Denotherium trouvé en Autriche. — Renvoi au conseil.

— M. le comte Razoumovski adresse un mémoire manuscrit fort étendu intitulé : Essai géologique sur le vallon de Carlsbad, en Bohème, et sur ses contrées adjacentes ; travail accompagné de figures.

Ce travail est inscrit pour lecture, et renvoyé au conseil pour en déterminer l’impression.

— M. Klipstein, professeur à l’Université de Giessen, annonce que plusieurs voyages dans le terrain intermédiaire de la Westphalie et du Dillenburg l’ont convaincu qu’une grande partie des grauwackes de ces pays appartenait au grès pourpré, ou old red sandstone des Anglais. Il pense que les roches, quelquefois amygdalaires, appelées blatterstein en Westphalie, ne sont que des schistes de transition modifiés au contact des diorites.

Il propose d’envoyer à la Société un mémoire sur le sol tertiaire du bassin du Rhin, dans le pays de Hesse-Darmstadt et la Wetteravie. Ce travail est accompagné d’une carte et de plusieurs coupes.

Sur la demande faite par M. Boué d’une réponse à adresser à M. Klipstein, il est remarqué que la Société recevra toujours avec reconnaissance, en toutes les langues, de telles communications, et que le choix des mémoires destinés à l’impression est dans les attributions du conseil.

— M. Boué présente la liste suivante des coquilles fossiles des terrains tertiaires d’Autriche, dressée d’après les déterminations de M. Deshayes.

« M. Deshayes possède une des plus riches collections de fossiles tertiaires, et il s’est voué entièrement à la conchyliologie fossile ; srs déterminations doivent donc avoir une grande valeur. Ayant vu nos fossiles tertiaires des États autrichiens, il y a reconnu les espèces suivantes, dont l’énumération servira à compléter ce que nous en avons déjà cité.

« Dans l’argile subapennine de Baden (voyez J. de Géol., t. II, p. 376), Pilepsis hungaricus, Lam. ; Hipponix granulatus, Bast. ; Vaginella (Cleodora) strangulata, Desh. ; Conus angularis, Desh. ; Pytula striatulus[1] et une nouvelle espèce ; Ancillaria unflata, Bors. ; une nouvelle espèce de Bulla ; Mittra cupressina, scorbiculata, pyramidella ; Buccinum areola, semistriatum ; une espèce voisine du turbinelles, et une nouv. espèce ; Cancellaria lyra ; une nouvelle espèce d’Auricula (Voluta Broc.), voisine de l’A. buccinea ou ringens. Bast., existant aussi à Dax ; Cassis, voisin du C. saburon ; Rostellaria pes pelecani. Lam. ; Ranella marginata. Brongn., Triton. nov. sp. ; Cassidaria echinophora et une nouvelle espèce ; Murex clavatus, horridus, fistulosus, rectispinus, Bonelli, cataphractus, dimidiatus, contiguus, textile, et six nouvelles espèces dont une est voisine du M. tripterus. et existe à Dax, une autre voisine du M. trunculus, une troisième, voisine du M. Gracilis, et une quatrième se trouve en Touraine, à Bordeaux, et vivante au Sénégal ; Terebra striala. Bast., acuminata Bors., duplicata. Bast., flava Adanson (encore vivante) et une nouvelle espèce ; Fufus rostratus, et trois nouvelles espèces ; Pleurotoma Borsoni, Bast., rotatus et pannus, Bast., et quatre nouvelles espèces, dont l’une est voisine du Murex monile ; une nouvelle espèce de Pyrula ; Turritella terebra ; Turbo acutangulus, spiratus, duplicatas, et trois nouvelles espèces dont une se trouve en Touraine ; une nouvelle espèce de Cérithe, voisine d’une espèce de Sienne ; Bulimus terebellatus. Lam., qui se voit partout ; Trochus agglutinans. nov. sp. ; Scalaria n. sp. ; Natica n. sp. ; Dentalium sexangulum, Bouei Desh., elephantinum var ; Siliquaria, Serpula, Pectunculus n. sp., et à Angers ; trois nouvelles espèces d’Arca, dont deux sont à Bordeaux, et dont l’une est l’Arca diluvii. Bast., mais non celle de Lamark ; Nucula spelta aussi à Bordeaux ; Corbula n. sp. de Dax ; Venericardia n. sp. ; Crassatella n. sp. ; une petite Venus qui est analogue à celle qui est commune à Dax ; deux nouvelles espèces de Pecten, l’une lisse et l’autre à côtes épineuses ; l’Ostrea navicularis ; deux espèces de Nodosaria, Cristellaria n. sp. (citées mal à propos comme Rotaliles), Turbinolia appendiculata. Brong., une autre espèce nouvelle, et d’autres polypiers (Astrée à Selowitz), ainsi que des dents et des piquans d’oursins.

« Notre première liste des fossiles de l’argile subapennine d’Autriche avait été dressée d’après les déterminations que nous avions faites nous-même, soit dans notre collection soit dans celle de M. Partsch à Vienne et nous y avions joint les 29 espèces indiquées par M. C. Prévost. (Journ. de Phys.. nov. 1820.) Or parmi ces dernières il y en a au moins la moitié que nous n’avons pas trouvées dans l’argile, mais seulement dans les bancs sableux coquilliers supérieurs. Cette distinction, essentielle pour nous, ne l’était pas pour l’objet que se proposait M. Prevost. Dans ce cas sont surtout le Cardium hyans, le Solen strigilatus, le Turbo vermicularis et imbricatus, le Trochus patulus, le Buccinum (Purpura.) monacanthos, gibbum var. b., Murex (Cerithium) bicinctus et margaritaceus. le Conus Mercati et deperditus, Lam. Bulla ovulata et convolula, Patela, Crepidula, etc. En défalquant ces coquilles de ma liste et en la comparant avec celle que je donne actuellement, il sera facile de voir d’un côté les additions et les corrections que M. Deshayes a fait éprouver à ma liste, et de l’autre les espèces que possède seul M. Prévost ou M. Partsch. Parmi mes errata il faut placer : Natica helicina et epiglottina, Lam., Melania nitida, Scalaria decussata. Lam., bulla cylindrica, Lam., et Patella cornucopiœ.

« À Matzelsdorf, dans Vienne même, l’argile subapennine offre le Melanopsis Martiniana. deux ou peut-être trois espèces de Mytilus ou d’un nouveau genre intermédiaire entre les Isocardes, et les Moules, appelé Enocephalus (E. carditœ formis. etc., par le comte Munster), une belle espèce de Bucarde à bord latéral bâillant. (Voyez J. de Géol., t. II, p. 374.)


« À Oedenburg eu Hongrie, le même dépôt renferme des moules d’eau douce comme celles du Danube et de grosses Bucardes.

Les marnes sableuses de Hellas offrent les fossiles suivans (voyez J. de Géol., t. II, p. 385.) : Venus gregaria Partsch., Crassatella n. sp. Cardium n. sp.Cerithium pictum et plicatum, Fusus buccinoides, Bast., et sublœvatus, Brander. Buccinum baccatum, trois espèces nouvelles de Turbo, Trochus. n., sp., Bulla Jonkeriana. Bast., et une nouvelle espèce. Pleurotoma. n. sp., Purpura. n. sp., existant en Tourraine, Fasciolaria, n. sp., Paludina et Neritina. n. sp.

« Le même dépôt de Pullendorf (voyez J. de Géol., t. II, p. 384), m’a fourni, d’après M. Deshayes, Donax. n. sp., Crassatella, n. sp., Venus gregaria, Partsch, Mactra, n. sp., Solen, trois nouvelles espèces de Cardium, Mytitus Brardi, Brong., Cerithium pictum. Bast., Potamides, Fusus sublœvatus, Buccinum baccatum, Turrilella duplicata, deux espèces nouvelles de Turbo, qui sont aussi à Hellas, deux espèces nouvelles de Trochus, Bulla Jonkeriana, Paludina, Neritina fluviatilis et Helix moguntina.

« Les mêmes sables m’ont donné à Nexing (voyez J. de Géol., t. III, p. 3), Venus gregaria. la même Mactra n. sp, , les trois mêmes nouvelles espèces de Cardium. le Mylilus Brardi, la même Donax nouvelle, un des Trochus, des Paludines et l’Helix moguntina ; à Gaunersdorf le Buccinum baccatum. Bast. ; entre Gaunersdorf et Kohlenbruun, les mêmes bivalves. Pectunculus cor, Cerithium pictum et tuberculosum qui est à Dax, Fusus, n. sp. de Dax, Terebra. . n. sp., Buccinum reticulatum. Bast., une nouvelle espèce, Turritella duplicata, et une Serpule de Dax.

« 2° À Bisentz en Moravie (voyez J. de Géol., t. II, p. 384), Melanopsis Martiniana et Bouei Fer., une grande espèce de Mytilus, qui est aussi à Vienne, Cardium et Conus ; et au-dessus de Scharditz les mêmes Mélanopsides et peut-être la M. Dufourii avec des Néritines mêlées à des Venus gregaria, Cerithium pictum, etc.

« 3° À Tihany en Hongrie (voyez t. III, p. 1), Melanopsis Dufourii, Martiniana, Bouei, et deux nouvelles espèces dont l’une est voisine du M. buccinea. une espèce de Cardium, à bord latéral bâillant, deux espèces de Paludines, l’une grosse et l’autre de moyenne taille, une nouvelle espèce de Turbo, qui existe à Hellas, une petite Corbule, n. sp., l’Enocephalus mytiloïdes (Munster), et une grosse Moule d’eau douce ; à Neudorf en Hongrie des Nummulites, Pectunculus, Cyprina et Cardium.

« 4° À Arapatak en Transylvanie, Mytilus Chemnitzii, une moule d’eau douce, Cyrena. n. sp., une petite Bucarde, n. sp., une Planorbe, les deux espèces de Paludines de Tihany et peut-être une troisième espèce ; une espèce de petite Mélanie (à bord simple sur la spire), voisine si ce n’est identique avec celle qui vit encore actuellement dans le lac de Corne, et un petit grain rond blanc semblable à un œuf et indéterminable.

« 5° À Korod en Transylvanie (voyez J. de Géol., t. III, p. 5), une belle et très grande espèce nouvelle de Bucarde, un petit Cardium. le Pecten deletus Defrance, Arca, Venus, et une espèce nouvelle de Turritelle.

« 6° À Klausenburg, en Transylvanie, dans le grès calcaire, des moules, des nummulites et des débris de diverses bivalves. À Barod (voyez J. de Géol.. t. III, p. 103), une Vaginelle.

« 7° À Hatzeg en Transylvanie (Voyez J. de Géol. t. III, p. 13), Cyprœa annulas, Bast., Conus acutangulus. Desh., et virginatus, Br., Cerithium crenatum, Br., Paludina, Turritella (Turbo, Br. ), vermicularis et duplicata, Br., Terebra striata, Bast., acuminata, Bors., et duplicata, Bast., Pleurotoma plicatula, Bast., et trois nouvelles espèces, Auricule, voisine de l’A. ringens, Mitra plicatula, Cancellaria, n. sp., Cassis, n. sp., Murex, Buccinum reticulatum, et une nouvelle espèce, Trochus patulus, Lam., Natica glaucina, Lam., Cardium, n. sp., Corbula striata, Lam., Pectunculus, Venericardia Jouanneti, Bast., et une nouvelle espèce, Venus, Arca diluvii, Bast., et non pas de Lamark, Anomia ephippium de Bordeaux, Pecten burdigalensis, Ostrea, des Clypeastres, et des Anchites. Près de Deva le grès tertiaire supérieur offre encore le Cerithium pictum, et des Venus, et à Unter-Pestis des Bulles, des Cérithes, et des Cardium.

« Les autres genres de fossiles énumérés dans ma liste précédente existent dans l’ancienne collection de M. Fichtel, à la bibliothèque de Kronstadt en Transylvanie.

« 8° À Markensdorf en Styrie, une nouvelle espèce de Trochus.

« 9° À Pfaffstetten près de Baden en Autriche (voyez J. de Géol., t. III, p. 6), Turritella vermicularis, une nouvelle espèce de serpule, etc. Les lignites des sables tertiaires de Pielach (voyez J. de Géol., t. II. p. 365), sont accompagnés du Cerithium plicatum, Lam., et margaritaceum, Bast., de l’Arca diluvii, Bast., et de la Néritine de Dax.

Nous possédons des marnes sableuses d’Enzersfeld, ancienne demeure de M. Prévost (voyez J. de Géol., t. III, p. 7), les fossiles suivans : Crepidula sandalina, Conus angularis, Desh., et deperditus, Lam., Ancilaria inflata, Bors. (très abondant), Natica canrœna, et une nouvelle espèce de Touraine, Terebra, Cassis saburon, Bast., Columbella, n. sp., Voluta rarispina, Bast., Auricula, n.sp., voisin de l’A. buccinea, Pleurotoma tuberculosa, Borsoni, et une nouvelle espèce, Pyrula ficus, Mitra, la Purpura de Hellas, Fusus sublavatus, Turritella Archimedis, et d’autres espèces (très abondantes), Rostellaria pes pelicani et non pas pes carbonisis, Br. Buccinum reticulatum, semistriatum, et une nouvelle espèce ; deux nouvelles espèces de Fasciolaria, Cancellaria cancellata, existant encore dans la Méditerranée, varicosa, et une ou deux nouvelles espèces, Trochus patulus, Dentalium, Serpula portensa et dentifera, Pectunculus cor, et une nouvelle espèce, Arca diluvii, Bast., et une nouvelle espèce, Venericardia Jouanneti, et une nouvelle espèce, Nucula, Cytherea alcyone, de Bordeaux, Venus levantina, encore vivante, gregaria, Partsch, n. sp., Cardium hians, burdigalinum, echinatum, et une nouvelle espèce, Mactra, Corbula, (Tellina Br.) revoluta, Chama, n. sp., Ostrea, et des Astrées.

