Bulletin de la société géologique de France/1re série/Tome III/Séance du 7 janvier 1833


Séance du 7 janvier 1833.


Présidence de M. Brongniart.

Après la lecture et l’adoption du procès-verbal de la dernière séance, M. le président proclame membres de la Société :

MM.

Ampère, membre de l’Académie des Sciences, professeur au Collège de France ; présenté par MM. Élie de. Beaumont et Underwood ;

Véne, ingénieur des mines, à Carcassonne ; présenté par MM. Élie de Beaumont et Boubée ;

Desgenevez, ingénieur civil, et directeur des forges de la Teste de Buch ; présenté par MM. Élie de Beaumont et Virlet ;

Farines, naturaliste, à Perpignan ; présenté par MM. de Blainville et Boubée ;

De Teploff, officier des mines de S. M. l’empereur de Russie ; présenté par MM. Virlet et Elie de Beaumont.

M. Clément Mullet dépose sur le bureau la Table qu’il s’était chargé de faire pour le deuxième volume du Bulletin.

M. Michelin, trésorier, ne pouvant pas assister à la séance, par suite d’un voyage inattendu, envoie le projet de budget pour l’année 1833, afin qu’il soit soumis au conseil lors de sa première réunion.

M. Defrance envoie à la Société, pour la collection des lettres autographes, une lettre de G.-A. Deluc (Genève, 10 octobre 1806).

M. Virlet fait hommage à la Société de quarante-un échantillons de roches de Morée, appartenant au terrain de porphyre vert antique et aux roches qui en dépendent. M. Boblaye et lui, dans la rédaction de leur travail sur la géologie de la Grèce, ont adopté, au lieu des noms de porphyre vert et d’ophite. sous lesquels ce terrain a été jusqu’à présent désigné, celui de prasophyre, proposé par M. Boblaye.

M. Teploff, présent à la séance, communique à la Société de très beaux échantillons de platineet d’iridium natifs des Monts Ourals.

La Société reçoit les ouvrages suivans :

1o De la part de la Société du Musée national de Bohème (Société résidant à Prague, présidée par M. le comte de Sternberg), les parties de ses Mémoires qui peuvent intéresser les géologues, et formant 10 cahiers in-8o, publiés de 1823 à 1832.

Chaque cahier renferme deux discours, l’un du président, et l’autre du directeur, la composition du bureau, et la liste des membres. En outre, on remarque dans le cahier de 1824 une énumération des minéraux nouvellement découverts en Bohême, par M. Zippe ; dans celui de 1825, une revue des aérolithes tombes en Bohème, une description de l’aérolithe de 1824, et une description des trilobites de Bohême, accompagnée de deux planches ; dans celui pour 1826, les figures des os d’un rhinocéros fossile, trouve en Bohême ; dans celui pour 1827, des notices minéralogiques et la figure de palais fossiles de raies ; dans celui pour 1828 une planche de diverses dents fossiles, d’encrines etc. ; dans celui de 1830 une notice sur le fer météorique de Bohumiliz ; dans celui de 1831 des indications géologiques dans un discours de M. le comte de Sternberg, et dans celui de 1832 une notice sur quelques pseudomorphoses observées dans des filons métallifères, par M. Zippe, et des idées sur l’emploi de la botanique fossile dans la géologie dans un discours de M. le comte de Sternberg.

2o De la part de M. Graves : Précis statistique sur les cantons de Marseille et de Guiscard (Oise), extrait de l’Annuaire de 1833. 2 vol. in-8o, avec cartes.

3o La 6e livraison (décembre 1832) du tome 5 des Actes de la Société linnéenne de Bordeaux.

4o La 26e liv. de la description des coquilles fossiles des environs de Paris, par M. Deshayes.

5o Les no 22, 23, 24 du 2e vol. du Journal des travaux de l’Académie de l’industrie.

6o Le no 7 du tome deuxième (juillet 1832) des Annales des Sciences et de l’industrie du Midi de la France.