« Dans le même dépôt à Steinabruun (voyez J. de Çéol., t. III, p. 7), M. Deshayes a reconnu les fossiles suivaus : Crepidula, sandalina, Conus deperditus, Bast., (non pas le véritable), et acutangulus, et une nouvelle espèce, Natica canrœna, Ancilla inflata, Terebra, n. sp., Cassis, trois nouvelles espèces de Mitra, dont l’une est en Touraine, Auricula, voisine de l’A. ringens, Bast., n. sp., comme à Baden, Pleurotoma tuberculosa, et une nouvelle espèce, Cancellaria contorta, Pyrula, Fusus sublavatus et buccinoïdes, et deux nouvelles espèces, Turritella, (Turbo Br.), spirata, triplicata, marginalis, imbricatoria, Br. (et non pas de Lam.), vermicularis, et Archimedis, Turbo rugosus, et une nouvelle espèce, Rostellaria pes pelecani, Buccinum semistriatum, trois nouvelles espèces de Rissoa ; Columbella, n. sp., deux nouvelles espèces de Tornatella, Cerithium Latreilli, Perraudot encore vivant, Salmo et trois nouvelles espèces, Fasciolaria, n. sp. ; comme à Hellas, Purpura, n. sp., comme à Hellas, Murex, n. sp., encore vivant, Triton, n. sp., de Dax et de Turin, Dentalium strangulatum, Serpula, (deux espèces), Pectunculus, n. sp., Arca diluvii, Bast., tetragona, (encore vivante dans la Méditerranée), Venericardia Jouanneti, et sulcata, Venus dysera, et une espèce, voisine de V. paphia, Lam., Cardita Ajar, Adanson, (encore vivante), trapezium, et deux nouvelles, espèces, Lucina columbella, Bast., Corbula complanata, Sow. et striata, deux nouvelles espèces de Cardium, comme à Pullendorf et Nexing, Chama gryphoïdes, Bast., sinistrosa, Lam., et deux nouvelles espèces, Pecten laticostatus, et une nouvelle espèce, Spondilus, n. sp., Ostrea, deux nouvelles espèces, piquans d’oursins. J’avais eu tort d’y citer des Delphinules.

« Dans le calcaire à coraux de Prinzendorf, M. Deshayes a reconnu des Cyprines, il y a aussi des Pinnes, tandis que dans le calcaire à Cérithcs d’Oedenburg il a rapproché l’Hélix que j’y avais trouvé de l’H. moguntina. Dans le calcaire à Cérithes du Turkenschansee à Vienne (Voy. t. II, page 383), j’avais oublié d’indiquer des Bulles ainsi que des Paludines ; dans celui près de Grosswardein en Hongrie, des Serpules, des Cérithes, des Venus, etc.

« Cette liste des fossiles du bassin tertiaire d’Autriche, de Hongrie et de Transylvanie, confirme le rapprochement que M. Deshayes a fait entre les coquillages de ce bassin et ceux de Bordeaux. Cet ensemble zoologique caractérise sa seconde période tertiaire. Nous avons déjà expliqué comment la zoologie arrivait dans ce cas à un classement différent de celui que donne la zoologie proprement dite. (Voy. Mémoires géol. et paléontolog., t. 1, p. 125.) Nous croyons devoir persister à admettre, dans le bassin en question, un terrain subapennin ; quoique la zoologie conduise M. Deshayes à placer ce dernier au-dessus de son second étage tertiaire, il serait au contraire, dans notre bassin, au-dessous des dépôts qui recèlent les fossiles bordelais.

« D’une autre part, MM. Murchison et Sedgwick prétendent que l’argile de Londres existe en Styrie, et M. Deshayes a reconnu des fossiles parisiens dans la molasse du centre de la Carinthie. »

M. Rozet communique les observations suivantes recueillies par lui dans la chaîne des Vosges, pendant l’été de 1832.


Notice géologique sur la région granitique de ta chaîne des Vosges.

La région granitique de la chaîne des Vosges s’étend, dans le sens de la longueur de cette chaîne, depuis le ballon de Giromagny jusqu’à une ligne très irrégulière qui passerait par Schelestat et St-Dié. Elle est limitée à l’est par les montagnes et collines de grès vosgien et autres formations secondaires qui se trouvent sur le versant de la vallée du Rhin ; et, du côté de l’ouest, par une ligne courbe, qui, passant de St-Dié à Bruyères, suivrait la vallée de la Valogne jusqu’à Docelles, viendrait joindre celle de la Moselle au-dessous de Remiremont, et passerait ensuite au pied sud du rameau qui s’étend de Giromagny à Remiremont. Dans cet espace, les montagnes sont très élevées, surtout à l’extrémité sud, où elles atteignent jusqu’à 1400 mètres au-dessus du niveau de la mer. Elles forment deux systèmes qui sont perpendiculaires l’un à l’autre et prennent tous les deux naissance au Ballon de Giromagny ; le plus considérable fait partie de la chaîne qui borde la Vallée du Rhin. Il a pour axe principal une ligne N.-N.-E. fait avec le méridien un angle de 27° ; l’axe du second, dirigé du S.-E. au N.-O., fait avec le méridien un angle de 63°. Au point de rencontre de ces deux systèmes, il existe plusieurs autres petites ramifications qui divergent dans tous les sens. Dans le premier le versant de l’est est beaucoup plus escarpé que celui de l’ouest, dans le second c’est le versant nord, celui que longe la Moselle. Dans les deux systèmes les montagnes ont des formes arrondies, les vallées sont profondes, mais assez larges ; elles commencent presque toutes par un cirque très vaste, mais toujours bordé de rochers escarpés. Le fond de ces vallées s’abaisse jusqu’à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer, et à 1000 mètres par conséquent au-dessous des sommets les plus élevés.

1° La roche dominante dans la portion de pays dont je viens de donner les limites et les principaux caractères, est un granite composé de quarz, feldspath et mica à peu près également disséminés. Le feldspath se présente souvent en cristaux bien déterminés, les grains de quarz diminuent de grosseur et l’on a un granite porphyroïde plus ou moins bien caractérisé ; quelquefois la quantité de mica diminue, le quarz et le feldspath se présentent alors en gros grains ou cristaux imparfaits, et l’on a un granite à gros grains, qui passe au pegmatite (le Valtin, montagnes de Retournemer, etc.) ; d’autres fois le quarz devient sableux, le feldspath grenu et le granite passe au leptinite (sommets de Thanet, environs de Gérardmer) ; enfin le quarz diminue, le mica devient plus abondant, et le granite passe au gneiss. Parmi toutes ces variétés, c’est le granite prophyroïde qui se décompose le plus facilement ; il en résulte des sables granitiques, contenant une grande quantité de cristaux de feldspath, que l’on trouve au pied des escarpemens formés par cette roche. Ces sables sont surtout très abondans aux environs de Plombières.

Sur plusieurs points, et particulièrement dans la commune du Tholy, le granite contient une grande quantité de fragmens de gneiss dont plusieurs sont arrondis, ce qui annonce qu’ils oqt été roulés avant que d’être empâtés dans la masse granitique ; on y remarque aussi quelques fragmens de micaschiste et d’autres roches schisteuses. C’est surtout dans les blocs erratiques, que l’on trouve presque partout, que ce phénomène est le plus apparent. J’ai dessiné un de ces blocs remplis de fragmens arrondis de gneiss et de roches schisteuses, dont quelques uns ont près de o m. 3 de diamètre ; on les sépare très facilement avec le marteau, et on remarque alors qu’il existe une solution de continuité bien tranchée entre eux et la masse granitique qui les renferme. Ce fait curieux est entièrement nouveau.

2° Le gneiss existe sur les limites nord et ouest de la formation du granite sur laquelle il repose. Cette roche se montre par lambeaux recouvrant le granite le long des vallées de la Moselle, de la Valogne et de celle du ruisseau de Fraise. Elle constitue les montagnes de Ste-Marie-aux-Mines, s’étend jusqu’au Bonhomme, du côté du sud et à St.-Dié du côté de l’ouest. A Ste. Marie c’est un gneiss très micacé, dont la stratification, quoique tourmentée, est très évidente, à Granges, Corcieux, Fraise, etc., c’est un gneiss quarzeux à mica blanc ou gris dont la stratification n’est pas toujours bien prononcée ; cette variété pourrait bien être une modification du granite.

3° La formation granitique est traversée, du S.-O. au N.-E., suivant une ligne droite qui fait avec le méridien un angle de 45°, et de 18°, par conséquent, avec celle de la chaîne principale, par une bande ou gros filon de granite porphyroïde amphiboleux, d’une couleur grise très marquée, à gros cristaux de feldspath blanc. Ce filon a 6800 mètres de large, et s’étend depuis la vallée de Cornimont jusque sur les hauteurs qui dominent celles de la Bresse au nord. Sa longueur est au moins de 34,000 mètres depuis le Thillot dans la vallée de la Moselle, jusqu’au Valtin dans celle de la Meurthe. Le plus souvent, l’amphibole, accompagné de micé noir en très petites lames, n’est qu’accidentel dans cette roche ; mais quelquefois ce minéral devient très abondant ; j’ai même vu le mica disparaître complètement et le granite devenir une véritable syénite, mais qui diffère de celles dont je vais parler en ce que le feldspath n’est jamais rose.

Les alluvions et les cultures m’ont empêché de suivre cette bande de granite amphiboleux d’une manière continue ; mais je l’ai trouvée sur un grand nombre de points, depuis la vallée de la Moselle jusqu’à celle de la Meurthe dans la direction que j’ai indiquée. C’est dans les montagnes depuis la Bresse jusqu’au Thillot qu’elle se montre le mieux au jour et que l’on peut plus facilement l’observer. De toutes parts elle est limitée par le granite commun dont elle est parfaitement distincte, et avec lequel elle ne parait point du tout se lier. Je n’ai trouvé aucune trace de gneiss ou de roche gneissique dans le voisinage du granite amphiboleux, et je suis porté à croire qu’il n’en existe point.

Le granite porphyroïde amphiboleux est enclavé dans la grande masse granitique ; cependant je le crois plus ancien que cette masse ; car il ne renferme point de fragmens de gneiss ni de roches schisteuses.

4° La masse principale des ballons d’Alsace et de Servance, plusieurs montagnes du Bonhomme, et principalement celles qui avoisinent le col par où l’on passe pour aller de ce village à Ste-Marie-aux-Mines, sont formées par une syénite prophyroïde à cristaux de feldspath rose, dans laquelle l’amphibole n’est pas toujours très abondant, surtout au ballon d’Alsace.

Cette syénite, comme les granites dont nous venons de parler, se présente en grosses masses non stratifiées, mais coupées par une infinité de fissures qui les traversent dans toutes les directions. Les montagnes qu’elle constitue sont les plus élevées de la chaîne des Vosges : le ballon d’Alsace atteint 1253 mètres au-dessus du niveau de la mer.

5° Dans le fond des vallées, et jusqu’à une certaine hauteur seulement le long des flancs des montagnes, mais jamais vers le sommet, surtout quand elles sont un peu élevées comme sur la crête principale, les quatre roches dont nous venons de parler sont traversées par des filons plus ou moins puissans d’Eurites porphyroïdes grises, rouges et brunes, devenant granitoïdes par la présence de quelques paillettes de mica ; d’Eurites compactes de différentes couleurs, et dont quelques unes sont presque blanches ; de porphyres roses quarzifières contenant des cristaux de décaèdres imparfaits de quarz hyalin, de porphyres noirs amphyboliques avec cristaux de feldspath blanc, qui parrainent intimement liés aux eurites, dont ils ne sont probablement qu’une modification ; car les variétés porphyroïde et granitoïde contiennent toujours une certaine quantité d’amphibole en cristaux ou en petites lames, disséminée dans la masse. À mesure que cette substance augmente, la roche prend une couleur de plus en plus foncée ; quand elle vient à dominer, on a un porphyre noir (mélaphyre). C’est dans les environs de Gérardmer, le long du cours de la Valogne ; dans la vallée de Banc-sur-Meurthe, à une lieue plus au N.-E. que l’on peut le mieux observer le passage des eurites aux porphyres noirs qui sont très abondans dans ces localités. Des Diorites compactes et granitoïdes, des Hémitrènes et des Trapps en filons ou en masses subordonnées dans la formation granitique. comme les Eurites, accompagnent ces roches, surtout dans le voisinage des syénites à feldspath rose, aux environs de Sainte-Marie, ballon d’Alsace, etc. Enfin des leptinites, des pegmatites granulaires et des hyalomictes avec cristaux de tourmaline, forment aussi des filons ou des masses subordonnées dans cette même formation.

Un fait digne de remarque, c’est que les eurites et les porphyres, ainsi que les roches qui les renferment, ont souvent éprouvé une décomposition plus ou moins complète dans le voisinage des surfaces de contact, décomposition qui s’étend quelquefois à plus d’un mètre de distance dans les deux roches.

Quand on étudie avec détail les eurites, les porphyres, les diorites, etc., on voit qu’ils forment une infinité de veines se ramifiant dans les quatre roches principales (granite, granite amphiboleux, gneiss et syénite) suivant toutes les directions ; mais quand on examine les masses, les gros filons, qui ont jusqu’à vingt mètres de puissance, on remarque qu’ils suivent une direction à très peu près perpendiculaire à l’axe de la chaîne, et qu’ils s’amincissent à mesure qu’ils s’éloignent de la crête. J’en ai observé plusieurs dont les directions faisaient avec le méridien des angles de 70° et 74°. C’est sur les flancs et au pied des hautes montagnes que ces roches sont le plus abondantes ; les vallées qui divergent des ballons d’Alsace et de Servance en sont remplies, dans celle de la Moselle elles forment toutes les collines et les montagnes jusqu’à une certaine hauteur, depuis une demi-lieue en avant de Saint-Maurice jusqu’aux sources de la Moselle. En montant au ballon par la route de Belfort, on rencontre, jusqu’à moitié de la hauteur, plusieurs variétés d’eurites associées à des diorites et des hémithrènes ; ces roches sont les mêmes que celles que l’on trouve dans toute la formation granitique ; elles sortent ici du milieu de la syénite qui compose la masse des deux ballons ; mais elles ne se montrent plus, une fois qu’on est parvenu à une certaine hauteur le long des flancs de ces montagnes.

Dans les montagnes qui bordent la route de Bussang la Thann en voit les trapps associés aux eurites, et de telle manière qu’on est obligé d’admettre que toutes ces roches ont été formées ensemble. Ici, le trapp, ou Aphanite, passe au schiste argileux, et dans les environs de la fontaine d’eau minérale, des masses de cette roche offrent une stratification bien marquée, tandis qu’un peu plus loin elle se présente en grosses masses comme les eurites et les porphyres. Ce fait prouve quelle grande faute commettent ceux qui veulent ranger les masses minérales dans deux grandes classes, suivant qu’elles sont stratifiées ou non.

C’est sur le versant sud de la vallée de la Moselle, entre Saint-Maurice et les sources de cette rivière, que les eurites et les roches qui leur sont associées existent en plus grande quantité ; du côté nord, elles ne se montrent que jusqu’à une certaine élévation ; ensuite on trouve le granite commun qui s’étend jusqu’à la vallée de Cornimont, où commence le granite amphiboleux.

Les filons d’eurite et ceux de porphyre quarzifère, renferment quelquefois des substances métalliques, galène, cuivre pyriteux, fer oligiste, manganèse. Ces roches accompagnent les filons de galène argentifère que l’on exploite dans le gneiss à La Croix et à Sainte-Marie-aux-Mines. Ceux de La Croix-aux-Mines sont renfermés dans le porphyre quarzifère. Au Chipal à Laveline devant Saint-Dié, au sud de Sainte-Marie, il existe dans le gneiss des amas d’un calcaire lamellaire blanc renfermant du talc et de la serpentine ; c’est cette roche qui fournit le marbre blanc d’Épinal. Dans le voisinage de ces amas, j’ai toujours vu des filons d’eurite ou de porphyre brun. À la grande carrière du Chipal, le porphyre touche le calcaire sur une assez grande étendue, et celui-ci n’a éprouvé aucune espèce d’altération. La cristallisation du calcaire pourrait bien être due à la présence du porphyre.

6° Des masses d’Ophiolites, contenant une grande quantité de fer, se montrent au milieu des granites, des gneiss et des syénites, sur un grand nombre de points (montagnes du Bonhomme, près de la ferme Bresson, au Col de Sainte-Marie, Géradmer, Éloies, Remiremont, Champdray, etc.) Ces ophiolites forment des monticules isolés qui ne sont jamais recouverts par aucune roche, dont les cultures et les alluvions, qui existent toujours au pied, empêchent de voir les rapports avec les roches environnantes ; mais il est cependant de toute évidence qu’elles sont sorties du milieu du granite, à Géradmer, à Champdray, etc., et du gneiss à Éloies. À Champdray, la masse ophiolitique est très alongée dans le sens de l’E. à l’O. : sa direction fait avec le méridien un angle de 126°, et par conséquent de 40 à 45° avec celle des filons d’eurite.

Chaque masse ophiolitique est coupée par une infinité de fissures qui la divisent en fragmens quadrangulaires plus ou moins irréguliers. On voit souvent à la surface des roches ferrugineuses une infinité de grains saillans assez semblables, pour la forme, à ceux des variolites ; ils paraissent composés en grande partie de magnésie et de fer. Les ophiolites ne sont jamais recouvertes que par les alluvions ; elles sont beaucoup en saillie au-dessus du sol, et tout annonce qu’elles appartiennent à une époque plus nouvelle que les eurites et les porphyres.

Telles sont les roches qui entrent dans la composition de la grande masse primordiale de la chaîne des Vosges. Nous allons maintenant examiner celles qui les recouvrent.

7° Dans la vallée du Val d’Ajol, aux environs de Bruyères, tout le long de la vallée où sont bâtis les villages de Lubine, Colroy, Provanchères, etc., on voit reposer immédiatement sur le granite un sable plus ou moins marneux, ou un grès rouge renfermant de nombreux fragmens de roches anciennes, granite, gneiss, micaschiste, au milieu duquel on trouve des argilolites et des argilophyres qui ne paraissent être que des eurites décomposées, accompagnées de roches amygdaloïdes (spilites) d’une couleur brune qui se trouvent toujours à la partie inférieure (Colroy, route de Salles à Provanchères.) Cette formation est celle du todtliegende au grès rouge des houilles. Depuis Colroy jusqu’à Lubine, on voit au-dessous le terrain houiller qui repose transgressivement sur le gneiss. A Provanchères, le todtliegende prend un développement considérable : il se compose d’un grès rouge ou brun à gros grains, en couches à peu près horizontales, au milieu desquelles on trouve des argilolites blanchâtres ; il est recouvert par le grès vosgien, auquel il paraît passer insensiblement. À Lubine il existe des eurites compactes, brunes dans leurs parties supérieures ; dans les environs de Bruyères, le todtliegende est représenté par un sable rouge contenant des couches de dolomies, des argilolites et quelques masses d’Anagénites. À la montagne de l’Avison, on voit cette formation, avec ses dolomies et ses fragmens de roches primitives, passer au grès vosgien, qui la recouvre, d’une manière insensible.

Au Val d’Ajol, les parties inférieures du todtliegende, formées presque entièrement d’argilolite et d’argilophyre, renferment une immense quantité de troncs et de grosses branches d’arbres passés à l’état siliceux ; il y a aussi des roches amygdaloïdes.

8° Sur beaucoup de points de la formation granitique, on trouve les rudimens de celle du grès rouge ; quand celle-ci est recouverte ; c’est toujours par le grès vosgien, qui prend ensuite un développement considérable. On sait que ce grès est accompagné de couches de poudingue, dont les matériaux proviennent de la destruction du terrain de transition.

Dans le nord de la chaîne des Vosges, la formation du grès vosgien constitue de grandes masses, de grandes étendues de pays en sont couvertes ; mais dans la région granitique il n’en reste plus que des lambeaux. On trouve, çà et là, des montagnes (le Neymont, la Molure près Granges, plusieurs sommets autour de Tendon), dont la base est granitique et le reste de grès vosgien. Ce sont des témoins qui attestent la présence du grès sur une grande partie de la surface des roches anciennes, mais ceci n’a lieu que sur les flancs de la chaîne ; vers la crête on n’en trouve point du tout.

9° Le grès vosgien est recouvert par le grès bigarré et en stratification discordante, à ce qu’il paraît, sur plusieurs points. Dans le grès bigarré on trouve des coquilles marines, et une infinité de débris de végétaux, feuilles et petites branches, mais point d’arbres ; il y a surtout une grande quantité de fougères. Après la formation du grès bigarré vient celle du Muschelkalk ; mais nous ne nous en occupons point ; toutes les formations secondaires des Vosges ayant été parfaitement décrites par M. de Beaumont.

10° Dans plusieurs des vallées du terrain granitique, il existe une grande alluvion qui part de la crête de la chaîne, et qui va se rattacher à celle des plaines d’Alsace et de Lorraine dont je me suis déjà occupé en 1829. Dans le voisinage de la crête, et jusqu’à une certaine distance, cette alluvion est presque entièrement composée de gros blocs, de granite et d’eurites, avec très peu de sables interposés entre eux ; plus loin elle renferme beaucoup de cailloux du grès vosgien, ainsi que de puissantes couches de sables et de marne. C’est elle qui forme la plupart des monticules qui se trouvent dans le fond des grandes vallées, comme celle qui s’étend depuis Retournemer jusqu’à la Moselle. On voit que la grosseur des fragmens de roches primordiales diminue à mesure que l’on s’éloigne de la crête. La puissance de cette formation atteint son maximum vers le Thalweg des vallées, et elle va en diminuant vers les versans ; à Gérardmer cette puissance dépasse 10 mètres, ce dont j’ai pu m’assurer par des puits creusés au milieu de ce village. Sur les flancs de la chaîne, les montagnes de grès vosgien sont couvertes de blocs erratiques de granite, gneiss, eurites, etc., qui appartiennent à cette époque.

11° Presque partout, la formation diluvienne est recouverte par une couche de tourbe qui a souvent plus de 2 mètres de puissance, et qui fournit un excellent combustible. Cette tourbe renferme une grande quantité de racines et de troncs de sapins, les mêmes que ceux qui vivent encore dans le voisinage, et ont à peine éprouvé un commencement de carbonisation.

La formation de cette tourbe se continue encore : tout-à-fait à la surface, on trouve sous les mousses, les lichens et les graminées vivans qui composent la végétation du sol, une couche de ces mêmes végétaux morts, mais point encore décomposés ; au-dessous, la décomposition est en pleine activité ; un peu plus bas elle est très avancée ; enfin on arrive ainsi par degrés insensibles à la tourbe la plus compacte, celle que l’on exploite pour brûler, et cela a lieu partout. Mais ce qu’il y a de bien remarquable, c’est que la tourbe dont je parle s’est formée et se forme encore aujourd’hui sur toute la surface des Vosges, non seulement dans le fond et sur les flancs des vallées, mais encore sur les sommets des montagnes même les plus élevées, que la couche de tourbe recouvre en manteau. Sur les sommets de Thanet, qui appartiennent à la crête, elle a plus de 2 mètres de puissance ; il en est de même sur ceux du Fény, près de Gérardmer, qui sont la plus de 1000 mètres au-dessus du niveau de la mer. C’est une véritable formation géognostique ; si maintenant une nouvelle alluvion venait recouvrir la surface des Vosges, on aurait une masse de charbon entre deux couches arénacées, de même que dans les houillères des terrains anciens.

12° Sur un grand nombre de points des Vosges et souvent très près des sommets, il existe des lacs profonds et assez étendus gisant dans le fond d’un entonnoir, qui ressemble tout-à-fait à un cratère, mais autour duquel on ne trouve aucune trace de roches volcaniques. Les parois de ces entonnoirs sont formés par des granites ou des syénites (lac blanc, lac noir, lac vert, lac de Retournemer), il y a toujours une coupure plus ou moins profonde par laquelle le trop-plein du lac s’échappe ; mais on ne voit presque jamais des fissures et des vallées diverger de ces entonnoirs, comme cela a lieu dans les cirques que M. de Buch appelle cratères de soulèvement. Quelques uns des lacs des Vosges gisent dans le fond des vallées comme ceux de Gérardmer et de Longemer ; mais ils sont toujours dominés par des montagnes très élevées. Les deux que je viens de citer sont les plus considérables de la contrée ; le premier, situé à 666 mètres au-dessus du niveau de la mer, à 35 mètres de profondeur ; le second est à 746 mètres ; l est un peu moins considérable, et sa plus grande profondeur n’est que de 30 mètres. J’ai pris la température du fond de ces lacs plusieurs fois, depuis le mois d’avril jusqu’au mois de novembre, et je l’ai constamment trouvée de 5°75 centigrades, dans les deux, quoiqu’ils ne communiquent point du tout l’un avec l’autre.

13° Enfin, il existe sur la route de Granges, dans la vallée de la Valogne, à une lieue de Gérardmer, une glacière naturelle qui avait encore de la glace au mois de juillet dernier, quoiqu’elle ne fût élevée que de 600 mètres au-dessus du niveau de la mer, exposée directement aux rayons du soleil cependant la moitié du jour, et que le trou dans lequel la glace se conserve, n’eut que deux mètres de profondeur. Cette glacière est une cavité de 3 mètres de large sur 1 mètre 5 de haut, dans laquelle on entre par une ouverture assez étroite. Elle est située au milieu d’un éboulement de blocs granitiques qui en forment les parois et la voûte. Des courans d’air froids viennent de l’intérieur de la masse éboulée et se répandent dans la glacière. ce dont je me suis assuré en suspendant des plumes à plusieurs ouvertures qui sont dans le fond et sur les parois latérales. Ces courans doivent être le résultat de l’évaporation de l’eau, au milieu des blocs éboulés, dont la surface est échauffée par les rayons du soleil.

J’ai mesuré plusieurs fois la température de cette glacière et voici ce que j’ai trouvé : le 8 juillet, à trois heures du soir dehors, le thermomètre à l’air libre donnait 20° 75, suspendu dans la caverne 1° 75, sur le sol 1° 25, dans la glace 0°. Le 24 septembre il n’y avait plus de glace dans la caverne, à l’air libre et à l’ombre, le thermomètre marquait 16° 75, et placé sur le sol de la glacière 3° 75. Ainsi il y avait une différence de 13° pour 2 mètres seulement de profondeur.

Le 25 octobre, après dix jours de gelée très intense, je retournai à la glacière, il n’y avait pas encore un atome de glace dedans, le thermomètre à l’air libre marquait 2° 75, et o° par le sol de la caverne ; ces faits prouvent que la glace qui s’y trouvait encore au mois de juillet était le résultat et non la cause de l’abaissement de température.