7o De la part de M. Pareto, une Note sur les montagnes du golfe de la Spezia et sur les Alpes Apennines. In-8o, 1832. À ce mémoire est jointe une notice manuscrite sur les Alpes de la Ligurie, dans le voisinage du Col de Tende.

8o De la part de M. Héricart-Ferrand, sa Coupe géognostique du département de l’Oise, sur laquelle il a indiqué le puits de 50 mètres de profondeur qui a fait connaître le gisement du lenticulites variolaria.

M. Hoffmann adresse à la Société une Notice manuscrite sur les volcans des îles de Lipari, sur le Vésuve et sur l’Etna, etc.

M. le doct. Ph. Ch. Schmerling envoie un mémoire manuscrit sur des cavernes ossifères dans la province de Liège. Il annonce que les circonstances politiques ont entravé jusqu’à présent la publication de la première livraison de son ouvrage, qui paraîtra sous le titre de Recherches sur les ossemens fossiles des cavernes de la province de Liège, avec des planches lithographiées. C’est le résultat de trois années de recherches.

Ces trois mémoires, de MM. Pareto, Hoffmann et Schmerling, seront lus à leur tour d’inscription.

La Société reçoit communication de deux lettres de M. Tournal (Narbonne, décembre 1832). Dans la première, adressée directement à la Société, M. Tournal présente les observations suivantes recueillies par lui, l’été dernier, dans les montagnes des Corbières et des Pyrénées Orientales.

« Plusieurs mines de fer des Corbières se trouvent entre le grès vert et le schisle argileux, qui dans ce cas semble avoir joué le rôle de roche ignée ; les marnes qui sont au point de contact de ces deux formations sont fortement coloriés en rouge ; ce dernier phénomène doit évidemment être attribue à une cause ignée qui a fait passer le fer à l’état de tritoxide. (Villerouge, Aude.)

« Le schiste argileux m’a semblé être la roche métallifère des Corbières ; il alterne avec des marbres très beaux et très variés, susceptibles d’être exploités en grand pour la décoration ; j’y ai également observé de la Baryte sulfatée, et des Quarz laiteux et translucides.

« Tout près des limites des départemens de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, près le col de Breso, des couches calcaires très puissantes semblent avoir éprouvé pendant leur redressement un mouvement de flexion, comme si elles eussent été encore à l’état pâteux pendant leur dislocation, ou bien comme si la cause qui les a ainsi bouleversées leur avait communiqué une chaleur assez élevée pour qu’elles pussent fléchir sans se rompre.

« J’ai observé ce même phénomène dans différentes localité mais surtout dans les lydiennes qui sont sur la route de Villeneuve à Durban (Aude).

« Il paraît qu’il existe dans les Corbières trois dépôts de combustible fossile d’âges différens : le premier, qui fait partie du terrain houiller accompagné d’éruptions porphyriques qui pourraient bien être de l’âge des ophites et des wackes amygdalaires ; je l’ai observé à Scyme près de Tuchan (Aude).

« Le deuxième, qui m’a semblé beaucoup plus moderne, est situé au village de Durban, à côté du torrent de la Berre ; et le troisième enfin, qui m’a semblé de l’âge du grès vert, n’a été jusqu’ici observé que près du château de Dounes.

« Le grès vert à hippurites et les calcaires qui l’accompagnent forment presque toutes les montagnes des Corbières ; ce terrain offre de nombreuses sources minérales et plusieurs sources salées, les bains de Rennes, les environs de Fontfroide. Les villages de Constouge et de Soulange sont les localités les plus remarquables pour les fossiles de cette formation ; les environs de Soulange surtout sont extrêmement riches ; nous y avons trouvé, M. Reboul et moi, une foule de variétés de beaux madrépores, des spatangues, des oursins, des hippurites, des radiolites, des térébratules, des inocérames, des nérinées, des cérithes, des ammonites, des cyctolites, etc., etc.