Je ne veux point entrer ici dans de plus grands détails sur la constitution géognostique des Vosges, mais je vais en déduire plusieurs conséquences qui résultent de l’ensemble des faits exposés dans cette notice.


Conclusions.


1° Le gneiss est la première roche qui se soit solidifiée dans la région primordiale de la chaîne des Vosges.

2° Cette roche couvrait la surface du sol lors de l’éruption de la masse granitique qui, à l’état fluide, s’est fait jour au milieu d’elle, l’a brisée, détruite en partie, et a emporté un grand nombre de ses débris, qui ont souvent été roulés pendant long-temps. Cette éruption du granite a formé les premières inégalités de la surface, du sol, qui étaient alors beaucoup moins considérables qu’aujourd’hui. Les granites amphiboleux et les syénites doivent avoir paru à la même époque et de la même manière, ou, tout au moins, à une époque très rapprochée.

3° L’éruption de roches granitiques était entièrement terminée, et ses produits avaient pris toute la consistance qu’ils ont aujourd’hui, lorsque les eurites, les porphyres de toutes les espèces, les diorites et les trapps, lancés de bas en haut par les forces intérieures, ont soulevé la masse granitique dont ils ont porté plusieurs parties à une grande élévation, en crevassant les flancs des montagnes qu’ils formaient, parce que là se trouvaient les points de moindre résistance ; ils se sont répandus ensuite en filons et en veines, suivant toutes les ramifications de crevasses que leur éruption avait déterminées. L’effort principal ayant eu lieu suivant la crête de la chaîne, où se trouvent les cimes les plus élevées, les crevasses ont dû prendre une direction à très peu près perpendiculaire à la direction de cette crête, et c’est précisément de cette manière que sont disposés les gros filons d’eurites et de porphyres.

Le ballon d’Alsace me paraît être le centre principal du soulèvement ; c’est là que les deux systèmes de montagnes se croisent, et de ce même point partent plusieurs rameaux, plus ou moins étendus, qui divergent dans tous les sens ; au pied de cette montagne on trouve de grandes masses d’eurites, de porphyres, de diorites et de trapps absolument les mêmes que ceux qui se présentent en filons et en veines dans les autres localités que nous avons citées. Cette masse de roches euritiques et porphyroïdes doit former le noyau, l’axe géognostique de la chaîne, et les portions qu’on trouve au pied et sur les flancs ne sont que ses productions L’éruption des eurites et des porphyres est postérieure au dépôt du terrain de transition, puisque ces roches se rencontrent également en filons, dans celles de cette époque, qui recouvrent le granite sur plusieurs points de la chaîne ; mais elle est antérieure à celui du grès vosgien et du todtliegende, puisqu’elles ne se montrent point dans ces deux formations.

4° Une grande partie de la Région vosgienne, dont nous nous occupons avait été élevée au-dessus de la surface des mers, par l’éruption des roches porphyroïdes, de vastes forêts s’en étaient emparées, et déjà leurs débris, mêlés aux alluvions du sol, avaient formé ces petits dépôts houillers qui existent dans plusieurs vallées, lorsque des roches amygdalaires (les spilites) ont fait éruption à peu près comme les porphyres. À cette époque la commotion a été terrible, le terrain de transition presque entièrement détruit, les arbres des forêts qu’il supportait ont été renversés et les troncs enfouis au milieu des premières roches qui se sont déposées, le todtliegende. Les petites branches des arbres et les fougères qui croissaient à leur pied, moins bien fixées au sol que les troncs et beaucoup plus légères, sont montées à la surface du liquide, où elles ont surnagé.

Avec les spilites sont sorties du sein de la terre des eaux acides qui, en enlevant la potasse aux masses euritiques, ont formé les argilolites et les argilophyres du toldtliegende.

Cette formation était à peu près terminée, lorsqu’à eu lieu la grande destruction du terrain de transition et le dépôt du grès vosgien, dans lequel on trouve une immense quantité de cailloux roulés, provenant des roches de transition. Les débris, doués d’une grande quantité de mouvement, détruisaient en les broyant tous les végétaux qui se trouvaient au milieu d’eux, et voilà pourquoi le grès vosgien en est presque entièrement dépourvu, tandis qu’ils sont si abondans dans le todtliegende, et le grès bigarré.

Quand les grandes commotions ont été terminées, la masse liquide où se déposait le grès vosgien, et dans la partie supérieure de laquelle se trouvaient les marnes, les sables fins, les petites branches des arbres et les fougères, a passé progressivement d’un état de mouvement violent à un état de repos plus ou moins parfait, et alors les couches du grès bigarré se sont formées, en enfermant dans leur intérieur les débris de végétaux qui nageaient dans le liquide au milieu duquel elles se déposaient, et les animaux qui y vivaient.

5° L’éruption des ophiolites me paraît être plus moderne que celle des roches dont nous venons de parler. L’absence presque complète de blocs ophiolitiques dans le terrain diluvien, me la ferait rapporter à cette époque géognostique ; mais ces ophiolites étant exactement les mêmes que celles que l’on trouve dans plusieurs autres parties de la France, en Italie, etc., et dont la formation, quoique très moderne, paraît être antérieure à celle du terrain diluvien, je pense qu’il doit en être de même pour celles des Vosges, et que la cause qui les a produites est la même qui a redressé le Muschelkalk et les autres groupes secondaires.

6° Il existe dans les Vosges des roches basaltiques, à Gunders-Hoffen et à Riquewihr, qui doivent appartenir à la même époque d’éruption que les dolérites et les autres roches volcaniques du Kaiser-Stuhl.

C’est, suivant moi, la dernière grande catastrophe qui ait influé sur le relief des Vosges. À cette époque des torrens d’eau acide sont sortis du centre des montagnes, et, entraînant leurs débris, ont formé la grande alluvion de blocs erratiques dont nous avons parlé ; c’est alors que la formation du grès vosgien a été presque entièrement détruite dans la région granitique des Vosges, où il ne reste plus que quelques montagnes isolées pour attester son ancienne existence. Les débris de ce grès se trouvent maintenant former presque à eux seuls, le terrain diluvien qui existe au pied des montagnes des deux côtés de la chaîne des Vosges ; il y en a aussi de mêlés aux blocs granitiques.

9° Cette immense masse de tourbe dont nous avons parlé (n. 11), ne s’est point formée et ne se forme point dans des mares ou des lacs. Chaque hiver, les neiges qui tombent sur les montagnes, aidées par les variations de température, font périr les végétaux, mousses et lichens, qui couvrent le sols Au printemps, une nouvelle végétation s’établit ; elle périt l’hiver suivant, et ainsi de suite. De là, une série de couches de matière inerte, soumises aux lois des décompositions chimiques qui les transforment en tourbe les unes après les autres. En supposant que l’épaisseur moyenne d’une couche annuelle soit de 0 m 0005, celle de la masse de tourbe étant à peu près de 3 mètres, il en résulterait que le commencement de cette formation ne remonte pas au-delà de six mille ans.

En résumant ce que je viens d’exposer dans cette seconde partie, on voit que j’ai reconnu dans la région granitique de la chaîne des Vosges, cinq époques de soulèvement correspondantes à autant d’éruptions de roches ignées : les granites et syénites, les eurites porphyres et diorites, les spilites, les ophiolites, enfin, les basaltes et dolérites,

On lit un Mémoire de M. Riepl, professeur à l’Institut polytechnique de Vienne, intitulé Mémoire sur les dépôts des Alpes autrichiennes.

Dans les Alpes, peu de dépôts métallifères sont comparables, relativement à leur âge ancien, avec les gites aurifères. Comme l’or s’y trouve quelquefois dans d’autres formations que celles qui le recèlent ordinairement, et qu’il s’y présente dans des rapports géologiques tout-à-fait différens, il semble nécessaire d’admettre dans les Alpes plusieurs dépôts aurifères indépendants les uns des autres. La formation aurifère s’y offre sous la forme de filons et de couches dans les roches primaires ou très anciennes, ou bien l’or se trouve disséminé dans des alluvions.

Filons aurifères. Les filons aurifères existent surtout dans les parties les plus anciennes du sol primaire, et particulièrement dans les roches très feldspathiques, telles que le granite et le gneiss, ainsi que les variétés très cristallines de micaschiste alternant ou associées avec les roches précédentes.

Il est remarquable que, dans tous les districts aurifères examinés jusqu’ici avec soin, les filons ont, en général, une même direction, et ne présentent que très rarement des inclinaisons opposées. Ce parallélisme de gisement, produit probablement par quelque grande opération naturelle, a conduit souvent à des conclusions fausses relativement à la nature des gisemens.

L’existence véritable de ces masses minérales en filons est démontrée par plusieurs faits. D’abord l’on peut souvent les voir couper distinctement la direction des couches qui les renferment, et ces masses présentent assez fréquemment des salbandes distinctes, qui sont alors le plus souvent polies, ou garnies de stries fines ou de cannelures ; ensuite les débris des roches voisines sont intimement mêlées à la gangue. De plus, dans beaucoup de cas, ces filons se divisent et se prolongent, sur un certain espace, sous la forme de fentes parallèles pour se réunir plus tard, de manière que, vu la masse des rochers stériles, le dépôt a l’air d’occuper une grande épaisseur. On peut ajouter encore que les ramifications des filons et leurs branches accessoires offrent assez souvent des inclinaisons opposées ; enfin la composition minéralogique variée de ces gites leur donne bien les caractères de filons, et même de dépôts très anciens.

La gangue est composée de quarz, de feldspath, de mica, de spath calcaire, de chaux carbonatée magnésifère, d’or, de galène, d’antimoine sulfuré, de fer sulfuré, de pyrite cuivreuse et arsénicale, de blende et de fer spathique. Les raretés de ce dépôt sont le fluore et le luzulite dans certains filons. Chaque filon ne présente pas toutes ces substances diverses, ni la même quantité relative de chacune d’elles.

Le quarz se trouve dans tous les filons, et forme souvent à lui seul la gangue sur de grandes étendues : c’est la gangue la plus commune. Le spath calcaire est abondant, sans se trouver partout, et est mêlé avec le quarz seul ou avec divers minerais.

La chaux carbonatée magnésifère et le fer spathique ne se montrent que dans quelques filons, comme, par exemple, dans ceux de Rauris, et surtout avec des parties métallifères. Le mica et le feldspath ne sont que des accidens locaux de la gangue. Lorsqu’ils sont présens, le filon quarzifère ordinaire disparaît souvent tout-à-fait, et la gangue présente alternativement une structure grenue et feuilletée. Dans ce cas, on ne distingue presque pas la gangue d’avec le mur et le toit ; alors, le plus souvent, la gangue n’est vraiment pas autre chose que la roche contenant le filon. Dans ces endroits le filon métallifère s’amincit prodigieusement, ou ne se prolonge qu’en petites fentes parallèles isolées, ou même ces dernières disparaissent, et la gangue est intimement liée à la roche voisine, tandis qu’ailleurs la gangue, composée principalement de quarz, offre, du côté du mur et du toit, des salbandes distinctes. On pourrait presque être porté à regarder le feldspath et le mica de ces filons plutôt comme des débris de roches voisines, ou comme une masse de ces dernières traversées de fente, que comme un produit contemporain et caractéristique de la formation des filons aurifères. En effet, dans beaucoup de points des filons semblables de Rauris et de Gastein, la roche feldspathique qui les contient se présente souvent sous la forme d’amas, de fragmens et de masses feuilletées ; ces dernières ont fréquemment un contour angulaire, et sont intimement liées avec la gangue quarzeuse des filons, ou même, plus souvent, sont traversés ou bien entourés par elle ou par des petits filons métallifères.

Dans les endroits où ces parties de la roche sont ainsi isolées des filons quarzifères et métallifères par plusieurs filets, les filons atteignent souvent une puissance de 3 toises et au-delà, tandis qu’ailleurs les fentes n’ont guère que 3 pieds ou au-dessous. Presque toujours l’or est invisible ou disséminé en très fines lamelles, et il existe probablement dans tous les filons, mais seulement en très petite quantité.

Les autres minerais sont ordinairement en grains fins ou à structure grenue fine ; ils sont mélangés ou isolés dans la gangue ; plus rarement ils forment des petites masses à structure lamelleuse, ou même des portions compactes. Le fer sulfuré et la pyrite arsénicale sont les plus fréquens, et occupent le plus d’étendue ; ensuite viennent la galène et la pyrite cuivreuse, et les substances les plus rares et les plus isolées sont la blende et l’antimoine sulfuré. La gangue ne donne de l’argent que lorsqu’elle contient de la galène, de la pyrite arsenicale et de l’antimoine.

Tous ces minerais sont surtout associés avec le quarz, et disparaissent presque entièrement lorsque la roche très feldspathique devient prédominante. Dans un bon nombre de cas, comme à Rauris et Gastein, la gangue des filons est assez riche pour être exploitée sur une étendue de plus de 100 toises en longueur, et plus de 10 toises en profondeur. Il faut remarquer sur la composition de cette formation aurifère que plusieurs des minerais de ces filons ont manqué, en particulier dans quelques filons abandonnés, comme dans la Carinthie supérieure, tandis que l’or, le fer sulfuré et la pyrite arsenicale ont toujours été présens. La prédominance de quelques uns des minerais accompagnant l’or, par exemple, celle de la pyrite cuivreuse, du cuivre argentifère, ou de la galène a donné au dépôt un autre caractère, surtout par rapport à sa richesse exploitable. Cette formation de l’or en filons a été surtout utilisée dans la partie de la chaîne toute primaire des Tauern qui s’étend entre le Salzbourg et la Carinthie supérieure, depuis les frontières du Tyrol jusqu’à celles de la Styrie. Les parties exploitées les plus importantes et les plus connues sont dans la Carinthie supérieure, et en particulier dans les environs de Grosskircheim, savoir, près de Pesterzen ; dans la vallée de Guthal, dans celle de Gossnitz, dans la grande et petite vallée de Fleissner, au Goldzeche dans le Sceleithein, et dans la grande et petite vallée de Zirknitz, savoir à Eizberg, au Mitterberg, au Waschgang des monts Kleidnergebirge. Ou doit mentionner ensuite 1o la vallée inférieure de Mollthal, savoir, les vallons de Lobetsch, de Lamitz, et le Druchlerthal ; 2o la vallée de la Drave, savoir, au Graugraben, dans la vallée de Nikolai ; près de Lengholz, dans la contrée de Seflitz, de Drassnitz et de Goppitz ; à Irrschen, et près de Weisach ; 3o dans la Carinthie inférieure, dans la vallée de Lavant, près de Saint Leonhard ; 4o dans le Salzbourg, dans les monts Rathhausberg ; au Schlabereben ; au Kolbenkaar, dans le Filzen ; au mont Hohengoldberg, dans la grande et petite Zirklitz ; au Sommerblick, au Hohennarren, dans le Seidelwinkel, dans le Hirschbach, etc., enfin dans le pays de Lungau.

L’or disséminé dans des couches. L’or disséminé dans des couches est un accident moins fréquent au milieu des anciens membres de la formation des roches schisto-argileuses (Thonschiefer), masses qui passent inférieurement, contre la chaîne de Tauern, au talcschiste et micaschiste, tandis que, supérieurement, elles offrent un passage insensible au schiste intermédiaire le plus incontestable. La composition de ces couches ou amas est très simple, et les masses aurifères se trouvent en partie entre les feuillets et les couches du schiste, en partie dans des filets et de petits lits d’un quarz gris bleuâtre. Les minerais aurifères s’y montrent sous la forme d’enduits très minces, ou quelquefois en grains visibles ou en cristaux. Le quarz blanc n’est jamais aussi aurifère que la variété grisâtre.

Zell, dans la vallée du Zillerthaul en Tyrol, est jusqu’ici le seul lieu où l’on ait exploité ce dépôt, à moins qu’on ne doive y annexer aussi quelques gîtes aurifères de la formation du Thonschiefer de la Carinthie supérieure. À Zell il y a plusieurs de ces bancs aurifères dont le quarz forme la masse principale ; ils sont parallèles les uns aux autres, et ont de quelques pouces à une toise et au-delà de puissance. Dans ce dernier cas, on compte aussi, comme faisant partie du banc exploitable, le schiste qui sépare les bancs, parce qu’il est plus ou moins aurifère près du quarz aurifère. Quelquefois le quarz est très décomposé, fendillé, et alors, en général, rouge, ce qui se voit bien surtout dans des lieux où il y a de grandes failles, et oà des masses ont été fortement écrasées.

L’altération du quarz paraît aussi accélérée par la décomposition du fer sulfuré qui y est disséminé en parties très fines et qui est exposé au contact des eaux.

Ces bancs métallifères contiennent, outre l’or, du fer sulfuré, de la pyrite arsenicale, du quarz, du schiste, et très rarement un peu de galène.

En comparant ce dépôt en bancs au milieu du Thonschiefer, sur la limite du sol primaire et intermédiaire, avec les filons aurifères des masses primaires très feldspathiques, on ne peut s’empêcher de remarquer que les matières remplissant les vides de la gangue des filons, se trouvent à l’ordinaire en bancs dans des masses voisines du toit ou du mur des filons. Ainsi l’on obtient un indice précieux pour deviner le mode pour lequel la gangue a été imprégnée de minerais, les forces qui ont produit ce déplacement, et la voie qu’a dû suivre et que suit peut-être encore ce transport. Il est dans l’essence des progrès toujours croissans de l’expérience et de la géologie, que les observations les plus récentes changent et détruisent les plus anciennes ; dans ce cas paraît être la théorie célèbre du remplissage des filons par en haut ; car, comment cette théorie peut-elle s’adapter aux circonstances particulières des gisemens aurifères que nous venons d’indiquer brièvement ?

Or alluvial. L’or se trouve dans les alluvions de beaucoup de rivières des Alpes. Parmi les lavages aurifères les plus connus, on peut citer ceux exécutés à diverses époques sur le Danube, l’Ens, la Mur, la Drave, la Salza, et dans la vallée du Mollthal.

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M. Pissis lit la notice suivante sur la géologie de l’arrondissement de Brioude, et il fait hommage d’une série d’échantillons à l’appui de ce travail.

L’arrondissement de Brioude est traversé par deux chaînes de montagnes qui se dirigent du S. au N. Si on jette un coup d’œil sur leur ensemble, on s’aperçoit qu’elles se composent de plusieurs systèmes parallèles entre eux, et diriges du N.-E. au S. O. Le gneiss en est la principale roche. Les terrains de sédiment n’atteignent jamais de grandes hauteurs ; ou les rencontre toujours dans les parties les plus basses de l’arrondissement. Enfin quelques coulées basaltiques et des cônes de scories semblent être les dernières roches qui se soient formées. Les premiers soulèvemens qu’auraient éprouvés les terrains de gneiss, sembleraient avoir eu lieu un peu avant qu’ils fussent solidifiés, par l’apparition des granites qui se sont fait jour suivant une ligne dirigée du S. au N. Le second soulèvement, qui a eu lieu du N.-E. au S.-O., est postérieur au terrain houiller ; mais l’absence totale des formations jurassique et crayeuse, ne permet pas de fixer cette époque d’une manière précise. Quelques serpentines qui se rencontrent ça et là semblent avoir été les matières qui ont fuit irruption lors de ce dernier soulèvement.

Le terrain houiller et le terrain lacustre, sont les principales formations sédimentaires qu’offre l’arrondissement. Une argile rouge totalement dépourvue de fossiles, semble établir la liaison entre ces deux terrains. Les nombreuses couches de silex qu’elle renferme sembleraient rapprocher sa formation de celle de la craie.

Le terrain houiller se présente presque toujours en couches verticales dirigées du N.-E. au S.-O. : il se rencontre dans deux localités situées sur les bords de l’Allier, à Langeac, et près de Brioude. C’est dans la dernière que se trouve la plus grande quantité de houille ; l’autre, au contraire, n’en renferme que très peu, mais présente une grande quantité de tiges et de fruits fossiles.

Des couches horizontales de marne argileuse et calcaire forment toujours la partie inférieure du terrain lacustre. Au-dessus se montre le macigno, et un calcaire concrétionné dont certaines parties sont tout-à-fait semblables au calcaire compacte jurassique.

Le diluvium vient terminer les terrains de formation aqueuse. Il se compose presqu’en totalité de débris de basaltes, formant deux couches séparées entre elles par du sable.

Les basaltes de la première couche sont toujours plus altérés que ceux de la seconde.

C’est toujours sur les plateaux qui dominent les vallées actuelles que le diluvium se montre, à une hauteur d’environ quatre cents mètres au-dessus de l’Océan. Les terrains volcaniques peuvent se diviser en deux formations, dont l’une est antérieure au diluvium. Elle se compose ordinairement de dikes basaltiques, où l’on ne rencontre point de scories, telle que celle de Laroche et du mont Fouvat.

L’autre forme de vastes coulées, recouvrant tantôt le diluvium, tantôt le terrain primitif.

La lave dont elle se compose affecte très souvent la forme prismatique, et se trouve scorifiée à sa partie supérieure et à sa partie inférieure.

Le plus souvent cette lave s’est épanchée du pied d’un cône de scories. Une autre roche dont la formation se rattache au terrain volcanique, est la pépérine qui sépare toujours la lave du sol sur lequel elle s’est épanchée ; elle se compose généralement de pouzzolane dont les parties se trouvent liées par de l’alumine hydratée.

Le fer hydroxidé que laissent déposer quelques sources minérales, et la tourbe, sont les seules productions géologiques qui semblent se former maintenant, si toutefois on n’y réunit les alluvions formées par les cours d’eau.

Les observations précédentes peuvent se résumer ainsi :

Les premières montagnes ont été formées par une éruption de granites, qui a eu lieu un peu avant que les gneiss fussent solidifies. Quelques végétaux recouvraient la surface du sol lorsque se sont formées les parties inférieures du terrain houiller ; leur nombre était considérablement accru lors du dépôt des dernières couches de ce même terrain.

De nouvelles montagnes se sont fait jour entre la formation du terrain houiller et celle du terrain lacustre. Enfin, c’est lorsque se déposaient les dernières couches de ce terrain qu’ont paru les premiers volcans. Leurs laves étaient solidifiées, lorsqu’est arrivé un cataclysme qui en a entraîné la majeure partie et a formé de leurs débris la première couche du diluvium. Quelques couches de sable avaient à peine recouvert le diluvium, lorsque de nouveaux volcans ont éclaté presque sur tous les points. Leur irruption a été suivie d’une seconde inondation qui a produit la dernière couche de cailloux roulés. Postérieurement enfin, s’est manifesté le grand cataclysme qui a formé plusieurs de nos vallées, et qui a entraîné la majeure partie d’une plaine dont la surface était recouverte par le diluvium.


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M. Virlet annonce que les fossiles problématiques si singuliers qu’il a trouvés dans les calcaires bleus et noirs compacts ou subsaccharoïdes de la haute Arcadie, et qu’il a présentés à la Société dans une des séances de l’année dernière (voyez la note insérée au Bulletin, tome II, page 341) ont été, après un examen très attentif, reconnus par M. Deshayes, pour appartenir à la famille des Rudistes ; ce sont des Radiolithes dont la partie interne a été dissoute, tandis que la partie corticale seule est restée ; phénomène qui paraît être commun à tous les fossiles de la craie.

« Cette observation me paraît très importante, ajoute M. Virlet, en ce qu’elle détermine l’âge des calcaires bleus qui les renferment, et les range définitivement, comme je l’avais fait pressentir dans la note précitée, avec les calcaires noirs à nummilites du voisinage, de Tripolitza, de la Laconie, et autres localités dans le terrain crétacé ; d’où il résulte que la série des terrains secondaires n’est représentée en Morée que par une immense formation de craie et de grès vert, qui occupe à elle seule plus des trois quarts de cette province.

« Elle se compose, à partir de la partie inférieure, du système des calcaires bleus et noirs à nummulites, dicérates, hippurites et radiolithes dont il est ici question ; ces calcaires alternent quelquefois avec des schistes marneux noirs, et n’ont pas moins de 300 mètres de puissance : au-dessus vient un premier système de grès vert, alternant avec des jaspes rouges et bruns, et même verts, qui sont quelquefois tellement développés, qu’ils constituent des collines très élevées, à eux seuls ; il y a passage, non seulement du grès aux jaspes et réciproquement, mais encore passage de ceux-ci aux calcaires par des roches argilo-marneuses qui ont tous les caractères, à la dureté près, des jaspes. Cette puissante assise se lie particulièrement aux ophiolithes qui ont traversé et disloqué en tous sens la formation crayeuse, particulièrement dans la partie orientale de la Morée ; au-dessus de ce premier système de grés vert et de jaspes, une série de couches extrêmement nombreuses, très minces, rarement épaisses, de calcaires compactes lithographiques, lie de vin et verts, gris de fumée, jaunâtres, blancs rougeâtres, traversés de nombreux filons spathiques, et renfermant beaucoup de jaspes et de silex, rouges, noirs, gris clair, et en couches séparées, ou en lits et nodules, se fondant quelquefois au milieu de la masse calcaire. C’est dans ce grand système que se trouve compris le calcaire friable à dicérates, à nérinées, et autres fossiles des environs de Nauplie, qu’on considérait naguère comme caractéristiques du coral-rag, et dont plusieurs sont identiques avec ceux de Saint-Mihel, mais que l’on retrouve également au mont Salève, qui a été reconnu pour appartenir à la craie ; après ce grand système de calcaires compactes et lithographiques qui a une puissance très considérable, vient un autre système non moins puissant de marnes et de grès verts ou macigno, auquel est subordonnée la grande formation des poudingues de la Messénie, qui ne paraît pas exister dans toute l’étendue de la formation. Ce système de poudingues, d’au moins 500 mètres de puissance, est remarquable en ce sens, que, quoique appartenant à la série du grès vert et de la craie, il est entièrement composé des débris de ce terrain ; ainsi, tous les galets de calcaires compactes, de jaspes, de silex, qui composent ses élémens, proviennent des calcaires de ce terrain ; ils sont cimentés par la pâte du grès vert même. Enfin, au-dessus de ce grand étage arénacé, marneux et psammitique, caractérisé par un grand nombre de tiges d’alcyons, quelques empreintes d’écailles de poissons, d’astrées, et par le dentalium quadrangulare Desh., vient un dernier système d’environ 300 mètres de puissance de calcaire blanc et gris de fumée très fétide, à couches épaisses et sans silex ; c’est la scaglia des Italiens ; il renferme quelquefois de nombreuses pisolithes, quelques hippurites, de nummulites très épaisses et ovalaires, des madrépores, et aussi beaucoup de tiges d’alcyons.