« Au petit village de Lesdiguiers, dans les Pyrénées-Orientales, il existe un dépôt de gypse et un autre de fer oxidé et oligiste qui sont encaissés dans de très beau granite à grands cristaux de feldspath rosé ; le calcaire qui est en contact avec le granite n’est nullement saccaroïde, sans doute parce que le granite n’était pas, lors de son éruption, à une température assez élevée ; il m’a semblé également qu’au pont de la Sow, sur la route de St.-Martin, le calcaire n’était nullement cristallisé, parce qu’il n’était pas en contact immédiat avec des granites d’origine ignée, mais qu’il en était séparé par des ocres, des calcaires dolomitiques et des granites remaniés qui se désagrègent avec une extrême facilité. »

Dans une seconde lettre adressée à M. Cordier, M. Tournal présente les observations suivantes sur un vaste dépôt de coquilles marines modernes (princip. d’huîtres et de pecten) existant dans les plaines basses de la vallée de l’Aude, et surtout dans les environs de Narbonne.

« J’avais depuis long-temps observé dans les plaines basses de la vallée de l’Aude un dépôt moderne de coquilles marines, occupant une assez vaste étendue de terrain ; l’intérêt de cette observation, que j’ai consignée depuis long-temps dans un mémoire géologique, me semble augmenter aujourd’hui d’importance par suite de la curieuse remarque faite par M. Chaudruc de Crezannes sur des dépôts d’huîtres non fossiles trouvés dans le département de la Charente-Inférieure.

« Ce dépôt d’huîtres se trouve très communément dans les environs de Narbonne, mais on le trouve également dans les plaines basses de la vallée de l’Aude ; il s’élève très peu au-dessus du niveau de la mer (12 ou 15 pieds), et a été presque partout bouleversé par la main des hommes ; il n’est recouvert que par la terre végétale avec laquelle on le trouve souvent confondu, parce qu’étant situé tout-à-fait à la surface du sol il a été presque partout remué par les travaux de l’agriculture. Cependant on peut facilement distinguer les parties qui se trouvent encore dans leur position primitive.

« En général, ce dépôt est formé par une espèce d’huîtres assez commune sur les côtes de la Méditerranée, et un peigne de petite dimension que je crois être le pecten variabilis. Les valves de ces coquilles sont presque toujours en connexion, mais le test est devenu très friable, quoique les couleurs soient bien conservées. Ces huîtres ne semblent pas avoir vécu dans les lieux où on les trouve actuellement, mais avoir été accumulées et stratifiées par le mouvement des vagues.

« Voilà donc ainsi le témoignage irrécusable du dernier séjour de la mer sur nos continens.

« Pendant la domination romaine toutes les plaines basses de la vallée de l’Aude étaient sous les eaux d’un lac que Pline appelle L. rubrensis, Strabon, narbonnites. et Mela, rubresus ; ce lac recevait toutes les eaux de l’Aude et les transmettait à la mer par une embouchure étroite. Aujourd’hui, et par suite de la quantité immense de limon que charrie l’Aude dans les fortes crues de cette rivière, cet ancien lac a été en grande partie altéré et subdivisé en plusieurs lacs moins considérables qui portent différens noms.

« Tout fait présumer que l’ancien lac Rubresus était assez salé pour que les mollusques marins pussent l’habiter, mais cependant je ne pense pas que les coquilles du dépôt qui nous occupe aient vécu à cette époque : elles sont beaucoup plus anciennes, car pendant la domination romaine le niveau des étangs et de la mer devait être le même qu’aujourd’hui.

« Malgré ce que je viens de dire, je pense que depuis l’apparition de l’homme à la surface du globe, les eaux de la mer ont été élevées de 50 pieds au moins au-dessus du niveau actuel ; le mélange dans les mêmes couches de poteries et de coquilles marines constaté par M. de La Marmora et plusieurs autres observateurs dans l’Italie et la Sicile, etdont j’espère publier bientôt un nouvel exemple, ne laisse aucun doute à ce sujet.

« Avant de terminer ces observations, je crois devoir faire remarquer que les dépôts modernes de coquilles que j’ai observés jusqu’à aujourd’hui, quoique très voisins des terres salées, ont depuis long-temps été lavés par les eaux pluviales ; mais la ville de Narbonne étant environnée de vastes plaines qui ont conservé leur salure originelle, je tâcherai de voir si les huîtres qui sont dans ce terrain ont conservé leurs parties animales. »

M. Texier dit avoir observé, près de l’étang de Berr, des bancs de grandes huîtres et de grands peignes qui lui paraissent également modernes.