« Cette immense formation a été relevée en totalité par le système pindique, dirigé N. 24 à 27° O., qui correspond à celui du mont Viso, dont M. Élie de Beaumout place l’époque de soulèvement entre les deux étages de la craie ; en sorte que, malgré l’énorme épaisseur de ce terrain en Morée, il n’y aurait encore que la craie inférieure ; le système de Gosau, ou de la craie blanche, y manquerait, et les poudingues de la Messénie différeraient de ceux du Mont Perdu, que M. Dufrenoy place à la partie inférieure, de l’étage supérieur du terrain de craie ; il y aurait donc eu en Morée, pendant le dépôt de la craie inférieure, une dislocation qui aurait donné lieu à la formation des poudingues ; mais elles nous a échappé, sans doute parce qu’elle n’a été que partielle. Il serait possible que ce fût à ce soulèvement que les serpentines dussent leur épanchement à travers les assises inférieures de la craie, car elles ne paraissent pas s’être élevées jusqu’au second système des grès verts, de marnes et de calcaires blancs à hippurites et nummulites qui les recouvre ; comme les ophiolites ne percent guère qu’en Argolide, cela s’accorderait bien avec la supposition d’un soulèvement partiel, et expliquerait pourquoi, en Messénie, les poudingues reposent sur les calcaires compactes en gisement très concordant.

« Il existe donc en Morée, comme dans les Pyrénées et les Alpes, un grand système crayeux composé de calcaires compactes, quelquefois de calcaires grenus ou sub-saccharoïdes avec des jaspes, des grès, des silex, offrant des caractères minéralogiques tellement différens de ceux de la craie du nord de l’Europe, qu’avant d’y avoir rencontré des fossiles, qui y sont presque un caractère négatif, M. Boblaye et moi nous l’avions considéré comme beaucoup plus ancien.

« Ainsi, le midi de l’Europe, à l’époque du dépôt de ce terrain, était occupé par une immense mer qui s’étendait de l’océan Atlantique jusqu’en Asie, et comprenait le midi de la France avec l’Espagne, la Sicile, une partie de l’Italie et des Alpes autrichiennes, la Dalmatie et l’Albanie, car je ne fais aucun doute qu’il ne faille maintenant ranger le grand système de marnes et de calcaires compactes à hippurites et nummulites de cette contrée, dans le terrain de craie et du grès vert. Il a été reconnu en Syrie par M. Botta, où il constitue une partie du Mont-Liban, et enfin j’ai encore retrouvé moi-même le système des calcaires bleus à hippurites et des calcaires compacts dans les îles du nord de la mer Egée, sur les côtes de la Thrace, en Troade, et même au Cap Bon en Afrique. »

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M. de Bonnard met sous les yeux de la Société un plan et une coupe du terrain houiller de Hardinghen, dans le Bas-Boulonnais, dressés par M. Garnier, ingénieur en chef des mines. Cette coupe, appuyée sur un grand nombre d’observations, faites tant à la surface du sol, que dans l’intérieur des mines, confirme et développe les faits reconnus par M. de Bonnard en 1809, et annoncés en partie par lui en 1810 et en 1818, relativement aux circonstances géognostiques particulières que présente le terrain houiller du Boulonnais, surtout en ce qui concerne les rapports de ce terrain avec le terrain du calcaire-marbre. On y voit que le terrain houiller, dont les couches, disposées en forme de selle, ont un double pendage vers le N. et vers le S., et qui doit être regardé comme n’ayant point de relation de continuité avec la grande zone houillère de la Belgique, est recouvert, en stratification concordante, par des couches de calcaire marbre, nommé stinkal dans le pays ; couches analogues à celles des grandes carrières dites du Haut-Banc, dont elles paraissent être la prolongation ; qu’au-dessous du terrain houiller se présentent, avec la même allure, un grès blanc un peu micacé, et un calcaire-marbre, semblable à celui des couches supérieures ; enfin, qu’un autre marbre stinkal, semblable à celui qui est exploité dans les grandes carrières des communes de Ferques, plonge vers le terrain houiller, dont il coupe et interrompt toutes les couches dans la profondeur.

M. de Bonnard fait remarquer que ces différens calcaires renferment des productus, des spirifer, et sont considérés, par la plupart des géologues qui les ont observés, comme appartenant au mountain limestone ou au calcaire de transition ; bien que l’on soit, en général, porté à regarder le calcaire de Ferques, qui coupe le terrain houiller, comme plus ancien que celui dans lequel le terrain houiller est encaissé. Il ajoute que M. Rozet, dans sa description géognostîque du Bas-Boulonnais, indique le calcaire-marbre comme étant toujours inférieur au terrain houiller ; mais que la superposition du calcaire à la houille a aussi été constatée par plusieurs puits de mines et par plusieurs sondages ; que les observations nouvelles de M. Garnier sont conformes, à cet égard, aux anciennes observations des mineurs de Hardinghen, et que l’intercalation du terrain houiller dans le calcaire ne paraît pas pouvoir être révoquée en doute. — Les inclinaisons opposées l’une à l’autre que présentent les couches calcaires du Haut-Banc et de Ferques ; l’observation des affleuremens des couches du système de Ferques, qu’on peut suivre jusques en face du bassin houiller vers lequel elles plongent ; enfin la rencontre que l’on a faite dans les travaux des mines, de ces calcaires contre lesquels les couches de houille viennent butter, et les longues galeries qu’on a percées dans le calcaire sans retrouver le terrain houiller, semblent également prouver cette troisième disposition relative des deux terrains, quelque singulière qu’elle puisse paraître.


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M. Virlet, rapporteur de la commission pour l’examen des comptes du trésorier, présente son rapport à la Société, à la suite du compte des recettes et des dépenses faites pendant l’année 1832. Les conclusions, tendant à l’approbation COMPTE des Recettes et des Dépenses faites pendant l’année 1832, par M. Hardouin Michelin, trésorier de la Société géologique de France.


RECETTES.


NATURE
DES RECETTES
Budget de
1832
RECETTES Reste
à recevoir
À déduire
pour décés,
démission, etc.
RESTE DU.
À faire. Effect.
F. C. F. C. F. C. F. F. F.
Art. 1er. Reliquat de 1831 2138 60 2138 60 2138 60 » » »
Art. 2. Arriéré de 1830. Droits d’entrée 400 » 400 » 140 » 260 160 100
Cot. annuelles 300 » 300 » 105 » 195 120 75
Art. 3. Arriéré de 1831. Droits d’entrée 140 » 140 » 60 » 80 40 40
Cot. annuelles 1780 » 1780 » 910 » 870 330 540
Art. 4. Arriéré de 1832. Droits d’entrée 300 » 520 » 460 » 60 » 60
Cot. annuelles 5250 » 5505 » 2900 » 2605 570 2035
Art. 5. Avances
sur 1833.
Droits d’entrée » » 420 » 20 400 » 400
Cot. annuelles » » 90 » 90 » » 750 »
Art. 6. Cotisat. une fois payé par M. Murchison » » 300 » 300 » » » »
Art. 7. Vente du premier volume du Bulletin. 45 » 51 » 48 » 3 » 3
Art. 8. Recette extraordinaire. » » 25 25 » » » » »
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Totaux 10353 60 11669 60 7196 60 4473 1220 3253


COMPARAISON
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Recette de 1831 5,612 fr. 80 c.
Recette de 1832 7,186 60
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Excédant en faveur de 1832 1,583 60
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Reste dû au 31 décembre 1831 2,620 »
Reste dû au 31 décembre 1832 3,253 »
────────────
Excédant en faveur de 1832 633 »
DÉPENSES.


NATURE DES DÉPENSES. BUDGET. DÉPENSE EFFECTUÉ EXCÉDENT ÉCONOMIE
F. C. F. C. F. C.
Art. 1er. Impressions diverses et lithographies 200 130 50 » » 69 50
Art. 2. Bulletin 1500 2179 55 679 55 » »
Art. 3. Mobilier 200 252 90 52 90 » »
Art. 4. Affranchissement, ports de lettres et paq. 300 231 95 » » 68 05
Art. 5. Agent de la Société 800 800 » » » » »
Art. 6. Loyer 1000 750 » » » 250 »
Art. 7. chauffage, éclairage 260 245 25 » » 14 75
Art. 8. Dépenses diverses 250 345 90 95 90 » »
Art. 9. Bibliothèques 200 190 90 » » 9 10
Art. 10. Collection 600 631 45 31 45 » »
Art. 11. Mémoires 2000 » » » » 2000 »
─────── ───────── ─────── ───────
TOTAUX 7310 5758 40 859 80 2411 40



COMPARAISON.
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Dépense de 1831 3,474 fr. 20 c.
Dépense de 1832 5,758 40
────────────
Excédant de 1832 2,284 fr. 20 c.



Résultat final.
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La recette totale étant de 7,196 fr. 60 c.
La dépense totale de 5,178 40
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Le reste en caisse au 31 décembre 1831 est de y compris 225 fr. de la cotisation Sedgwick, et 240 fr. de la cotisation Murchsion. 1,438 fr. 20 c.


Fait et présenté, par le Trésorier soussigné, le 25 décembre 1832,

H. MICHELIN.


RAPPORT


sur les comptes du trésorier.


M. Th. Virlet, rapporteur.


La commission, composée de MM. de Roissy, président, Boblaye et moi, désignée par le conseil pour examiner la gestion de votre trésorier pendant l’année 1832, m’ayant chargé de vous rendre compte des ressources actuelles de la Société, j’ai pensé que la meilleure manière de bien faire ressortir sa véritable position financière, était de la comparer à celle des années précédentes, de rapprocher les différens budgets, et d’examiner, à l’aide de ces rapprochemens, s’il y a eu ou non amélioration.

Le tableau ci-joint des recettes de 1832, établi sur les comptes du trésorier, comparé au budget qui s’y trouve réuni, n’a besoin, je pense, pour être bien compris, d’aucun commentaire ; mais si l’on compare ce tableau avec celui de 1831, on voit qu’il y a eu, pendant l’année qui vient d’expirer, une augmentation sur les recettes de 2,216 francs 80 c., dont 1,583 fr. 80 c. sont effectués, et 633 fr. restent à effectuer : ce qui indique une amélioration très notable dans le personnel de la Société ; et en effet, à la fin de 1831, le nombre des membres n’était que de cent soixante, tandis qu’à la fin de 1832 il était de cent quatre-vingt-douze, sans y comprendre les démissionnaires.

Le budget s’établissant d’après le nombre des personnes inscrites sur la liste des membres, et le nombre des admissions probables durant l’année, l’on conçoit qu’il a dû nécessairement y avoir pendant les premières années de la fondation d’une Société comme la nôtre, des déficits assez considérables résultant de ce que quelques personnes, d’abord empressées de se faire inscrire, ont refusé ensuite de satisfaire aux engagemens que la Société impose, en sorte qu’elles doivent être considérées aujourd’hui comme démissionnaires ; c’est ce qui explique le déficit énorme de 1,220 fr. que vous voyez figurer dans le même tableau. Mais il est probable que ce déficit, qui était en quelque sorte inhérent à la nature de notre Société, est arrivé en 1832 à son maximum ; qu’il sera moins considérable en 1833, et que très prochainement il sera ramené aux chances de pertes probables et inévitables dans une Société aussi nombreuse que l’est déjà celle-ci.

Nous voyons donc, par le tableau qui précède, que les recettes à faire et effectuées en 1832 s’élevaient à :

11,669 f. 60 c.
Il faut en déduire pour les non-valeurs 1,220 »
───────────
ce qui réduit les recettes à 10,449 60 »
dont il reste encore à recevoir 3,253 »
───────────
En sorte que les recette effectués s’élèvent seulement à 7,196 60


Maintenant, si nous comparons les dépenses de 1832 avec celles de 1831, nous trouvons qu’elles se sont proportionnellement beaucoup plus élevées que les recettes.

En effet, en 1831, les dépenses totales n’ont été que de 3,474 fr. 20 c., et elles présentaient une économie de 115 fr. 80 c. sur le chiffre du budget ; tandis que celles de 1832 s’élèvent à 5,768 fr. 40 c., et ont dépassé, au contraire, de 448 fr. 40 c. la somme fixée par le budget ; sans y comprendre les 2000 fr. qui avaient été votés pour l’impression des mémoires, cette somme reste disponible jusqu’au moment de leur publication. Ainsi les dépenses de 1832 ont dépassé de 2,2844 fr. 20 c. celles de 1831. Cette augmentation dans les dépenses était une conséquence naturelle de l’accroissement progressif de la Société, et de l’importance qu’elle acquiert chaque jour. D’un côté, votre bibliothèque et vos collections de roches et de fossiles, en s’augmentant successivement, ont exigé l’achat des meubles indispensables, pour pouvoir les classer convenablement ; et de l’autre, l’importance des travaux durant l’année 1832 a nécessité un excédant de dépense de 679 fr. 76 c. pour l’impression du Bulletin, qui est devenu presque un journal de géologie. Vous approuverez, nous n’en doutons pas, Messieurs, cet excédant de dépense en faveur de l’intérêt réel qu’il offre maintenant.

La Société ayant été créée autant dans le but de faciliter l’étude de la géologie que d’en accélérer les progrès, elle a décidé en conséquence que, tous les lundis et les dimanches, le lieu de ses réunions serait ouvert à tous les membres qui voudraient y venir travailler. Cette décision importante et nécessaire a augmenté les frais de chauffage et d’éclairage, et a nécessité, par suite, une augmentation dans le traitement de l’agent de la Société.