Sur la demande de plusieurs membres, M. Tournal sera invité à vouloir bien communiquer à la Société les échantillons des principales espèces de coquilles (ostrea et pecten) qu’il annonce comme parfaitement identiques avec celles de la Méditerranée ; identité qu’il est fort important de constater.

— M. Aimé Pissis (Brioude, 27 décembre 1832) envoie à la Société une collection de roches de cet arrondissement ; il y joint un mémoire accompagné d’une carte et de coupes. Ce mémoire sera lu à son tour d’inscription.

— M. Mulot, mécanicien, sondeur, à Epinay (Seine), communique les résultats des derniers forages par lui entrepris pour la recherche d’eaux jaillissantes, 1° à la papeterie de Boissy-le-Châtel, près Coulommiers (Seine-et-Marne), dans le calcaire siliceux, où deux niveaux d’eau jaillissante se sont rencontrés à 10 et à 15 m. ; 2° à la manufacture d’Ourscamp (Oise), dans des sables et des argiles superposés à la craie ; et dans cette dernière formation, jusqu’à une profondeur de 40 mètres[1].

Le secrétaire ajoute quelques détails sur d’autres puits forés, non encore achevés, par le même sondeur, à Petitbourg, canton de Corbeil, chez M. Aguado, à plus de 100 pieds, dans un calcaire siliceux qui offre les plus grandes difficultés ; à Chartres et à Laon, dans la craie blanche, grise et faiblement glauconieuse, traversée sans succès jusqu’à plus de 700 pieds de profondeur.

— M. Underwood donne quelques explications sur la position de Petitbourg, qui, placé à 120 pieds environ au-dessus de la rivière, offrait peu de chances de réussite.

— M. Brongniart communique une lettre de M. Mariano de Rivero (Lima, 23 juillet 1832).

— M. de Rivero, récemment nommé directeur des mines de Huanca-Velica, annonce que sur les cimes des Cordillères se trouvent quelques coquilles qui paraissent des huîtres ; que dans les mines d’argent d’Hecantajaya il s’en rencontre aussi d’un autre genre, et que ces différens gisemens sont tous dans le calcaire secondaire alternant avec le terrain houiller.

M. de Rivero annonce avoir en sa possession un morceau de fer météorique du poids de deux livres, trouvé dans le désert d’Atacama, et dont l’analyse a présenté les mêmes proportions de Nickel que celui découvert dans la Colombie.

M. de Rivero dit encore avoir vu, parmi des antiquités péruviennes, un animal fort singulier trouvé dans un ancien tombeau des Indiens : cet animal est à peu près long d’un pied, de la forme de la belette. du pelage de l’écureuil ; mais il n’a que deux pattes très courtes (9 lignes) armées de six doigts avec ongles, et placées directement au milieu du corps. On ne lui découvre que les quatre dents incisives. Cet animal, qui probablement est un monstre, n’est pas empaillé, mais sec avec chairs et intestins.

— M. Studer (Berne, décembre 1832.) fait connaître que la molasse, inclinant au sud, s’élève, dans la montagne de Gurnigel (canton de Berne), jusqu’à la source minérale appelée Schwarzbrunli, et renferme supérieurement de petites Unio, d’autres bivalves d’eau douce et des écailles de poissons. Plus haut, il y a des grès durs et des agglomérats inclinant au sud ; puis des alternats de couches ou plutôt d’amas allongés de calcaire à fossiles du coralrag, et associés avec de la corgneule ou rauchwacke et du gypse ; enfin la cime est formée par le grès de Gurnigel à Fucoïdes (f. intricatus et f. Targioni). Ce grès contient supérieurement des amas de calcaire blanc ruiniforme comme celui de Florence, et est identique avec le grès viennois.

Cette année, M. Studer compte étudier la chaîne du Pilate, et les montagnes d’Underwald, fort remarquables par leurs fossiles. Il paraîtrait que toutes ces masses sont du Weald-clay, du grès vert et de la craie, et qu’il n’y a pas d’oolite. Toute la chaîne des Brienzergrate et les montagnes du Saxetenthal reposent sur ces dépôts crayeux.

— M. Albert de La Marmora (Turin, décembre 1832), annonce l’envoi de roches de Bonifacio en Corse, et d’un mémoire sur les montagnes près de Biella : il donne les détails suivans sur les voyages qu’il a faits cet été.

« J’ai parcouru l’Auvergne, dont les volcans, surtout ceux de Randane. sont identiques avec les plus récens de l’intérieur de la Sardaigae ; je n’ai pas cependant trouvé une grande analogie dans les trachytes des deux pays.

« J’ai ensuite visité les terrains tertiaires du midi de la France, qui sont également identiques avec ceux de Sardaigne ; à Béziers surtout, je croyais être à Cagliari. J’ai visité une localité intéressante pour moi, par l’analogie de la couche à subfossiles des deux pays ; je veux parler d’une localité près de Nissan. entre Béziers et Narbonne ; là, non loin de Nissan, près du chemin qui, de ce lieu, conduit à Lespignan, se trouve une carrière de silex meulière ; on y trouve au-dessus des marnes bleues, et du calcaire moellon, entre ce dernier et la terre végétale, une couche de coquilles subfossiles analogues à celles que j’ai découvertes dans une position identique, à Cagliari, à 45 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec cette différence cependant, que le Pecten jacobeus est la coquille dominante dans ce dépôt, tandis qu’à Cagliari, c’est le Mytilus edulis ; celui-ci se rencontre également à Nissan, mais en moindre quantité. Je crois que ce banc de subfossiles se continue à la même élévation tout autour du large bassin qui sépare Nissan de Lespignan, et qui se prolonge jusqu’à Narbonne. Comme je n’ai pas eu grand loisir d’observer plus loin que dans les environs de la carrière de silex, M. Tournal pourra étendre ses recherches dans ce dernier lieu. Du côté de la carrière de silex, les coquilles sont un peu éparpillées par suite des alluvions pluviales ; mais si l’on monte derrière la carrière, et si l’on examine les fossés, et les coupes faites dans les vignes, on se convaincra facilement que ces coquilles appartiennent à une couche placée entre le terrain tertiaire et la terre végétale, maintenant à 30 ou 40 mètres au-dessus de la mer actuelle. Je trouve la plus grande analogie entre ce dépôt et celui de Saint-Hospice, de Nice, de Cagliari, etc.

« Les calcaires secondaires de ces départemens m’ont convaincu que la plupart de mes calcaires secondaires de la Sardaigne doivent également être placés dans la formation de la craie.

« J’aurais désiré pouvoir pousser jusqu’aux îles Baléares, mais les formalités du lazaret m’ont fait perdre, à Perpignan, un temps inutile, et m’ont forcé à renoncer, pour cette année, à ce projet. J’espère également passer une partie du printemps prochain en Sardaigne, afin de mettre fin à mes recherches sur cette île. Tout cela est cependant subordonné à l’état politique de l’Europe.

« J’ai été bien aise de lire les observations de M. C. Prévost sur la Sicile, et de voir qu’il reconnaisse également une formation postérieure au calcaire tertiaire supérieur aux marnes bleues ; j’ai lu avec grand plaisir qu’il la juge postérieure aux terrains basaltiques, j’ai fait la même observation au Cap San Giovanni di Sinio. en Sardajgne, où la partie inférieure du terrain quaternaire, si on veut l’appeler ainsi, contient des blocs et galets du basalte qui, dans la même région, couronne les terrains tertiaires. »

— M. Murchison (Londres, déc. 1832), dans une lettre adressée à M. Boué, réclame contre un mémoire dans lequel M. Pasini a fait quelques objections à sa coupe des couches secondaires et tertiaires près de Bassano dans le Vicentin.