Les dépenses diverses et les frais de collections ont également un peu dépassé vos prévisions ; mais en somme, Messieurs, on peut dire que la Société se trouve dans un véritable état prospère, et que, malgré la grande augmentation des dépenses, l’actif de la Société est encore à peu près le même que l’année dernière. Il se compose :

Argent en caisse 1,438 fr. 20 c.
À recevoir 3,253 »
──────────────
Total 4,691 20

Sur quoi il faudrait retrancher 2,000 fr, pour les mémoires ; mais comme cette somme n’a pas été employée en 1832, elle doit être reportée sur le budget de 1833, et par conséquent conservée ici à titre d’économie.

L’accroissement de la Société, qui, nous avons tout lieu de l’espérer, ne sera pas moindre cette année que l’année dernière, augmentera naturellement les recettes, sans augmenter les dépenses ordinaires qui sont à peu près arrivées à leur maximum.

La publication des Mémoires de la Société, en la faisant connaître, lui donnera un plus haut degré d’importance, et fournira encore un objet de recettes, puisque, en votant une somme pour leur impression, on n’a pas tenu compte des rentrées que la vente de chaque volume pourrait produire. Le Bulletin lui-même, à mesure que la Société s’accroît, devient également un objet de recettes ; car il y aura peu de personnes, parmi les nouveaux membres, qui, pour le modique prix que vous avez fixé pour chaque volume de ce Bulletin, ne tiennent à en avoir la collection complète.

Quoique la Société se trouve dans un état croissant de prospérité, elle est loin encore, Messieurs, d’être arrivée à ce point, de pouvoir faire tout ce qui pourrait être utile aux progrès de la géologie. Elle y arrivera, nous osons l’espérer, si chacun de ses membres, bien pénétré de son importance, réunit tous ses efforts pour l’amener à ce résultat si désirable, où l’on pourra véritablement dire qu’elle a atteint son but, qui est l’avancement de la science.

Je termine, Messieurs, en vous proposant, au nom de la commission, d’approuver les comptes de M. Michelin, votre trésorier, qu’elle a reconnus être de la plus grande exactitude, et de le déclarer quitte et déchargé de sa gestion pendant l’année 1832.

Th. Virlet, rapporteur.


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ADDITIONS


aux séances des 16 avril et 4 juin 1832, et 7 janvier 1833[2].

Notice géologique sur les environs de Maestricht, et notamment sur la formation crayeuse de la montagne de Saint-Pierre. (Extraite par M. Hardouin Michelin de sa correspondance avec M. Van Hees.)

« Je dois, Messieurs, aux rapports que j’ai eus avec M. le docteur Van Hees, de Maestricht, les observations que je vais vous soumettre. Son extrême obligeance l’a porté à me communiquer une petite carte géologique des environs de Maestricht, plusieurs coupes de terrains très intéressantes, et notamment une de la montagne Saint-Pierre. C’est avec son autorisation que je puis donner connaissance de ses recherches et de ses travaux.

« Trois grandes formations se succèdent sur un espace d’environ 30 kilomètres, savoir : les terrains de transition à l’E.-S.-E., puis les terrains crayeux, et enfin les terrains tertiaires de l’O.-S.-O. au N.-O. ; le tout par rapport à Maastricht. Les terrains crayeux sont presque partout recouverts par un diluvium composé en partie de débris de roches des Ardennes et de la craie, et qui atteint quelquefois de 30 à 40 mètres d’épaisseur. On a trouvé dans sa partie inférieure, parmi les cailloux roulés, des bois de cerf, des oursins et des madrépores de la craie, également roulés. Ce diluvium se perd au N. de Maestricht vers Hocht, à l’O. et au S.-O. vers Berg, Gaud et Klein-Spauveu et Tongrès, et alors paraît le calcaire grossier tertiaire, dont les coquilles marinas sont dans un grès argileux et présentent de l’analogie avec celles des bassins de Paris et de Londres, sans cependant être entièrement les mêmes espèces. Vers Tongres, à Coelmont, une couche, qui paraîtrait d’eau douce, contient des lymnées avec quelques coquilles qui ordinairement n’habitent pas avec les premières. Elle est superposée à un sable argilleux coquillier marin, et elle est recouverte par des bancs de grès marins, ferrugineux, coquilliers, tertiaires.

Les traces des terrains tertiaires marins se retrouvent au N. et au N.-E. de la ville, savoir : au fond du canal, près du fort Guillaume et au pied des coteaux de Vlieck.

Aux environs de Klein-Spauven, Berg, Hoessels et Tongres, ils se présentent à l’ordinaire à peu de profondeur, les couches de terres labourables ou de diluvium qui les recouvrent étant peu puissantes.

Lors des travaux du fort d’Anvers, on a trouvé, en creusant, des coquilles analogues à celles de Klein-Spauven ; ce qui paraît confirmer l’opinion que le bassin de l’Escaut faisait partie du même système que ceux de Paris et de Londres.

Les environs de Caestert, le long de la Meuse, peuvent donner une idée générale de l’ensemble de la formation calcaire. On y remarque d’abord que, vers les trois cinquièmes inférieurs de sa hauteur, la montagne de Saint-Pierre, au pied de laquelle serpente la Meuse, est partagée en deux par une espèce de plate-forme ou terrasse qui se continue sur plus ou moins de largeur, depuis Slavante jusqu’au-delà de Caestert. La partie située sous la terrasse est escarpée presque à pic, et la roche ordinairement à nu, de couleur blanchâtre, est séparée par des assises régulières de silex, disposées en bandes parallèles ou horizontales plus ou moins rapprochées, mais d’autant plus fréquentes en général qu’elles sont plus inférieures.

La partie qui se trouve au-dessus de la terrasse et qui complète les deux cinquièmes ou environ restans, de toute la hauteur calcaire, en ne comptant pas la couche épaisse du diluvium qui recouvre tout le plateau, n’offre plus qu’une pente boisée assez douce et souvent adoucie encore par les éboulemens du diluvium ; elle est d’une couleur jaunâtre, et on n’y voit plus ces lits distincts et horizontaux de silex. C’est là, enfin, qu’on distingue les entrées multipliées des carrières.

Si l’observateur se trouve placé au-dessus du lieu dit le Coq-Rouge, il ne pourra se dissimuler qu’il doit y avoir eu une différence de nature et de formation entre ces deux parties séparées par cette plate-forme ou terrasse qui, apportant une modification dans l’aspect extérieur du sol, pourrait être une preuve de changement de terrain. Cette configuration étagée du sol se prolonge tout le long du côté oriental de la colline de Saint-Pierre jusqu’au dessous du fort Saint-Pierre, placé sur le cap septentrional de la hauteur, au confluent des vallées du Jaer et de la Meuse. Les coteaux du vallon du Jaer offrent le même aspect étagé. L’emplacement du château de Canne et les environs de la ferme des Apôtres en offrent des exemples évidens. D’ailleurs, le peu de profondeur de la vallée ne permet pas d’y observer à nu la masse inférieure du calcaire comme au Coq-Rouge et à Caestert.

Les hauteurs de Grondweld et de Kechr, sur la rive droite de la Meuse, semblent encore prouver cette tendance à la forme étagée qu’affectent tous les coteaux crayeux. Là aussi les terres cultivées s’élèvent en pente douce depuis les bords de la Meuse jusqu’au pied des hauteurs calcaires, contre lesquelles elles s’élèvent alors brusquement comme une terrasse qui paraît correspondre assez exactement au niveau de celles de la rive gauche. Là également se trouvent, dans l’étage supérieur, des exploitations, et c’est un fait constaté que la différence de qualité dans les roches a appris aux ouvriers les bancs qu’il fallait exploiter. Ceci seul suffirait peut-être pour distinguer deux formations dans ce terrain, quand même les caractères zoologiques et minéralogiques ne seraient pas venus le confirmer à M. Van Hees.

Il a observé que la masse inférieure, surtout les assises les plus basses, se rapprochent beaucoup de la craie blanche par la finesse de son grain, sa douceur au toucher, sa blancheur et sa propriété de salir les doigts. Les agens météoriques, en la désagrégeant, lui donnent un aspect marneux fendillé et feuilleté, Quant aux silex qui y forment des zones régulières et fréquentes, ils ressemblent beaucoup, par leur teinte d’un noir bleuâtre, à ceux de la craie blanche.

Comme cette masse n’est pas exploitée, il est difficile de se procurer des fossiles qui, d’ailleurs, y sont très rares et peu variés. Hors les bélemnites dont on rencontre assez abondamment des morceaux le long de la Meuse, par suite de la décomposition des morceaux et blocs éboulés, M. Van Hees, n’a guère rencontré qu’une espèce de térébratule lisse à test corné subdiaphane et quelques débris soit de poissons, soit de squelette de mesosaurus.

Quant à la masse supérieure, qui est exploitée de temps immémorial pour moellons et sables d’engrais, c’est elle qui contient dans ses diverses assises les nombreux fossiles qui ont donné tant de célébrité à la montagne Saint-Pierre. La roche en est jaunâtre, d’une texture plus ou moins solide ou compacte, évidemment formée, pour la plus grande partie, de détritus et de débris de corps marins plus ou moins reconnaissables. On n’y distingue plus cette répétition régulière des assises de silex, quoiqu’il s’y en rencontre de temps en temps d’une couleur blonde et servant d’enveloppe à des corps organisés. Les galeries innombrables ont été pratiquées sont presque toutes sur un même niveau et d’une élévation moyenne de 30 à 35 pieds.

Cette masse supérieure se compose d’un mélange de coquilles de la craie, avec d’autres qui paraîtraient devoir appartenir au calcaire grossier tertiaire. Deux couches contenant des coquilles et des madrépores occupent la partie supérieure de cet étage et offrent surtout ce phénomène. Des porcelaines, des cérithes, des turritelles, des strombes, peut-être des rostellaires, des fuseaux, des buccins, des calyptrées, des pétoncles, des vénus, des tellines, des moules, des crabes, etc., ainsi que des cailloux siliceux roulés, s’y trouvent avec des bélemnites, des trigones, des baculites, des peignes, des cranies, des thécidées et d’autres coquilles appartenant ordinairement aux terrains de craie. Une de ces couches, fort remarquable et très distincte du reste de la roche, a été reconnue par M. Van Hees, et forme à peu près le plafond de la partie exploitée. Elle est dure et compacte, et renferme une infinité de moules de coquilles et de madrépores, dont les surfaces, ainsi que celles des crevasses de la roche même, sont fortement colorées par de l’oxide de fer, brun. Il la désigne sous le nom de pénultième pour la distinguer d’une autre qui lui est superposée et qui est très friable, uniquement composée des débris de corps marins assez entiers, surtout de madrépores, et qu’il nomme madréporique. Les bélemnites contenues dans cette dernière couche sont généralement à l’état roulé.

Ces deux bancs sont séparés par une couche mince d’argile ferrugineuse renfermant une infinité de coquilles très variées et sont surmontés par une roche d’épaisseur et de consistance très variables dans laquelle ou n’a pas encore reconnu de fossiles.

Des couches alternatives de sable et d’argile bigarrée recouvrent les bancs calcaires, et sont elles-mêmes recouvertes en entier par la masse puissante du diluvium.

Postérieurement aux observations qui précèdent, et en réponse à quelques demandes que je lui avais adressées, M. Van Hees m’a donné les renseignemens ci-après :

La craie blanche de Heurt le Romain contient peu de fossiles, et ceux reconnus appartiennent aux genres bélemnite, spatangue, ananchite et peigne.

La craie marneuse verdâtre des bords de la Galoppe et de la Gueul, ainsi que des environs de Kunders, en renferme en grande abondance parmi lesquels on distingue, outre des bélemnites, des nautiles, des térébratules, des cranies, des galérites, des baculites, des plagiostomes et des huîtres, des pétoncles, des moules, des arches, des corbules, des lymnées, des dentales, etc.

Quant aux terrains de transition de Viset, Argenteau, Gimmerich et Mouzen, ils paraissent reposer sous la craie sans aucun intermédiaire, et M. Van Hees n’a pu reconnaître dans les environs de Maestricht de traces soit du lias, soit des terrains oolithiques. En général, la stratification de la craie est horizontalement placée contre les couches inclinées des terrains de transition. Entre Gimmerich et Mouzen se trouve une carrière de grès tertiaire, exploitée pour réparer la chaussée de Liége à Aix-la-Chapelle. Ce grès, d’une texture friable, est disposé en couches horizontales assez puissantes recouvertes immédiatement de bancs épais d’un sable quarzeux pur, plus ou moins agglutiné. Il n’offre aucune trace de restes organiques.

Hors ce grès, qui repose sur un psammite, c’est le diluvium qui est généralement répandu sur les tranches des strates des terrains de transition entre Marstricht et Aix-la-Chapelle.

Les principaux fossiles des roches de transition sont des productus, des spirifer, des cirrus, des amplexus, des calymènes, etc.

Les terrains lacustres de Coelmont, près Tongres, contiennent des lymnées, une espèce de cyclostome, une potamide et une petite bivalve dont on n’a pas encore pu reconnaître la charnière. Il ne paraît pas y avoir été remarqué de planorbes. Entre la masse supérieure et celle inférieure, M. Van Hees a reconnu une couche très remarquable qui occupe la partie supérieure du système inférieur, et forme, pour ainsi dire, le fond du sol de la terrasse qui sépare en deux le coteau oriental de la montagne de Saint-Pierre. Les dentales et les baculites semblent en être les fossiles caractéristiques. Cette couche, qui est épaisse de 5 à 7 décimètres, repose sur un calcaire friable légèrement jaunâtre ; elle est superposée à une roche qui passe insensiblement à celle inférieure qui est blanchâtre, et a tous les caractères plus ou inouïs décidés de la craie proprement dite.

L’analogie qui paraît exister entre les calcaires reconnus à La Versine près Beàuvais, à Orglandes près Valognes, et ceux de Maestrîcht, m’a engagé à faire hommage à la Société de trente-trois échantillons provenant des environs de Maestricht, ainsi que des coupes et d’un catalogue de corps organisés fossiles qui m’ont été communiqués par M. Van Hees, en 1829 et 1830.


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Notes sur les montagnes primitives de l’Erzgebirge et sur leurs rapports avec la formation du grès vert de la Suisse saxonne, par M. Ezquerra del Bayo, ingénieur pensionné du foi d’Espagne.

« M. le professeur Naumann aîné, de Freiberg, a déjà publié plusieurs observations sur les rapports qui existent dans l’Eizgebirge entres les formations primaires et celles du grès vert et de la craie. D’après ces savans, les couches des terrains secondaires ne s’étendent pas horizontalement sur la tranche des couches inclinées des roches anciennes, mais ; bien au contraire sur quelques points les couches du grès sont inclinées jusqu’à 70 et 80°, près de leur contact avec le sol ancien ; il ose même avancer que le granite de la vallée de l’Elbe a été soulevé après la formation du grès vert et de la craie.

« Cette proposition de M. le professeur Naumann me paraît une chose évidente ; d’autres observations vont démontrer que la Saxe est une contrée très instructive pour l’étude des dépôts ignés.

« Dans cette grande étendue de grès vert, qui se prolonge depuis les environs de Dresde jusqu’aux environs de Prague, en Bohême, et jusque en Silésie, une contrée est connue sous le nom de la Suisse saxonne, et occupe les deux rives de l’Elbe, depuis Pirna jusqu’à Tetschen, en Bohême. Cette Suisse saxonne présente partout des ravins profonds, tortueux, et ayant toutes sortes de directions, et par conséquent, il y a des montagnes de différentes hauteurs, dont les flaucs escarpés sont presque tous verticaux.

On n’y voit partout que du grès en couches presque horizontale, tantôt rougeâtre, tantôt blanchâtre, plus ou moins grossier ou fin. Les variétés les plus fines et les plus blanches sont employées à la bâtisse.

Toutes ces montagnes sont remplies de fentes et de crevasses verticales, et par conséquent perpendiculaires à la stratification des couches. Quelques unes vont jusqu’au fond des ravins, et des colonnes de grès restent isolées, ayant quelquefois plusieurs centaines de pieds d’élévation. Ces espèces de colonnes ont ça et là une grandeur prodigieuse, ou plutôt, ce sont de grandes buttes à flancs escarpés qui s’élèvent majestueusement sur la plaine et qui sont plus ou moins éloignées les unes des autres. Telles sont celles de Konigstein, de Lilienstein, de Barenstein, de Rosenberg, etc. Les sommités de presque toutes ces grandes masses de grès, présentent une surface plane et unie, ce qui, avec l’horizontalité presque générale des couches, est une preuve évidente qu’elles se sont successivement déposées dans le sein des eaux.

La première idée qui vient à l’esprit, est que les influences atmosphériques et principalement les courans des eaux pluviales, ont dévasté tout ce terrain et ont formé ces grands ravins, ou ces innombrables crevasses.

Pour former un aussi grand dépôt de sédiment, il paraîtrait nécessaire de supposer l’existence d’un bassin dont les bords dévalaient être, pour le moins, un peu plus hauts que le sommet de la montagne avancée du Hohe-Schneeberg. Mais dans ce cas, presque tout l’Erzgebirge aurait dû être recouvert par le dépôt du grès vert ; cependant il n’en reste pas la moindre trace dans toute cette chaîne, fait bien difficile à concilier avec cette hypothèse.

Ce grès ne se décompose pas si facilement par l’action des eaux et des influences atmosphériques. Le lieu qui aujourd’hui s’appelle la Bastie, était anciennement un fort ; il y avait des ponts qui passaient par-dessus quelques ravins. Dans le xve siècle ce fort fut rasé, et maintenant on a construit un autre pont qui est plus élevé et plus commode. On voit encore dans les flancs de la roche toutes les échancrures de l’ancienne charpente, aussi bien conservées que si elles venaient d’être taillées.

Les sommités planes de ces grands amas de couches arénacées ; n’ont pas toutes le même niveau ; pourquoi les influences atmosphériques ont-elles épargné une cime plutôt qu’une autre, puisqu’elles sont toutes composées des mêmes matériaux ?

Dans les espaces compris entre ces différens massifs de grès, on voit paraître en plusieurs endroits certaines roches primaires, tandis qu’ailleurs elles recouvrent le grès. Les couches de ce dernier s’adossent aux roches primaires sous des inclinaisons très variées et avec diverses altérations ; quelquefois même des morceaux de granite sont empâtés dans le grès altéré, comme l’a décrit M. le professeur Naumann.

Les couches de grès de la montagne de la Bastie, paraissent d’abord horizontales ; mais vues depuis Lilienstein, c’est-à-dire, en observant l’escarpement qui domine sur l’Elbe, on trouve qu’elles ont une inclinaison de 5° vers l’est, dans une certaine étendue, tandis que plus loin elles sont horizontales, cependant cette partie se trouve au milieu de la formation de grès, et ses couches ne s’adossent point contre des roches primitives.

Ailleurs, dans le terrain primitif de l’Erzgebirge, on trouve à tout moment le granite et la siénite perçant les roches stratifiées.

À Dohna, le granite à traversé les couches schisteuses. Entre Johanngeorgenstadt, Schwarzenberg et Schneeberg, c’est-à-dire, vers la partie la plus élevée de l’Erzgebirge, on voit une grande masse de granite, d’une étendue environ de quatre milles carrés, Sur laquelle s’appuient de tous côtés les roches schisteuses primitives. La montagne sur laquelle est bâtie la ville de Schwarzenberg est de granite ; tandis que les Montagnes environnantes sont toutes schisteuses. À Schneeberg, près du faubourg de Schlema, on voit le thonschiefer reposant sar le granite. La roche de topazes du Voigtland, appelée Schneckenstein, qui se trouve tout près de la grande masse granitique déjà mentionnée, et sur sa partie occidentale, n’est autre chose qu’une masse qui a percé le thonschiefer micacé. Le Stockwerk de Geyer et le Greiffenstein, près de Ehrenfriedersdorf, avec un autre point intermédiaire, forment ensemble une ligne de granite qui a traversé le gneiss, et surtout à Geyer, où ce contact est à découvert en raison des exploitations ; on voit, tout autour de la masse granitique, une enveloppe d’épaisseur variable et composée d’un granite comme fondu, et dans lequel sont empâtés, ça et là, des morceaux de gneiss.

De semblables phénomènes abondent dans l’Erzgebirge ; je crois pouvoir en conclure que le relief actuel de l’Erzgebirge a été, pour le moins, altéré après le dépôt du grès vert et de la craie, et que l’action de ce soulèvement s’est étendue jusqu’à la partie de la formation du grès, connue sous le nom de grès de la Suisse saxonne. Ce dernier a été alors soulevé, crevassé, et fendillé en plusieurs endroits ; ensuite les courans des eaux s’insinuant dans les fentes et dans les ravins formés, les ont excavés et balayés. Enfin tous ces débris, avec ceux des roches primaires, ont composé quelques uns des terrains tertiaires sur les deux versans nord et sud de l’Erzgebirge.

En regardant une carte de l’Erzgebirge, on aperçoit dans le cours des eaux, sur les terrains primitifs, une certaine direction. en ligne droite, ce qui prouve que les lits des rivières ont été creusés par l’action naturelle et continuelle des eaux, tandis que dans la Suisse saxonne les courans sont toujours tortueux et tout-à-fait bizarres, de manière qu’on ne peut pas concevoir qu’ils soient l’effet de l’érosion lente des eaux.

J’ajouterai encore, mais avec moins d’assurance, que peut être l’éruption des basaltes a été la cause du soulèvement des roches granitiques dans l’Erzgebirge, à l’époque dont nous nous occupons. Si l’on n’y voit pas de grandes coulées basaltiques, cela pourrait tenir au grand nombre de cratères qui s’ouvrirent à la fois. C’est une circonstance remarquable que cette ligne normale d’éruptions basaltiques qui suit la même direction que la chaîne principale de l’Erzgebirge, et que la plus grande accumulation des bouches cratériformes se trouve précisément aux environs de la partie la plus élevée de la chaîne.

À l’époque de dépôt du grès vert, il devait déjà exister un bassin qui peut-être ne différait pas beaucoup du bassin actuel, quant à son étendue, mais dont les bords n’étaient pas peut-être aussi élevés que maintenant. Ces anciens bords pourraient avoir été formés à l’époque du soulèvement des porphyres, lesquels, ayant fait éruption dans quelques endroits, furent un peu bouleversés à la seconde époque avec les terrains dans lesquels ils étaient enchâssés, et c’est pour cette raison que quelques géologues allemands les ont considérés comme des couches et non comme de véritables filons.

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TABLEAU explicatif des differens terrains rencontrés dans le percement du puits foré, dit Artésien, exécute à la papeterie de Sainte-Marie, commune de Boissy-le-Châtel, près Coulommierrs (Seine-et-Marne), en treize jours deux tiers de travail ; par M. Mulot, mécanicien à Epinay (Seine).

PROFONDEUR
DES COUCHES
en mètres.
NATURE DES COUCHES. ÉPAISSEUR
DES COUCHES
en mètres.
1 Au sol Terre végétale et terre rapporté. 3,90
2 3,90 Cailloux roulans, ancien lit de rivière. 1,30
3 5.20 Sable argileux. 0,97
4 6,17 Argile jaune. 0,65
5 6,82 Marne blanche et grise. 3,58
6 10,40 Caillasse de la Marne, très peu siliceuse. 0,16
Eau jaillissante.
7 10,56 Terre très peu argileuse, rose, grenue. 0,65
8 11,21 Marne blanche et argileuse. 1,95
9 13,16 Marne et caillasse de calcaire siliceux. 2,27
Eau jaillisante.
10 15,43 Terre noire mêlée de silex pyromaques. 0,97
11 16,40 Eau jaillissante plus abondante. Fin du percement. »


OBSERVATION.

Les eaux s’élèvent à o m, 32 cent, ou 1 pied au-dessus du sol, et donnent à 1 m,46 ou 4 pieds 6 pouces au-dessous (1m,00 ou 3 pieds 1 pouce au-dessus du niveau de la rivière), 600,000 litres d’eau de très bonne qualité par jour.

Deux percemens avaient été faits précédemment à Sainte-Marie, de l’autre côté du Morin, à environ 1,000 mètres du dernier fait ; ils donnent à eux deux la même quantité d’eau que le dernier. Il est à remarquer que, quoique percé assez près des deux autres, et donnant une quantité d eau considérable, il ne leur nuit nullement, car ils donnent la même quantité d’eau qu’auparavant.

Le percement a coûté, compris la fourniture des tubes, 500 fr. TABLEAU explicatif des différentes natures de terrain rencontrées dans le percement fait à la manufacture d’Ourscamp (Oise) ; par M. Mulot, mécanicien à Epinay (Seine).

PROFONDEUR
DES COUCHES
en mètres.
NATURE DES COUCHES. ÉPAISSEUR
DES COUCHES
en mètres.
1 Au sol Terre rapporté. 3,25
2 3,25 Sable et gravier très éboulans, terrain d’atterrissement, ancien lit de rivière. 2,27
3 5,52 Argile marneuse. 4,87
4 10,39 Sable jaunâtre 0,97
5 11,36 Sable argileux. 1,95
6 13,31 Sable gris un peu argileux. 1,62
7 14,93 Sable gris très fin. 3,25
8 18,18 Sable gris très fin et éboulant, dans lequel il y a une première couche d’eau. 0,97
9 19,15 Sable gris compacte. 0,65
10 19,80 Sable gris argileux, avec veines fluides, dans lesquelles il y a de l’eau, renfermant des lignites et des nummulites. 6,50
Augmentation d’eau.
11 26,30 Continuation de sable moins argileux, et renfermant les mêmes fossiles que le précédent. 1,95
12 28,25 Salbe gris quarzeux très fluide. 0,97
Augmentation d’eau.
13 29,22 Argile pure, grise, avec des veines verdâtres ressemblant aux marnes chlorités. 1,30
14 30,52 Sable verdâtre et noir, très fluide, avec coquilles d’huîtres et lignites, renfermant des silex pyromaques noirs, très arrondis, en forme de galets. 1,95
Augmentation considérable d’eau.
15 32,47 Argile sableuse et crayeuse, avec caillasse de la craie. 0,32
16 32,79 Craie, épaisseur commune. 6,98
17 39,77 Profondeur du puits. »

OBSERVATION. — L’eau étant dans des couches de sable très incohérentes, les trois percemens se communiquent entre eux, et l’un des trois peut fournir à 5 m 84 ou 18 pieds au-dessous du sol, environ 1,000.000 litres d’eau en 24 heures, et les trois ensemble environ 1,600,000 litres, quantité considérable. Ces eaox sont d’excellente qualité, dissolvent le savon, et font très bien cuire les légumes. Le dernier percement a été fait à environ 33m,00 des deux autres, et fournit plus d’eau que les précédens, ayant été percé d’un plus grand diamètre. Les eaux s’élèvent à 4 pieds 1m,29 au-dessous du sol, et servent à condenser la vapeur d’une machine de 53 chevaux.



  1. Les fossiles sans noms d’auteurs sont déterminés d’après Brocchi.
  2. Des circonstances particulières ayant empêché l’insertion des trois notices suivantes, dans les procès-verbaux des séances où elles furent communiquées à la Société, le conseil a décidé leur impression ultérieure dans le Bulletin.