« M. Murchison n’a jamais assigné au sol tertiaire une épaisseur de 14,000 pieds. Il n’a jamais dit que les couches de Scaglia étaient très inclinées à Possagno, puisqu’au contraire il ne leur assigne que 35° ; sa coupe est fautive dans ce point.

M. Murchison n’a pas voulu entrer dans les relations des dolomies et des dépôts secondaires anciens, mais il a eu l’intention de montrer seulement l’identité d’inclinaison des roches secondaires et tertiaires dans un district limité.

Loin de nier que les éruptions basaltiques sont la cause de la verticalité des couches dans le lit de la Brenta près de Campese, il a soupçonné que cela avait pu arriver à l’ouest de la contrée qu’il décrivait.

Il demande à M. Pasini si les roches tertiaires et de Scaglia sont verticales et redressées dans le même sens près de Campese.

L’idée de M. Pasini, que la mer a été au niveau des couches horizontales de dolomie, lui semble inadmissible. »

M. Boué communique encore les détails suivans extraits de la correspondance étrangère.

M. Sedgwick a examiné le pays de Galles, pendant que M. Murchison a continué, cette année, ses observations sur les grauwackes coquillières et le vieux grès rouge, entre Shrewsbury et Weeloch, sur la côte N.-E. de l’Angleterre, et l’embouchure du Tuwey, sur la côte S.-O. Ce relevé nécessitera de grands changemens dans la carte géologique de M. Greenough, dont la seconde édition contiendra ces rectifications. Il espère établir dans la grauwacke coquillière cinq zones distinctes par leurs fossiles, leur nature minéralogique et leur position.

II montre, dans plus de vingt coupes transversales prises sur une ligne de 100 mètres de longueur, le grès pourpré placé sur la grauwacke d’une manière conforme, et incliné de 10° à 80°. Il fera ressortir plusieurs faits curieux sur l’alignement des roches ignées dont il a découvert plusieurs nouvelles crêtes.

Ses collections de fossiles modifieront aussi les catalogues donnés par M. de La Bèche.

— M. Keferstein fait connaître qu’on vient de trouver dans le Zechstein, aux environs d’Eisleben, des restes de poissons et d’autres fossiles.


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La Société procède à l’élection du président, qui doit être choisi parmi les quatre vice-présidens en exercice (MM. Arago, de Bonnard, Cordier et Defrance).

La pluralité des votes des membres résidans et non residans se porte sur M. de Bonnard, qui est proclamé président pour l’année 1833.

On procède à, l’élection des quatre vice-présidens :

MM. Constant Prevost, Élie de Beaumont, Duperrey, de Blainville, sont successivement élus et proclamés vice-présidens.

Les autres voix se sont partagées entre MM. Ampère, comte de Montlosier, etc.

M. Boué, secrétaire pour l’étranger, déclarant qu’ayant rempli deux ans ces fonctions, il ne peut, sans violer l’art. 2, chap. 4, du règlement, les continuer davantage, la Société nomme pour le remplacer M. Delafosse, jusqu’ici vice-secrét.

Le secrétaire pour la France (M. Desnoyers) n’ayant été nommé qu’en janvier 1832, ses fonctions dureront encore une année.

On procède à l’élection de deux vice-secrétaires, pour remplacer M. Dufrénoy, dont les fonctions sont également finies, conformément au règlement, et M. Delafosse, nommé secrétaire pour l’étranger. La majorité des voix se porte sur MM. Virlet et Boblaye, qui sont nommés pour deux ans vice-secrétaires.

On procède au remplacement de sept membres du conseil, savoir : M. Cartier, décédé ; MM. Constant Prévost, Duperrey, Élie de Beaumont, appelés à de nouvelles fonctions ; de La Jonkaire et de Férussac, qui cesse de faire partie du conseil en vertu de l’article 3, ch. 5 du règlement.

MM. Cordier, Brongniart, Boué, Underwood, Dufrénoy, Fournoue de Montalembert et Duclos obtiennent la majorité des suffrages.



  1. Voir plus loin les détails des lits traversés par ces forages.